Le chef des chefs Baoulés donnent la position des producteurs baoulés de cacao sur le nouvel accord de commercialisation de cacao qui sera signé fin juin par les pays exportateurs et importateurs de cacao à Genève.
Pourquoi les producteurs de cacao s’opposent-ils à la signature d’un nouvel accord pour la libéralisation totale du cacao?
Nous craignons l’échec de cet accord. Par le passé, nous avions la Caisse de stabilisation qui est une structure de l’Etat et qui règlementait la production et la commercialisation du café et du cacao. Cela a bien marché jusque dans les années 90 où les multinationales se sont intéressées à la Côte d’Ivoire. Le Fmi et la Banque mondiale, dans le cadre du plan de réajustement structurel, ont exigé la libéralisation du cacao. Cela a été un échec. C’est pourquoi nous pensons que ce nouvel accord sera aussi un échec. Les petits paysans seront dépossédés de leurs terres.
Comment cela est-il possible?
Nous connaissons les méthodes des multinationales. Elles font de la surenchère. Elles vont proposer aux producteurs de baux emphytéotiques de 50 ans et leur faire des propositions alléchantes. Etant plus puissantes que les paysans qui utilisent encore des méthodes archaïques, ils ne pourront que céder leurs terres.
Sont-ils obligés de le faire?
Les multinationales ont beaucoup d’argent. Elles savent faire du marketing. Et les producteurs sont pauvres. Avec les offres alléchantes que celles-ci vont leur offrir, nombre de paysans seront obligés de leur céder leurs terres. Conséquences: les producteurs ne maîtriseront ni la commercialisation, ni la production. Pourtant, ils maîtrisaient la commercialisation au niveau international.
La libéralisation a été pourtant instaurée par les bailleurs de fonds afin que les producteurs perçoivent une grande part du prix mondial. Cela n’a-t-il pas été le cas?
Non. Il y a eu de la spéculation. Au moment où la Caistab existait, les prix étaient garantis. Ils étaient fixés à 400 Fcfa par Kg durant toute la campagne. Les bailleurs de fonds ont effectivement proposé que si les cours du cacao étaient de 2000 Fcfa par Kg, le paysan pouvait percevoir 1500 Fcfa. Mais, nous sommes loin des prix qui étaient pratiqués avant la libéralisation. Nous constatons une baisse des prix bord champ. Ils sont parfois fixés à 150 Fcfa par Kg. Les multinationales ont les moyens de faire baisser les prix des matières premières. Elles le font avec le pétrole qui est un produit stratégique. Pourquoi pas avec le cacao? Il y a eu un échec avec la signature de l’acte I de la libéralisation par la Côte d’Ivoire. Et nous craignons un plus grand échec avec la libéralisation totale.
Quelles seront les conséquences d’un tel échec?
Les paysans vont devenir de plus en plus pauvres. Nombre d’entre eux vont se détourner de la cacaoculture. Cela fera encore des milliers de chômeurs. C’est dommage pour la Côte d’Ivoire.
C’est étonnant surtout qu’on dit que le succès de ce pays repose sur l’agriculture...
A l’époque de Félix Houphouët Boigny, cela était vrai. Mais, ce n’est plus le cas. A l’époque, le pays et l’Etat tiraient profit de la production et la commercialisation du cacao. Mais depuis quelques années, c’est l’Etat seul qui gagne puisqu’il continue de percevoir le Dus (Ndlr: Droit unique de sortie). Le Dus ne fait qu’augmenter alors que les prix d’achat du cacao ne font que baisser.
Que comptent faire alors les producteurs baoulés si l’accord est signé par la Côte d’Ivoire?
Ils seront devant le fait accompli. Il leur faudrait des syndicats forts pour tenir la route. Les syndicats de producteurs de cacao ne sont, malheureusement, pas forts. Ils sont gérés de façon empirique par des producteurs dont la majorité est analphabète.
Vous ne pouvez donc pas constituer un groupe de pression pour influencer la décision que va prendre l’Etat?
Ce sera difficile car il nous faut de grands moyens. Que pouvons-nous faire face à la puissance de l’Etat. L’Etat est trop fort et les multinationales trop puissantes. C’est le combat de David contre Goliath. Nous n’aurons que nos yeux pour pleurer.
Que préconisez-vous alors?
Il faut que l’Etat soit responsable et qu’il joue son rôle. Il doit améliorer les conditions de vie des paysans et les aider à tirer profit de leurs activités. L’Etat doit nous aider à évoluer et non signer des accords qui vont nous ruiner. Les Etats africains ne font que signer des accords déjà préparés. Ils n’ont aucun moyen pour infléchir sur les termes des accords qu’ils signent. Je souhaite que la Caistab revienne. Le Président Laurent Gbagbo nous a promis, avant qu’il n’accède au pouvoir, de donner la richesse aux paysans. Il ne l’a pas encore fait. Nous lui demandons de respecter sa parole.
Cela ne s’explique-t-il par le fait que les pays africains ne sont pas des transformateurs de matières premières mais uniquement des producteurs?
