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Politique Publié le mercredi 19 mai 2010 | Le Nouveau Réveil

Présidence de la République ivoirienne (suite et fin…) : Deux salaires mensuels versés à 13 agents… indûment

Ils ne manquent vraiment pas d`air, ceux qui, avec l`arrivée à la Présidence de la République de M. Laurent Gbagbo, ont eu la chance d`y être recrutés sur la base de plusieurs considérations qu`il n`est pas nécessaire d`énumérer ici, mais que tout le monde devine aisément. Le Chef de l`Etat accorde sa confiance à quelqu`un et le nomme à la tête d`un service de la Présidence. Dès que ce veinard s`installe, son 1er réflexe est de chercher à faire venir à son tour quelqu`un. Ce quelqu`un à son tour, cherche à faire venir quelqu`un et ainsi de suite. Par des voies illégales. Voici comment est né le scandale des emplois fictifs. Ils sont donc à la Présidence et non contents d`avoir le statut d`agents de cette institution, ils passent le plus clair de leur temps à échafauder des plans pour tourner la Présidence et au-delà, tout l`Etat ivoirien en bourrique. Si ce ne sont des expatriés qui se font recruter en empruntant des raccourcis (hier, épisode 1), ce sont de petits malins, des nationaux qui se font malhonnêtement verser deux salaires (un de la Présidence et un autre du Ministère de l`Economie et des Finances), ou qui se font recruter en s`offrant le luxe de naître à deux reprises, à des années différentes, dans des endroits différents, ou qui détournent des bons de carburant au préjudice de la Présidence. Du personnel d`origine étrangère est recruté pour la Résidence du Président de la République sans aucun respect du décret N°96-287 du 3 avril 1996 relatif au contrat de travail et qui fait obligation aux autorités d`obtenir l`accord préalable du Ministre de la Fonction Publique pour tout recrutement de travailleur étranger dans une Administration publique ou Institution de l`Etat, exposant ainsi la plus haute Institution de l`Etat à des infiltrations de tous genres. Au moment où l`on parle de " désinfecter les listes ". Le tout, dans un environnement de petits arrangements entre copins et coquins, de circulation de documents administratifs (parfois bien authentiques mais non datés, non référencés, non signés par leur rédacteur), de laxisme et de légèretés coupables de la part des responsables des services de la Présidence. Faisant de cette grande institution, un véritable nid de faussaires, d`escrocs, de fripons avec " laissez- passer présidentiel ", au cou. Le président Gbagbo devrait consacrer ses prochaines vacances à donner un grand coup de pied dans cette " fourmilière " et chasser, tous ceux qui, pendant que la majorité des Ivoiriens tirent le diable par la queue, récoltent sans semer, et jouent avec leurs impôts : l`argent public. Mais trêve de commentaires et revenons à nos dossiers.

