Les porte-voix de M. Anoh Gilbert, président du comité de gestion de la filière café cacao (par ailleurs grand producteur d'hévéa), avaient assuré que leur patron, après sa calamiteuse interview dans les colonnes de "Le Nouveau Réveil", ne s'étalerait plus dans la presse. Mais le dimanche 25 avril dernier, c'est avec surprise que l'on l'a aperçu sur les antennes de la Rti 1ère chaine où, invité de l'émission "Question de fond", il a eu l'occasion, sous le "feu" non roulant des questions de Thomas Bahinchi et d'un journaliste de la radio nationale, de s'expliquer sur un certain nombre de questions liées à la filière café cacao dont il a la gestion. Mais le moins qu'on puisse dire, c'est que pour une émission censée permettre à M. Anoh Gilbert de faire la lumière sur des sujets brulants, l'on a plutôt eu droit à des explications superficielles et des contrevérités qui ont laissé plus d'un producteur vigilant, dubitatif. Sur la capacité d'un producteur d'hévéa, à gérer et à faire la promotion de la filière café cacao. Sur le motif du non financement des coopératives, M. Anoh Gilbert a donné cette réponse ahurissante : "De 2002 à 2006, ce sont 111 milliards qui ont été jetés à la fenêtre en finançant les coopératives… 111 milliards qui auraient pu réaliser 2000 écoles soit 500 mille enfants scolarisés, 15 millions d'Ivoiriens auraient bénéficié de soins gratuits…". Ce qui signifie clairement que ceux qui étaient là avant lui, ont dilapidé les fonds de la filière. Mais, il ne dit pas ce qu'il a, lui, construit comme écoles, les soins gratuits qu'il a donnés aux Ivoiriens depuis qu'il a décidé de ne plus financer les coopératives. Sur la dissolution anticipée de la société Cori-sa qui distribuait la sacherie brousse aux paysans, il affirme que c'est parce qu'elle recevait une subvention de 2 milliards annuels et que les taux de prélèvement ayant baissé, il ne pouvait plus trouver cet argent pour Cori-sa. Mais curieusement, il annonce que ce sont 1,6 milliard qu'il dépense pour la sacherie alors que Cori-sa n'existe plus. Qui donc gère à présent cet argent vu que le comité de gestion n'a pas le pouvoir de faire de la gestion directe ? Serait-ce une société fictive comme le soutiennent certaines sources ? (Nous y reviendrons…). Quant au personnel de Cori-sa, M. Anoh Gilbert a déclaré avec une fierté non feinte, qu'il a été entièrement reversé dans l'effectif du Fdpcc. Certes. Mais quel est le statut de ces travailleurs au sein du Fdpcc ? Ont-ils des dossiers ? Silence... Sur la question des engins achetés en Chine sous le couvert de Forexi-sa, (une société qu'il dit posséder maintenant à 100% et non plus à 94,84% comme il nous l'a assurés en février), M. Anoh Gilbert a déclaré qu'ils ont maintenant coûté 7,5 milliards et non plus 7,2 milliards comme il l'a déclaré pendant plusieurs mois et sur la base de ses propres calculs dont il nous a d'ailleurs remis copie. Et comme il l'a dit aussi au Chef de l'Etat. Cela fait donc un surplus de 300 millions. Ah l'argent des pauvres paysans ! Combien de kilomètres de pistes rurales ces engins ont-ils reprofilés, entretenus ? "3000Km", répond M. Anoh. Et les travaux n'ont démarré que seulement à la mi-décembre 2010 ! Et combien a coûté le reprofilage de ces 3000Km ? "1,5 milliard" répond-il encore, fermement. Comme c'est curieux ! Le 4 février 2010, au cours d'un point de presse, M. Anoh Gilbert a annoncé que 1400Km avaient déjà été reprofilés et que cela avait coûté 1 milliard au comité de gestion. Là où ceux qui l'ont précédé, selon lui, dépensaient pour la même distance, 9 milliards. Aujourd'hui, avec 3000Km, il n'a payé que seulement 1,5 milliard ? Comment est-ce possible ? De deux choses, l'une : Soit M. Anoh Gilbert s'est mélangé dans ses calculs, soit il cache quelque chose. A moins que les entreprises (dont on a jamais eu les noms) qui effectuent les travaux ne soient des philanthropes ! Car à cette allure, les 12oooKm qui doivent être reprofilés coûteront moins de 100 millions ! Un miracle ! Les paysans de Côte d'Ivoire qui n'ont jamais été aussi miséreux que depuis que "le pouvoir qu'ils ont donné leur a été remis", peuvent désormais dormir sur leurs deux oreilles. Ils ont un faiseur de miracles à la tête du comité de gestion de la filière café cacao qui sécurise leur argent comme jamais personne ne l'a fait. On dit merci qui ?
ASSALE TIEMOKO
ASSALE TIEMOKO