Nous les Africains ne consommons pas ce que nous produisons.
Pourquoi les producteurs de cacao s’opposent-ils à la signature d’un nouvel accord pour la libéralisation totale du cacao?
Nous craignons l’échec de cet accord. Par le passé, nous avions la Caisse de stabilisation qui est une structure de l’Etat et qui règlementait la production et la commercialisation du café et du cacao. Cela a bien marché jusque dans les années 90 où les multinationales se sont intéressées à la Côte d’Ivoire. Le Fmi et la Banque mondiale, dans le cadre du plan de réajustement structurel, ont exigé la libéralisation du cacao. Cela a été un échec. C’est pourquoi nous pensons que ce nouvel accord sera aussi un échec. Les petits paysans seront dépossédés de leurs terres.
Comment cela est-il possible?
Nous connaissons les méthodes des multinationales. Elles font de la surenchère. Elles vont proposer aux producteurs de baux emphytéotiques de 50 ans et leur faire des propositions alléchantes. Etant plus puissantes que les paysans qui utilisent encore des méthodes archaïques, ils ne pourront que céder leurs terres.
Sont-ils obligés de le faire?
Les multinationales ont beaucoup d’argent. Elles savent faire du marketing. Et les producteurs sont pauvres. Avec les offres alléchantes que celles-ci vont leur offrir, nombre de paysans seront obligés de leur céder leurs terres. Conséquences: les producteurs ne maîtriseront ni la commercialisation, ni la production. Pourtant, ils maîtrisaient la commercialisation au niveau international.
La libéralisation a été pourtant instaurée par les bailleurs de fonds afin que les producteurs perçoivent une grande part du prix mondial. Cela n’a-t-il pas été le cas?
Non. Il y a eu de la spéculation. Au moment où la Caistab existait, les prix étaient garantis. Ils étaient fixés à 400 Fcfa par Kg durant toute la campagne. Les bailleurs de fonds ont effectivement proposé que si les cours du cacao étaient de 2000 Fcfa par Kg, le paysan pouvait percevoir 1500 Fcfa. Mais, nous sommes loin des prix qui étaient pratiqués avant la libéralisation. Nous constatons une baisse des prix bord champ. Ils sont parfois fixés à 150 Fcfa par Kg. Les multinationales ont les moyens de faire baisser les prix des matières premières. Elles le font avec le pétrole qui est un produit stratégique. Pourquoi pas avec le cacao? Il y a eu un échec avec la signature de l’acte I de la libéralisation par la Côte d’Ivoire. Et nous craignons un plus grand échec avec la libéralisation totale.
Quelles seront les conséquences d’un tel échec?
Les paysans vont devenir de plus en plus pauvres. Nombre d’entre eux vont se détourner de la cacaoculture. Cela fera encore des milliers de chômeurs. C’est dommage pour la Côte d’Ivoire.
C’est étonnant surtout qu’on dit que le succès de ce pays repose sur l’agriculture...
A l’époque de Félix Houphouët Boigny, cela était vrai. Mais, ce n’est plus le cas. A l’époque, le pays et l’Etat tiraient profit de la production et la commercialisation du cacao. Mais depuis quelques années, c’est l’Etat seul qui gagne puisqu’il continue de percevoir le Dus (Ndlr: Droit unique de sortie). Le Dus ne fait qu’augmenter alors que les prix d’achat du cacao ne font que baisser.
Que comptent faire alors les producteurs baoulés si l’accord est signé par la Côte d’Ivoire?
Ils seront devant le fait accompli. Il leur faudrait des syndicats forts pour tenir la route. Les syndicats de producteurs de cacao ne sont, malheureusement, pas forts. Ils sont gérés de façon empirique par des producteurs dont la majorité est analphabète.
Vous ne pouvez donc pas constituer un groupe de pression pour influencer la décision que va prendre l’Etat?
Ce sera difficile car il nous faut de grands moyens. Que pouvons-nous faire face à la puissance de l’Etat. L’Etat est trop fort et les multinationales trop puissantes. C’est le combat de David contre Goliath. Nous n’aurons que nos yeux pour pleurer.
Que préconisez-vous alors?
Il faut que l’Etat soit responsable et qu’il joue son rôle. Il doit améliorer les conditions de vie des paysans et les aider à tirer profit de leurs activités. L’Etat doit nous aider à évoluer et non signer des accords qui vont nous ruiner. Les Etats africains ne font que signer des accords déjà préparés. Ils n’ont aucun moyen pour infléchir sur les termes des accords qu’ils signent. Je souhaite que la Caistab revienne. Le Président Laurent Gbagbo nous a promis, avant qu’il n’accède au pouvoir, de donner la richesse aux paysans. Il ne l’a pas encore fait. Nous lui demandons de respecter sa parole.
Cela ne s’explique-t-il par le fait que les pays africains ne sont pas des transformateurs de matières premières mais uniquement des producteurs?
Nous les Africains ne consommons pas ce que nous produisons.