A la voir, on lui donnerait volontiers 25 ans. Pourtant, elle vient de dépasser la trentaine. D’un teint clair, avec une taille dépassant légèrement la moyenne, HO respire la grande forme. Cette responsable de la prise en charge des Orphelins et enfants vulnérables(OEV) de Solidarité Plus, une ONG de lutte contre le VIH/SIDA basée dans la commune d’Abobo, se décrit comme quelqu’un qui aime croquer la vie à pleines dents. Rien dans son physique, ni dans son comportement n’indique qu’elle souffre d’un mal quelconque. Pourtant, cela fait environ 14 ans qu’elle est séropositive. Son statut, elle l’a découvert à un moment où le VIH/SDIA faisait peur en Côte d’Ivoire, où les personnes faisant la maladie étaient durement blâmées par la société. Toute chose qui n’a pas empêché la jeune dame de vivre positivement sa maladie. Dans cet entretien, elle raconte comment cela a été possible. « Je fais ce témoignage à visage fermé pour protéger ma famille et mes enfants », confesse t-elle.
LP : Comment avez-vous découvert votre statut ?
HO : Il faut dire qu’avant de connaître mon statut, j’étais mariée et j’avais un enfant de 11 mois. C’est à la suite de la maladie de mon mari, qui a duré près de 9 mois que j’ai connu mon statut. En effet, avec la maladie, on a su que mon mari était infecté. Lui-même le savait, il avait fait son test, mais il m’avait caché le résultat. Car j’étais très jeune, il avait peur de me blesser. Il donc a géré tout seul sa maladie jusqu’à ce qu’il soit au stade terminal. C’est à l’hôpital qu’on a tous découvert son statut. Ce même jour, j’ai immédiatement fait mon test. C’est ainsi que j’ai su que j’étais infectée.
LP : Vous avez découvert votre statut à une époque où le VIH faisait très peur. Comment avez-vous pris la nouvelle ?
HO : Je n’ai pas immédiatement pensé à moi-même. J’étais plus tôt préoccupée par mon mari qui était couché sur un lit d’hôpital, très touché par la maladie. Je priais le Tout-Puissant pour qu’il se rétablisse afin que nous menions le combat ensemble. Malheureusement, quatre jours après la découverte de mon statut, il a rendu l’âme. Etant veuve, je suis retournée en famille. Et huit jours après son décès, j’ai fait mon bilan de santé qui, à l’époque, coûtait cher (aux alentours de 200 000FCFA). Il s’est avéré que mon taux de CD4 était 503, ce qui veut dire que les défenses de mon organisme étaient encore résistantes. Donc je n’ai pas été mise sous traitement. On met quelqu’un sous traitement quand le taux de CD4 est inférieur à 350.
LP : Qu’a donc décidé le médecin ?
HO: J’ai d’abord géré le deuil de mon mari pendant 4 mois 10 jours. Après, mon médecin traitant m’a confié à un spécialiste qui intervenait au centre national de transfusion sanguine. Je n’étais pas sous traitement antirétroviral, car mon état de santé était bien. Cela a été possible grâce au soutien de ma famille. Il faut dire que je n’ai pas eu à leur révéler mon statut. On était ensemble à l’hôpital au chevet de mon mari. Et le médecin, une dame blanche, n’avait aucune connaissance du SIDA. Elle a donc fait l’annonce du statut de mon mari devant mes parents et mes beaux-parents. Et sur le champ, elle a demandé à ce que je fasse mon test. Le résultat est venu une heure après, et elle a également fait l’annonce devant tout le monde. Immédiatement, mes parents mon soutenu. Cela m’a beaucoup aidé. J’ai vraiment senti le soutien de ma famille. Car mes beaux-parents m’ont chassée de la maison de leur fils. Je suis donc rentrée en famille avec mon fils de 11 mois et la fille de mon mari 13 ans qui ne connaissait autre maman que moi. Mes parents m’ont accueillie à bras ouverts. Ma maman a fait 6 enfants, les deux derniers qui étaient encore petits n’étaient pas informés, mais les trois autres étaient vraiment à mes petits soins. Cela a fait que je n’ai pas eu besoin de prendre des médicaments. En ce qui concerne le VIH, ce n’est pas le traitement d’abord, il faut avoir le moral.
