Le Bada bar, situé à Yopougon, entre la Sideci et Niangon, a la particularité de ne jouer que de la musique tradi moderne de l’Ouest du pays. Il est devenu le lieu de rendez-vous des ressortissants de cette région.
A première vue, le « Bada bar » ressemble à un maquis ordinaire. Sa large terrasse sur laquelle trônent des chaises et des tables occupées par des clients installés pèle mêle donne une impression de déjà vu dans cette commune où les maquis poussent régulièrement. Ce samedi, le spectacle est le même que d’habitude. Malgré le temps rendu maussade par la pluie, les clients se bousculent. Les plus chanceux ont eu de la place sur la terrasse, certains ont investi le trottoir quand d’autres ont pris place dans le prolongement du maquis. Situé entre les quartiers Sideci et Niangon, juste après le pont qui les relie (en venant de Niangon), le Bada draine toujours du monde. La particularité de ce lieu, on n’y joue que de la musique tradi moderne, particulièrement de l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Conséquence, le Bada est devenu le lieu de rendez-vous attitré des ressortissants de cette partie de la Côte d’Ivoire. Dans une ambiance villageoise, faites d’interpellations, d’éclats de rires et de bousculades, les clients reprennent en chœur les refrains des chansons de Nahounou Paulin, Pablo de Gokra, Luckson Padaud…, dansent, boivent, font la fête. Les hôtesses, affublées de chasubles orange estampillées « Bada bar » se faufilent entre les tables pour servir les clients. Très affairé, Zouzouko Gnamaka Raymond dit « Bada », le manager des lieux a du mal à nous consacrer du temps. Notre patience finit par payer. Il nous reçoit dans la cabine technique. Là, nous découvrons qu’il cumule les fonctions de manager et de Disc-jockey(Dj). Entre deux plages musicales programmées sur son ordinateur, il nous explique la naissance de ce concept. « Le Bada existe depuis bientôt six ans. Cette idée du maquis qui ne joue que de la musique tradi moderne existait déjà. Nous n’avons fait que l’améliorer et créer un espace plus grand », affirme-t-il. Zouzouko donne plus de précisions sur l’origine du nom de l’établissement qu’il gère. « Le Bada, en langue Bété, est une mare intarissable. Un endroit où l’on peut s’abreuver en tout temps. Nous avons appelé ce maquis Bada bar parce que nous avons la prétention de donner à boire en tout temps à ceux qui viennent chez nous », décrypte-t-il. Le manager refuse l’image de « maquis des Bété » qui colle à son établissement. « Nous jouons la musique tradi moderne de toutes les régions de la Côte d’Ivoire. Si par exemple un client Agni demande qu’on lui joue de la musique de chez lui, nous le faisons », précise-t-il. Au-delà du concept de maquis, le Bada constitue une famille pour ceux qui le fréquentent. « Ce qui fait le succès de notre établissement, c’est que nous sommes arrivés à instaurer un esprit de famille avec les clients et entre eux-mêmes. On se connaît presque tous ici, même si de nouveaux clients viennent chaque jour découvrir l’endroit », s’enorgueillit le manager. Il est stoppé dans ses explications par un client qui lui demande d’annoncer la perte de son portefeuille. « Il n’y a pas d’argent dedans. Rien que mes pièces d’identité », ajoute-t-il avant de s’en aller continuer sa fête. « C’est comme ça ici », renchérit le Dj. « Quand un de nos clients a un problème, nous lui apportons assistance. Lorsque nous constatons que l’un d’eux ne vient pas pendant quelques jours, nous allons chez lui pour nous enquérir de son état. C’est cela, le vrai secret du Bada », révèle Zouzouko Raymond. Ses propos sont corroborés par des clients, fidèles parmi les fidèles, qui jurent, la main sur le cœur, avoir trouvé en cet établissement, une vraie famille. « Je me sens bien au Bada », témoigne Abialy Brice Julien, ex-combattant. « C’est un lieu de retrouvailles. Si vous cherchez un frère de l’Ouest et que vous