C’est un truisme d’affirmer que le football ivoirien va mal. Après l’élimination groupée des équipes locales engagées dans les compétitions africaines au titre de la saison 2009, qui pourrait encore en douter ?
‘’Tel on fait son lit, on se couche’’ dit l’adage qui est la voix de la sagesse populaire. Il s’applique parfaitement au football ivoirien. Avec un championnat national peu attrayant, qui attire de moins en moins les spectateurs, comment s’étonner de la déroute collective des équipes ivoiriennes (Asec, Africa, Séwé Sport et Issia Wazi), qui étaient engagées en Coupes africaines au titre de la saison 2009 ? Et le plus frustrant, c’est que ces quatre formations ont été sorties de la plus triste des manières de leurs compétitions respectives (Ligue des champions pour l’Asec et l’Africa ; Coupe de la Confédération pour le Séwé Sport et Issia Wazy). Les Indomptables ( ?) d’Issia ont même été éliminés à l’étape des tours préliminaires par une illustre inconnue qui faisait d’ailleurs son baptême du feu sur la scène internationale, l’As Fan du Niger. Quant à l’Asec et l’Africa, les gros bras supposés du foot local, ils n’ont pas fait mieux puisqu’ils ont été surclassés respectivement par Zanaco de Zambie et Al Hilal du Soudan.
Seul le Séwé Sport a fait illusion. Les Portuaires ayant réussi à battre leur adversaire, le Stade Malien, détenteur du trophée, à Abidjan avant de tomber les armes à la main, deux semaines plus tard, aux pieds du Mont Kolouba, à Bamako.
Au final, les quatre représentants ivoiriens ont sombré corps et biens en Coupes africaines pour le compte de l’année 2009. Et pourtant, quel activisme au niveau des présidents de clubs ! Faut-il rappeler que dans une déclaration récente, la Conférence des présidents de clubs a décidé d’avoir désormais un droit de regard sur la gestion de la FIF ! Conséquence, ils ont joué des coudes, faisant au passage chanter le président de la FIF, pour faire leur entrée dans la Ligue professionnelle de football (LPF) que dirige Sory Diabaté, un proche de Jacques Anouma. Il nous est revenu qu’ils auraient demandé à intégrer aussi le Comité directeur de l’organe fédéral.
Un refus poli
Mais, le patron de l’institution leur aurait opposé un refus poli. Il est cependant sûr qu’ils saisiront la première occasion pour remettre le couvert. Qu’est-ce qui a donc motivé la nouvelle politique des présidents de clubs qui, brusquement, ont décidé de regarder désormais dans le fond de la marmite ? A la vérité, ce sont deux faits conjugués qui seraient la cause de l’attitude des patrons de clubs ivoiriens. D’une part, la découverte d’une subvention que la SIR allouerait à la FIF. D’une valeur de 700 millions de FCFA, cette subvention les aurait émoustillés. Ils se rendent subitement compte qu’il y a de l’argent à la FIF, alors que, pour la plupart, ils n’en mènent pas large, côté finances. Et d’autre part, il y a le pactole que générera la participation des Eléphants à la prochaine Coupe du monde. L’argent de la première participation de Drogba et ses amis à ce rendez-vous planétaire footballistique les ayant pratiquement surpris, ils entendent, cette fois, être aux premières loges. Pour être sans doute les premiers servis. Et depuis, plus le Mondial approche, plus le milieu des présidents de clubs du sport-roi local bouge, un peu trop même.
Après la fusion-absorption entre la Conférence des présidents de clubs et l’Association des présidents de clubs de Côte d’Ivoire de l’inclassable Ervé Siaba, voici que vient de voir le jour le Conseil des présidents de clubs cornaqué par le déroutant Kuyo Téa Narcisse. Il se murmure qu’une autre association serait dans les limbes, prête à éclore pour le renouveau ( ?) du football ivoirien. A cette allure, chaque président de club pourrait bientôt se retrouver à la tête d’une association, d’une conférence, d’un conseil ou autre. En réalité, cette prolifération de structures cache mal les desseins mercantilistes de leurs initiateurs. Nul n’est dupe.
Il y a longtemps que les Ivoiriens ont compris que les dirigeants de clubs sont davantage mus par le goût de l’argent que par la passion du foot. Tous ou presque étant désormais occupés à faire du business.
L’ère des prédateurs
L’époque des Simplice Zinsou, Me Mondou julien, Koffi Gadeau et autres est bel et bien révolue. Voici venue l’ère des aigrefins et des prédateurs. Pour preuve, alors que la FIF leur alloue annuellement la rondelette somme de 38 millions de nos francs, combien sont-ils, les présidents de clubs, dont les joueurs sont régulièrement payés et à l’abri du besoin ?