LP : Quelles sont donc aujourd’hui vos relations avec vos beaux-parents ?
HO : En relevant mon statut, le médecin a dit qu’il me restait tout au plus 6 mois à vivre. Cela est resté dans la tête de mes beaux-parents, c’est pourquoi, ils m’ont mise à la porte, ils ont confisqué les biens de mon mari. Comme je l’ai dit, je suis donc rentrée en famille. Chaque six mois, j’avais rendez-vous avec mon médecin puisque j’avais une bonne santé. Donc quand ils me voient, ils se posent des questions. Mais j’ai quand même gardé de bons rapports avec eux à cause de mon enfant. Quand on se voit, on se salue.
LP : A l’époque, vous aviez un enfant de 11 mois, avez-vous fait son test ?
HO: Après mon résultat, on a fait le test de l’enfant, il s’est avéré négatif. Aujourd’hui, c’est un homme, mais je ne l’ai pas encore informé de mon statut. Je suis entrain de le préparer. Il aura bientôt 15 ans. Il est en classe d’examen, quand il aura fini son examen, je compte l’informer. En attendant, il sait que sa maman prend régulièrement des médicaments, il sait qu’elle est engagée dans la lutte contre le SIDA, mais je ne sais pas s’il a des soupçons.
LP : Avant la découverte de votre statut, comment était votre vie ?
HR : Ma vie était simple. J’avais une vie de femme au foyer. J’ai suivi une formation de secrétaire de direction, mais mon mari refusait que je travaille. J’étais donc à la maison et tout allait bien. Chaque fin du mois, il me donnait l’argent de poche. Mais, je me cachais pour faire mon petit commerce, car je me dis qu’une femme ne doit pas toujours tendre la main.
LP : Aujourd’hui, comment menez-vous votre vie ?
HO : A l’époque de mon mari, je me cachais pour vendre des pièces de voiture. Mais quand il est tombé malade et que nous avons fait le tour d’Abidjan et de la sous-région, toutes mes économies sont parties. Lorsque je suis retournée en famille, j’ai décidé de reprendre mon commerce, mais vraiment à un niveau très bas. Je vendais des fournitures scolaires devant la cour familiale. Par la suite, j’ai commencé à faire la vente du riz local en demi-gros, que je partais acheter dans les villages. C’est ce qui me permettait de m’occuper des mes enfants.
LP : Comment s’est fait votre rencontre avec l’ONG Solidarité Plus dans laquelle vous travaillez actuellement ?
HO : Comme je l’ai dit, je partais prendre le riz local en brousse pour venir le revendre en ville. Une fois, j’ai passé deux nuits en brousse. Les moustiques m’ont piqué, j’ai eu des boutons partout sur mon corps. Lorsque je suis revenue, le médecin, à ma vue, sans même faire le bilan pensait que je devais maintenant être mise sous traitement. Or, à l’époque, le traitement était très couteux. Il fallait être dans une ONG et être sur une liste d’attente pour avoir le traitement. Et comme le médecin était mon ami, il m’a dit d’aller faire mon bilan et m’a donné le contact d’un de ses amis qui était dans une ONG. Il m’a rassuré que ce dernier allait m’aider à avoir le traitement à moindre coût. A l’époque, quand on était sur la liste, on payait les ARV à 10 000 FCFA au lieu de 150 000 voir 200 000FCFA. C’est ainsi que j’ai adhéré à Solidarité Plus, en attendant le résultat de mon bilan. Et quand le résultat est sorti, il était toujours bon, les tâches étaient donc une fausse alerte. Je ne suis plus partie de l’ONG et nous avons fait du chemin ensemble.
