Les faits. Le jeudi 1er avril à 22h 48 au maquis «Le diplomate», au quartier Saint Michel dans la commune d'Adjamé, Kouakou Eugène Koffi quelque peu éméché, s'est mis à déblatérer en rendant Laurent Gbagbo responsable du blocage du processus électoral. Autrement dit, il n'a pas eu la langue de bois. « C'est le président de la République qui est à la base du blocage du processus électoral. C'est sous son régime qu'on enregistre des tueries au cours des manifestations de l'opposition. Toute chose qu'on n'a pas connue sous les régimes d'Henri Konan Bédié et Guéi Robert », laisse entendre ce cuisinier de 41 ans au milieu de la foule. Ces propos tombent dans les oreilles d'agents des renseignements généraux. Le sergent Lepko Zouzouko Pierre était là au moment où l'ancien étudiant de l'Unité de formation et de recherche (Ufr) en sciences économiques (1993-1994) criait sa colère. Pierre est en service à la garde républicaine et détaché au Groupe de sécurité du président de la République (Gspr). C'est donc ce dernier qui a fait interpeller le nommé Kouakou Eugène Koffi par une patrouille de police commandée par le lieutenant Koua Eugène Koffi, en service au commissariat de police du 3ème arrondissement. Selon le sous-officier du Gspr, il était assis juste derrière Kouakou Eugène et il a entendu les propos « outrageants et acerbes » de celui-ci contre le chef de l'Etat. « Il tenait des propos du genre : Gbagbo est de la génération d'Alpha Blondy mais c'est parce qu'il est vilain qu'il a vite vieilli. Gbagbo est petit aujourd'hui devant Blaise Compaoré. Quand il le convoque, il court pour se rendre au Burkina Faso. Gbagbo a échappé lors des derniers événements de février organisés par le Rhdp (Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix, ndlr). Mais il n'échappera pas au cours des prochaines manifestations. Nous avons déjà identifié les domiciles de ses partisans. Nous allons les abattre un par un lors des prochains mouvements. L'armée française l'a raté à cause du mur de béton fermant la sortie du tunnel de sa résidence mais nous, on ne le ratera pas.
«Je ne pouvais pas caresser Gbagbo dans le sens du poil»
Donc je ne pouvais pas ne pas réagir face à de tels propos. J'ai avisé mes chefs hiérarchiques notamment le colonel Ahouman et maître Bahi Patrice avant de faire arrêter le mis en cause », déclare le sergent Lepko Zouzouko Pierre lors de son audition. Interrogé sur les faits d'outrages au président de la République, Kouakou Eugène dit que cette nuit-là, en compagnie de ses amis, il bavardait et commentait l'actualité politique du carré éburnéen. « Nous parlions du voyage du président de la République à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso. Sur ce point, moi j'ai dit que le président Gbagbo a été convoqué par le Facilitateur parce que c'est lui qui bloque le processus électoral. Dans la même veine, j'ai parlé des événements de février 2010 en disant que c'est sous le règne du président Gbagbo qu'il y a eu mort d'hommes au cours des manifestations en particulier à Gagnoa alors que sous ses prédécesseurs, Guei Robert et Henri Konan Bédié, il n'y a pas eu mort d'hommes lors de manifestations politiques. Sous les prédécesseurs de Gbagbo, les marches étaient encadrées, et les forces de l'ordre utilisaient les moyens conventionnels pour disperser les manifestants. Sinon, je n'ai pas proféré d'injures contre la personne du président de la République », se défend-il. Précisant qu'il ne pouvait pas rester inactif face à la situation. « Je voudrais ajouter qu'en tant que leader politique de l'opposition, je sais que je ne pouvais pas caresser le président Gbagbo dans le sens du poil. Mais je suis conscient que je ne dois pas déborder au point de lui vouloir du mal. Sinon, je reconnais avoir tenu des propos acerbes contre lui », ajoute Kouakou Eugène, arguant que ses déclarations ne lui paraissaient pas de nature à inquiéter outre mesure. Pour lui, ce n'était que des causeries de maquis entre amis. Mais le tribunal des flagrants délits du Plateau ne voit pas les choses aussi simples comme le mis en cause les présente. Il est poursuivi pour offenses et outrages au président de la République et menaces de mort. Après sa détention préventive de quelques jours à la Maca, il était à la barre le 14 avril. Kouakou Eugène Koffi a reconnu avoir tenu des propos acerbes contre Laurent Gbagbo. Cependant, il soutient qu'il ne l'a pas injurié et que ses déclarations ne sont pas de nature à inquiéter. « Ma formation politique - il ne précise pas le nom - n'a pas été informée. Mais je présume que mon ami du quartier a dû aviser ma base. Je sais que le président de la République incarne une institution. Mais pour moi, les propos tenus ne me paraissent pas de nature à l'inquiéter outre mesure », rassure-t-il. Pour le procureur de la République, l'accusé a enfreint la loi. Par conséquent, selon lui, il doit être puni. Le ministère public requiert donc quarante-cinq jours d'emprisonnement ferme. Toutefois, le juge ne le suit pas dans son réquisitoire car l'inculpé est condamné à six mois avec sursis. Kouakou Eugène Koffi est sorti, jeudi dernier, de prison mais il reste sous contrôle judiciaire. Autant dire que l'épée de Damoclès est suspendue au-dessus de sa tête.
