Le processus de sortie de crise, en Côte d'Ivoire, va-t-il enfin reprendre son cours normal ? L'optimisme exprimé par le président sénégalais, Abdoulaye Wade, à son départ d'Abidjan, permet d'y croire. « Je pars optimiste et satisfait », avait en effet confié le chantre du « sopi » à Rfi, avant d'embarquer à bord de son Falcon. Car, même s'il s'était défendu d'être venu « pour une médiation », Me Wade ne s'est pas privé d'échanger avec les principaux acteurs de la scène politique ivoirienne. Une subtile médiation qui lui a notamment permis de toucher, selon lui, du doigt le problème qui plombe l'Accord politique de Ouagadougou. «Le problème de blocage se trouve dans le manque de communication », a-t-il diagnostiqué, promettant de trouver rapidement une solution au blocage. «Je vais suggérer au président Compaoré (Facilitateur du dialogue direct inter-ivoirien, Ndlr) de regrouper tout le monde, dans une sorte de table ronde ou des réunions multilatérales. Parce que ça, ça manquait. La table ronde discutant sur un certain nombre de problèmes, un à un, permet d'aboutir à des consensus. Et quand il n'y a pas consensus, de constater où se trouve le blocage », avait-il laissé entendre, au terme de ses différentes consultations. En attendant que les recettes du président sénégalais soient mises en œuvre pour remettre sur les rails le processus de sortie de crise, il est permis de constater qu'une partie de la classe politique ivoirienne a d'ores et déjà marqué son opposition à une nouvelle médiation. « Nous ne voulons pas d'une nouvelle médiation », avait commencé à prévenir, Karamoko Yayoro, président en exercice du Rassemblement des jeunes républicains (Rjr) depuis que la visite du président sénégalais avait été annoncée. Il a réaffirmé cette position, partagée par l'ensemble du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), ce week-end, au cours d'une mission qu'il a effectuée à Abengourou. Cette opposition à une nouvelle médiation du président Wade est le signe que cette partie de la classe politique continue de faire confiance au président burkinabé, Blaise Compaoré. Son capital confiance qui avait commencé à prendre un coup, retrouve du coup, toute sa place dans la facilitation du dialogue direct inter-ivoirien. Outre la remise en jeu de Blaise Compaoré, la visite d'amitié et de travail du président sénégalais aura permis de comprendre les enjeux du blocage du processus. Conscient de la nécessité de faire bouger les lignes, le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo a, pour sa part, proposé d'aller aux élections avec la liste blanche comprenant les 5.300.000 pétitionnaires. Indubitablement, ce pas en avant vise à sortir du statu quo, vu que l'opposition avait déjà épousé cette idée. Et, pour remettre les choses en ordre de marche, l'idée de table ronde proposée par Abdoulaye Wade pourrait valoir son pesant d'or.
Marc Dossa
Marc Dossa