LP : Pourquoi, être restée alors que vous n’étiez pas malade ? Vous en êtes même une responsable aujourd’hui…
HO : Cela est dû à mon engagement. J’ai commencé en faisant du bénévolat. Comme je l’ai dit plus haut, je faisais mon commerce, j’avais des magasins. Donc je n’avais même pas le temps d’être à l’ONG à plein temps. Mais toutes fois qu’elle avait besoin de moi, j’étais là. Je me suis engagée parce que j’ai voulu vivre positivement avec le VIH/SIDA. A chaque fois qu’une personne dépistée vient toute déprimée, je lui remonte le moral, en partageant mon expérience. Je lui dis que je suis là, je vis pleinement ma vie, j’ai fait 10 ans sans traitement. Je voulais montrer que sans le traitement, on peut vivre avec le VIH. Je me suis dit que le VIH est comme toute maladie qui est entrée dans ma vie, je lui ai fait une place, nous faisons chemin ensemble. Je ne rentre pas dans ces 16 mètres et lui non plus, ne doit pas rentrer dans mes 16 mètres. Je les emmène à accepter la maladie, à bien prendre les ARV et à gérer les effets secondaires.
LP : Pourquoi êtes-vous alors sous traitement actuellement ?
HO : C’est en 2005 que j’ai été mise sous traitement. Cela a été dû à un bouleversement de ma vie. Comme je l’ai dit, j’avais mes affaires et je m’en sortais bien. Mais avec la crise que connait la Côte d’Ivoire, mes magasins ont été pillés, j’ai donc eu des problèmes. J’ai été atteinte psychologiquement, je n’arrivais plus à dormir, j’étais stressée, déprimée. J’étais tout le temps malade, j’avais des acnés qui ne finissaient pas. Malgré cela, mon taux de CD4 était de 384, mais mon médecin a décidé de me mettre sous traitement, sinon, mon taux risquait de chuter parce que psychologiquement, je n’étais pas bien.
LP : Et cela s’est-il bien passé ?
HO : Le début a été très difficile. J’ai fait deux mois en train de vomir. Chaque matin, je ne faisais que vomir. Et là encore ma famille était là. On habitait dans une cour commune, quand je commençais à vomir, ma mère disait : « enfin, ma fille est enceinte », pour me couvrir. Tout le monde pensait que j’étais enceinte, car mes seins prenaient du volume. Lorsque cette phase est passée, ma mère a encore fait croire que la grossesse était tombée (passée).
Au niveau des effets secondaires, mes fesses étaient parties, je ne pouvais plus porter de pantalon. Quand le médecin m’a dit qu’il n’y avait pas de traitement en cela, sauf le sport, je me suis mise au sport et j’ai changé ma garde robe. Aujourd’hui ça va. Je n’ai plus ce problème, je porte maintenant des pantalons.
LP : Suivez-vous un régime particulier par rapport à cela ?
HR : Je ne suis pas de régime, mais depuis toute petite, j’ai opté pour l’hygiène sous toutes les formes. Quand on est propre, on évite beaucoup de bobos. Côté alimentaire, je ne suis pas de régime particulier, je mange tout ce qui me plaît.
LP : Vous êtes toute rayonnante, avec une belle coiffure, et des bijoux partout, ça a toujours été ainsi ?
HR : J’ai toujours aimé le beau, l’agréable. J’aime être pimpante, rayonnante, coquette. Le VHI n’a rien changé à ce niveau. Quand je dois sortir et que je me mire, je dois dire « yes ». Je n’ai pas développé de maladie opportuniste, et je n’ai jamais rangé mes projets d’avenir.
LP : En dehors de votre vie dans l’ONG, quelles relations entretenez-vous avec votre entourage ?
HR : J’ai gardé mes amitiés. J’ai de très bonnes amies. Je suis musulmane. A la mosquée, on a une communauté, quand il y a un évènement dans une famille, on se réunit pour participer à la manifestation. Je n’ai jamais été stigmatisée parce que je suis dans une ONG de lutte contre le VIH/SIDA. Aujourd’hui, toutes les familles sont concernées par le SIDA, donc personne ne peut me blâmer pour cela.
LP : Avez-vous une vie amoureuse ?
