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Faits Divers Publié le jeudi 22 avril 2010 | Nord-Sud

Grand-Bassam : Les grands ghettos de la drogue

Derrière le visage de rêve que présente Grand-Bassam, à travers ses plages et autres lieux de divertissement, se cache une laideur. Celle de la prolifération des réseaux de trafiquants de drogue à telle enseigne que l’ancienne capitale politique est devenue une plaque tournante en matière de trafic de drogues. Ce constat est établi par un magistrat qui siège au tribunal de Grand-Bassam. Il a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité. Selon lui, il ne se passe pas d’audience où des personnes sont poursuivies pour détention de cannabis en vue de la vente ou encore des individus accusés de consommation de drogues. «En moyenne, au cours d’une audience, il y a deux cas d’infraction à la législation des stupéfiants et drogues. Donc, nous traitons toujours des cas de détention illicite de cannabis en vue de la consommation ou encore des cas de détention de drogues en vue de la vente», nous confie-t-il en ajoutant que généralement au moins une fois dans l’année, les éléments de la direction de la police des stupéfiants et drogues (Dpsd) font une descente musclée dans les fumoirs de la cité balnéaire.

Voici où se trouvent les fumoirs

Ainsi, le 23 mars des éléments de la Dpsd ont investi la ville pour rappeler à l’ordre les toxicomanes. Trois opérations coups de poing ont été menées simultanément ce jour-là à 14 h. Des fumoirs installés dans certains quartiers tels que France, le phare et celui situé en face du carrefour « Jeunesse » ont été démantelés. Au terme de la descente des flics, 20 toxicomanes ont été interpellés et mis à la disposition de la justice. « Nous avons saisi 2,7 kilogrammes de cannabis. Au quartier France précisément au niveau de l’embouchure où nous avons débuté l’opération. Cet endroit de repos à cause de l’ombrage des cocotiers a été transformé en un fumoir de drogues. Nous avons interpellé sur place dix personnes dont deux vendeurs et huit individus en possession de cannabis destiné à la consommation», explique l’officier de police de la Dpsd commandant l’équipe d’intervention. Selon lui, c’est après avoir palpé et fouillé les individus qu’ils ont découvert une importante quantité de cannabis. Les deux principaux vendeurs de cannabis appréhendés se nomment Aka Benjamin et Tanny Amichia. Ils sont bien connus dans le milieu de la drogue. Tanny avait en sa possession 18 grammes de cannabis lors de son arrestation. C’est lui d’ailleurs, qui a conduit les éléments de la Dpsd à l’embouchure où il avait dissimulé 1kg de drogue dans une vieille barrique. Aka Benjamin et sa copine Tchanbiano Affissatou sont tombés dans les mailles du filet de la police. Affissatou avait six grammes. Quant à Adé François, Niamkey Aka, ils ont été pris même si les flics n’ont rien trouvé de compromettant avec eux. Adama Bamba, 44 ans, qui se dit artiste a été capturé non loin de la place de l’Abissa. Lui qui avait quelques grammes de cannabis.

Le second fumoir, visité par les éléments de la Dpsd au quartier « phare », coincé entre le marché municipal et le quartier « Bromakoté » a permis l’arrestation de sept consommateurs de « l’herbe ». Le fumoir ! C’est un bâtiment inachevé construit en briques, non couvert. Il est situé à quelques encablures de la lagune à l’opposé de l’école primaire « phare ». C’est dans cette bâtisse que les drogués et autres revendeurs de drogues viennent s’allumer. Le coup de filet a permis l’interpellation de sept individus dont Benkouleye Armand Michel, 34 ans, maçon, est un récidiviste notoire.

Il a comparu devant le tribunal pour détention illicite de drogue en vue de la consommation en 2008. Deux ans après, Armand est pris avec 14 grammes de cannabis. Edoukou François Léonce avait en sa possession seize grammes.

Quant à Jean Jaurès Gbeméné 30 ans coiffeur, lui détenait dix grammes. Tengué Georges cinq grammes, Bilé Amichia huit grammes. Au carrefour « Jeunesse », la descente des flics n’a pas été inutile. Le fumoir se trouve à l’opposé de cette place au niveau de la rue des banques. Ainsi, les éléments de la Dpsd ont pris en sandwich trois drogués dont deux vendeurs. Il s’agit d’Akoun Yapo propriétaire de 500 grammes de cannabis, de Kéita Aissata alias « Affou Keita », 19 ans, tresseuse.

