Jean Claude Atsé Atsé (président du Forum national du Pdci-Rda) : “La rencontre de Gbagbo avec Bédié est une autre manœuvre de diversion”

Le Président du Forum national du Pdci-Rda et président de la coalition des mouvements et clubs de soutien au Pdci-Rda Jean-Claude Atsé Atsé s'est ouvert dans ces colonnes à nos lecteurs. Dans cette interview, il invite tous les jeunes de Côte d'Ivoire à affluer sur Abidjan à partir du jeudi prochain pour prendre part à la marche du 15 mai pour arracher à Gbagbo la date précise des élections.

Votre mouvement a décidé de prendre une part significative dans l'élan de mobilisation pour la marche du 15 mai prochain. On vous voit un peu partout à la tête d'une coalition de jeunes, on vous voit aussi aux côtés de KKB, le président de la Jpdci. Qu'est-ce qui fait courir tant Atsé Atsé Jean Claude ?
Je remercie le Seigneur parce qu'il nous permet d'échanger avec vous en cet instant. Cela dit, le peuple de Côte d'Ivoire souffre. La misère et la pauvreté aujourd'hui progressent au sein de la société chaque jour que Dieu fait. Tout cela associé à la méchanceté du régime des refondateurs qui se promènent de quartier en quartier pour tirer à bout portant sur les militants à la veille de cette importante marche qui nécessite le soutien et la participation de tous les jeunes, de tous les Ivoiriens épris de paix et de liberté. Il faut se coaliser pour marcher et pour protester. Tous les jeunes ivoiriens n'ont aujourd'hui aucune visibilité sur leur avenir. Ils ont de grands diplômes. Malheureusement, ils ne font rien, faute d'emploi. Ils dorment dans le salon de leurs parents, et leur activité principale, c'est les cabines téléphoniques. Je connais de brillantes filles qui ont fait de grandes études, mais qui sont, faute d'emploi bien rémunéré, employées comme serveuses dans des maquis. Tout cela pour dire que rien ne va aujourd'hui. Tout est bloqué et il faut une véritable prise de conscience des uns et des autres pour que l'avenir de ce pays, l'avenir de sa jeunesse soit radieux. Ce sont-là les éléments de motivation de l'événement majeur du 15 mai prochain, c'est-à-dire la marche de délivrance de la Côte d'Ivoire. A la tête du Forum du Pdci depuis 2004, nous avons jugé nécessaire, à un moment donné, du combat contre le régime de la refondation, qu'il fallait aller en rangs serrés. C'est pourquoi, déjà depuis, le mois de décembre dernier, d'autre frères, présidents de mouvement de soutien comme le camarade Brou Pascal de Action servir, comme le camarade Juvenal de RPV, comme le camarade Koné Kremitcha de la Jeunesse du grand Nord, tous avec le Forum, nous avons créé la coalition de mouvements au niveau de la société civile de soutien à Bédié, pour mener le combat ensemble, pour conjuguer nos efforts et rechercher plus d'efficacité pour que Bédié gagne les élections pour libérer le pays. Cela remonte à décembre, mais déjà en février, des aînés à nous se sont levés comme Jean Claude N'dri, Koné Mahamadou, etc. Et d'autres aînés au niveau du parti ont souhaité ardemment que les jeunes se mettent ensemble. Je veux parler du Président Bédié lui-même en tête qui a donné des consignes au Premier ministre Duncan de nous regrouper. Ces rencontres nous ont amené à comprendre l'enjeu majeur de la lutte entre, d'une part, la société civile et, d'autre part, la structure spécialisée de jeunes de notre parti, la Jdpci, que dire, notre grand frère KKB. Et la société civile que je représente, moi Atsé, et la structure spécialisée que représente KKB, nous nous sommes rencontrés et en quinze minutes, nous avons compris que le plus important pour nous c'était qu'on s'attrape la main dans la main, chacun dans sa spécialité, qu'on tue en soi, le moi, l'orgueil, pour amener Bédié au pouvoir. Car en réalité, ce qu'on recherche tous, c'est d'amener Bédié au pouvoir pour libérer le pays de la souffrance, pour donner du travail à tous les jeunes. Le plus important, c'est que Bédié soit président.

Pour que Bédié soit président, il faut aller aux élections, il faut qu'on nous donne une date précise de ces élections. La jeunesse ivoirienne a décidé d'organiser une grande marche ce 15 mai pour réclamer la date de ces élections. Et vous adhérez à cette marche.
Effectivement, depuis 2005, la Côte d'Ivoire est à la recherche d'un président. Et depuis 2002, la Côte d'Ivoire a eu comme Premier ministre Seydou Diarra, puis Charles Konan Banny et maintenant Soro Guillaume. Et à chaque fois, lorsqu'on va vers la fin des délais donnés pour la tenue des élections, Gbagbo automatiquement change de Premier ministre parce qu'il estime que c'est le Premier ministre qui ne fait pas le boulot. C'est à cause de la mauvaise foi de Gbagbo qu'on n'a pas d'élections. Ce n'est pas la faute aux Premiers ministres. Gbagbo ne veut pas aller aux élections. Aujourd'hui, Ouaga est un échec. On est parti de médiation en médiation, de conclave en conclave entre les quatre grands leaders (Gbagbo, Bédié, Alassane, Soro), tout cela n'a rien donné.