ne le trouvez pas, venez au Bada », jure-t-il. Abialy conseille à tous une virée au Bada. « C’est mieux que d’aller dans les boîtes de nuit ou dans les autres maquis de la Rue princesse. Ici, c’est comme au village ». Pacôme Kouamé, commerçant et Jérémie Tapé, transporteur, ne disent pas autre chose. « Nous nous retrouvons pleinement dans cette dynamique », affirment-ils chacun de son côté. « Je viens ici tous les week-ends. Et en venant, je m’assure d’avoir l’argent pour boire mes cinq bières », explique Pacôme. Jérémie quant à lui juge inestimable le fait d’avoir un lieu où rencontrer les cadres de l’Ouest à Abidjan. « Pour nous qui n’allons pas souvent au village le Bada est devenu un village où nous pouvons avoir des nouvelles des parents et rencontrer en même temps les cadres de la région », témoigne-t-il. Et d’ajouter un brin coquin : « Je viens ici aussi pour chercher des aventures galantes. J’ai déjà eu pour copines des serveuses d’ici ». M. P., elle, une habituée des lieux fréquente le Bada bar par reconnaissance au patron, Bouabré Michel. « Je vis seule avec un enfant. Quand Michel Bouabré commençait les travaux ici, il m’a donné 60.000 Fcfa pour faire un commerce. C’est avec cet argent que j’ai commencé et c’est pour cela que je suis parmi ses fidèles clients », explique-t-elle, l’air fatigué. Sur la sécurité, Zouzouko ne se pose pas tellement de questions. « La plupart des clients que nous recevons ici sont des corps habillés. C’est tout dire », justifie le manager. Qui se refuse systématiquement à évoquer les questions financières. « Sachez simplement que ça va de ce côté. Malgré les charges, nous arrivons à faire face à tout, y compris à assurer les salaires des travailleurs », lance-t-il. Loin de la Rue princesse et de son flots de concepts, le Bada bar est à Yopougon un des hauts lieux de la nuit. « Nous restons ouverts des fois jusqu’à 7 h du matin », confie le manager.
M’Bah Aboubakar
Légende : Malgré la pluie, les inconditionnels du Bada sont restés jusqu’à une heure très avancée de la nuit pour faire la fête.
A première vue, le « Bada bar » ressemble à un maquis ordinaire. Sa large terrasse sur laquelle trônent des chaises et des tables occupées par des clients installés pèle mêle donne une impression de déjà vu dans cette commune où les maquis poussent régulièrement. Ce samedi, le spectacle est le même que d’habitude. Malgré le temps rendu maussade par la pluie, les clients se bousculent. Les plus chanceux ont eu de la place sur la terrasse, certains ont investi le trottoir quand d’autres ont pris place dans le prolongement du maquis. Situé entre les quartiers Sideci et Niangon, juste après le pont qui les relie (en venant de Niangon), le Bada draine toujours du monde. La particularité de ce lieu, on n’y joue que de la musique tradi moderne, particulièrement de l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Conséquence, le Bada est devenu le lieu de rendez-vous attitré des ressortissants de cette partie de la Côte d’Ivoire. Dans une ambiance villageoise, faites d’interpellations, d’éclats de rires et de bousculades, les clients reprennent en chœur les refrains des chansons de Nahounou Paulin, Pablo de Gokra, Luckson Padaud…, dansent, boivent, font la fête. Les hôtesses, affublées de chasubles orange estampillées « Bada bar » se faufilent entre les tables pour servir les clients. Très affairé, Zouzouko Gnamaka Raymond dit « Bada », le manager des lieux a du mal à nous consacrer du temps. Notre patience finit par payer. Il nous reçoit dans la cabine technique. Là, nous découvrons qu’il cumule les fonctions de manager et de Disc-jockey(Dj). Entre deux plages musicales programmées sur son ordinateur, il nous explique la naissance de ce concept. « Le Bada existe depuis bientôt six ans. Cette idée du maquis qui ne joue que de la musique tradi moderne existait déjà. Nous n’avons fait que l’améliorer et créer un espace plus