A la fin de l’opération, ce sont 20 personnes qui ont été conduits à la Dpsd au Plateau pour être entendus. Akoun Yapo se jette à l’eau. Il donne sa version : « C’est depuis deux ans que je consomme la drogue. J’ai effectivement été appréhendé dans la maison inachevée en face du carrefour jeunesse en possession d’une importante quantité de drogue. Je ne suis pas vendeur mais consommateur. Je suis arrivé à Grand-Bassam pour me faire dépister aux grandes endémies mais étant toxicomane je suis allé m’approvisionner avant d’y aller », se défend-il. Akoun réitère ses propos devant le juge pénal le 14 avril au tribunal de Grand-Bassam. Il est accusé de détention de cannabis en vue de la consommation. Kéita Assaitou alias «Affou Kéita » se met à table et elle accouche. «Je suis le fournisseur de Akoun.

Discours rôdés

Je travaille pour Fousséni. Il est en fuite parce qu’il savait que vous êtiez dans la zone », affirme-t-elle précisant que les flics ont bel et bien trouvé en sa possession 500 grammes de cannabis. Aka Benjamin, le principal vendeur de drogues, tente de se justifier sans pourtant convaincre. Selon lui, il souffrait d’une indigestion (???). «Le jour des faits à 14h, j’étais couché au bord de la lagune parce que souffrant d’une dysenterie. J’ai choisi de rester à cet endroit pour me soulager. Nous n’avons pas de toilette dans notre cour. Et c’est à cet endroit qu’un agent de la Dpsd est venu me fouiller et m’a ensuite arrêté », déclare-t-il. Quant à Tanny Amichia, son acolyte, il nie toute implication dans l’affaire en affirmant ceci : « Je me rendais sur le terrain de football vers 16 heures, côté embouchure. C’est là que deux agents m’ont fouillé et je me suis retrouvé ici ». Au cours de son audition, Edoukou François Leonce déclare aussi qu’il n’a rien à voir dans cette affaire. «J’habite le quartier impérial. A 15 heures, je rentrais chez moi lorsque j’ai vu un groupe de jeunes courir dans tous les sens. Je ne me reprochais rien donc j’ai poursuivi mon chemin et c’est dans ces circonstances que j’ai été arrêté», dit-il. Comme leurs prédécesseurs, les autres prévenus nient en bloc les faits. Cependant, ils passent le 14 avril devant la juge pénale. Tout commence en début d’après-midi. Après avoir liquidé la pile de dossiers placée sur la table, la juge attaque ceux des vingt toxicomanes. La magistrate appelle à la barre des flagrants délits Kéita Aïssatou, ensuite Akoun Yapo et enfin Sissoko Mamadou. Les prévenus sont tour à tour interrogés. C’est Akoun Yapo, qui prend la parole. Il est clair dans sa déclaration. « Je consomme mais je ne vends pas », se rassure-t-il. Kéita Aïssatou est interrogée. Elle avoue son forfait. «Je connais Akoun. On se voit régulièrement au carrefour jeunesse. Je suis allée prendre un peu de cannabis comme je suis à Azuretti. Je ne pouvais pas venir tous les jours m’approvisionner. Je consomme le cannabis mais je ne vends pas. Je suis revenue au carrefour jeunesse parce qu’Akoun m’a demandé de venir fumer la drogue avec lui. C’est ainsi que je me suis rendue à cet endroit et j’ai été appréhendée par la police», explique-t-elle. Contrairement aux deux autres accusés, Sissoko Mamadou 34 ans, chauffeur de taxi a été relaxé car il ne possédait pas de drogue lors de son arrestation. Il raconte les circonstances de son interpellation par les éléments de la Dpsd.

«Je ne reconnais pas les faits. Je revenais de la gare et j’ai été arrêté au niveau du carrefour jeunesse. Ils m’ont fouillé sans rien trouver en ma possession. Je ne fume pas », soutient-il. Les dix-sept autres prévenus ont réfuté en bloc les faits. Le tribunal ne tient pas compte de leurs explications ténébreuses. Akoun Yapo et Kéita Aïssata sont condamnés à cinq ans de prison pour détention de cannabis en vue de la vente. La peine est assortie d’une amende de 500.000 Fcfa pour chacun d’entre eux. Sissoko Mamadou est relaxé pour délit non établi. Quant aux dix-sept autres mis en cause, six ont été punis pour détention de cannabis en vue de la consommation. Il s’agit de Bengouleye Armand Arnaud, Tchanbiano Affissatou, Aka Benjamin, Jean Jaurès Gbaméné, Edoukou François Léonce et Tanny Amichia. Le juge leur a infligé une peine de 12 mois fermes assortis d’une amende individuelle de 200.000 Fcfa. Les autres ont été relaxés au bénéfice du doute.

Une enquête de Ouattara Moussa
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