Escroquerie : Comment l’agent immobilier a roulé ses clients

Tout le monde sait que trouver un logement à Abidjan relève du parcours du combattant. Des personnes malintentionnées en profitent pour abuser de leurs concitoyens tourmentés à la recherche d’un toit. L’air malicieux, elles prennent de l’argent avec ceux qui sont en quête de logements puis disparaissent tout bonnement. Tel se résume le calvaire de Kouassi Adjé Charles et Mama Doumé, artiste musicien mandingue, bien connu dans le milieu de célébration de mariages, baptêmes et autres événements heureux. Le metteur en scène de la supercherie s’appelle Waza Gnako Christian qui se dit agent immobilier. Aidé par Ipo Toti Guillaume, ces deux barrons en foire mettent en route leur scénario courant mai 2009. «J’ai approché Christian en vue de trouver une maison de deux pièces en location située au quartier Prodomo (Koumassi, ndlr) », rapporte Charles qui se laisse convaincre par les paroles sucre et miel de l’escroc. Celui-ci promet de lui trouver une maison à son goût. Séance tenante, ajoute l’agent du patrimoine de l’Etat de 41 ans, il remet au truand la somme de 240.000 Fcfa. Pour rassurer son client, Christian entreprend une visite sur le lieu indiqué. La maison ciblée n’est pas totalement terminée car il y a encore des travaux à effectuer. Christian, l’agent immobilier, se mue en propriétaire et demande au potentiel locataire de financer les travaux restant. Toutefois, le devis estimatif dressé par l’escroc est jugé exorbitant. «J’ai donc décidé qu’il me restitue mes 240.000 Fcfa. Il m’a seulement remboursé que la somme de 110.000 Fcfa. Puis, il m’a proposé, quelques jours après, une autre maison au quartier Abri 2000. C’est ainsi que Guillaume est entré en scène en tant que démarcheur. A la demande de Charles, j’ai remis à ce dernier la somme de 380.000 Fcfa », précise le benêt croyant bien agir. Il va se mordre les doigts puisque les deux escrocs empochent le fric et débarrassent le plancher. Entre-temps, ils mettent en place le même stratagème pour extorquer la somme de 225.000 Fcfa à dame Mama Doumé. Celle-ci voulait aussi une maison de deux pièces à Prodomo.
La bande à Christian est démasquée en juillet 2009. Un arrangement à l’amiable de l’affaire est trouvé. Les escrocs jurent la main sur la poitrine qu’ils vont rembourser les deux victimes. Mais, ce n’était que des promesses sans lendemain dans la mesure où les victimes ne reçoivent aucun centime. Pis, Christian et son complice sont introuvables jusqu’au 8 mars 2010. Ce jour-là, Charles met la main sur celui qui lui a escroqué au total la somme de 480.000 Fcfa. Conduit à la brigade de gendarmerie de Koumassi, Christian doit répondre de l’accusation d’escroquerie. Son complice, Guillaume, a pris la fuite. Le prévenu reconnaît les faits mais nie le montant. Toutefois, il reconnaît avoir reçu 350.000 Fcfa des mains de Charles et non 380.000 Fcfa. Concernant la seconde plaignante, l’indélicat soutient n’avoir pris que 175.000 Fcfa et non 225.000 Fcfa. Présenté à la barre du tribunal des flagrants délits du Plateau, le 17 mars, le mis en cause ne varie pas dans sa déclaration faite à la brigade de gendarmerie. Le juge ne tient pas compte de ses dénégations. Il le punit à une peine d’emprisonnement de 36 mois fermes. Les victimes, constituées partie civile, doivent recevoir la somme de 680.000 Fcfa à titre de dommages et intérêts. Une fois libre, Christian doit verser cette somme.

Bahi K.