grand », affirme-t-il. Zouzouko donne plus de précisions sur l’origine du nom de l’établissement qu’il gère. « Le Bada, en langue Bété, est une mare intarissable. Un endroit où l’on peut s’abreuver en tout temps. Nous avons appelé ce maquis Bada bar parce que nous avons la prétention de donner à boire en tout temps à ceux qui viennent chez nous », décrypte-t-il. Le manager refuse l’image de « maquis des Bété » qui colle à son établissement. « Nous jouons la musique tradi moderne de toutes les régions de la Côte d’Ivoire. Si par exemple un client Agni demande qu’on lui joue de la musique de chez lui, nous le faisons », précise-t-il. Au-delà du concept de maquis, le Bada constitue une famille pour ceux qui le fréquentent. « Ce qui fait le succès de notre établissement, c’est que nous sommes arrivés à instaurer un esprit de famille avec les clients et entre eux-mêmes. On se connaît presque tous ici, même si de nouveaux clients viennent chaque jour découvrir l’endroit », s’enorgueillit le manager. Il est stoppé dans ses explications par un client qui lui demande d’annoncer la perte de son portefeuille. « Il n’y a pas d’argent dedans. Rien que mes pièces d’identité », ajoute-t-il avant de s’en aller continuer sa fête. « C’est comme ça ici », renchérit le Dj. « Quand un de nos clients a un problème, nous lui apportons assistance. Lorsque nous constatons que l’un d’eux ne vient pas pendant quelques jours, nous allons chez lui pour nous enquérir de son état. C’est cela, le vrai secret du Bada », révèle Zouzouko Raymond. Ses propos sont corroborés par des clients, fidèles parmi les fidèles, qui jurent, la main sur le cœur, avoir trouvé en cet établissement, une vraie famille. « Je me sens bien au Bada », témoigne Abialy Brice Julien, ex-combattant. « C’est un lieu de retrouvailles. Si vous cherchez un frère de l’Ouest et que vous ne le trouvez pas, venez au Bada », jure-t-il. Abialy conseille à tous une virée au Bada. « C’est mieux que d’aller dans les boîtes de nuit ou dans les autres maquis de la Rue princesse. Ici, c’est comme au village ». Pacôme Kouamé, commerçant et Jérémie Tapé, transporteur, ne disent pas autre chose. « Nous nous retrouvons pleinement dans cette dynamique », affirment-ils chacun de son côté. « Je viens ici tous les week-ends. Et en venant, je m’assure d’avoir l’argent pour boire mes cinq bières », explique Pacôme. Jérémie quant à lui juge inestimable le fait d’avoir un lieu où rencontrer les cadres de l’Ouest à Abidjan. « Pour nous qui n’allons pas souvent au village le Bada est devenu un village où nous pouvons avoir des nouvelles des parents et rencontrer en même temps les cadres de la région », témoigne-t-il. Et d’ajouter un brin coquin : « Je viens ici aussi pour chercher des aventures galantes. J’ai déjà eu pour copines des serveuses d’ici ». M. P., elle, une habituée des lieux fréquente le Bada bar par reconnaissance au patron, Bouabré Michel. « Je vis seule avec un enfant. Quand Michel Bouabré commençait les travaux ici, il m’a donné 60.000 Fcfa pour faire un commerce. C’est avec cet argent que j’ai commencé et c’est pour cela que je suis parmi ses fidèles clients », explique-t-elle, l’air fatigué. Sur la sécurité, Zouzouko ne se pose pas tellement de questions. « La plupart des clients que nous recevons ici sont des corps habillés. C’est tout dire », justifie le manager. Qui se refuse systématiquement à évoquer les questions financières. « Sachez simplement que ça va de ce côté. Malgré les charges, nous arrivons à faire face à tout, y compris à assurer les salaires des travailleurs », lance-t-il. Loin de la Rue princesse et de son flots de concepts, le Bada bar est à Yopougon un des hauts lieux de la nuit. « Nous restons ouverts des fois jusqu’à 7 h du matin », confie le manager.
M’Bah Aboubakar
Légende : Malgré la pluie, les inconditionnels du Bada sont restés jusqu’à une heure très avancée de la nuit pour faire la fête.