La ville de Duékoué et sa banlieue passent pour être la zone du pays où le viol des femmes, tout âge confondu, est devenu monnaie courante depuis l'éclatement de la crise en 2002. Ce fléau a pris un coup d'accélérateur en 2009 avec l'avènement de deux nouveaux types de viols ; à savoir les viols de mineurs et les viols ciblés qui, selon le préfet par intérim de Duékoué, Kouamé Bi Tibet Robert, se déroulent au moment des braquages. « Ils vont sur les routes qui mènent aux campements de certains groupes ethniques où ils barricadent les voies d'accès munis d'arme de guerre, s'attaquent aux personnes, les dépouillent de tous leurs biens avant de procéder à un viol systématique de tout ce qui est femme », dénonce l'administrateur. Thèse confirmée par dame M. O. « Nous ne pouvons plus aller dans nos campements à cause de l'insécurité. Ils s'attaquent à nous au motif que nous avons occupé leurs terres pour réaliser des plantations », affirme-t-elle.
On viole pour faire du mal
«Des jeunes, armés de Kalachnikov, ont occupé les pistes qui mènent vers nos campements et, le jour de marché, ils vont se cacher dans les broussailles et, gare à la femme qui va se hasarder par là. Ils volent et violent les femmes de tout âge », renchérit-elle. Avant de poursuivre pour dire que « récemment sur la route qui mène à Tohazéo, un véhicule de transport a été braqué et quatre femmes qui étaient à bord ont été violées et c'est une organisation humanitaire qui a pris ces femmes en charge. La situation est grave. Ces événements se sont déroulés le 4 avril dernier et le lendemain d'autres cas de viols ont été signalés dans la commune », relève M. O. Selon une source digne de foi, pour la seule année 2009, environ 120 cas déclarés de viols ont été enregistré à Duékoué. Pour le seul mois de mars dernier, plus de 30 cas de viols ont été déclarés soit environ une moyenne d'un viol par jour. Et, selon le directeur du centre social, « nombreux sont les cas qui ne sont pas déclarés du fait de la crainte de la stigmatisation » ou par simple ignorance des méfaits du phénomène de viols. Les victimes de ce crime odieux se comptent par plusieurs dizaines dans la cité du Guémon. Quelques unes des femmes ont accepté de raconter leur mésaventure.
La peine des femmes violées
«De retour du marché le lundi 25 janvier 2010, nous et nos conjoints avons été pris à partie par 9 bandits parmi lesquels il y avait des filles. Ils ont pris tous nos biens avant de nous violer. Nous étions quatre femmes avec nos maris et leurs frères. » Et dame K. O. (30 ans), très indignée, tout en pleurant de poursuivre : « moi qui suis toujours restée fidèle à mon mari, ils m'ont fait ça devant mon mari et ses frères ». Cette dame, selon ses dires, a été violée par deux personnes. Elle voyageait avec son mari et son beau-frère à bord d'une camionnette. K. O. dit avoir perdu sa dignité et toute son économie car elle venait de vendre des denrées alimentaires au marché de Duékoué. Une autre victime, M. W., âgée de 64 ans, dit avoir perdu toute sa dignité après avoir été violée par des gamins moins âgés que ses propres enfants. Bien entendu après avoir été dépouillée de toute son économie. « Ils ont trop cogné mon derrière contre le rocher et j'ai très mal », a-t-elle dit en pleurant. Cette dame souffre aujourd'hui de traumatisme physique et moral. « En partance pour le champ, un militaire du camp de Duékoué, de retour de mission, s'est arrêté à mon niveau. Comme je faisais chemin seule, il m'a assommée à coups de crosse de fusil avant de me traîner de force dans la broussaille pour satisfaire sa libido. Après avoir accompli son forfait, il m'a volé mon téléphone portable », a déclaré M. O., les larmes aux yeux. De son côté, dame S. A. dit avoir été prise à partie par 6 bandits qui l'ont dépouillée de tout ce qu'elle possédait avant d'être violée». C'était dans la première semaine du mois de mars dernier dans le bloc Kouassikro. « L'un des bandits m'a donné des coups de pied au bas ventre et depuis lors, j'éprouve des difficultés à marcher du fait des douleurs pelviennes » a-t-elle dit. Un autre lieu, une autre victime. « C'est au cours de l'attaque de notre domicile à Miably, dans la sous-préfecture de Duékoué, que trois des bandits en cagoule m'ont violée», a déclaré J. E. âgée de 8 ans. Aujourd'hui, selon son médecin traitant, cette petite fille risque de ne pouvoir jamais enfanter parce que son utérus est endommagé. Cette cinquantenaire n'y échappe pas. « Le 17 février 2010, nous nous rendions au champ lorsque nous sommes tombées dans une embuscade tendue par des bandits. Ces derniers nous ont pris tous nos biens, tuée à bout portant un jeune homme qui tentait de fuir, blessé grièvement l'un d'entre nous qui était couché au sol et, deux d'entre eux m'ont violée ». Tels sont les propos de dame A. H., âgée de 50 ans.
