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Art et Culture Publié le lundi 26 avril 2010 | Le Patriote

Afrique / Le cinéma ivoirien "est en train de mourir" - Roger Gnoan M`Bala a le blues

"Le cinéma ivoirien est en train de mourir. Si ce n'est déjà fait..." Grand prix 1992 du Fespaco, le réalisateur ivoirien Roger Gnoan M'Bala n'a pas sorti de film depuis 2002 et se désespère de voir les salles de cinéma "transformées en églises". A 67 ans, haute taille et forte carrure, il parle avec flamme de son art, retiré dans sa maison de Bassam, ville balnéaire et culturelle située près d'Abidjan. M'Bala avait été honoré au Fespaco de Ouagadougou, le plus prestigieux festival du cinéma africain, pour son film "Au nom du Christ", qui pourfendait sectes et vendeurs d'illusions. Dernier d'une quinzaine d'opus, "Adanggaman, roi nègre" avait eu un fort écho en 2002: il affrontait la sensible question de la responsabilité africaine dans l'esclavage. Depuis lors, M'Bala n'a pas repris la caméra. Non en raison de l'âge ou d'un défaut d'énergie, mais du manque de perspective. "Notre grande déception, c'est qu'il n'y a pas de voie, il n'y a pas de circuit" du cinéma dans le pays, explique-t-il. Il pointe le "manque crucial de salles", récupérées comme ailleurs en Afrique par des pasteurs qui se disputent les fidèles. Alors carrefour culturel de l'Afrique de l'Ouest, la Côte d'Ivoire disposait dans les années 1970 d'une centaine de salles de cinéma, contre une poignée à présent, essentiellement à Abidjan. "Pourquoi faire un film si on sait qu'il ne sera pas vu par le grand public?", lâche-t-il tristement. "Aujourd'hui, on ne peut pas demander à un cinéaste de s'adresser à une banque pour produire un film. Il n'y a pas de marché". Pour sortir le 7e art ivoirien de "son coma profond", "il faut mener une nouvelle politique de décentralisation, en créant des salles dans les différents départements". "Alors on pourra parler d'un cinéma renaissant". "Un cinéma, je le considère comme un patrimoine national. Les films représentent les Etats et non des individus", dit l'artiste, qui n'en finit pas de déplorer l'absence de "volonté politique". "Tout s'est arrêté d'un seul coup, le vent ne souffle plus, la nature est morte. Nous sommes les artisans de l'image, nous ne sommes pas des législateurs. Il faudrait qu'on mette à notre disposition des outils pour travailler". Avant la grave crise dans laquelle le pays est plongé depuis le coup d'Etat manqué de 2002, les réalisateurs pouvaient compter sur l'appui "ponctuel" des pouvoirs publics, ainsi que sur des fonds extérieurs, en particulier français. Depuis, les politiques ont été accaparés par autre chose, la gestion de la crise notamment, et les fonds étrangers se sont "amenuisés", regrette M'Bala. Il veut croire malgré tout que le cinéma est encore possible, et salue la 6e édition du Festival international du court-métrage d'Abidjan (Fica) qui se clôt ce dimanche: "un festival de jeunes talents à encourager".
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