Affaires d’escroquerie autour de Green, de l’Ena, d’agent de joueur… - Tiéhi Joël : “Je reconnais les faits…”

Ce n’est rien d’affirmer que Tiéhi Joël est un homme sans foi ni loi. Tremblé dans plusieurs affaires de malversations, l’ancien footballeur international, roule carrosse. Tantôt agent de joueur, tantôt membre du conseil d’administration de la compagnie de téléphonie mobile (Green) ou encore membre de la galaxie patriotique, Tiéhi s’en met plein les poches. Ainsi, le président de l’Ong des Wê pour Gbagbo a été filouté soutirant un million de francs à plusieurs personnes qui voulaient acquérir des portables vendus à 2.500 Fcfa l’unité. Pour comprendre ce qui s’est passé nous avons approché des victimes de la vaste escroquerie orchestrée par Tiéhi Joël.
Bouazo Zéphirin, président d’une association et plusieurs autres personnes également membre d’associations diverses ont été plumés par l’ex-capitaine des Eléphants, Tiéhi Joël, à qui ils ont remis près d’un million de francs. Tout est parti, selon plusieurs témoignages, d’une affaire de fourniture de matériel de communication. Bouazo Zéphirin, voulait doter les membres de son association de kit de la société Oriel Green composé d’un téléphone portable et d’une puce pour seulement 2.500Fcfa. «On a organisé une collecte pour que tout le monde ait ce kit pour que la communication devienne plus fluide entre nous. J’ai même parlé à mon jeune cousin, qui est membre d’une association, des opportunités que Green donne aux coopératives. Lui en a discuté avec ses adhérents et il est revenu me voir pour me dire, ça nous intéresse», affirme-t-il.

Tout part de matériel de communication

Bouazo entre ainsi en contact avec Séa Hyacinthe, un proche collaborateur de Tiéhi Joël. «Et c’est Séa Hyacinthe qui conduisait la délégation en lieu et place de Tiéhi Joël. C’est comme ça que le contact a été établi avec nous. Ils nous ont fait la proposition de nous offrir des kits complets avec un appareil avec des puces à 2.500 Fcfa. Soit 20 cartons de 20 kits avec un total de 400 unités. Entre les membres de notre organisation dans le cadre d’un partenariat », ajoute notre interlocuteur. Selon lui, le collaborateur direct de l’ex-capitaine des Eléphants avait promis livrer les kits dans un délai d’une semaine. « C’est sur cette base qu’on est parti et j’ai compté un million que j’ai remis à Séa. Cela s’est passé le 7 janvier, date de la décharge. On a fait le versement ce jour-là pour recevoir normalement les portables le 14 janvier donc une semaine après », confie Bouazo Zéphirin. Une fois l’argent empoché Séa prend ses distances. Il donne plusieurs faux rendez-vous. Tout comme Bouazo, toutes les autres associations qui ont souscrit et payé pour cette transaction sont aussi flouées. Lorsqu’il lui arrive d’honorer ses rendez-vous, c’est sans aucun kit sous le bras que Séa se présente. Pis, il tente de mener en bateau les potentiels abonnés. Selon Bouazo, l’affaire a tourné au vinaigre. Ils ont donc décidé que Séa leur rembourse le million de Fcfa. « Au début, il disait que Green a été obligé d’arrêter l’opération parce qu’ils ont un stock de téléphones qui a été volé. Et que la campagne promotionnelle a été arrêtée. Après, c’était le directeur marketing qui avait fait un accident, enfin il avançait que Green avait reçu les kits, mais que la société mettait en place une stratégie pour la distribution, jusqu’au 10 mars», s’énerve un autre président d’association. Poursuivant, il explique que le 10 mars à Yopougon, Séa s’est mis à leur expliquer les difficultés qu’il a à honorer le contrat. «Mais notre idée n’était plus sur les portables. C’est l’argent qu’on voulait. J’ai fait savoir que lorsqu’une opération a foiré, elle a foiré », souligne cet autre membre. Un nouveau rendez-vous est fixé au lundi pour le paiement effectif des sommes versées. «Il a dit que lundi était long et qu’il paierait samedi. J’ai même rappelé que le samedi n’était pas un jour ouvrable. Le samedi donc à 20 heures, quand j’ai essayé de le rappeler, son téléphone était fermé. Le lundi, j’ai envoyé mon neveu déposer le document à Green. Dès que le document a été déposé, la société est entrée en contact avec Tiéhi Joël », se souviennent nos interlocuteurs. Contre toute attente, Tiéhi Joël appelle Bouazo Zéphirin pour lui dire que Séa Hyacinthe est certes son collaborateur, mais, qu’il ne l’a pas envoyé collecter de l’argent. Le footballeur lui demande également d’être patient. Avant de raccrocher, Tiéhi fixe un nouveau rendez-vous à son interlocuteur. « Nous rentrerons en contact avec vous dès lundi prochain pour régler ça », rassure-t-il. Arrive alors le lundi. Tiéhi, lui aussi, refuse d’honorer son engagement. «Nous avons appris que c’est Séa Hyacinthe qui a porté plainte contre Tiéhi Joël à la police criminelle en compagnie d’une dame nommée Mme Bli pour une affaire de 5 millions Fcfa. Et quand l’information nous est parvenue, j’ai donc envoyé mon cousin pour en savoir davantage. En compagnie de Séa, les policiers sont allés pour arrêter Tiéhi Joël, qui a refusé de sortir de sa chambre », révèle le patron de l’association. Selon lui, Tiéhi Joël de sa chambre aurait appelé un commissaire de police. Après s’être entretenu avec ce dernier, le footballeur a tenté de passer la communication à l’officier de police venu procéder à son arrestation. Niet, répond ce dernier qui fait remarquer qu’il n’est que sous les ordres du directeur de la police criminelle L’attente dure quelques heures.