HO : Je vis pleinement ma vie. J’ai croisé un homme, et depuis 10 ans nous faisons chemin ensemble. Cela fait maintenant deux ans que nous sommes mariés, il connaît mon statut, cela ne l’a pas dérangé. (..) Je n’ai pas encore fait d’enfant, car il y a encore des risques de contamination pour faire le bébé. On doit prendre la décision d’un commun accord. En plus, il faut un bilan sanguin, connaître le taux de CD4, il faut voir si les reins et l’âge peuvent supporter la grossesse.
Comme conseil, je demande à chacun de faire son test de dépistage, d’accepter le statut sérologique s’il est positif et de bien prendre ses médicaments, car on ne meurt plus du SIDA.
Réalisée par Dao Maïmouna
LP : Comment avez-vous découvert votre statut ?
HO : Il faut dire qu’avant de connaître mon statut, j’étais mariée et j’avais un enfant de 11 mois. C’est à la suite de la maladie de mon mari, qui a duré près de 9 mois que j’ai connu mon statut. En effet, avec la maladie, on a su que mon mari était infecté. Lui-même le savait, il avait fait son test, mais il m’avait caché le résultat. Car j’étais très jeune, il avait peur de me blesser. Il donc a géré tout seul sa maladie jusqu’à ce qu’il soit au stade terminal. C’est à l’hôpital qu’on a tous découvert son statut. Ce même jour, j’ai immédiatement fait mon test. C’est ainsi que j’ai su que j’étais infectée.
LP : Vous avez découvert votre statut à une époque où le VIH faisait très peur. Comment avez-vous pris la nouvelle ?
HO : Je n’ai pas immédiatement pensé à moi-même. J’étais plus tôt préoccupée par mon mari qui était couché sur un lit d’hôpital, très touché par la maladie. Je priais le Tout-Puissant pour qu’il se rétablisse afin que nous menions le combat ensemble. Malheureusement, quatre jours après la découverte de mon statut, il a rendu l’âme. Etant veuve, je suis retournée en famille. Et huit jours après son décès, j’ai fait mon bilan de santé qui, à l’époque, coûtait cher (aux alentours de 200 000FCFA). Il s’est avéré que mon taux de CD4 était 503, ce qui veut dire que les défenses de mon organisme étaient encore résistantes. Donc je n’ai pas été mise sous traitement. On met quelqu’un sous traitement quand le taux de CD4 est inférieur à 350.
LP : Qu’a donc décidé le médecin ?
HO: J’ai d’abord géré le deuil de mon mari pendant 4 mois 10 jours. Après, mon médecin traitant m’a confié à un spécialiste qui intervenait au centre national de transfusion sanguine. Je n’étais pas sous traitement antirétroviral, car mon état de santé était bien. Cela a été possible grâce au soutien de ma famille. Il faut dire que je n’ai pas eu à leur révéler mon statut. On était ensemble à l’hôpital au chevet de mon mari. Et le médecin, une dame blanche, n’avait aucune connaissance du SIDA. Elle a donc fait l’annonce du statut de mon mari devant mes parents et mes beaux-parents. Et sur le champ, elle a demandé à ce que je fasse mon test. Le résultat est venu une heure après, et elle a également fait l’annonce devant tout le monde. Immédiatement, mes parents mon soutenu. Cela m’a beaucoup aidé. J’ai vraiment senti le soutien de ma famille. Car mes beaux-parents m’ont chassée de la maison de leur fils. Je suis donc rentrée en famille avec mon fils de 11 mois et la fille de mon mari 13 ans qui ne connaissait autre maman que moi. Mes parents m’ont accueillie à bras ouverts. Ma maman a fait 6 enfants, les deux derniers qui étaient encore petits n’étaient pas informés, mais les trois autres étaient vraiment à mes petits soins. Cela a fait que je n’ai pas eu besoin de prendre des médicaments. En ce qui concerne le VIH, ce n’est pas le traitement d’abord, il faut avoir le moral.
LP : Quelles sont donc aujourd’hui vos relations avec vos beaux-parents ?
