Le ‘’Dipri’’ est une fête traditionnelle, religieuse, mystique, profane qu’il est difficile de définir par un ensemble de mots. ‘’Dipri’’ est un tout et il représente pour la population de Gomon, l'essence de son existence. Cette fête a eu lieu le jeudi 15 avril, dans le village de Gomon avec à sa tête, le chef de terre M. Mandoh Pascal.
En effet, le ‘’Dipri’’, c'est d'abord Gomon. Situé à 85 Km d’Abidjan, et à 13 Km de Sikensi. Chef lieu de Sous-préfecture, Gomon est un gros village de plus de 10.000 âmes. Gomon ou « Ogouman » signifie littéralement : « ce qui est lourd » ou « ce qui dépasse la force humaine ». Ce n'est donc pas un hasard si la fête du ‘’Dipri’’ célébrée par plusieurs villages de la région, revêt une note particulière à Gomon. La création de Gomon remonte au 18ème siècle. Selon la tradition orale, les abidji (population de la région de Sikensi) sont d'origines diverses. Certains seraient venus de l'Est (Ghana) et d'autres de l'Ouest (Région de Tiagba et Grand-Lahou). C'est de là que, par vagues successives, ils sont arrivés en Côte d'Ivoire. Certains sont restés dans la région d'Adiaké (les Ehotiles) et d'autres sont allés vers les terres intérieures autour de la Lagune Ebrié (les Ebrié). Le dernier groupe qui a quitté cette région des lagunes pour la zone forestière (région de Sikensi), est le peuple Abidji de Gomon. Les Abidji ont dû repousser les Dida vers l'intérieur après une guerre meurtrière. La réconciliation ayant été scellée après un rituel purificatoire, Dida et Abidji se sont juré de ne plus verser le sang du frère allié. A Gomon, il y existe au total huit quartiers dont six étaient en fête jeudi dernier :Oyôrôkpô, Okomianbra, Djidjabosso, Ohoudji, Anoumanbou, et Okoudjè. L'origine du ‘’Dipri’’ selon les traditionalistes de Gomon est né par le biais de M. Ahui qui, au départ, était pris pour fou parce qu’il était en transe pendant 3 jours. Redevenu conscient, il a opéré des miracles en ouvrant son ventre et en le refermant aussitôt. Au vu de ses miracles, certaines personnes ont demandé à être initiées, afin d’être fortes mystiquement et afin de faire aussi des miracles. La transmission chez certains se fait par initiation à la rivière ou par un baiser. Par contre, d’autres naissent avec cette puissance. Aujourd’hui la puissance du ‘’Dipri’’ a diminué car certains vieillards n’arrivent pas à léguer leur puissance à la jeune génération à cause de leur mort subite ou brusque. Le ‘’Dipri’’ est une fête de ralliement de tous les Abidjis.
La cérémonie du ‘’Dipri’’
Très tôt le matin, la population va à la rivière prendre le bain rituel. Avant le départ à la rivière, les fils et les filles de Gomon se badigeonnent le corps de sang de poulet, boivent des potions et se mettent des jus de feuilles aux vertues mystiques afin d’avoir une vue spirituelle. C'est de retour du bain que les membres du culte du ‘’Dipri’’ entrent dans des transes collectives et spectaculaires avec dans la main des œufs blancs pour atténuer l’ardeur des transes. Les 6 quartiers sont allés à tour de rôle à la rivière et à chaque retour, c’était des cris, des manifestations. Jeudi dernier, c’est le quartier Djidjabosso qui était le dernier à prendre le bain. De retour, des coups de fusils retentissent pour dire que l’initiation à la rivière était terminée qu’il n’y avait plus de puissance à la rivière. A partir de là est célébré le culte, fait d'invocations, de libations et de dons. Ils poussent des cris inhumains de la rivière, dans tous les quartiers. L’on voit alors des hommes s’embrasser à pleine bouche. De même que les femmes. Signe de la transmission de la puissance mystique. Ils perforent l'abdomen au couteau et referment ces profondes blessures sur-le-champ. Des scènes de pratiques mystiques sont exécutées entre les différents groupes d'initiés sur la place publique du village. Dans l’après midi, se sont les pièges spirituelles qu’il faut déjouer. Et cette partie de la fête s’appelle le ‘’Seke’’. En effet, le ‘’Seke’’ désigne le pouvoir et la force qui rendent possibles ces manifestations. Apres la fête du ‘’Dipri’’ à Gomon le jeudi 15 avril, il a plu. Et cette pluie est venue pour purifier le village. Les fondements religieux du Dipri sont représentés par l'eau, le kaolin et la tenue blanche. L'eau et le kaolin sont les éléments fondamentaux du culte. L'eau ou le bain enlève les impuretés, la souillure. Le kaolin blanc et le linge blanc sont le signe de la propreté, d'une nouvelle pureté. C'est pourquoi le ‘’Dipri’’ constitue, une cérémonie de purification et de renaissance, une cérémonie de remise en cause et de dépassement de soi, une cérémonie de renoncement et de recommencement marquée par une réconciliation avec soi-même et avec les autres. C'est le reflet d'un cycle qui s'achève et d'un autre qui commence. Il symbolise la fin d'une année et le début d'une autre. C' est pourquoi la manifestation se situe à la fin de la grande saison sèche et au début de la grande saison des pluies (Avril). L'aspect magique du ‘’Dipri’’ apparaît dès le retour de la rivière. Le ‘’Dipri’’, en même temps qu'il réconcilie les vivants avec les morts et les génies, contribue à recréer au sein de toute la communauté l'unité et la cohésion nécessaire à sa sécurité et à sa survie. C'est pour toutes ces raisons que le Gomonais tient à son ‘’Dipri’’ et pérennise ainsi son culte de générations en générations.