Cherchant à gagner plus, toujours plus, ils n’hésitent pas à vendre les plus talentueux de leurs athlètes au premier club européen venu. C’est justement de cette logique que participe aussi la création des centres de formation. Et c’est à ce niveau qu’il y a un véritable paradoxe. Comment, en effet, comprendre que le football d’un pays qui regorge de tant de centres de formation soit aussi peu compétitif ? La raison en est toute simple. Les talents découverts et encadrés par ces centres sont destinés aux clubs européens qui, ayant perçu tout le parti qu’ils peuvent tirer de la cupidité des promoteurs, ont établi des partenariats exclusifs avec lesdits centres.
Aussi, les jeunes sortis de ces centres ne jouent-ils pas ou pendant très peu de temps, en Côte d’Ivoire.
Résultat des courses, le championnat national de football local est l’un des plus nuls au monde. C’est connu, on n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Cela vaut aussi pour le football. Les spectateurs n’acceptent d’aller au stade que s’ils sont sûrs d’en avoir pour leur argent. C’est-à-dire, s’ils sont sûrs d’avoir du spectacle. Or, faute de génies et de créateurs, le foot local a depuis longtemps tourné le dos au spectacle. Il s’en suit que les rencontres du championnat national se déroulent devant des tribunes quasiment vides.
En définitive, la sélection nationale considérée comme l’une des meilleures sur le continent est l’arbre qui cache la forêt de la médiocrité dont le foot local a fait son trait dominant. Encore que les Eléphants qui alignent les contre performances depuis 2006, ne font-ils plus illusion. Les uns et les autres se rendent de plus en plus compte, en effet, qu’il faut plus qu’une constellation de stars pour former une grande équipe. Mais, loin de se préoccuper du niveau du football ivoirien qui périclite au fil des saisons, les dirigeants de clubs font du business (vente des joueurs) et se livrent à une guerre de positionnement pour l’après-Anouma.
Devenus de véritables affairistes, ils constituent, à la vérité, la vraie plaie du sport-roi local dont ils sont devenus des prébendiers. Et ils ne se gênent pas pour étaler au grand jour leurs divisions motivées par l’appât du gain. Ils n’ont désormais plus rien à envier aux hommes politiques dont les divergences et les prises de positions ont conduit le pays dans l’impasse. Honte à eux !
Jean Henri Kwahulé
‘’Tel on fait son lit, on se couche’’ dit l’adage qui est la voix de la sagesse populaire. Il s’applique parfaitement au football ivoirien. Avec un championnat national peu attrayant, qui attire de moins en moins les spectateurs, comment s’étonner de la déroute collective des équipes ivoiriennes (Asec, Africa, Séwé Sport et Issia Wazi), qui étaient engagées en Coupes africaines au titre de la saison 2009 ? Et le plus frustrant, c’est que ces quatre formations ont été sorties de la plus triste des manières de leurs compétitions respectives (Ligue des champions pour l’Asec et l’Africa ; Coupe de la Confédération pour le Séwé Sport et Issia Wazy). Les Indomptables ( ?) d’Issia ont même été éliminés à l’étape des tours préliminaires par une illustre inconnue qui faisait d’ailleurs son baptême du feu sur la scène internationale, l’As Fan du Niger. Quant à l’Asec et l’Africa, les gros bras supposés du foot local, ils n’ont pas fait mieux puisqu’ils ont été surclassés respectivement par Zanaco de Zambie et Al Hilal du Soudan.
Seul le Séwé Sport a fait illusion. Les Portuaires ayant réussi à battre leur adversaire, le Stade Malien, détenteur du trophée, à Abidjan avant de tomber les armes à la main, deux semaines plus tard, aux pieds du Mont Kolouba, à Bamako.
Au final, les quatre représentants ivoiriens ont sombré corps et biens en Coupes africaines pour le compte de l’année 2009. Et pourtant, quel activisme au niveau des présidents de clubs ! Faut-il rappeler que dans une déclaration récente, la Conférence des présidents de clubs a décidé d’avoir désormais un droit de regard sur la gestion de la FIF ! Conséquence, ils ont joué des coudes, faisant au passage chanter le président de la FIF, pour faire leur entrée dans la Ligue professionnelle de football (LPF) que dirige Sory Diabaté, un proche de Jacques Anouma. Il nous est revenu qu’ils auraient demandé à intégrer aussi le Comité directeur de l’organe fédéral.
