Il est méconnaissable, Me Roger Ouégnin, depuis sa reconversion politique. Quarante-huit heures après avoir lancé des diatribes à l’endroit des Forces Nouvelles qu’il accuse d’avoir empêché Gbagbo de réaliser son programme de gouvernement, l’avocat-président de l’ASEC, s’en est pris aux Eléphants de Côte d’Ivoire. Comme si ces derniers étaient à la base des résultats médiocres de son club au niveau continental depuis deux années. Le nouveau porte-voix du candidat du Front populaire ivoirien (FPI)-il est membre de l’Union des Houphouëtistes pour le Dialogue (UHD), mouvement de soutien à Laurent Gbagbo-a déversé sa bile acrimonieuse sur les joueurs qu’il qualifie de «divas capricieuses». S’il ne dit rien de nouveau sur ce que tout le monde sait déjà, c’est-à-dire la grande responsabilité des joueurs dans les différents échecs de la sélection nationale, Me Roger Ouégnin a choisi plus le chemin des attaques gratuites que constructives. Morceaux choisis : «Ils gagnent beaucoup d’argent dans leur club. Ils viennent ici et on leur remet aussi plein d’argent. On pénalise le football local à cause de ces gens-là», «Quand ils arrivent à l’aéroport, tout le monde est là-bas. Tous les producteurs sont avec eux. Ils font de ces scènes. Ils passent, ils écrasent les gens. Souvent, ils ne regardent même pas les supporters venus les accueillir. Et tout le monde applaudit». Des propos tenus lors de l’assemblée générale ordinaire de son club à la Bourse du Travail à Treichville qui démontrent bien l’aigreur affichée du dirigeant sportif vis-à-vis de la sélection nationale. Dans ses élucubrations, il va jusqu’à dénoncer les invitations du Chef de l’Etat. Un acte qu’il considère malsain. «Les stars du moment (les Eléphants actuels), tous les jours, ils vont manger avec le président. Si tu as mangé avec le président, tu le feras avec qui après? Ils n’ont plus faim. On les invite partout. Ils vont danser avec les uns, danser avec les autres. Et après on parle de problème d’égo. Le football, c’est signe de souffrance. Sur le terrain, si les enfants ne se battent pas, s’ils ne mouillent pas le maillot, ils vont se faire battre». Conscient de sa sortie de route pour un dirigeant de sa classe, Ouégnin a tenté de se ressaisir dans sa dernière phrase. Mais c’était trop tard. Car ce qui est sorti l’est déjà.
Mais Roger Ouégnin doit comprendre que ce que les joueurs perçoivent en sélection n’est rien par rapport à ce qu’ils touchent en club. Il ne peut pas tromper tout le monde. Les incessantes invitations du chef de l’Etat à chaque regroupement de la sélection nationale n’ont jamais été du goût du staff technique et même des joueurs. Mais par respect pour son rang, ils ont toujours fait des efforts pour répondre présents. «Ils n’ont plus faim», a cru bon de préciser l’avocat-président. Si pour lui, il faut affamer les joueurs pour qu’ils donnent des résultats satisfaisants, la chute libre de l’Asec au niveau continental ne doit pas étonner. «On les invite partout. Ils vont danser avec les uns, danser avec les autres», a également avancé le PCA de l’Asec. Même s’il refuse de le dire, il faut qu’il sache que la visite rendue par Didier Drogba au président du RDR à son domicile est du fait du capitaine des Eléphants. Alassane Ouattara n’a pas été demandeur. Drogba Didier est allé donner ce jour-là une invitation à ADO pour assister à l’inauguration de sa Fondation à Londres (Angleterre). Et c’est son droit le plus absolu. En plus, ce n’est pas une démarche politique. L’avocat a déjà oublié le rôle que les Eléphants et leur capitaine Drogba ont joué dans la réunification du pays. D’où vient que les joueurs vont danser avec les uns, danser avec les autres ? L’histoire est récente pour être falsifiée même si le parti et l’homme que Roger Ouégnin, a rejoints depuis peu, excellent dans le mensonge.
OUATTARA Gaoussou