Meledje T
Coll : JM Angora
PH : Mélèdje. T
En effet, le ‘’Dipri’’, c'est d'abord Gomon. Situé à 85 Km d’Abidjan, et à 13 Km de Sikensi. Chef lieu de Sous-préfecture, Gomon est un gros village de plus de 10.000 âmes. Gomon ou « Ogouman » signifie littéralement : « ce qui est lourd » ou « ce qui dépasse la force humaine ». Ce n'est donc pas un hasard si la fête du ‘’Dipri’’ célébrée par plusieurs villages de la région, revêt une note particulière à Gomon. La création de Gomon remonte au 18ème siècle. Selon la tradition orale, les abidji (population de la région de Sikensi) sont d'origines diverses. Certains seraient venus de l'Est (Ghana) et d'autres de l'Ouest (Région de Tiagba et Grand-Lahou). C'est de là que, par vagues successives, ils sont arrivés en Côte d'Ivoire. Certains sont restés dans la région d'Adiaké (les Ehotiles) et d'autres sont allés vers les terres intérieures autour de la Lagune Ebrié (les Ebrié). Le dernier groupe qui a quitté cette région des lagunes pour la zone forestière (région de Sikensi), est le peuple Abidji de Gomon. Les Abidji ont dû repousser les Dida vers l'intérieur après une guerre meurtrière. La réconciliation ayant été scellée après un rituel purificatoire, Dida et Abidji se sont juré de ne plus verser le sang du frère allié. A Gomon, il y existe au total huit quartiers dont six étaient en fête jeudi dernier :Oyôrôkpô, Okomianbra, Djidjabosso, Ohoudji, Anoumanbou, et Okoudjè. L'origine du ‘’Dipri’’ selon les traditionalistes de Gomon est né par le biais de M. Ahui qui, au départ, était pris pour fou parce qu’il était en transe pendant 3 jours. Redevenu conscient, il a opéré des miracles en ouvrant son ventre et en le refermant aussitôt. Au vu de ses miracles, certaines personnes ont demandé à être initiées, afin d’être fortes mystiquement et afin de faire aussi des miracles. La transmission chez certains se fait par initiation à la rivière ou par un baiser. Par contre, d’autres naissent avec cette puissance. Aujourd’hui la puissance du ‘’Dipri’’ a diminué car certains vieillards n’arrivent pas à léguer leur puissance à la jeune génération à cause de leur mort subite ou brusque. Le ‘’Dipri’’ est une fête de ralliement de tous les Abidjis.
La cérémonie du ‘’Dipri’’
Très tôt le matin, la population va à la rivière prendre le bain rituel. Avant le départ à la rivière, les fils et les filles de Gomon se badigeonnent le corps de sang de poulet, boivent des potions et se mettent des jus de feuilles aux vertues mystiques afin d’avoir une vue spirituelle. C'est de retour du bain que les membres du culte du ‘’Dipri’’ entrent dans des transes collectives et spectaculaires avec dans la main des œufs blancs pour atténuer l’ardeur des transes. Les 6 quartiers sont allés à tour de rôle à la rivière et à chaque retour, c’était des cris, des manifestations. Jeudi dernier, c’est le quartier Djidjabosso qui était le dernier à prendre le bain. De retour, des coups de fusils retentissent pour dire que l’initiation à la rivière était terminée qu’il n’y avait plus de puissance à la rivière. A partir de là est célébré le culte, fait d'invocations, de libations et de dons. Ils poussent des cris inhumains de la rivière, dans tous les quartiers. L’on voit alors des hommes s’embrasser à pleine bouche. De même que les femmes. Signe de la transmission de la puissance mystique. Ils perforent l'abdomen au couteau et referment ces profondes blessures sur-le-champ. Des scènes de pratiques mystiques sont exécutées entre les différents groupes d'initiés sur la place publique du village. Dans l’après midi, se sont les pièges spirituelles qu’il faut déjouer. Et cette partie de la fête s’appelle le ‘’Seke’’. En effet, le ‘’Seke’’ désigne le pouvoir et la force qui rendent possibles ces manifestations. Apres la fête du ‘’Dipri’’ à Gomon le jeudi 15 avril, il a plu. Et cette pluie est venue pour purifier le village. Les fondements religieux du Dipri sont représentés par l'eau, le kaolin et la tenue blanche. L'eau et le kaolin sont les éléments fondamentaux du culte. L'eau ou le bain enlève les impuretés, la souillure. Le kaolin blanc et le linge blanc sont le signe de la propreté, d'une nouvelle pureté. C'est pourquoi le ‘’Dipri’’ constitue, une cérémonie de purification et de renaissance, une cérémonie de remise en cause et de dépassement de soi, une cérémonie de renoncement et de recommencement marquée par une réconciliation avec soi-même et avec les autres. C'est le reflet d'un cycle qui s'achève et d'un autre qui commence. Il symbolise la fin d'une année et le début d'une autre. C' est pourquoi la manifestation se situe à la fin de la grande saison sèche et au début de la grande saison des pluies (Avril). L'aspect magique du ‘’Dipri’’ apparaît dès le retour de la rivière. Le ‘’Dipri’’, en même temps qu'il réconcilie les vivants avec les morts et les génies, contribue à recréer au sein de toute la communauté l'unité et la cohésion nécessaire à sa sécurité et à sa survie. C'est pour toutes ces raisons que le Gomonais tient à son ‘’Dipri’’ et pérennise ainsi son culte de générations en générations.
Meledje T
Coll : JM Angora
PH : Mélèdje. T