Avoir un logement à Abidjan est un parcours du combattant. Mais obtenir un terrain sans conflit relève du miracle. Il n’est pas rare de trouver un lot appartenant à plus d’une personne. La preuve. En septembre 2009, Ali Kparah Joseph croit avoir fait une bonne affaire. Il achète deux lots de 600m2 de superficie chacun. Les deux terrains sont respectivement enregistrés sous les numéros 1235 et 1237 sur l’îlot n°104. Les lots se trouvent à Gonzagueville à la cité Med. « J’ai déboursé la somme de 3.700.000Fcfa par lot soit 7.400.000Fcfa pour les deux terrains. Une lettre d’attribution signée par M. Bernard Douadou Gninia, préfet de Grand-Bassam en date du 29 septembre 2009 m’a été délivrée à cet effet », affirme Ali, agent commercial de 56 ans. Il produit une photocopie dudit document comme pièce justificative de sa propriété. Muni de ce papier, il se croit à l’abri de toute surprise désagréable. Ainsi fiché, Ali entreprend donc les travaux de construction de ses deux maisons. Mais les travaux sont perturbés par l’opposition de deux individus. Ceux-ci réclament la propriété des terrains. Les nommés Ouédraogo Boukary et Aédy Kouassi, soutient-il, se sont opposés en déclarant être propriétaires au même titre que moi desdits espaces. Ali n’en croit pas ses yeux. Il maintient les travaux de construction. C’était sans compter sur la détermination de Boukary, 42 ans, gardien à la plage et de Aédy, 46 ans, maçon, décidés à lui mettre les bâtons dans les roues. « Dans mon insistance d’occuper mes terrains, ces derniers munis de machettes, de couteaux, de gourdin et de truelle ont empêché mes manœuvres et moi de travailler. Nous avons été pris pour cible par ces individus », déclare celui qui se dit être le vrai propriétaire des lots. Les années passent mais Boukary et Aédy maintiennent la pression. Nous sommes en mars 2010. Et selon le gardien de plage, le site litigieux est un héritage de son père. «Je suis né et j’ai grandi sur ce site. A la mort de mon père en 1989, j’ai hérité de cet espace. Je n’ai aucun papier justificatif relatif aux lots litigieux car mon père n’en avait pas », précise Boukary en indiquant qu’il s’est opposé au démarrage des travaux parce qu’il estime être le vrai propriétaire des lots. «J’avais une truelle en main au moment où je menaçais les manœuvres et le plaignant», souligne-t-il, soutenant avoir offert une portion de terre à son compatriote prénommé Mady afin que ce dernier y construise sa baraque. Craignant d’éventuelles représailles, Ali porte plainte au commissariat de police du 24ème arrondissement. Il accuse Boukary et Aédy de violences et voies de faits et agression à main armée de gourdin, de couteau, de truelle et de machette. Selon Aédy, il vit sur le site litigieux depuis trente-neuf ans sans pouvoir justifier sa qualité de propriétaire des lieux. « Je n’ai aucun papier pouvant justifier mon titre de propriété », dit-il lors de son audition à la police. Je reconnais que je me suis opposé au démarrage des travaux. Mais je n’avais pas en main des armes blanches », se persuade le maçon de 46 ans. Toutefois, le plaignant est formel. Il affirme qu’il a été bel et bien agressé par les prévenus au moyen d’armes blanches. Présentés à la barre du tribunal des flagrants délits du Plateau, le 8 avril, les accusés se ravisent et plaident coupables pour les faits de violences et voies de faits et agression à main armée d’armes blanches. Mais, Boukary a plus de chance puisque le juge prononce sa relaxe pour délits non constitués. Quant à Aédy Kouassi, il est condamné à quinze jours de prison.
Un compte rendu d’audience de Ouattara Moussa
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