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Politique Publié le mercredi 19 mai 2010 | Le Quotidien d’Abidjan

Interview / Processus de sortie de crise/Kouamé Sécré Richard (vice-président de l’Assemblée Nationale) : "Si Soro échoue, il sait ce qui l’attend"

© Le Quotidien d’Abidjan Par Prisca
Relance du processus de sortie de crise : Gbagbo a rencontré Bédié
Lundi 10 mai 2010. Abidjan, Cocody. Résidence du Président Henri Konan Bédié. Le Président du PDCI-RDA reçoit le chef de l`état dans le cadre de la relance du processus de sortie de crise. Photo: le premier ministre Guillaume Soro faisant le point de la rencontre à la presse
Le député Kouamé Sécré Richard est vice-président de l’Assemblée Nationale mais aussi président du Conseil général de Bondoukou et DDC du président Laurent Gbagbo dans le Zanzan. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, l’honorable député parle du processus de sortie de crise.

M. Richard Secré, vous êtes le président du Conseil général de Bondoukou, pouvez-vous nous faire votre bilan ?

Je peux vous dire que le département tout comme les populations du Zanzan sont pauvres parce que les effets du développement qui ont été amorcés depuis 1960 ne sont pas perçus. Les anciens tenants du pouvoir ont négligé le Zanzan particulièrement Bondoukou. Dans ce domaine-là, nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge. Pour ce qui est de mon travail, nous faisons ce que nous pouvons pour soulager nos parents. Tout ce qui est programmé a été réalisé. Pour cela, je peux dire que le département se porte bien. Pendant 7 ans, nous avons investi près de 2,5 milliards soit en moyenne 300 millions par an.

Quand vous dites que vous avez fait ce que vous devriez faire, à quoi cela se résume-t-il?
Nous avons des moyens limités. Les investissements qui devraient se faire selon nos moyens ont été faits. Pour la petite idée, nous avons mis l’accent sur les secteurs de l’éducation, de la santé, des routes et de l’électricité. Cela ne veut pas dire que les autres secteurs ont été négligés. Rappelons que l’Etat nous octroie environ 280 à 290 millions de F CFA par année. C’est avec cela que nous faisons les investissements. Actuellement, du fait de la crise, aucun partenaire étranger ne veut investir dans le développement local.


Lors de la dernière marche de l’opposition, il y a eu des casses au Conseil général, quels commentaires pouvez-vous faire ?

Tout le matériel de travail accumulé depuis 7 ans a été détruit par les marcheurs. Comme aucune disposition sécuritaire n’avait été prise parce que nous croyions avoir affaire à des manifestants démocrates, nous avons été pris de cours par les marcheurs qui ont eu le temps de brutaliser les travailleurs et casser tout le matériel informatique. Les dégâts sont estimés à plus de 100 millions de F CFA. Actuellement, nous faisons toute une gymnastique pour pouvoir travailler. La preuve, les appels d’offre de 2010 ont été faits avec beaucoup de difficultés d’ordre matériel.


Comment expliquez-vous le fait que le Conseil général qui n’est pas une structure politique ait été la cible des marcheurs ?

C’est l’ignorance et la haine. Des gens ignorent que le Conseil général n’est pas une structure politique. Comme le Conseil général a été gagné par le FPI, pour eux, il représente Gbagbo dans le département. Ce qui est faux. La haine de quelques militants du RHDP pour Gbagbo les amène à penser que tout ce qui symbolise l’Etat est à détruire. Pour des hommes qui avaient dirigé l’Etat, c’est honteux et pour ceux là même qui aspirent à diriger Bondoukou, c’est encore plus honteux. Les populations de Bondoukou ont réagi en portant plainte. Aujourd’hui nous attendons que la justice fasse son travail.


Comment la question du contentieux est-elle gérée à Bondoukou ? Y a-t-il eu des cas de fraudes avérées ?