L'impuissance des FDS face aux criminels
Les Forces de défense et de sécurité (Fds) traquent à leur manière les criminels qui sévissent dans le département. Mais force est de reconnaître qu'elles ont du mal à mettre un terme à ce fléau. Le commissaire de police de Duékoué, Kré Brou, reconnaît l'insécurité grandissante dans sa zone surtout les cas de viol avec menace de mort. « En 2009, 24 cas de viols ont été portés à notre connaissance. 8 violeurs dont 3 élèves ont été interpellés par nos soins et déférés à la prison civile de Daloa où ils seront jugés. Nous avons aussi mis hors d'état de nuire le violeur en série, spécialisé dans les viols de mineure de 8 ans et moins », a révélé l'officier de police. Une rumeur avait fait état de la mort du violeur en série, Gbahou Gouessemin Narcice. Mais le commissaire a pris soin de vérifier l'information qui s'est avérée fausse. Ce dernier, aux dires du commissaire, a fait quinze victimes. Mais le centre social lui attribue 18. Le commissaire a indiqué que le criminel sera jugé aux assises du tribunal de première instance de Daloa en juin prochain. Pour cette année, tandis que la police parle de 3 cas pour 2 suspects interpellés, les organisations de protection des femmes parlent d'une trentaine de cas de viols pour le seul mois de mars de cette année. Les personnes arrêtées sont Banhi Marcelin, âgé de 44 ans, pour viol sur une fillette de 9 ans et Oulato F. Arthur, âgé de 21 ans, pour avoir violé une fille de 13 ans. Selon le commissaire, les prévenus ont reconnu les faits qui leur sont reprochés. Ils ont été déférés le 1er avril dernier devant le parquet de Daloa où ils répondront de leurs actes. Pour ces deux interpellations, c'est une enquête, minutieuse menée par le commissaire Kré Brou et ses hommes, qui a permis de mettre fin à leurs actes ignobles. Ce qui est à déplorer, c'est le manque de collaboration des populations avec les Fds dans le cadre de la lutte contre cette vilaine forme de criminalité. Les parents par exemple de la fillette de 9 ans avaient tenté de couvrir le violeur de 44 ans au motif qu'il serait le maître de maison de leurs enfants. Chose grave, ils ont même voulu un règlement à l'amiable, selon une source. Et ce, au mépris de la vie de leur propre fille. Un gendarme qui a requis l'anonymat, a indiqué que leur tâche est plus difficile car les bandits sont puissamment armés et opèrent très souvent avec des cagoules. Or, les Fds sont limitées en logistique pour traquer efficacement ces bandits de grand chemin.
La prise en charge des victimes
La direction régionale du ministère de la Famille, de la Femme et des Affaires sociale, par l'entremise du centre social de Duékoué, a mis en place avec ses partenaires ce qu'elle appelle « le système trépied » en vue de lutter efficacement contre ce fléau qui est en train de transformer la cité du Guémon en cité du démon. Ce système, selon le directeur du centre social, Seleumi Pierre, est composé de trois entités que sont le centre social et ses partenaires avec pour responsabilité de la prise en charge psychosociale et l'orientation ; les forces de défense et de sécurité pour la phase répressive et l'hôpital pour la prise en charge médicale. Des Ong comme Save the children, l'Unicef, l’Irc (International rescue comitee) et l’Unfpa (Fonds des nations unies pour la population) apportent des appuis considérables à la prise en charge des victimes. L'IRC et l'Unicef confectionnent des kits de viol qu'elles mettent à la disposition du centre social pour la prise en charge médicale des femmes violées. Récemment, une fillette de 6 ans, victime de viol, devait subir une opération chirurgicale et la prise en charge médicale a été entièrement assurée par Save the children. Ces prises en charge n'apportent pas entièrement satisfaction. Selon M. O., membre de l'organisation des femmes leaders de Duékoué pour la lutte contre les violences faites aux femmes, trois filles ont été contaminées au Vih/Sida et sont malheureusement livrées à elles-mêmes. « Ces filles sont issues de familles pauvres et ont des difficultés pour se nourrir», a-t-elle déploré. Le directeur du centre social dit avoir pris en charge trois enfants issus de viol. « La mère de l'un de ces enfants a voulu se suicider lorsqu'elle l'a aperçue », a révélé Seulemi Pierre.
