Korhogo : les populations dans l’expectative

J'ai fait le déplacement depuis Abidjan afin de réunir les pièces justificatives pour figurer sur la liste électorale provisoire, malheureusement les portes de la Cei sont closes. Ainsi s'exprimait Ouattara Salimata, le moral à zéro, ce 10 mai, date à laquelle devrait avoir lieu la reprise du contentieux de la liste électorale. Car, si on l'en croit, cela fait bientôt deux semaines qu'elle a abandonné toutes ses activités dans la capitale économique afin de régler une fois pour toutes cette étape du contentieux qui finalement lui revient plus chère que prévu. Ce n'est que sur les lieux qu'elle apprendra, l'âme en peine, que la reprise n'aura pas lieu. Et d'ajouter, très remontée contre le nouveau président de la Cei, « si c'est un plaisir pour lui de faire souffrir la population, il aura la récompense divine. Je dois encore repartir à Abidjan et revenir une autre fois. Pensez-vous que je pourrais tenir avec le coût du transport », s'interroge-t-elle, avouant qu'elle n'a reçu aucune indication sur la date effective de reprise du contentieux.

Dans un ballet de va-et-vient devant les locaux du bureau départemental de la Commission électorale indépendante à Korhogo, nombreux étaient ces hommes et femmes qui, comme Ouattara Salimata, avaient encore espoir de voir leurs cas trouver solutions. Car, pour la grande majorité, ils avaient pris toutes les dispositions nécessaires pour ne pas rater ce rendez-vous de la dernière chance, selon leurs propres termes. Les yeux rougis et ne pouvant garder longtemps son calme, Coulibaly Hamed Ali, autre pétitionnaire, dans un excès de colère, livre ces quelques mots qui bouillonnent en lui, à l'endroit de la classe politique. Que va-t-on devenir dans ce pays où tout ce fait sans tenir compte de la souffrance des populations que nous sommes. Malgré quelques informations que j'ai vite fait de mettre sur le compte des rumeurs, je croyais dur comme fer, à la reprise effective du contentieux. Pour lui, cette situation est d'autant plus préoccupante qu'il attend de régulariser sa situation avant de partir en Europe poursuivre ses études. Avant de conclure, je ne crois plus que cette étape du contentieux soit véritablement relancée ces jour-ci, car à écouter les uns et les autres parler de cela, on comprend très vite que c'est une histoire politique. Le constat était le même partout dans la grande cité du Poro. La déception et l'inquiétude se lisaient sur le visage de tous. Les populations attendaient avec impatience la reprise du contentieux sur la liste électorale. Malheureusement, elle n'a pas eu lieu. Mettant ainsi les pétitionnaires dans le désarroi total.

Cheick Timité à Korhogo