Le ministre de la Communication, Ibrahim Sy Savané, a rencontré hier à son cabinet, les responsables des entreprises de presse et leur a prodigué des conseils dans le but de préserver la dignité des acteurs du journalisme. Les échanges, à cette occasion, ont tourné autour d'un thème précis, à savoir : Les problèmes qui se posent à la presse et ceux que pose cette corporation. Avant d'entrer dans le vif du sujet, le ministre de la Communication a fait une mise au point " Nous n'intervenons pas dans le contenu des journaux pour influencer la ligne éditoriale. Nous ne suggérons pas ce qu'il faut écrire ou ce qu'il ne faut pas écrire. Si j'interviens ce matin (Ndlr hier matin), ce n'est pas pour déroger à cette ligne de conduite, mais pour tirer la sonnette d'alarme ". Après cette précision de taille, le ministre Ibrahim Sy Savané a attiré l'attention des acteurs de la presse sur un certain nombre de dysfonctionnements. " Lors d'une cérémonie, j'ai dit : Prenez garde à l'ivresse de la plume. Ce matin (Ndlr hier matin), je suis obligé de vous dire encore, prenez garde à l'ivresse de la plume…Je le redis, cette ivresse de la plume peut être extrêmement dangereuse pour tous. Chacun de nous entend beaucoup de choses. Ce que j'entends, c'est une sorte de clameurs accompagnées de mépris contre la presse, le mépris se fait de plus en plus consistant vis -à-vis de la presse. Ceux qui semblent encenser les journalistes, ce sont des gens qui font en privé les critiques les plus acerbes. Ce mépris vis-à-vis de la presse, c'est quelque chose qui fait mal. Dans toute la presse, on sent que le paradigme de la guerre est encore vivant alors qu'il faut œuvrer pour le paradigme de la paix. Il y a trop de violence verbale. Très franchement, cette espèce de violence verbale amuse certaines personnes. La presse joue un rôle qui rabaisse tout le monde", a constaté le ministre de la Communication. Ibrahim Sy Savané, après ces remarques, a donné des conseils aux patrons de presse et à l'ensemble des journalistes pour une presse plus responsable et aimée de tous. " Le destin de la presse est entre vos mains, il faudra assumer ce destin. La politique ne doit pas se dédouaner sur la presse. La classe politique a une grande responsabilité dans ce qui nous est arrivé. La presse aussi a sa responsabilité et si nous ne faisons pas attention, cette crise va se dénouer au détriment de la presse. C'est ma conviction. Ce métier est noble, c'est un métier d'avenir …Je vous invite à fournir plus d'efforts pour qu'on puisse préserver notre dignité et assumer l'avenir de ce métier. " Sy Savané, par la suite, a fait des propositions à ses hôtes dans le cadre de la redynamisation de ce secteur. Il a proposé la création d'un groupe de travail sur l'économie des médias. A ce sujet, le ministre de la Communication a promis s'investir corps et âme afin que ce projet voie enfin le jour. " Je vais m'y impliquer personnellement. Il sera question de la fiscalité, de la publicité ; il faudra que nous fassions un travail efficace et rapide ", a-t-il indiqué avant de passer à une autre solution. A savoir, la mise en place d'un groupe de travail sur le développement éditorial et la formation. " La politique éditoriale, on l'apprend. Le groupe de travail va faire des propositions simples et rapides ", a promis le ministre de la communication qui a abordé un troisième point, celui de la sécurité sociale des journalistes. Ibrahim Sy Savané, en ce qui concerne cette préoccupation, s'est indigné de voir que même les plus petites entreprises ont un système de sécurité contrairement aux entreprises de presse. " Nous irons loin pour faire des propositions. Nous pouvons avoir un bon système de sécurité sociale pour les journalistes ", a-t-il continué. Concernant l'Olped, il s'est dit préoccupé par la situation que traverse cette organisation " Si l'Olped a été notre fierté, aujourd'hui l'Olped est notre douleur vive. Je pense qu'il faut une véritable résurrection pour l'Olped, car toute notre matrice de régulation dépend de l'autorégulation ", a souligné Sy Savané qui a promis donner de grands moyens à cette structure afin qu'elle puisse jouer véritablement son rôle. Après avoir, en quelque sorte, planté le décor, le ministre a invité les patrons de presse à relever leurs difficultés et à lui faire des propositions. Prenant la parole en 1er, Guillaume Gbato du Synappci a égrené les préoccupations de son syndicat. Il a plaidé pour la mise en place d'un statut clair pour les agents des radios de proximité. Quant au président du Gepci, M. Denis Kah Zion, il a remis au ministre, pour le compte de son groupement, un " mémo " comportant leurs observations et propositions pour aider la presse à s'en sortir. A cette rencontre également, l'épineuse question de la convention collective a été évoquée. Et des précisions ont été données par le ministre Sy Savané : " Nous avons fait notre part du travail. L'Adn de cette œuvre se trouve dans le texte lui-même, mais ce texte s'arrose avec la bonne volonté. Il n'y a pas de problème insoluble, il y a des avancées, je suis persuadé que les patrons de presse ont compris qu'il leur faut des journalistes inscrits à la convention collective mais en même temps, les travailleurs doivent comprendre que s'il n'y a pas d'entreprise, il n'y a pas de convention collective ", a-t-il expliqué avant d'aborder un autre problème qui fait en ce moment l'actualité dans les entreprises de presse. Il s'agit en effet du fameux milliard que le ministère de l'Economie et des Finances aurait mis à la disposition du Fonds de Soutien et de Développement à la Presse (Fsdp). " Nous allons vérifier ", a-t-il répondu. Pour conclure, le ministre de la Communication a exhorté les responsables des entreprises de presse à travailler avec professionnalisme pour attirer la sympathie des lecteurs.
DJE KM
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