Un refus poli
Mais, le patron de l’institution leur aurait opposé un refus poli. Il est cependant sûr qu’ils saisiront la première occasion pour remettre le couvert. Qu’est-ce qui a donc motivé la nouvelle politique des présidents de clubs qui, brusquement, ont décidé de regarder désormais dans le fond de la marmite ? A la vérité, ce sont deux faits conjugués qui seraient la cause de l’attitude des patrons de clubs ivoiriens. D’une part, la découverte d’une subvention que la SIR allouerait à la FIF. D’une valeur de 700 millions de FCFA, cette subvention les aurait émoustillés. Ils se rendent subitement compte qu’il y a de l’argent à la FIF, alors que, pour la plupart, ils n’en mènent pas large, côté finances. Et d’autre part, il y a le pactole que générera la participation des Eléphants à la prochaine Coupe du monde. L’argent de la première participation de Drogba et ses amis à ce rendez-vous planétaire footballistique les ayant pratiquement surpris, ils entendent, cette fois, être aux premières loges. Pour être sans doute les premiers servis. Et depuis, plus le Mondial approche, plus le milieu des présidents de clubs du sport-roi local bouge, un peu trop même.
Après la fusion-absorption entre la Conférence des présidents de clubs et l’Association des présidents de clubs de Côte d’Ivoire de l’inclassable Ervé Siaba, voici que vient de voir le jour le Conseil des présidents de clubs cornaqué par le déroutant Kuyo Téa Narcisse. Il se murmure qu’une autre association serait dans les limbes, prête à éclore pour le renouveau ( ?) du football ivoirien. A cette allure, chaque président de club pourrait bientôt se retrouver à la tête d’une association, d’une conférence, d’un conseil ou autre. En réalité, cette prolifération de structures cache mal les desseins mercantilistes de leurs initiateurs. Nul n’est dupe.
Il y a longtemps que les Ivoiriens ont compris que les dirigeants de clubs sont davantage mus par le goût de l’argent que par la passion du foot. Tous ou presque étant désormais occupés à faire du business.
L’ère des prédateurs
L’époque des Simplice Zinsou, Me Mondou julien, Koffi Gadeau et autres est bel et bien révolue. Voici venue l’ère des aigrefins et des prédateurs. Pour preuve, alors que la FIF leur alloue annuellement la rondelette somme de 38 millions de nos francs, combien sont-ils, les présidents de clubs, dont les joueurs sont régulièrement payés et à l’abri du besoin ?
Cherchant à gagner plus, toujours plus, ils n’hésitent pas à vendre les plus talentueux de leurs athlètes au premier club européen venu. C’est justement de cette logique que participe aussi la création des centres de formation. Et c’est à ce niveau qu’il y a un véritable paradoxe. Comment, en effet, comprendre que le football d’un pays qui regorge de tant de centres de formation soit aussi peu compétitif ? La raison en est toute simple. Les talents découverts et encadrés par ces centres sont destinés aux clubs européens qui, ayant perçu tout le parti qu’ils peuvent tirer de la cupidité des promoteurs, ont établi des partenariats exclusifs avec lesdits centres.
Aussi, les jeunes sortis de ces centres ne jouent-ils pas ou pendant très peu de temps, en Côte d’Ivoire.
Résultat des courses, le championnat national de football local est l’un des plus nuls au monde. C’est connu, on n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Cela vaut aussi pour le football. Les spectateurs n’acceptent d’aller au stade que s’ils sont sûrs d’en avoir pour leur argent. C’est-à-dire, s’ils sont sûrs d’avoir du spectacle. Or, faute de génies et de créateurs, le foot local a depuis longtemps tourné le dos au spectacle. Il s’en suit que les rencontres du championnat national se déroulent devant des tribunes quasiment vides.
En définitive, la sélection nationale considérée comme l’une des meilleures sur le continent est l’arbre qui cache la forêt de la médiocrité dont le foot local a fait son trait dominant. Encore que les Eléphants qui alignent les contre performances depuis 2006, ne font-ils plus illusion. Les uns et les autres se rendent de plus en plus compte, en effet, qu’il faut plus qu’une constellation de stars pour former une grande équipe. Mais, loin de se préoccuper du niveau du football ivoirien qui périclite au fil des saisons, les dirigeants de clubs font du business (vente des joueurs) et se livrent à une guerre de positionnement pour l’après-Anouma.
Devenus de véritables affairistes, ils constituent, à la vérité, la vraie plaie du sport-roi local dont ils sont devenus des prébendiers. Et ils ne se gênent pas pour étaler au grand jour leurs divisions motivées par l’appât du gain. Ils n’ont désormais plus rien à envier aux hommes politiques dont les divergences et les prises de positions ont conduit le pays dans l’impasse. Honte à eux !
Jean Henri Kwahulé