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Économie Publié le mercredi 26 mai 2010 | Nord-Sud

Relance post-crise : Les productrices de savons changent la vie à l’Ouest

Dans l’ouest ivoirien, une région essentiellement rurale et appauvrie par la guerre, un groupement de femmes produit du savon à base du beurre de karité et d’huile de palme. Ce projet, mis en route par la Coopérative de production agricole de la famille Nazareth (Coopafan), est soutenu par des bailleurs de fonds. A Zouan-Hounien, il a permis à 34 femmes de reprendre goût à la vie.

“Chaque fois que je sollicitais l’aide financière d’un parent, il me le refusait et m’envoyait paître. J’étais presque devenue la risée de tout le monde. Les gens se moquaient de moi et m’appelaient parasite. J’étais tout le temps humiliée”, explique Anne Gondo. Anne, mère de 5 enfants, arpente une autre vie depuis l’an dernier, lorsqu’elle a rejoint la coopérative locale qui produit des savons à base de beurre de karité. En moins de huit mois, elle a pu économiser environ 100.000 Fcfa. Un miracle pour cette femme qui n’avait jamais eu, pour elle-même, 50.000 Fcfa. “J’appuie aujourd’hui mon mari dans la scolarisation de nos enfants. Aucun d’entre eux n’est à la maison”, raconte-t-elle avec un brin de fierté. “Par le passé, avec la vente de vin de palme, je parvenais à peine à manger”. Le groupement pour lequel elle travaille, la Coopérative de production agricole de la famille Nazareth (Coopafan) est une initiative encouragée par le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) et le gouvernement ivoirien à travers son Programme d’appui à la lutte contre la pauvreté (Palcp). “Ce qui est arrivé à Anne est un des exemples des efforts de promotion qui visent les femmes rurales et la lutte contre la pauvreté dans l’ouest”, explique le frère Louis qui dirige l’Or?dre des Frères mineurs capucins (Fmc), en charge de la mise en œu?vre des programmes d’aide dans cette région. Ici, l’essentiel de la population vit de l’agriculture, mais ces dernières années, les récoltes ont été maigres en raison de périodes d’intenses sécheresses et de l’affaiblissement de la qualité des sols à cause de mauvaises pratiques agricoles. “Les moyens et les techniques utilisés par les femmes pour la production étant traditionnels, les revenus générés par les activités ne leur permettent pas de se prendre entièrement en charge”, constate le Pnud. Des dizaines de femmes travaillent dans le secteur, mais cette activité n’a toujours pas été très rentable, parce que la plupart des travailleuses utilisaient des techniques anciennes et peu adaptées. L’un des objectifs du programme soutenu par le Pnud a donc été d’offrir à ces femmes des formation à des techniques plus modernes et durables notamment par la fourniture de matériels et machines semi-modernes de fabrication de savons ainsi que la formation aux techniques modernes et semi-industriel?les. Selon la coordonnatrice nationale du programme Fatima Silué, ce sont au total un peu plus de 15,3 millions Fcfa qui ont été mobilisés pour ce projet. Grâce à ces financements, un groupement de 34 femmes vulnérables chefs de ménages, productrices de savons artisanaux “kabacrou”, savon de toilette, savon liquide, a été installé. Selon plu?sieurs études, les femmes représentent 70% de la main-d’œuvre agricole dans le Moyen-Cavally. Avec ces projets, les autorités espèrent que les populations auront un accès beaucoup plus facile aux soins médicaux, à l’éducation ou aux micro-crédits pour développer leurs activités.

Merci Pnud !

“Le savon que nous produisons à présent est sans résidu et très pur”, affirme Juliette Ntamon, l’une des femmes formées. “Grâce à cette qualité, le produit peut maintenant être vendu un peu partout.”, ajoute-t-elle. La coopérative veut vendre des savons aux autres régions. Pour ce faire, elle a, en perspective, l’emballage et l’étiquetage des produits ainsi que la production per??manente de l’unité de fabrication afin d’assurer l’approvisionne?ment. “En travaillant ensemble, on peut produire davantage, vendre davantage et demander de l’assistance en tant que groupe”, poursuit-elle. “Avant, on réalisait un petit profit. Aujourd’hui, nous avons amélioré nos marges”. Sur les 6 derniers mois, 7,43 tonnes de graines ont été collectées et transformées pour 2.478 litres d’huile rouge produits. Le chiffre d’affaires net est de 3,6 millions Fcfa. 2,3 millions Fcfa ont été redistribués aux membres de la coopérative sous forme de rémunération mensuelle. Chaque femme reçoit entre 7.500 Fcfa et 15.000 Fcfa par mois en fonction des bénéfices engrangés sur la période. La coopérative a changé la vie de ces femmes rurales. “Avant de rejoindre le groupement, j’étais très pauvre et je n’avais même pas d’argent pour m’acheter des vêtements”, déclare Généviève Diomandé, une autre travailleuse. “J’avais dû retirer mon enfant de l’école après le décès de mon mari, mais il est maintenant retourné en classe. J’ai même pu lui acheter une bicyclette”, se réjouit-elle. Pour le maire de Zouan-Hounien, les progrès apportés par la coopérative concernent surtout les veuves, dont la belle-famille a souvent repris possession des terres à la mort du mari. “Certaines ont été chassées de la maison qu’elles occupaient et se sont retrouvées du jour au lendemain sans argent pour construire une autre habitation”, confie-t-il. Avec plus d’argent, les femmes améliorent la qualité nutritionnelle des repas et réduisent aussi les risques de mortalité liés à une alimentation insuffi?san?te. Constat d’un médecin de l’hôpital de la localité.

Lanciné Bakayoko, envoyé spécial
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