Les rênes du pouvoir lui appartiennent. Il est libre et omnipotent dans le pays depuis octobre 2000 où son candidat est venu à bout du général Guéï Robert. Après une âpre bataille de la rue qui a causé des centaines de morts. Pour le Front populaire ivoirien, Fpi, s’est ouvert le temps de la joie et des réjouissances. Et pour le montrer une fois de plus à tous les habitants du pays, le parti cher au chef de l’Etat organise, avec un faste sans pareil, le vingtième anniversaire de la fête de la liberté. Rappel. La fête de la liberté a été instituée par les « socialistes » ivoiriens pour célébrer le retour au multipartisme en Côte d’Ivoire le 30 avril 1990. Ce jour-là, le parti aux affaires, le Pdci-Rda du père de l’indépendance, Félix Houphouët-Boigny, était contraint de libérer le champ politique qu’il monopolisait depuis plus de trois décennies. La lutte pour le multipartisme, et contre la pensée unique, a été gagnée par les démocrates dont certains évoluaient au sein du vieux parti. La gauche ivoirienne, le Fpi s’en réclamait, a joué un rôle important dans cette lutte. Au pris de grèves, et de soulèvements sociaux, le Pdci et son chef ont cédé. Et la Côte d’Ivoire a renoué avec les joutes politiques contradictoires. Le Fpi célèbre donc la liberté. Cette liberté, acquise il y a vingt ans, de créer et d’animer les partis et groupements politiques dans le pays. Au moment où le parti de Laurent boit, chante et danse exhibant au passage les richesses de ses cadres au pouvoir, les Ivoiriens en sont réduits à se demander ce que veut dire la liberté. Est-elle synonyme de considération des droits humains, de l’ouverture des medias publics, et de respect de la vie humaine au final ? Si tel est le cas, la fête qui a lieu à compter d’aujourd’hui, et qui s’étalera jusqu’au 1er mai prochain, est la consécration de la mort des libertés. Elles sont sous la tombe depuis dix ans.
D. Al Seni
D. Al Seni
