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Politique Publié le samedi 17 avril 2010 | Le Patriote

Gbagbo-Houphouët : Ils se ressemblent comment?

© Le Patriote Par DR
Politique nationale - Laurent Koudou Gbagbo, président de la République de Côte d`Ivoire
Depuis l’avènement de la refondation, tout marche à l’envers en Côte d’Ivoire. Le pays a perdu ses repères, au point où des politiciens sans envergure et volant pratiquement au ras des pâquerettes, ont entrepris d’ajouter aux malheurs de la nation. Ainsi en est- il de la comparaison que des obligés du grand chef veulent établir entre ce dernier et Félix Houphouët Boigny. Pour ces vrais faux houphouétistes, le camarade socialiste serait l’héritier, si ce n’est carrément le sosie du premier président ivoirien. Fologo, Roger Ouégnin et les autres en parlent tellement que l’opinion ivoirienne ne manque pas d’être sidérée. Les Ivoiriens sont-ils frappés d’amnésie, de troubles de mémoire, pour ne pas saisir le hiatus qui existe entre ces deux hommes ? Si Houphouët Boigny représente la lumière, le développement et la vision prospective, tel n’est certainement pas le cas avec Laurent Gbagbo, symbole de mauvaise gouvernance, de mal développement et surtout de destruction des acquis. Pour cette raison, une étude comparative des deux hommes s’impose pour balayer définitivement cette comédie que des flibustiers et des prédateurs nous servent, depuis peu.

Le jour et la nuit

De prime abord, au niveau des origines, la différence est déroutante. Les deux personnalités se sont contées elles-mêmes aux Ivoiriens. En 1983, au plus fort de la crise des enseignants, qui n’ont pas manqué d’accuser son régime de tous les maux, Houphouët Boigny a fait cas de ses origines, par cette sentence désormais célèbre : « je suis né dans l’or ». Quant à Laurent Gbagbo, il nous apprend qu’il allait à l’école, un pagne noué au cou. De plus, le camarade socialiste sans que quelqu’un ne l’ait obligé, nous a informé que lorsqu’il était à l’école primaire à Gagnoa, il mangeait gratis, en rusant avec les vendeuses d’attiéké du marché. Sa technique était si simpliste. Goûter le maximum de fois, avant de prendre ses jambes à son cou. Tout rassasié ! En 2005, au cours d’un meeting au quartier Dioulabougou de Gagnoa, l’ancien opposant historique a lancé à la cantonade : « quand j’étais petit, je volais souvent ». Populisme, quand tu nous tiens et désacralises le pouvoir ! La différence est assurément grande entre le fils de chef et cet autre qui aime à se présenter comme « un enfant de pauvre », un roturier en somme. Au plan physique et esthétique, les Ivoiriens sont unanimes sur la beauté de Boigny et surtout sur sa grande élégance vestimentaire. On n’a jamais vu Houphouët Boigny porté des habits défraichis, transpiré à grosses gouttes et s’éponger en public à l’aide d’une serviette de bain. Qui plus est, Houphouët était toujours bien mis, tiré à quatre épingles. On le classait parmi les chefs d’Etat du monde qui s’habillait le mieux. Qui ne se rappelle pas encore de ses souliers de type « cacobianta » qui faisait la fierté des Ivoiriens. Au plan intellectuel, le premier président ivoirien était un médecin, major de sa promotion. Il maintenait ses compatriotes en bonne santé. Le second, lui, est un historien, adulateur de Soundjata Keita. Il serait docteur, même si pour une opinion certaine il n’a jamais soutenu. On comprend sans doute, pourquoi il est friand d’histoires drôles.
Par ailleurs, au plan politique, tout sépare les deux personnalités. Houphouët Boigny était un capitaliste, acteur du développement, doublé d’un grand bâtisseur et d’un visionnaire hors pair. En parcourant la Côte d’Ivoire, le visiteur remarque que rien n’a été fait après Houphouët Boigny et le PDCI. A juste titre, le Général de Gaulle disait de lui, qu’il est « un génie politique de premier ordre ». Il est tout aussi vrai que les pays africains, au regard de sa grande sagesse, venaient à lui pour résoudre les crises qui se précisaient chez eux. De plus, il était un amoureux du développement, visible à travers les routes, les grands édifices qui ne finissaient pas de nous rendre heureux. A contrario, Laurent Gbagbo, se dit socialiste, même s’il emprunte aux thèses des régimes totalitaires. C’est sans doute pour cela que les socialistes français disaient de lui qu’ « il est infréquentable ». A la différence de Boigny, Gbagbo n’est pas un constructeur. En dix ans de pouvoir, il a détruit totalement la Côte d’Ivoire. S’il est un « héritier », c’est certainement celui du pire. Contrairement à Houphouët Boigny, Gbagbo gouverne au jour le jour, donnant constamment dans l’improvisation et l’amateurisme. En dix ans, il n’a réalisé que des monuments de peu de finesse esthétique, avec ces éléphants de porcelaine et ses statuettes qui bloquent la circulation. Plus grave, qui ne sont pas du tout beaux.
Au plan philosophique, Houphouët Boigny était un grand humaniste, un homme de paix, habité par une sagesse incommensurable. Sa philosophie politique prenait ancrage sur le concept de la paix, qui, pour lui, « n’est pas un vain mot mais un comportement ». Un prix international pour la culture de la paix ne porte t-il pas son nom, le faisant entrer dans le panthéon des immortels ? Sous le règne d’Houphouët, les Ivoiriens vivaient en harmonie entre eux-mêmes et avec les voisins africains. Que dire de Laurent Gbagbo ? Si Boigny était un faiseur de paix, lui est assurément un actant de la guerre. Il est celui qui a engagé le pays dans la première guerre de son histoire. Au discours de paix, de fraternité et de solidarité de son illustre devancier, Gbagbo opposait le langage de la bagarre, de la violence. Il ne faut pas se méprendre. « Mille morts à gauche, mille morts à droite, moi, j’avance », se plaisait-il à nous dire. Là où Houphouët disait que « mon cœur est si petit qu’il n’y a pas de place pour la haine ». Or, le règne de Gbagbo est véritablement celui du rendez- vous du sang. Des milliers de victimes en dix ans de pouvoir. N’hésitant même pas à bombarder ses propres compatriotes. Enfin, si Houphouët Boigny avait une haute idée de la consolidation de la nation, Gbagbo se présente aux yeux de l’opinion nationale et internationale comme un opérateur de fractures sociales. Fonctionnant sur la base du tribalisme, opposant, par une politique chaotique, les Ivoiriens les uns aux autres. Ne disait-il pas que « la patrie, c’est le village » ? Tout un programme, toute une vision désastreuse de la gestion de l’Etat. En somme, comparer Gbagbo à Houphouët, c’est assimiler l’ombre à la lumière, la nuit au jour, la guerre à la paix. Un vrai crime de lèse- majesté ! Pour tout dire, Gbagbo et Houphouët, c’est deux contraires. Deux hommes aux parcours antinomiques, qui ne peuvent nullement s’assembler, encore moins se ressembler. Au grand dam des vrais faux houphouétistes, Laurent Gbagbo lui-même reconnaissait la vacuité de la ressemblance avec Houphouët Boigny : « On ne peut donc pas parler de rupture puisque je n’ai jamais été houphouétiste. J’ai toujours été dans un environnement où on s’est senti éloigné de l’Houphouétisme».

Bakary Nimaga
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