Bahi K.
«Je ne pouvais pas caresser Gbagbo dans le sens du poil»
Donc je ne pouvais pas ne pas réagir face à de tels propos. J'ai avisé mes chefs hiérarchiques notamment le colonel Ahouman et maître Bahi Patrice avant de faire arrêter le mis en cause », déclare le sergent Lepko Zouzouko Pierre lors de son audition. Interrogé sur les faits d'outrages au président de la République, Kouakou Eugène dit que cette nuit-là, en compagnie de ses amis, il bavardait et commentait l'actualité politique du carré éburnéen. « Nous parlions du voyage du président de la République à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso. Sur ce point, moi j'ai dit que le président Gbagbo a été convoqué par le Facilitateur parce que c'est lui qui bloque le processus électoral. Dans la même veine, j'ai parlé des événements de février 2010 en disant que c'est sous le règne du président Gbagbo qu'il y a eu mort d'hommes au cours des manifestations en particulier à Gagnoa alors que sous ses prédécesseurs, Guei Robert et Henri Konan Bédié, il n'y a pas eu mort d'hommes lors de manifestations politiques. Sous les prédécesseurs de Gbagbo, les marches étaient encadrées, et les forces de l'ordre utilisaient les moyens conventionnels pour disperser les manifestants. Sinon, je n'ai pas proféré d'injures contre la personne du président de la République », se défend-il. Précisant qu'il ne pouvait pas rester inactif face à la situation. « Je voudrais ajouter qu'en tant que leader politique de l'opposition, je sais que je ne pouvais pas caresser le président Gbagbo dans le sens du poil. Mais je suis conscient que je ne dois pas déborder au point de lui vouloir du mal. Sinon, je reconnais avoir tenu des propos acerbes contre lui », ajoute Kouakou Eugène, arguant que ses déclarations ne lui paraissaient pas de nature à inquiéter outre mesure. Pour lui, ce n'était que des causeries de maquis entre amis. Mais le tribunal des flagrants délits du Plateau ne voit pas les choses aussi simples comme le mis en cause les présente. Il est poursuivi pour offenses et outrages au président de la République et menaces de mort. Après sa détention préventive de quelques jours à la Maca, il était à la barre le 14 avril. Kouakou Eugène Koffi a reconnu avoir tenu des propos acerbes contre Laurent Gbagbo. Cependant, il soutient qu'il ne l'a pas injurié et que ses déclarations ne sont pas de nature à inquiéter. « Ma formation politique - il ne précise pas le nom - n'a pas été informée. Mais je présume que mon ami du quartier a dû aviser ma base. Je sais que le président de la République incarne une institution. Mais pour moi, les propos tenus ne me paraissent pas de nature à l'inquiéter outre mesure », rassure-t-il. Pour le procureur de la République, l'accusé a enfreint la loi. Par conséquent, selon lui, il doit être puni. Le ministère public requiert donc quarante-cinq jours d'emprisonnement ferme. Toutefois, le juge ne le suit pas dans son réquisitoire car l'inculpé est condamné à six mois avec sursis. Kouakou Eugène Koffi est sorti, jeudi dernier, de prison mais il reste sous contrôle judiciaire. Autant dire que l'épée de Damoclès est suspendue au-dessus de sa tête.
Bahi K.