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Société Publié le lundi 19 avril 2010 | Le Nouveau Réveil

Danseurs professionnels : Entre passion et misère !

La danse nourrit-elle son homme ? Telle est l'interrogation que le grand public se pose. Les danseurs sont des accompagnateurs des artistes chanteurs qui très souvent sont au devant des scènes. Ils apportent une richesse et une coloration aux spectacles. Leur profession est noble. Mais la misère, la pauvreté caractérisent les conditions de vie de ces danseurs. Nous avons fait une incursion dans le milieu de certains danseurs professionnels qui témoignent du calvaire qu'ils vivent.

Des difficultés pour
joindre les deux bouts
Avec l'avènement du phénomène du Zouglou et du Couper-décaler, les leads vocaux s'attachent les services de danseurs pour les accompagner sur scène. Car, dans ce genre de rythmes musicaux ce se sont les ballets assortis d'une belle chorégraphie qui sont prisés par les mélomanes. Mais hélas, derrière ce beau spectacle se cache des faiseurs d'artistes qui broient du noir. Djidji Roro est un jeune danseur professionnel. Il joue avec El Commandanté, un zoulou maker qui vient de mettre un vinyle sur le marché du disque. "Je suis un danseur polyvalent car j'ai fait mes armes au village avant de venir à Abidjan où j'ai pratiqué la danse dans une troupe. C'est mon métier, l'argent ne m'intéresse pas. Je travaille d'abord. Ensuite, j'ai besoin d'argent pour mes besoins élémentaires. Il arrive que certaines personnes qui aiment ce que nous faisons aient pitié de nous et nous donnent des miettes. Certains ne savent pas que le chanteur n'est rien sans le danseur. En clair, je peux avouer que la danse ne nourrit pas son homme aujourd'hui" explique le danseur. Il y a son binôme qui abonde dans le même sens que lui. Pete Grouni est gagné par le découragement mais il ne veut pas lâcher prise. "Parfois, j'ai envie de tout abandonner. Mais c'est tout ce que je sais faire, la danse est une passion pour nous. Ce métier ne nourrit pas encore son homme, il nous permet de survivre et nous met à l'abri du vagabondage et des vices même si certains pensent que nous sommes des désœuvrés", révèle-t-il la gorge nouée par le désespoir. Quant à Richard Kouakou ex-danseur de Kandé Kanté, il ne fait pas dans la dentelle. Il laisse remarquer que Kandet Kantet est en train de quitter à pas feutré les pistes de danses pour s'adonner à la chanson parce que la danse n'est pas rentable. "C'est pour un problème d'argent que j'ai quitté Kandet. Maintenant, j'évolue dans une compagnie de danse. Il arrivait parfois qu'elle ne nous reverse pas notre cachet. Les artistes qui évoluent dans les compagnies, dans les troupes sont bien payés. Par exemple ceux qui sont au Ballet national sont payés comme des fonctionnaires. Mais n'intègre pas le Ballet national qui veut. Car c'est un cercle fermé. Le réseau est verrouillé", lance celui-ci. Ceux qui ont la chance de participer à des festivals de danse comme la Biennale des arts de Bamako ou "Dense Bamako danse" tirent leur épingle du jeu. Ces hommes de culture que nous avons cités plus haut n'ont pas manqué d'avancer quelques raisons à cette triste situation.

Les relations avec les artistes
Djidji Roro explique la cause de leur calvaire en accusant certains artistes qui méprisent leurs danseurs. "Ce sont les voyages hors de la Côte d'Ivoire qui font connaître le danseur. Il enrichit son carnet d'adresses et le cachet est consistant. Les Européens raffolent de danse africaine. Certains artistes, pour ne pas dépenser assez d'argent préfèrent effectuer le déplacement seul et recruter des "mercenaires" pour danser pour eux. Toute chose qui leur revient moins cher. Or, ils font du mal à leurs danseurs restés au pays" déclare notre interlocuteur. Pour lui, tous les artistes ne sont pas sérieux. Après avoir encaissé leur cachet, ils disparaissent de la circulation pour ne réapparaître que quelques jours plus tard pour nous distribuer des miettes. Donc la malhonnêteté des chanteurs est aussi responsable du calvaire des danseurs. En sus, les danseurs jettent plus leur dévolu sur les chanteurs hommes que les femmes. Parce que lorsqu'une chanteuse est en état de grossesse, son danseur est obligé de faire des "gombos" car il est au chômage technique. Richard Kouakou qui danse dans la troupe de l'un des meilleurs danseurs de la Côte d' Ivoire Massidi Adiatou et son épouse Djeni, Haïtienne, dénonce l'attitude non professionnelle des petits danseurs qui pourrissent l'industrie de la danse. "Un bon danseur doit être polyvalent. Il doit maitriser les pas de danses traditionnelles, contemporaines et celles à la mode. Hélas, nos jeunes qui exercent ce noble métier se limitent aux danses en vogue créées par les D J. Ils n'ont pas d'ambition, moi par exemple je compte monter une troupe de danse dans l'avenir. Ces jeunes ne s'en sortent pas financièrement mais ils ne se plaignent guère. Ce qui les intéresse c'est de frimer devant les jeunes filles", renchérit l'ex danseur de Kandé Kanté. Noël, lui, a eu un peu plus de chance avec son maître Orent'chy. Il a beaucoup voyagé à l'extérieur avec son artiste. Même si Noël reconnaît que s'est dur pour ses collègues, il se frotte les mains. Il s'en sort. Il mène une vie de citoyen moyen avec sa petite famille.
Il ressort que les danseurs ne pourront vivre convenablement de leur art que par le travail et leur sens de professionnalisme. C'est dommage qu'à côté des danseurs professionnels prospères comme Souleymane Koly, Massidi Diabaté, Kellty Noel, Madou Diabaté…il y ait encore certains qui ne savent plus sur quel pied danser.
Foumséké Coulibaly




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