Et c'est tout cela que vous voulez dénoncer le 15 mai ?
Exactement. Et je continue pour dire que Mambé a été encore un bouc émissaire pour Gbagbo pour ne pas aller aux élections. L'on a pensé et à tort aujourd'hui que c'est Mambé qui était le problème. On enlève Mambé. Blaise Compaoré vient en Côte d'Ivoire pour donner un calendrier. En principe fin avril, début mai, nous devions avoir organisé les élections ici en Côte d'Ivoire. Nous nous rendons compte que depuis le départ de Mambé et l'arrivée de Youssouf Bakayoko, il y a trois mois et rien n'est fait. Il n'y a aucune date, aucune visibilité dans le processus de sortie de crise par les élections. Entre temps, dans les hôpitaux, les Ivoiriens meurent. Entre temps, l'école ne fonctionne plus parce que l'Etat a démissionné. Entre temps, l'insécurité est grandissante, le prix du carburant monte chaque jour que Dieu fait. Il y a de cela trois jours, on vient d'augmenter encore le prix du litre du super. Le prix des denrées alimentaires grimpe de façon exponentielle et les salaires ne suivent pas. Le pouvoir d'achat des Ivoiriens est très faible.
Il faut libérer le pays. C'est pourquoi, je dis que cette marche n'engage pas que le Rhdp et sa jeunesse. Nous invitons par conséquent tous les jeunes ivoiriens qui, du fait des refondateurs, ont perdu tout espoir dans la vie. C'est une marche qui va au-delà du Rhdp. Nous invitons aussi les jeunes proches de Gbagbo. Je veux voir même Blé Goudé à nos côtés à cette marche de libération, car le faisant, il aura fait preuve de vrai patriotisme. Le peuple ivoirien est pris en otage par Gbagbo et ses affidés, il faut le libérer. J'invite donc tous les jeunes à descendre sur Abidjan à partir du jeudi prochain. Chacun de nous a au moins un parent ici à Abidjan.

Président, que faites-vous des menaces, des tentatives pour essayer de casser cette marche ?
Pour moi, ce ne sont pas des menaces. Ce que le régime fait, à savoir tirer à balles réelles et à bout portant sur des militants, c'est juste fait pour savoir si nous sommes déterminés. Et il saura effectivement le 15 mai que nous sommes vraiment déterminés. D'ailleurs, la meilleure manière d'apporter notre soutien à ceux qui sont menacés, à ceux qui sont dans les hôpitaux du fait du régime, c'est de sortir nombreux pour réussir cette marche. Il faut absolument arracher une date pour les élections, peu importe le vainqueur.
Je profite pour vous dire que Bédié qui est mon candidat, Alassane Ouattara et même Laurent Gbagbo, ils ont tout eu dans leur vie. Aujourd'hui, c'est pour nous-mêmes jeunes, que nous devons nous battre. A la limite, nous prenons Bédié en otage pour qu'il vienne sauver la Côte d'Ivoire et les jeunes que nous sommes. Bédié n'a jamais demandé à être candidat. C'est nous qui l'y obligeons parce que c'est le seul candidat capable de battre Gbagbo. Bédié est le seul cheval pour nous pour libérer la Côte d'Ivoire. Il connaît les fondations de ce pays. Il est le seul capable de colmater les brèches ouvertes malheureusement par les refondateurs. C'est pour nous, les jeunes, que Bédié se bat. Donc, nous devons nous lever pour qu'il sache que nous n'avons pas eu tort de le prendre comme notre candidat. Il faut arracher à Gbagbo, contre vents et marées la date des élections pour mettre Bédié au palais.

Gbagbo a sollicité une rencontre de dernière minute avec Bédié (Ndlr : pour aujourd'hui lundi 10 mai). Quelle est votre appréciation de cette démarche ?
Vous savez, si Gbagbo n'a pas eu de respect pour Ban Ki-moon, si toutes les Nations-Unies ont demandé à Gbagbo d'indiquer clairement une date et qu'il ne l'a pas fait. De 2005 jusqu'à aujourd'hui, il n'y pas d'élection. Si depuis longtemps, il a été mis en place une administration onusienne pour surveiller les élections et que Gbagbo n'a pas cédé, si Sarkozy, président de la France, amie à la Côte d'Ivoire, a demandé à Gbagbo d'indiquer une date, Jacques Chirac, Koffi Anan, Tévoedjéré, Kufor,… tous ceux-là ont tout fait, en vain. Blaise a aussi tout fait. Je ne pense pas que Bédié puisse être la solution pour Gbagbo pour aller aux élections. Ça veut dire quoi ? Cela veut dire que tout ce qu'entreprend Gbagbo n'est que diversion. Il vient distraire le peuple de Côte d'Ivoire, le Pdci avec son histoire de rencontre avec Bédié. Je n'y crois pas du tout. Nous savons que Bédié a été le président de ce pays en tant que choix d'Houphouët, le fondateur de la Côte d'Ivoire moderne et modèle, cela veut dire que Bédié est un homme mature et nous sommes convaincu que Bédié, au cours de cette rencontre que Gbagbo lui-même a souhaitée, il dira à ce dernier les vérités. Mais, nous n'attendons rien de cette rencontre, car pour nous elle accouchera d'une souris car si Gbagbo a refusé d'obéir à l'Onu, à tous ceux qui se sont impliqués corps et âme pour nous aider à résoudre notre crise, ce n'est pas à Bédié qu'il obéira. Car ce monsieur (Ndlr, Gbagbo), il a juré de ne pas aller aux élections parce que s'il va aux élections, il ira tout droit à la retraite à Mama.
Interview réalisée par Akwaba Saint Clair et Liah Ignace