Tiéhi continue la razzia

A 10 heures, le DG de la PJ appelle et demande à ses éléments de laisser tomber et de quitter le domicile de l’ancien joueur du Stade d’Abidjan. Les policiers partent déçus de n’avoir pas pu exécuter leur mission. De fait, Séa Hyacinthe et Mme Bli ont indiqué à toutes les personnes dont ils avaient récupéré les sous qu’ils ont tout versé à Tiéhi. Au total, 10 plaintes pour escroquerie sur un montant de 20 millions FCFA ont été portées contre Tiéhi Joël, confie une source policière. Le 25 mai à 17 heures, la PJ est allée chercher Séa pour une confrontation avec Tiéhi dont rien n’a encore filtré. Nous avons tenté en vain d’entrer en contact avec Tiéhi. Le contact 66 95 07 46 était tantôt injoignable, tantôt quelqu’un décrochait avant de nous raccrocher au nez dès que nous déclinons notre identité.
Le même Tiéhi se retrouve au centre d’une autre affaire d’escroquerie qui se monte à des dizaines de millions Fcfa. Sur la base de promesses fallacieuses, Tiéhi vend du rêve à des dizaines de jeunes footballeurs. Selon lui, il était capable de leur trouver des clubs professionnels en Europe. Mais ces jeunes après avoir donné le fric à l’escroc, n’ont rien vu venir. Pis, ces futurs suiveurs de Drogba, Kolo, Arouna ou Baky, n’ont eu leurs yeux que pour pleurer. L’argent lui monte à la tête et la cupidité devient son dada. En 2009, Tiéhi fond sur les 2 millions Fcfa d’une dame en promettant à cette dernière de faire entrer son fils à l’Ecole nationale d’administration (Ena). Une convocation de la brigade de gendarmerie du Toit Rouge (Yopougon) lui a été délivrée pour répondre des accusations. Après maints rendez-vous non tenus, nous avons rencontré Tiéhi Joël à son domicile à la Riviera 2, le mardi 16 mars. En compagnie de l’un des ses amis répondant au nom de Brou Basile, il soutient que tous ces affaires de malversations lui sont bel et bien imputables. Il reconnaît avoir reçu de l’argent de la part des victimes. « Concernant, l’opération de Green, j’ai effectivement reçu l’argent. C’était pour payer les téléphones portables. Nous avons eu une rupture de stock. Donc, les clients devaient entendre. Mais cela a coïncidé avec mon voyage au Mali. A mon retour, on me signale que les téléphones ont été tous vendus. Je signale qu’il n’y a pas eu de document signé lors de cette transaction même si je reconnais les faits. Il en a de même pour les autres affaires. Dans tous les cas, je vous promets un entretien pour donner ma part de vérité sur ces innombrables affaires d’escroquerie. On m’accuse pour rien. Cette semaine (vendredi 19 mars, ndlr), je vais au village car j’ai des ambitions politiques. Je veux être le député de mon village. Je promets vous accorder une interview sur toutes ces questions », affirme Tiéhi qui ne tient pas parole. Ainsi, nous comprenons que cet homme est sans aveu.

Une enquête de Ouattara Moussa