La ville de Gagnoa vit actuellement au rythme de la foire commerciale et gastronomie. Les commerçants, venus de divers horizons, proposent leurs articles à la population. Comme en pareilles occasions, les promoteurs de jeux de hasard sont présents. Il est 10h ce jour là, lorsque le jeune Bailly Justin, âgé de 20 ans et réparateur de parasols, arrive devant un stand de jeu de belotte. Le réparateur vient de Duékoué sur invitation de son frère aîné pour l’aider à vendre à la foire. Mais voilà que celui-ci lui fait faux bond. Devenu oisif pour la circonstance, il rêve de gagner gros au jeu de belotte. Sa mise de 50 Fcfa ne lui rapporte rien et il en sort bredouille. Tout comme Blé Boris, le vendeur ambulant de cigarettes doublé de gérant de cabine téléphonique. Après plusieurs mises, la chance ne sourit pas à Boris. Mais la sagesse d’arrêter le jeu n’effleure pas son esprit surtout que des spectateurs l’encourageaient à continuer le jeu en espérant que la prochaine mise sera la bonne. Jusqu’au point où il réalise que sa recette de 15 mille francs est engloutie. Il est dans de beaux draps. Comment va-t-il s’expliquer son inconduite à son patron ? La réponse, il la trouve à travers une agression imaginaire dont il accuse Justin. « Je vendais la cigarette à la foire quand Justin m’a fait appel pour des achats. En lui rendant la monnaie, j’ai fait sortir tous les billets que j’avais en poche. J’ai vu ses yeux scintiller en ce moment précis », relate Boris lorsque le tribunal lui demande d’expliquer les circonstances du vol. Et, de poursuivre « à peine lui ai-je donné dos, qu’il me tombe dessus et sans aucune forme de procès, il me dépossède de ma recette estimée à 15 mille francs ». Quant à Justin il ne reconnaît pas les faits « je n’ai agressé personne. Boris était au jeu avec moi et nous avons connu le même sort, à la différence que j’ai perdu 50 Fcfa alors que lui, c’est beaucoup d’argent », se défend l’accusé. Les témoins qui sont intervenus par la suite ont tous été unanime. «C’est depuis la première heure de la matinée que Boris a commencé à jouer. Il espérait rattraper son argent mais il ne faisait que s’enfoncer davantage », reconnaissent les témoins joueurs. Pourtant Boris jure de n’avoir pas participé au jeu. Le tribunal retourne à lui pour demander des précisions sur le lieu et l’heure de l’agression. « C’est à la foire vers 10h ». « Y avait-il des témoins ? » « Non, nous n’étions que deux ». Ces dernières réponses ont fini par convaincre le tribunal que Boris ment. Etre agressé en pleine foire sans aucun témoin ? Cela ne peut exister que dans l’imagination de l’accusateur. Le tribunal a donc déclaré Bailly Justin non coupable au motif que le délit n’est pas constitué. Il est alors relaxé. Son séjour à Gagnoa lui aura laissé un triste souvenir.
Alain Kpapo à Gagnoa
Alain Kpapo à Gagnoa