Oui, notre région n’est pas un cas exceptionnel. Mais, ce que nous avons constaté, c’est qu’il y a eu moins de fraudes qu’ailleurs. Quand on prend Abobo, on nous parle de 40.000 fraudeurs. Ce qui est loin des fraudes de chez nous. Il faut néanmoins dire que les fraudes constatées ici et là ont été détectées. Alors, quand le précontentieux reprendra, on interpellera les autorités
Est-ce parce que vous n’avez pas été vigilants au niveau de La majorité présidentielle que les fraudes ont été constatées ?

La raison est toute simple. Au moment où nous aidions les parents à avoir des papiers, nos adversaires étaient en train de voir comment ils allaient frauder. On n’avait pas les mêmes objectifs. La fraude a été leur stratégie depuis le début. Cela a été vérifié avec le cas Mambé. Pendant les périodes des audiences foraines, de l’enrôlement et du contentieux, on ne les a pas vus sur le terrain. Ils étaient coincés dans une chambre pour mener à bien des stratégies de fraude. Cela s’est avéré avec des usurpations de noms, des femmes qui ont 50 enfants etc.
Le camp présidentiel ne s’est-il pas laissé griser par les différents sondages publiés il y a peu ?
Je ne pense pas puisque les sondages fait leur apparition pendant les derniers mois. Avec le travail que nous avons fait pendant les différentes étapes, je ne le pense pas. Nous sommes les enfants des élections et nous savons qu’aucune élection n’est gagnée avant le vote. Au contraire, les sondages ne nous donnent pas totalement satisfaction car nous disons que notre candidat doit gagner au 1er tour.


Après la dissolution de la CEI, la commission centrale a été dissoute sans les commissions locales. Partagez-vous l’avis de ceux qui souhaitaient la dissolution des commissions locales ?

Oui, puisque c’est LMP qui a engagé le combat. C’est logique car si Mambé a fraudé c’est fort probable que des responsables locaux aient également fraudé. Par conséquent, Si la CEI nationale a été dissoute, pourquoi pas les CEI locales ?

Le contentieux a repris, comment souhaiteriez-vous qu’il fonctionne ?

Nous pensons qu’il faut faire un nettoyage complet de la liste. Une liste est définitive quand les acteurs sont tous d’accord. Il faut revoir les manuels de procédures. Ceux qui ont été préalablement établis donnaient autorité aux commissaires régionaux de se substituer aux commissions locales afin de décider de qui doit être sur la liste. Nous pensons que cette procédure n’est pas bonne. Et que si le commissaire régional est partisan, il va s’en dire que son travail le sera également.

Le Premier ministre avait pourtant mis sur pied un comité de suivi. Qu’en pensez-vous ?
C’est un palliatif. C’est dans la crise que le comité a été mis sur pied. Le 1er Ministre a d’ailleurs suspendu ce comité quelques semaines après sa mise en place. A la reprise, il est question de confirmer et de renforcer leur pouvoir de décision. Ce sont eux qui doivent décider de qui doit faire partie de la liste ou non.

Le processus de sortie de crise, c’est aussi et surtout le désarmement. Un désarmement qui tarde à venir. Et curieusement, c’est maintenant que le camp présidentiel a décidé de taper du poing sur la table pour le réclamer….

Auparavant, certaines idées circulaient pour dire que comme nous sommes dans un processus et que nous sommes de bonne foi, on pouvait aller aux élections sans frustrer les uns et les autres. Et, après on pouvait aller au désarmement. Bien qu’il fût écrit dans les accords de Ouaga que le désarmement devrait finir deux mois avant les élections, tout le monde a fini par se convaincre qu’on ne pouvait pas aller aux élections sans désarmement, au vu des marches et des casses organisées et perpétrées par le Rhdp. Consciente de cela, La Majorité Présidentielle a tapé du poing sur la table. Les actions de nos adversaires signifient que si nous allons aux élections sans le désarmement et que le RHDP perd les élections, la situation sera plus catastrophique !