La majorité des femmes violées souffrent de traumatisme physique et moral. D'autres sont menacées de perdre leur foyer. Certaines d'entre elles se retrouvent sans ressource financière.
Une enquête de Kindo Ousseny à Man
On viole pour faire du mal
«Des jeunes, armés de Kalachnikov, ont occupé les pistes qui mènent vers nos campements et, le jour de marché, ils vont se cacher dans les broussailles et, gare à la femme qui va se hasarder par là. Ils volent et violent les femmes de tout âge », renchérit-elle. Avant de poursuivre pour dire que « récemment sur la route qui mène à Tohazéo, un véhicule de transport a été braqué et quatre femmes qui étaient à bord ont été violées et c'est une organisation humanitaire qui a pris ces femmes en charge. La situation est grave. Ces événements se sont déroulés le 4 avril dernier et le lendemain d'autres cas de viols ont été signalés dans la commune », relève M. O. Selon une source digne de foi, pour la seule année 2009, environ 120 cas déclarés de viols ont été enregistré à Duékoué. Pour le seul mois de mars dernier, plus de 30 cas de viols ont été déclarés soit environ une moyenne d'un viol par jour. Et, selon le directeur du centre social, « nombreux sont les cas qui ne sont pas déclarés du fait de la crainte de la stigmatisation » ou par simple ignorance des méfaits du phénomène de viols. Les victimes de ce crime odieux se comptent par plusieurs dizaines dans la cité du Guémon. Quelques unes des femmes ont accepté de raconter leur mésaventure.
La peine des femmes violées
«De retour du marché le lundi 25 janvier 2010, nous et nos conjoints avons été pris à partie par 9 bandits parmi lesquels il y avait des filles. Ils ont pris tous nos biens avant de nous violer. Nous étions quatre femmes avec nos maris et leurs frères. » Et dame K. O. (30 ans), très indignée, tout en pleurant de poursuivre : « moi qui suis toujours restée fidèle à mon mari, ils m'ont fait ça devant mon mari et ses frères ». Cette dame, selon ses dires, a été violée par deux personnes. Elle voyageait avec son mari et son beau-frère à bord d'une camionnette. K. O. dit avoir perdu sa dignité et toute son économie car elle venait de vendre des denrées alimentaires au marché de Duékoué. Une autre victime, M. W., âgée de 64 ans, dit avoir perdu toute sa dignité après avoir été violée par des gamins moins âgés que ses propres enfants. Bien entendu après avoir été dépouillée de toute son économie. « Ils ont trop cogné mon derrière contre le rocher et j'ai très mal », a-t-elle dit en pleurant. Cette dame souffre aujourd'hui de traumatisme physique et moral. « En partance pour le champ, un militaire du camp de Duékoué, de retour de mission, s'est arrêté à mon niveau. Comme je faisais chemin seule, il m'a assommée à coups de crosse de fusil avant de me traîner de force dans la broussaille pour satisfaire sa libido. Après avoir accompli son forfait, il m'a volé mon téléphone portable », a déclaré M. O., les larmes aux yeux. De son côté, dame S. A. dit avoir été prise à partie par 6 bandits qui l'ont dépouillée de tout ce qu'elle possédait avant d'être violée». C'était dans la première semaine du mois de mars dernier dans le bloc Kouassikro. « L'un des bandits m'a donné des coups de pied au bas ventre et depuis lors, j'éprouve des difficultés à marcher du fait des douleurs pelviennes » a-t-elle dit. Un autre lieu, une autre victime. « C'est au cours de l'attaque de notre domicile à Miably, dans la sous-préfecture de Duékoué, que trois des bandits en cagoule m'ont violée», a déclaré J. E. âgée de 8 ans. Aujourd'hui, selon son médecin traitant, cette petite fille risque de ne pouvoir jamais enfanter parce que son utérus est endommagé. Cette cinquantenaire n'y échappe pas. « Le 17 février 2010, nous nous rendions au champ lorsque nous sommes tombées dans une embuscade tendue par des bandits. Ces derniers nous ont pris tous nos biens, tuée à bout portant un jeune homme qui tentait de fuir, blessé grièvement l'un d'entre nous qui était couché au sol et, deux d'entre eux m'ont violée ». Tels sont les propos de dame A. H., âgée de 50 ans.