Ils se font payer plus de 71 millions, sans travailler…
Dans le courant de l`année 2006, le directeur administratif de la Présidence, M. Joseph Gnékré, soupçonne des Fonctionnaires en service à la Présidence, de percevoir un double salaire. Un salaire confortable à la Présidence pour le travail en raison duquel ils y ont été détachés et un autre pour le travail qu`ils ne font plus dans leur structure d`origine, en raison de leur détachement. Pourquoi se gêner ? M. Gnékré soupçonne également d`autres agents de la présidence d`avoir fait une double déclaration et à la Cnps et à la Cgrae. Il fait donc ouvrir une enquête et prend attache avec la Solde du Ministère de l`Economie et des Finances et découvre que sur 258 fonctionnaires enregistrés au service du personnel de la Présidence de la République, 86 émargent au budget de la Solde du Ministère de l`Economie et des Finances. Et en faisant des croisements autorisés des états (Service financier de la Présidence de la République et Service Solde du Ministère de l`Economie et des Finances), il réalise que 13 agents sont doublement payés, certains, depuis l`époque du général Guéi Robert. L`évaluation du préjudice subi par l`Etat de Côte d`Ivoire se chiffre à plus de 71 millions. (Voir Fac Similé n°1). L`affaire fait grand bruit dans certains bureaux feutrés à la Présidence. Mais elle n`ira pas loin. Le directeur administratif adresse un courrier au secrétaire général de la Présidence et lui fait des propositions en vue de régler ce petit problème. Comme il l`a fait lors du scandale des employés fictifs de la Présidence dans un rapport dont " Le Nouveau Réveil " avait obtenu copie en février 2009 et qu`il s`était offert un immense plaisir à publier dans les moindres détails. " …Au regard de ce qui précède, j`ai l`honneur de vous proposer les mesures suivantes : Supprimer les doubles déclarations dans les structures de retraite (Cgrae et Cnps) ; ne verser à ces agents que le reliquat de leur rémunération sauf s`ils présentent un certificat de cessation de paiement émanant de la Solde du Ministère de l`Economie et des Finances… ". Les propositions du directeur administratif ont-elles été prises en compte ? Les salaires perçus en trop ont-ils été interrompus ? Nos investigations nous ont permis de savoir que le secrétaire général a adressé des lettres individuelles à chacun de ses 13 agents pour leur demander de choisir la structure de paie de leur salaire. On imagine aisément leur choix empressé. Et le préjudice subi par l`Etat, plus de 71 millions, est resté sans suite.

Un homme né deux fois à la Présidence…
En début du mois d`octobre 2006, M. Broulaye Fofana exprime au directeur administratif de la Présidence, par ailleurs Préfet de son état, son envie de travailler dans cette institution. Pour sans doute bénéficier d`une pension de retraite plus confortable. Selon nos sources, M. Broulaye Fofana et le directeur administratif seraient des " rivaux ", mariés tous les deux, à deux femmes provenant de la même famille. Le directeur administratif ne voit donc pas d`inconvénient à cette demande somme toute mineure. Après tout, faire recruter un copin ou un parent (emplois fictifs) à la Présidence quand on y a un petit pouvoir, est un jeu d`enfant. M. Broulaye Fofana dépose donc une demande d`embauche à laquelle il joint la photocopie de son attestation d`identité établie dans le même mois d`octobre 2006, à Abidjan par le Département de l`Etat Civil et de l`Identification de l`Oni (Office national de l`identification). Rappelons que pour obtenir cette attestation d`identité auprès de l`Oni, il faut fournir les pièces suivantes : Un certificat de nationalité ; Un extrait original d`acte de naissance ; une photocopie de la pièce d`identité de l`un des parents. Sur la base donc de ces documents, une attestation d`identité lui est délivrée. A moins qu`il ait pu obtenir cette attestation sans fournir les documents demandés. Sur celle-ci, M. Broulaye Fofana est né le 27 décembre 1958 à N`GATTAKRO dans le département de Bouaké et a pour profession : " Agent administratif " voir fac silé no2. Certainement sur la base de ce simple document remis, M. Broulaye Fofana est engagé le 20 octobre 2006 en qualité d`agent contractuel pour occuper l`emploi de Planton, par contrat N°383/PR/SG, dûment signé par le secrétaire général de la Présidence, M. Amedée Couassi-Blé. (Voir fac Similé n°2). Mais chose curieuse, sur le contrat d`engagement, il est marqué que M. Broulaye Fofana est né le 27 décembre 1968, alors que l`attestation d`identité parle plutôt de 1958. Erreur de frappe ? Possible, mais pas si sûr. Car une fois engagé, il est prié de compléter son dossier en produisant un acte d`extrait de naissance. N`en n`avait-il pas ? Qu`est-ce qui lui a donc permis d`obtenir l`attestation ? Toujours est-il que M. Broulaye Fofana se rend à Bingerville pour se faire établir un nouvel extrait de naissance. Le 16 novembre 2006, l`extrait lui est délivré par la Sous-préfecture de Bingerville. Est-ce le Sous-préfet de Bingerville qui a signé cet extrait ? En tout cas, sa signature y est apposée ! Et cette fois-ci, M. Broulaye est né non plus à N`gattakro, mais plutôt à Bingerville le 27 décembre 1968. (Voir fac Similé N°4). Mais en observant bien l`ensemble des documents, on est tenté de s`interroger profondément. L`attestation d`identité qui a permis de rédiger le contrat d`engagement a été délivré en octobre 2006. Notamment le 18. Son contrat a été signé le 20 octobre 2006. Or, il a pour date de prise d`effet, le 1er octobre 2006. Ce qui parait curieux. Et laisse supposer qu`avant même que son contrat ne soit signé, il était déjà en service à la Présidence, 20 jours plus tôt. Sans aucun statut juridique. Comment de telles choses peuvent-elles se produire à la Présidence de la République ? Comment le directeur administratif et le secrétaire général ont-ils fait pour ne pas se rendre compte du faux ? La réponse à cette question leur appartient.

