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Politique Publié le lundi 26 avril 2010 | Nuit & Jour

Médiation dans la crise ivoirienne - Wade "enterre" l’accord de Ouaga

Médiation dans la crise ivoirienne  - Wade
© Nuit & Jour Par Prisca
Médiation : le Président sénégalais, Me Abdoulaye Wade rencontre les acteurs de la crise ivoirienne
Vendredi 23 avril 2010. Abidjan, Suite présidentielle du Pullman Hotel. Le Président sénégalais, Me Abdoulaye Wade rencontre le Président Laurent Gbagbo, le premier ministre Guillaume Soro, le président de la CEI et les leaders des partis politiques. Photo: de g. à dr. Abdoulaye Wade et Laurent Gbagbo
Les jeudi 22 et vendredi 23 avril 2010, le Président de la République du Sénégal, maître Abdoulaye Wade a effectué une visite d’amitié et de travail en Côte d’Ivoire, à l’invitation de son homologue ivoirien, le Président Laurent Gbagbo. Au terme de cette visite, le N° 1 Sénégalais a tenu des déclarations qui sonnent si besoin en était, comme la mort de l’accord politique de Ouagadougou, signé le 04 mars 2007 au Burkina Faso. Décryptage !

L’on n’a pas besoin d’être devin pour le savoir. La visite d’amitié et de travail effectuée récemment en terre ivoirienne par le Président Abdoulaye Wade n’est rien moins qu’une médiation en bonne et dûe forme de celui qui, en 2002, fut indubitablement le premier médiateur dans la crise ivoirienne. Le Président sénégalais a beau affirmer et ressasser qu’il n’est pas venu en médiation en Côte d’Ivoire, la réalité semble cependant toute autre. Et les déclarations tenues à l’issue des différentes rencontres avec le chef de l’Etat, le Premier ministre, et les principaux partis d’opposition l’illustrent éloquemment. Cependant, ce qui a le plus attiré l’attention d’innombrables compatriotes, c’est surtout lorsque l’illustre hôte déclare ceci : « Ce qui manque aux acteurs politiques ivoiriens, c’est qu’ils n’ont jamais discuté autour d’une table, entre eux et dans leur propre pays ». Et, pour y remédier, Abdoulaye Wade propose, en guise de thérapie du conflit ivoirien, une table ronde en Côte d’Ivoire avec tous les acteurs de la crise. En réalité, le N° 1 Sénégalais aurait voulu déclarer la mort du ‘’dialogue-direct’’ qui a abouti à la signature de l’accord de Ouagadougou qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Car, le Président Wade sait pertinemment qu’en 2001, en Côte d’Ivoire, s’était organisé un forum de la réconciliation nationale présidé par l’ex-Premier ministre Seydou Diarra. En plus, à maintes reprises, MM Gbagbo, Bédié, Ouattara se sont retrouvés en Côte d’Ivoire pour tenter d’apporter une solution à la grave crise que traverse le pays depuis bientôt neuf (9) années. Pour preuve, en 2006, sous la houlette de l’ex-Premier ministre Charles Konan Banny, les mêmes personnalités en plus du SG des Forces Nouvelles et du Président Blaise Compaoré s’étaient retrouvées à Yamoussoukro autour d’une table ronde.

Wade scelle la mort du ‘’dialogue direct’’

En tout état de cause, en conseillant aux acteurs politiques ivoiriens le ‘’dialogue interne’’ en lieu et place du ‘’dialogue direct’’ qui lui est externe, Abdoulaye Wade enterre de facto l’accord politique de Ouagadougou, fruit de ce dialogue direct. D’ailleurs, la détermination du successeur d’Abdou Diouf d’enterrer l’APO est d’autant plus perceptible que lorsqu’il déclare que « la médiation, c’est nous (moi et les autres) qui l’avons confié à Blaise Compaoré… ». Cette autre déclaration vaut son pesant d’or. Elle est surtout révélatrice de ce que le Président Wade et les autres qui ont confié la médiation dans la crise ivoirienne au Président Compaoré entendent désormais ‘’reprendre leur chose en main’’. Et même s’il soutient avoir téléphoné au Président Compaoré avant de débarquer sur les bords de la Lagune Ebrié, cela n’enlève vraisemblablement rien en sa volonté de dégager désormais le N° 1 du Burkina Faso. D’ailleurs, si tant est que sa visite d’amitié et de travail en Côte d’Ivoire ne se situe pas dans le cadre d’une médiation, pourquoi alors le Président Wade se croit-il obligé de téléphoner à son homologue Burkinabé avant son déplacement en terre ivoirienne ?

La revanche de Wade sur l’histoire

Dans tous les cas, même le don de 75 millions de FCFA offert à la Côte d’Ivoire pour la réalisation de la case des tous petits (2 à 6 ans) où il leur sera transmis, par des personnes âgées, la sagesse de la tradition ivoirienne ne peut, en aucune façon, occulter le fait que le N° 1 Sénégalais était bel et bien en médiation au pays d’Houphouët-Boigny. Et le faisant, Wade prend certainement sa revanche sur l’histoire, lui qui avait proposé ses services aux premières heures du déclenchement de la crise armée et qui, curieusement, avait été voué aux gémonies par certains Ivoiriens. Cependant, aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est lui qui avait été jeté aux orties hier qui est aujourd’hui adulé par d’innombrables compatriotes dans le règlement du même conflit. Faut-il donc croire que maître Abdoulaye Wade a eu tort d’avoir eu raison trop tôt ? Rien n’est moins sûr ! Pour autant, peut-on aujourd’hui nier les avancées notables réalisées dans le règlement du conflit inter-ivoirien par l’ accord politique de Ouagadougou sous l’autorité du Président Compaoré ? Car, tout le monde sait qu’avant le ‘’dialogue direct’’ qui a abouti à la signature de l’APO, la crise de confiance s’était installée, d’une part, entre le Premier ministre d’alors, Charles Konan Banny et le Président Laurent Gbagbo et d’autre part, entre l’opposition significative réunie au sein du RHDP et le camp présidentiel. Or, le ‘’dialogue direct’’ a réussi la prouesse de remédier à cette situation au point où ceux qui, dans l’establishment socialiste éprouvaient une réelle aversion pour les FN ont finalement adoubé le choix de Soro Guillaume à la Primature. La suite, on la connaît. Puisque les audiences foraines, l’identification, l’enrôlement et le recensement électoral ont pu se dérouler dans un climat apaisé avec à la clé, l’obtention d’une liste électorale provisoire de 5.300.000 électeurs potentiels. Il faut donc espérer que le ‘’dialogue interne’’ proposé par le Président Wade puisse permettre enfin aux Ivoiriens de voir enfin le bout du tunnel.

Michel Ziki
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