HO : En relevant mon statut, le médecin a dit qu’il me restait tout au plus 6 mois à vivre. Cela est resté dans la tête de mes beaux-parents, c’est pourquoi, ils m’ont mise à la porte, ils ont confisqué les biens de mon mari. Comme je l’ai dit, je suis donc rentrée en famille. Chaque six mois, j’avais rendez-vous avec mon médecin puisque j’avais une bonne santé. Donc quand ils me voient, ils se posent des questions. Mais j’ai quand même gardé de bons rapports avec eux à cause de mon enfant. Quand on se voit, on se salue.
LP : A l’époque, vous aviez un enfant de 11 mois, avez-vous fait son test ?
HO: Après mon résultat, on a fait le test de l’enfant, il s’est avéré négatif. Aujourd’hui, c’est un homme, mais je ne l’ai pas encore informé de mon statut. Je suis entrain de le préparer. Il aura bientôt 15 ans. Il est en classe d’examen, quand il aura fini son examen, je compte l’informer. En attendant, il sait que sa maman prend régulièrement des médicaments, il sait qu’elle est engagée dans la lutte contre le SIDA, mais je ne sais pas s’il a des soupçons.
LP : Avant la découverte de votre statut, comment était votre vie ?
HR : Ma vie était simple. J’avais une vie de femme au foyer. J’ai suivi une formation de secrétaire de direction, mais mon mari refusait que je travaille. J’étais donc à la maison et tout allait bien. Chaque fin du mois, il me donnait l’argent de poche. Mais, je me cachais pour faire mon petit commerce, car je me dis qu’une femme ne doit pas toujours tendre la main.
LP : Aujourd’hui, comment menez-vous votre vie ?
HO : A l’époque de mon mari, je me cachais pour vendre des pièces de voiture. Mais quand il est tombé malade et que nous avons fait le tour d’Abidjan et de la sous-région, toutes mes économies sont parties. Lorsque je suis retournée en famille, j’ai décidé de reprendre mon commerce, mais vraiment à un niveau très bas. Je vendais des fournitures scolaires devant la cour familiale. Par la suite, j’ai commencé à faire la vente du riz local en demi-gros, que je partais acheter dans les villages. C’est ce qui me permettait de m’occuper des mes enfants.
LP : Comment s’est fait votre rencontre avec l’ONG Solidarité Plus dans laquelle vous travaillez actuellement ?
HO : Comme je l’ai dit, je partais prendre le riz local en brousse pour venir le revendre en ville. Une fois, j’ai passé deux nuits en brousse. Les moustiques m’ont piqué, j’ai eu des boutons partout sur mon corps. Lorsque je suis revenue, le médecin, à ma vue, sans même faire le bilan pensait que je devais maintenant être mise sous traitement. Or, à l’époque, le traitement était très couteux. Il fallait être dans une ONG et être sur une liste d’attente pour avoir le traitement. Et comme le médecin était mon ami, il m’a dit d’aller faire mon bilan et m’a donné le contact d’un de ses amis qui était dans une ONG. Il m’a rassuré que ce dernier allait m’aider à avoir le traitement à moindre coût. A l’époque, quand on était sur la liste, on payait les ARV à 10 000 FCFA au lieu de 150 000 voir 200 000FCFA. C’est ainsi que j’ai adhéré à Solidarité Plus, en attendant le résultat de mon bilan. Et quand le résultat est sorti, il était toujours bon, les tâches étaient donc une fausse alerte. Je ne suis plus partie de l’ONG et nous avons fait du chemin ensemble.
LP : Pourquoi, être restée alors que vous n’étiez pas malade ? Vous en êtes même une responsable aujourd’hui…
HO : Cela est dû à mon engagement. J’ai commencé en faisant du bénévolat. Comme je l’ai dit plus haut, je faisais mon commerce, j’avais des magasins. Donc je n’avais même pas le temps d’être à l’ONG à plein temps. Mais toutes fois qu’elle avait besoin de moi, j’étais là. Je me suis engagée parce que j’ai voulu vivre positivement avec le VIH/SIDA. A chaque fois qu’une personne dépistée vient toute déprimée, je lui remonte le moral, en partageant mon expérience. Je lui dis que je suis là, je vis pleinement ma vie, j’ai fait 10 ans sans traitement. Je voulais montrer que sans le traitement, on peut vivre avec le VIH. Je me suis dit que le VIH est comme toute maladie qui est entrée dans ma vie, je lui ai fait une place, nous faisons chemin ensemble. Je ne rentre pas dans ces 16 mètres et lui non plus, ne doit pas rentrer dans mes 16 mètres. Je les emmène à accepter la maladie, à bien prendre les ARV et à gérer les effets secondaires.