20 millions de bons de carburant détournés
L`argent public, comme on l`imagine, est véritablement malmené à la Présidence par des agents peu scrupuleux. En 2007, un agent, le Chef adjoint du parc-auto, un autre service où certains petits malins y exerçant sont quotidiennement à la fête avec l`argent public, a fait l`objet d`une saignée financière sur le dos des contribuables ivoiriens. Engagé par contrat N°325/PR/SG du 10 décembre 2003, cet agent a soustrait et utilisé à son profit, des bons de carburant présidentiels d`une valeur de 20 millions de francs. Dénoncé par son supérieur hiérarchique, le chef du Parc Auto central par le rapport N°15/PR/SG/PAC/KPM du 24 mai 2007, l`agent véreux a été simplement remercié pour faute lourde, avec un congé payé et un mois de salaire de présence. C`est ce que l`on peut lire dans une décision prise par le secrétaire général le 1er juin 2007. " Il est mis fin à l`engagement de M. Blesso J.M, recruté en qualité d`adjoint au Chef du Parc Auto Central de la Présidence de la Présidence par décision N° 325/PR/SG du 10/12/2003. L`intéressé doit rembourser l`intégralité de la somme de 20.932.410F équivalent à la valeur des bons de carburant détournés… l`Intéressé aura droit à un congé payé et un mois de salaire de présence… ". A-t-il pu rembourser les 20 millions ? Nos sources affirment que non. Mais cet agent, selon nos sources, n`a pas connu les joies de la prison parce qu`à cette époque, il bénéficiait d`une puissante protection à la Présidence. Ainsi va donc notre présidence.

Gbagbo doit faire le nécessaire ménage
Le pays peut être corrompu. Des Fonctionnaires en service dans des structures de l`Etat peuvent s`amuser à détourner l`argent public. Toute l`administration ivoirienne, comme le dit le Président Gbagbo lui-même, peut être pourrie. Nul n`est parfait. Mais la Présidence de la République est la crème de nos Institutions et les choses qui s`y passent et dont certaines, la face visible de l`iceberg, est sue des Ivoiriens, sont de nature à jeter le discrédit et l`opprobre sur elle. Dénoncer courageusement et publiquement ces choses quand elles sont avérées est un devoir patriotique et non une volonté manifeste de nuire gratuitement à des personnalités, au point de signifier l`arrêt de mort de celui qui le fait. L`image de la Présidence de la République doit être sauvegardée. Partout. que ce soit sous le Président Gbagbo ou sous un autre. C`est un devoir civique. Ce qui signifie que le Président Gbagbo doit engager un nécessaire nettoyage de cette Institution après un audit de tous les services et en expulser tous ceux qui, quel que soit leur titre, se sont amusés avec les procédures fixées par la loi ou se sont autorisé des amabilités avec l`argent public. Car les nouvelles qui proviennent de la Présidence et qui parviennent aux oreilles du peuple qui souffre de la faim, de la maladie et du chômage, ne sont pas bonnes. Même si tout le pays peut être pourri, la Présidence de la République devrait être épargnée. C`est notre conviction. Et certainement, celle du Président de la République qui devrait jeter un petit coup d`œil dans sa maison.
ASSALE TIEMOKO
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