L'impuissance des FDS face aux criminels
Les Forces de défense et de sécurité (Fds) traquent à leur manière les criminels qui sévissent dans le département. Mais force est de reconnaître qu'elles ont du mal à mettre un terme à ce fléau. Le commissaire de police de Duékoué, Kré Brou, reconnaît l'insécurité grandissante dans sa zone surtout les cas de viol avec menace de mort. « En 2009, 24 cas de viols ont été portés à notre connaissance. 8 violeurs dont 3 élèves ont été interpellés par nos soins et déférés à la prison civile de Daloa où ils seront jugés. Nous avons aussi mis hors d'état de nuire le violeur en série, spécialisé dans les viols de mineure de 8 ans et moins », a révélé l'officier de police. Une rumeur avait fait état de la mort du violeur en série, Gbahou Gouessemin Narcice. Mais le commissaire a pris soin de vérifier l'information qui s'est avérée fausse. Ce dernier, aux dires du commissaire, a fait quinze victimes. Mais le centre social lui attribue 18. Le commissaire a indiqué que le criminel sera jugé aux assises du tribunal de première instance de Daloa en juin prochain. Pour cette année, tandis que la police parle de 3 cas pour 2 suspects interpellés, les organisations de protection des femmes parlent d'une trentaine de cas de viols pour le seul mois de mars de cette année. Les personnes arrêtées sont Banhi Marcelin, âgé de 44 ans, pour viol sur une fillette de 9 ans et Oulato F. Arthur, âgé de 21 ans, pour avoir violé une fille de 13 ans. Selon le commissaire, les prévenus ont reconnu les faits qui leur sont reprochés. Ils ont été déférés le 1er avril dernier devant le parquet de Daloa où ils répondront de leurs actes. Pour ces deux interpellations, c'est une enquête, minutieuse menée par le commissaire Kré Brou et ses hommes, qui a permis de mettre fin à leurs actes ignobles. Ce qui est à déplorer, c'est le manque de collaboration des populations avec les Fds dans le cadre de la lutte contre cette vilaine forme de criminalité. Les parents par exemple de la fillette de 9 ans avaient tenté de couvrir le violeur de 44 ans au motif qu'il serait le maître de maison de leurs enfants. Chose grave, ils ont même voulu un règlement à l'amiable, selon une source. Et ce, au mépris de la vie de leur propre fille. Un gendarme qui a requis l'anonymat, a indiqué que leur tâche est plus difficile car les bandits sont puissamment armés et opèrent très souvent avec des cagoules. Or, les Fds sont limitées en logistique pour traquer efficacement ces bandits de grand chemin.
La prise en charge des victimes
La direction régionale du ministère de la Famille, de la Femme et des Affaires sociale, par l'entremise du centre social de Duékoué, a mis en place avec ses partenaires ce qu'elle appelle « le système trépied » en vue de lutter efficacement contre ce fléau qui est en train de transformer la cité du Guémon en cité du démon. Ce système, selon le directeur du centre social, Seleumi Pierre, est composé de trois entités que sont le centre social et ses partenaires avec pour responsabilité de la prise en charge psychosociale et l'orientation ; les forces de défense et de sécurité pour la phase répressive et l'hôpital pour la prise en charge médicale. Des Ong comme Save the children, l'Unicef, l’Irc (International rescue comitee) et l’Unfpa (Fonds des nations unies pour la population) apportent des appuis considérables à la prise en charge des victimes. L'IRC et l'Unicef confectionnent des kits de viol qu'elles mettent à la disposition du centre social pour la prise en charge médicale des femmes violées. Récemment, une fillette de 6 ans, victime de viol, devait subir une opération chirurgicale et la prise en charge médicale a été entièrement assurée par Save the children. Ces prises en charge n'apportent pas entièrement satisfaction. Selon M. O., membre de l'organisation des femmes leaders de Duékoué pour la lutte contre les violences faites aux femmes, trois filles ont été contaminées au Vih/Sida et sont malheureusement livrées à elles-mêmes. « Ces filles sont issues de familles pauvres et ont des difficultés pour se nourrir», a-t-elle déploré. Le directeur du centre social dit avoir pris en charge trois enfants issus de viol. « La mère de l'un de ces enfants a voulu se suicider lorsqu'elle l'a aperçue », a révélé Seulemi Pierre.
La majorité des femmes violées souffrent de traumatisme physique et moral. D'autres sont menacées de perdre leur foyer. Certaines d'entre elles se retrouvent sans ressource financière.
Une enquête de Kindo Ousseny à Man