LP : Pourquoi êtes-vous alors sous traitement actuellement ?
HO : C’est en 2005 que j’ai été mise sous traitement. Cela a été dû à un bouleversement de ma vie. Comme je l’ai dit, j’avais mes affaires et je m’en sortais bien. Mais avec la crise que connait la Côte d’Ivoire, mes magasins ont été pillés, j’ai donc eu des problèmes. J’ai été atteinte psychologiquement, je n’arrivais plus à dormir, j’étais stressée, déprimée. J’étais tout le temps malade, j’avais des acnés qui ne finissaient pas. Malgré cela, mon taux de CD4 était de 384, mais mon médecin a décidé de me mettre sous traitement, sinon, mon taux risquait de chuter parce que psychologiquement, je n’étais pas bien.
LP : Et cela s’est-il bien passé ?
HO : Le début a été très difficile. J’ai fait deux mois en train de vomir. Chaque matin, je ne faisais que vomir. Et là encore ma famille était là. On habitait dans une cour commune, quand je commençais à vomir, ma mère disait : « enfin, ma fille est enceinte », pour me couvrir. Tout le monde pensait que j’étais enceinte, car mes seins prenaient du volume. Lorsque cette phase est passée, ma mère a encore fait croire que la grossesse était tombée (passée).
Au niveau des effets secondaires, mes fesses étaient parties, je ne pouvais plus porter de pantalon. Quand le médecin m’a dit qu’il n’y avait pas de traitement en cela, sauf le sport, je me suis mise au sport et j’ai changé ma garde robe. Aujourd’hui ça va. Je n’ai plus ce problème, je porte maintenant des pantalons.
LP : Suivez-vous un régime particulier par rapport à cela ?
HR : Je ne suis pas de régime, mais depuis toute petite, j’ai opté pour l’hygiène sous toutes les formes. Quand on est propre, on évite beaucoup de bobos. Côté alimentaire, je ne suis pas de régime particulier, je mange tout ce qui me plaît.
LP : Vous êtes toute rayonnante, avec une belle coiffure, et des bijoux partout, ça a toujours été ainsi ?
HR : J’ai toujours aimé le beau, l’agréable. J’aime être pimpante, rayonnante, coquette. Le VHI n’a rien changé à ce niveau. Quand je dois sortir et que je me mire, je dois dire « yes ». Je n’ai pas développé de maladie opportuniste, et je n’ai jamais rangé mes projets d’avenir.
LP : En dehors de votre vie dans l’ONG, quelles relations entretenez-vous avec votre entourage ?
HR : J’ai gardé mes amitiés. J’ai de très bonnes amies. Je suis musulmane. A la mosquée, on a une communauté, quand il y a un évènement dans une famille, on se réunit pour participer à la manifestation. Je n’ai jamais été stigmatisée parce que je suis dans une ONG de lutte contre le VIH/SIDA. Aujourd’hui, toutes les familles sont concernées par le SIDA, donc personne ne peut me blâmer pour cela.
LP : Avez-vous une vie amoureuse ?
HO : Je vis pleinement ma vie. J’ai croisé un homme, et depuis 10 ans nous faisons chemin ensemble. Cela fait maintenant deux ans que nous sommes mariés, il connaît mon statut, cela ne l’a pas dérangé. (..) Je n’ai pas encore fait d’enfant, car il y a encore des risques de contamination pour faire le bébé. On doit prendre la décision d’un commun accord. En plus, il faut un bilan sanguin, connaître le taux de CD4, il faut voir si les reins et l’âge peuvent supporter la grossesse.
Comme conseil, je demande à chacun de faire son test de dépistage, d’accepter le statut sérologique s’il est positif et de bien prendre ses médicaments, car on ne meurt plus du SIDA.
Réalisée par Dao Maïmouna