En acceptant de passer sur certains points de l’accord comme le désarment… vous voulez un désarmement comme en RDC.

On pensait que le désarmement pouvait se faire en douceur sans contrainte. Nous pensions que les rebelles étaient sincères et quand ils déclaraient qu’ils étaient pleinement dans l’accord. C’est dans l’accomplissement de cela que nous avons compris qu’ils n’étaient pas de bonne foi. Cela a été corroboré par les actes de violence des membres du RHDP début mars 2010.

J’insiste sur cette question

D’abord en signant l’accord, on pense que c’est de bonne foi qu’ils l’ont fait. Ensuite, en acceptant de déterminer les sites de regroupement, le nombre de militaires qui doivent intégrer l’armée nouvelle, et d’accepter le retour des préfets dans la zone CNO, on pensait qu’ils étaient encore sincères jusqu’à ce qu’on atteigne le point crucial qui consiste à l’encasernement des militaires. C’est ce point qui divise aujourd`hui. Je crois que cela fait partie de la vie. Car il est difficile de détourner les gens de leur habitude, d’où la réticence des FAFN à revenir à la vie normale.


Vous parler de pression, alors que celui qui a signé les accords se trouve être patron de la rébellion. Qu’en dites-vous ?

Je n’imagine pas le Premier ministre vouloir faire un autre jeu. Je ne pense pas que Soro puisse dribbler tout le monde et penser vivre tranquillement. Il sait que son salut est dans l’aboutissement du processus. Son salut est qu’il ait accepté le dialogue pour ramener la paix, il faut qu’il aille jusqu’au bout. Si on était resté dans la belligérance, il ne serait pas devenu 1er Ministre. C’est le processus de paix engagé qui fait qu’il continue d’être responsable. Si le processus échoue, il sait ce qui l’attend.


Dans ce cas, qu’est-ce qui empêche le désarmement ?

Conduire des hommes, c’est difficile. Vous savez que chaque homme à sa position qui peut être différente de celle du chef. A l’intérieur de LMP, ce n’est pas tout le monde qui approuve les décisions que le président prend. C’est parce que nous sommes disciplinés qu’on s’aligne. Alors que le rebelle a ceci de ne pas être discipliné.


Partagez-vous l’avis de ceux qui disent que Soro ne peut pas désarmer les rebelles parce qu’il n’est pas le vrai chef ?

Oui, nous savons que le financier de cette rébellion n’est pas Soro. Il a toujours été étudiant. Je ne peux savoir le vrai chef parce que tout cela est occulte. Mais beaucoup de noms circulent : Alassane Ouattara, la France … mais tout cela n’est que rumeur. Il a pris le devant parce que ceux qui l’ont financé ne sont pas courageux. Cela fait partie des difficultés qu’il a. Je pense que c’est en allant doucement et en persuadant les autres qui ne sont pas d’accord qu’on arrivera à désarmer. Cela peut se faire de gré ou de force.


Avec le contentieux qui peine à démarrer et le désarmement qui tarde, quand pensez-vous que l’on pourrait aller aux élections ?

Je ne peux pas le savoir. Il n’y a que la CEI qui peut nous donner une date précise puisque c’est elle qui organise les élections.

En tant que DDC, quel message faites-vous passer à ceux qui pensent qu’après l’élection présidentielle et la victoire de Gbagbo, les élections locales seront difficiles pour le FPI ?
Ceux qui le disent ignorent un peu ce qui se passe sur le terrain. S’il doit y avoir quelque chose de difficile c’est entre nous militants du FPI. C’est une question interne des personnes qui ont des ambitions. Il faut savoir comment placer nos ambitions de telle sorte que cela ne nuise pas au parti ou à La majorité présidentielle. Je suis sûr que si on arrive à cela, il n’y aura pas de difficulté.

Réalisée par Mireille Abié
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