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Société Publié le mardi 11 mai 2010 | Le Patriote

Pr Flavien Traoré (porte-parole des enseignants) : “Si le gouvernement ne fait rien, nous prendrons nos responsabilités”

La coordination Nationale des Enseignants du Supérieur et chercheurs de Côte d’Ivoire (CNEC) menace de paralyser les universités et grandes écoles publiques. Dans cet entretien, le porte-parole des enseignants, Pr Flavien Traoré, exige le paiement de deux milliards FCFA au titre des heures complémentaires dus par l’Etat.

Le Patriote : Pourquoi avez-vous lancé un ultimatum de dix jours au gouvernement ?
Pr Flavien Traoré : Nous avons lancé un ultimatum de dix jours au gouvernement, parce que nous avons entrepris des démarches auprès des services compétents du gouvernement pour relancer les négociations sur la grille particulière, et voir comment le gouvernement peut éponger nos dettes sociales. Malheureusement nous n’avons pas été reçus pour discuter de ces différents problèmes. En conséquence, nous avons donné dix jours au gouvernement pour réagir.

LP : Quelle attitude la CNEC observera t-elle si au terme des dix jours vous n’obtenez pas de satisfaction?
P.F.T : Si au terme des dix jours nos préoccupations ne sont pas reglées, nous convoquerons une assemblée générale extraordinaire. C’est au cours de cette réunion que la conduite à tenir sera décidée. Nous avons entrepris toutes ces démarches pour montrer à l’opinion nationale que ce n’est pas de gaieté de cœur que nous observons des arrêts de travail. C’est parce que notre situation financière n’est pas reluisante que nous avons recours à ce genre de combat (ndlr grève). En tout cas, cette fois, nous irons jusqu’au bout de notre action. Nous allons prendre nos responsabilités.

LP : Quelles sont vos revendications prioritaires ?
P.FT : Il faut être franc, la revendication essentielle est l’application intégrale de la grille indiciaire particulière des enseignants du supérieur et chercheurs, la mise en œuvre effective et totale du décret concernant la bi-appartenance des médecins hospitalo-enseignants. Mais ces revendications peuvent être satisfaites à moyen terme. A court terme, nous exigeons le paiement des heures complémentaires de 2007-2008 et 2008-2009 pour toutes les trois universités. Et que les primes de recherche de décembre 2009 soient payées. Cette revendication ne peut pas attendre. Il faut que l’Etat prenne une certaine disposition pour le paiement des indemnités et heures complémentaires qui durent depuis deux ans. Aussi, percevons-nous nos salaires le dix du mois. Nous ne pouvons pas accepter cela.

LP : Le gouvernement affiche t-il une volonté manifeste de régler ces problèmes ?
P.F.T : Personnellement, je ne crois pas que le gouvernement ait manifesté une volonté de résoudre ces différentes préoccupations. Ce sont des problèmes récurrents. Le ministre de l’Economie et des Finances par exemple, s’est engagé à éponger cette dette au plus tard le 27 décembre 2009. Nous sommes en avril 2010 et rien n’a été fait, cela après des engagements pris par de si grands responsables du pays. A l’analyse, l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique n’est pas une priorité pour le chef de l’Etat et son gouvernement et cela est très grave. Et dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, c’est la première fois qu’une équipe gouvernementale regorge assez d’enseignants. Il faut que la vision de ce gouvernement actuel sur l’enseignement supérieur et la recherche scientifique change véritablement dans l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire.

LP : Quels sont les maux des universités ivoiriennes ?
P.F.T : L’université est un établissement qui évolue dans le temps. Par conséquent, il faut une planification des besoins en matière d’infrastructures, d’équipements. Tout cela n’a pas été fait, c’est ce qui fait que l’effectif des étudiants augmente d’année en année. Et les efforts pour engager des enseignants pour une meilleure qualité de l’enseignement ne sont pas faits. Les infrastructures ne suivent pas non plus, si bien que vingt ans après c’est la catastrophe ! En plus, la mauvaise gouvernance est devenue monnaie courante dans les universités.

LP : Comment expliquez-vous justement cette mauvaise gouvernance des universités ?
P.F.T : Le mode de désignation même des présidents des universités est terrible. C’est un mode de désignation indirect, ce qui fait que tout le monde ne participe pas au vote. Ce qu’on remarque c’est que c’est un groupuscule qui décide de la personne qui va diriger l’université. Vous comprenez que tous ces problèmes réunis font que cet ordre d’enseignement ne peut pas fonctionner correctement.

LP : Quelles sont alors les solutions de la Cnec pour guérir les universités ivoiriennes ?
PFT : La Cnec propose la mise en place d’un plan d’urgence qui puisse combler un tant soit peu le retard pris en matière d’infrastructures, de recrutement d’enseignants, d’équipements. A cela s’ajoute la mise en place d’un fonds pour la recherche scientifique. Des dispositions doivent être prises pour mieux gérer ce fonds. Ensuite, les dettes sociales existantes doivent être épongées pour que les enseignants qui ont été fraîchement recrutés puissent être motivés. C’est vrai que l’enseignement supérieur et la recherche scientifique sont en difficulté, mais si le gouvernement change sa vision sur ce secteur d’activités nous pensons que les choses iront mieux. Car l’université est un secteur stratégique.

Par Anzoumana Cissé
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