Ils faisaient le gros dos et chantaient au comité de gestion de la filière café-cacao lorsque " Le Nouveau Réveil " a révélé les agapes financières des premiers responsables de cette structure créée par le président Gbagbo après l'emprisonnement des ex-dirigeants de la filière café cacao. Lesquels, accusés d'avoir détourné des centaines de milliards, croupissent en prison depuis 22 mois sans jugement. Tout le monde avait imaginé que ceux qui ont remplacé les dirigeants emprisonnés, notamment le président du comité de gestion de la filière café-cacao, allaient faire preuve de la plus grande transparence dans la gestion de l'argent qui ne leur appartient pas. Mais, une fois installé, au lieu de s'attaquer aux problèmes réels des paysans, le comité de gestion, derrière l'écran de fumée du reprofilage de routes villageoises (une opération cosmétique très médiatisée), va se complaire dans des opérations financières douteuses qui vont déboucher sur un scandale dans l'achat d'engins lourds pour l'entretien de pistes rurales. Les engins achetés en Chine à 3, 5 milliards vont être déclarés à Abidjan, à plus de 7 milliards. Des responsables de la société Forexi-Sa qui ont eu vent de toute la magouille, vont ébruiter l'affaire. La presse également, dont notamment " Le Nouveau Réveil ", va révéler toutes les zones d'ombre dans l'achat de ces engins. Notamment, le silence du comité de gestion, sur le nom des sociétés avec lesquelles il a signé des contrats (sûrement de gré à gré) avant de leur confier les engins et à qui il a reversé selon son président, plus d'un milliard pour les routes déjà reprofilées. Se réfugiant derrière ce qu'il appelle une cabale de ceux qui veulent l'empêcher de travailler pour le bonheur des producteurs dont le café, annoncé pour être acheté à 500F est cependant acheté sur le terrain à 150F, M. Anoh Gilbert n'a jamais su apporter des éléments suffisamment convaincants pour faire cesser les soupçons de détournements appuyés sur des documents diffusés dans la presse. Et voilà qu'un rapport de l'Onu, publié depuis le 21 avril dans la presse, vient de mettre fin au débat. Le comité de gestion de M. Anoh Gilbert est clairement accusé dans ce rapport, de se livrer à la fraude et au détournement des fonds de la filière café-cacao. En effet, au point 146 de leur rapport, le Groupe d'experts de l'Onu écrit : "Le Groupe recommande que le gouvernement de la Côte d'Ivoire, en particulier le Ministère de l'Economie et des finances et le Ministère de l'Agriculture, prennent les mesures voulues pour empêcher la fraude et le détournement des fonds gérés par le comité de gestion de la filière café cacao". Pourquoi les experts de l'Onu ont-ils jugé nécessaire de faire cette recommandation au gouvernement ivoirien ? Recommandation qui signifie en langage décodé, que le comité de gestion se livre à la fraude et au détournement et que l'Etat de Côte d'Ivoire, notamment le président Gbagbo qui l'a créé, doit y mettre fin. Voilà qui clos le débat sur la gestion de M. Anoh Gilbert. La question qui se pose aujourd'hui est de savoir quand le président Gbagbo décidera de saisir le procureur Tchimou Raymond pour faire la lumière sur la gestion de M. Anoh Gilbert. Si pour de simples soupçons, les autres sont en prison depuis bientôt deux ans, le président Gbagbo devrait agir immédiatement pour ne pas donner l'impression de faire deux poids deux mesures. Car encore une fois, les producteurs de café cacao ont été plumés. Mais cette fois-ci, par des producteurs d'hévéa. Ce qui est encore plus douloureux…
ASSALE TIEMOKO
ASSALE TIEMOKO