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Économie Publié le samedi 24 avril 2010 | Notre Voie

Filière anacarde :Comment les ex-rebelles font chuter le prix bord champ

Les prix bord champ de l’anacarde ont atteint un pic de 150 à 200 Fcfa kg selon les zones de production et la qualité du produit. Ça, c’est le prix officiel. Mais, sur le terrain, le prix d’achat est beaucoup moins. Les acheteurs prennent l’anacarde avec les paysans à vil prix. On serait tenté de les condamner mais, quand on voit les faux frais qui leur sont imposés par les Forces nouvelles, on se rend compte qu’en réalité, ils n’ont pas le choix.

En effet, six des onze zones de production sont situées en zone sous contrôle des ex-rebelles. Pour traverser ces dernières, c’est un véritable parcours du combattant. Si on veut pouvoir sortir de cette zone avec son camion d’anacarde sans heurt, il faut mettre la main à la poche. Les éléments de Soro Guillaume ont imposé de faux frais dont il faut obligatoirement s’acquitter. Pour un camion de 40 tonnes qui quitte la ville de Korhogo, il faut débourser au départ 3 Fcfa par kg.

Ce qui fait aisément 120.000 FCFA. Le Comité de suivi de la filière coton-anacarde (CSCA) prélève à titre de redevance, 1,5 Fcfa sur chaque kg d’anacarde. Ce qui revient à 60.000 Fcfa. Malheureusement, cette redevance ne met pas l’acheteur à l’abri du fameux laissez-passer qu’il lui faut acquérir à 16000f. On peut rouler ? Non, il faudra se soumettre à attendre le «convoi» pour lequel il faut encore débourser 55.500 Fcfa. Outre les grandes firmes, de plus en plus de coopératives participent à l’achat des productions de leurs membres. Pour les responsables de ces structures, la tâche n’est pas aisée. 12000 Fcfa comme frais de route sont nécessaires pour entretenir les poches des éléments postés entre Korhogo et Niakara, entre Niakara et Katiola et entre Katiola et Bouaké. En plus des voies qui rallient ces villes, il faut encore mettre la main à la poche quand on est à l’intérieur de ces localités. A Niakara et Katiola, l’homme fort du pays Tagbana, Vetcho, a imposé d’autres faux frais. Il prélève 20000 Fcfa par camion qui traverse sa zone qui s’étend de Katiola à Niakara en passant par Dabakala. Pour sa gestion de la division «Forces paramilitaires», l’ex-ministre Koné Messemba bénéficie dans le schéma de prélèvements de 10000f par camion. La capitale des ex-rebelles avec son statut particulier et ses nombreux chefs militaires s’en tire avec 51000 f par camion qui traverse la ville avec des noix de cajou. Un calcul rapide permet de savoir que les Forces nouvelles engrangent sur un camion de 40 tonnes au départ de Korhogo la bagatelle de 344 500 Fcfa. Avec un peu plus d’effort, on constate que si 10 camions démarrent de Korhogo le même jour quand la campagne bat son plein, les hommes de Soro Guillaume collectent en une seule journée, le montant de 3.445.000 Fcfa pour le seul produit d’anacarde et pour les seuls départs de Korhogo.

Juste pour faire une comparaison, ces mêmes camions de 40 tonnes qui partent de Korhogo, une fois à Tiébissou, sont pris en charge par les Forces de défense et de sécurité. Ici, même si on doit débourser de l’argent, on paie moins cher. Le convoi coûte 30.000Fcfa. 5000 Fcfa sont réservés à la LV (livraison de voiture). A l’Office de commercialisation des produits vivriers (OCPV), on paie 3000 Fcfa. Là aussi, il y a lieu de s’interroger. L’anacarde brut qui part au port serait-il devenu un produit vivrier ? Dans tous les cas, en zone gouvernementale, les acheteurs de produits paient 38.000 Fcfa. Soit un total général de 382.500 Fcfa par camion. Mais, entre la zone contrôlée par les hommes de Soro Guillaune et la zone gouvernementale, la différence est nette. Chacun peut aisément comprendre comment les ex-rebelles s’enrichissent sur le dos des paysans du Nord qui comptent sur la culture d’anacarde pour faire vivre leurs familles.

Malheureusement pour ces derniers, à la tête de l’Intercajou, la structure qui devrait en principe lutter pour leurs intérêts, les responsables se livrent une guéguerre qui n’en finit pas. En effet, l’ex-président du conseil d’administration, Abdoulaye Touré, qui avait été évincé à la suite d’une assemblée générale extraordinaire a réintégré son bureau. Une ordonnance de la justice lui a permis de se réinstaller et de chasser le président Bassifou Ouattara et ses hommes. Ces derniers n’entendant pas se laisser faire, une rude bataille est engagée entre les deux camps.

Pendant ce temps, ce sont les producteurs d’anacarde qui paient le prix fort. Koné Modeste

konemo2002@yahoo.fr
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