Le binôme café-cacao est en passe de connaître une mutation de taille, une de plus après les bouleversements de 1999 et 2000.
Simple lifting ou nouveau big-bang ? La réforme de la filière café-cacao se précise en Côte d’Ivoire. Car les auditeurs qui l’on auscultée ont remis leurs rapports au gouvernement. Et déjà, des informations de presse sur ces rapports font état de détournements de fonds qui donnent le tournis. De 2002 à 2008, 370 milliards de francs CFA se seraient ainsi évaporés des comptes de la filière. Ce chiffre n’a pas été démenti quand des journaux l’ont publié. Et de très bonne source gouvernementale, il ne sera pas démenti non plus après la diffusion de cette chronique. On comprend, dès lors, l’importance de la réforme attendue par les bailleurs de fonds de la Côte d’Ivoire comme par la vingtaine d’anciens dirigeants de la filière café-cacao qui, depuis juin 2008, croupissent sans jugement à la prison d’Abidjan. La réforme sera-t-elle à la mesure du défi posé par ces détournements de fonds ? Et saura-t-elle enfin relever celui de la baisse des revenus des planteurs et de la perte de compétitivité de l’économie cacaoyère ? La Côte d’Ivoire, en tout cas, n’a plus le droit à l’erreur. La fois précédente, c’était en 1999, la réforme a tourné au fiasco. Le premier janvier 1999, contrainte et forcée, la toute puissante Caistab, la caisse de stabilisation, a cessé d’intervenir sur le marché du café. Dix mois plus tard, même chose pour le cacao. L’année d’après, les activités de la Caistab étaient démembrées en une galaxie d’organismes. Fini, alors, les filets de sécurité pour les planteurs en cas de chute des cours sur le marché mondial. Les paysans ivoiriens étaient libres de négocier le prix de leur café ou de leur cacao avec les acheteurs. Il n'y avait plus qu'une seule loi : celle de l'offre et de la demande. On allait voir ce qu’on allait voir. On a vu. Alors que va-t-on voir ? Le comité chargé du projet de réforme est en train de mettre la dernière main au rapport qu’il remettra au gouvernement. L’architecture institutionnelle proposée repose sur trois poutres maîtresses de la filière : en clé de voute, un Haut-commissariat au café-cacao, chargé de la régulation du secteur et de son contrôle, puis un organe de gestion et de commercialisation et enfin une chambre des producteurs qui serait composée de représentants élus, et donc représentatifs, de la profession. Pour relever le revenu des planteurs, la réforme devrait proposer que le producteur ait la garantie de percevoir au moins 60 % du prix du marché. Ce système de rémunération indexée sur les cours est rien moins qu’un mécanisme de stabilisation des prix. Ce ne serait pas vraiment un retour à la Caistab, laquelle était déconnectée du marché. Mais c’en serait alors fini du libre-marché. Lequel a échoué en Côte d’Ivoire comme au Cameroun ou à Madagascar.
Source RFI
Simple lifting ou nouveau big-bang ? La réforme de la filière café-cacao se précise en Côte d’Ivoire. Car les auditeurs qui l’on auscultée ont remis leurs rapports au gouvernement. Et déjà, des informations de presse sur ces rapports font état de détournements de fonds qui donnent le tournis. De 2002 à 2008, 370 milliards de francs CFA se seraient ainsi évaporés des comptes de la filière. Ce chiffre n’a pas été démenti quand des journaux l’ont publié. Et de très bonne source gouvernementale, il ne sera pas démenti non plus après la diffusion de cette chronique. On comprend, dès lors, l’importance de la réforme attendue par les bailleurs de fonds de la Côte d’Ivoire comme par la vingtaine d’anciens dirigeants de la filière café-cacao qui, depuis juin 2008, croupissent sans jugement à la prison d’Abidjan. La réforme sera-t-elle à la mesure du défi posé par ces détournements de fonds ? Et saura-t-elle enfin relever celui de la baisse des revenus des planteurs et de la perte de compétitivité de l’économie cacaoyère ? La Côte d’Ivoire, en tout cas, n’a plus le droit à l’erreur. La fois précédente, c’était en 1999, la réforme a tourné au fiasco. Le premier janvier 1999, contrainte et forcée, la toute puissante Caistab, la caisse de stabilisation, a cessé d’intervenir sur le marché du café. Dix mois plus tard, même chose pour le cacao. L’année d’après, les activités de la Caistab étaient démembrées en une galaxie d’organismes. Fini, alors, les filets de sécurité pour les planteurs en cas de chute des cours sur le marché mondial. Les paysans ivoiriens étaient libres de négocier le prix de leur café ou de leur cacao avec les acheteurs. Il n'y avait plus qu'une seule loi : celle de l'offre et de la demande. On allait voir ce qu’on allait voir. On a vu. Alors que va-t-on voir ? Le comité chargé du projet de réforme est en train de mettre la dernière main au rapport qu’il remettra au gouvernement. L’architecture institutionnelle proposée repose sur trois poutres maîtresses de la filière : en clé de voute, un Haut-commissariat au café-cacao, chargé de la régulation du secteur et de son contrôle, puis un organe de gestion et de commercialisation et enfin une chambre des producteurs qui serait composée de représentants élus, et donc représentatifs, de la profession. Pour relever le revenu des planteurs, la réforme devrait proposer que le producteur ait la garantie de percevoir au moins 60 % du prix du marché. Ce système de rémunération indexée sur les cours est rien moins qu’un mécanisme de stabilisation des prix. Ce ne serait pas vraiment un retour à la Caistab, laquelle était déconnectée du marché. Mais c’en serait alors fini du libre-marché. Lequel a échoué en Côte d’Ivoire comme au Cameroun ou à Madagascar.
Source RFI