Guinéen d’origine, malien de naissance et burkinabé d’adoption, Sotigui Kouyaté a reflété toute sa carrière l’image d’un fils sans frontière, ouvert sur plusieurs cultures. Ce fils d’Afrique, les pieds toujours dans la tradition, connu des scènes internationales par ses différents rôles et interprétations dans divers films et pièces de théâtre a tiré sa révérence à 74 ans le samedi 17 avril à Paris en France. L’homme souffrait d’une maladie pulmonaire, a fait savoir son agent à l’AFP. Au moment où le cinéma africain fait encore le deuil du Sénégalais Mahama Johnson Traoré, l’un des co-fondateurs du Festival panafricain du cinéma et de la télévision (FESPACO)– Sotigui Kouyaté, l’une des (grandes) figures du cinéma et du théâtre africain depuis les années 60, s’est sagement retiré de la scène. Homme au verbe fait de symboles et d’images, d’une tonalité lente et au style proverbial, Sotigui Kouyaté est un sage. Élevé au rang d’officier de l’Ordre de mérite des arts, des lettres et de la communication avec agrafe "cinéma" à la 21è édition du FESPACO, en 2009, à Ouagadougou, Sotigui lors d’une conférence co-animée avec Culturesfrance apparaissait déjà fatigué, car dans une chaisse roulante. De cet hommage rendu par le Fespaco, il a fait comprendre : “chaque Africain porte en lui l’honorabilité et la dignité de l’Afrique”. “Chaque matin, chaque Africain doit se demander : que puis-je faire pour l’Afrique ? C’est seulement par cette volonté de bien faire et de se battre pour une Afrique prospère que l’on se fait utile”, dixit Sotigui Kouyaté. De footballeur, cet homme qui avait dans l’âme beacoup à donner et à faire valoir, en passant par l’enseignement avant d’attérir les pieds joints dans la comédie. Élève de l’école de la vie, Sotigui Kouyaté est un autodictate qui a fini par se forger une image de comédien talentueux. Au point de devenir “l’acteur fétiche” du Britannique Peter Brook. Bien avant, le rôle principal qui lui est confié dans “Le medecin de Gafiré” (de Moustapha Diop, 1985) où il est face à l’Ivoirien Sidiki Bakaba, puis “Black Mic Mac” aux côtés de l’Ivoirien Issac de Bankolé laissent découvrir un comédien de talent qui a fait ses armes au théâtre. En 1966, il monte sa propre compagnie de théâtre. Sur les planches, il joue entre autres ‘’Mahabharata’’, ‘’Antigone’’, ‘’Le Costume’’, ‘’La Tragédie d’Hamlet’, ‘’Tierno Bokar’’, toutes mises en scène par Peter Brook. Au cinéma, si Sotigui est admirable dans ‘’Little Senegal’’ de Rachid Bouchareb (2002), son rôle dans “London River” de Rachid Bouchareb (2008) lui donne, en 2009, l’Ours d’argent du meilleur acteur au Festival de Berlin. Mais, en 2001, le long métrage “Sia, le rêve du pyton” de son fils Dani Kouyaté dans lequel Sotigui joue, otient six disctions au Fespaco. Décoré en juillet 2009 au Festival culturel panafricain d’Alger, tout comme la quizaine d’hommes de théâtre en Africain dont les Ivoiriens Bernard Dadié et Sidiki Bakaba, Sotigui Kouyaté – père du réalisateur Dani Kouyaté et du conteur Hassane Kassi Kouyaté – laisse un héritage culturel à péréniser.
Koné Saydoo
Koné Saydoo