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Art et Culture Publié le vendredi 28 mai 2010 | Le Mandat

Interview/Boklay, artiste chanteur : « Celui qui se hasarde à dire que je suis pédophile, me trouvera sur son chemin »

Ceux qui se souviennent de ‘’Aniaman yako’’, sauront qu’il s’agit de Boklay, ‘’le bobognard’’ , à l’état civil, Yao Kouakou Armel. Il flirte avec la musique depuis l’âge de 13 ans et est natif du centre de la Côte d’Ivoire (Bouaké). Son style musical est le ‘’ragga akpô n’gbô’’ qui est un mélange de reggae-ragga à la sonorité baoulé. Après une longue absence hors du pays, il vient de mettre un autre album sur le marché discographique. Il nous livre ici quelques secrets sur cet opus et sur sa vie musicale.


Pourquoi vous faites-vous appeler ‘’Le Bobognard’’ ?

D’abord mon pseudonyme Boklay a une signification particulière et est la déformation de ‘’Boklin’’. Ce qui signifie en baoulé, ‘’taper le tam-tam’’. ‘’Bobognard’’ parce que les blancs nous ont appelés les noirs et comme je n’ai pas envie de dire que je suis un noir, je dis que je suis un ‘’Bobognard’’ (celui qui se couvre de feuilles).


Depuis combien d’année faites-vous la musique ?

J’ai commencé la musique depuis 1993. Mais de manière professionnelle, c’est en 2001 que j’ai été reconnu par le ministère de la Culture et de la Francophonie, par le Burida (Bureau Ivoirien des Droits d’Auteur), par les instances qui gèrent le milieu musical ivoirien.


Combien d’albums avez-vous à votre actif?

Je suis à mon troisième album. Le premier ‘’Faut y croire’’ sur lequel figure ‘’Aniaman yako’’ est sorti en 2001, le second, ‘’Puisse Dieu’’ sorti en 2004 et le troisième ‘’Amour, paix et lumière’’ sorti vers fin 2009 début 2010.


Pourquoi ‘’Amour, paix et lumière’’ ?

Cet album a été écrit par inspiration à la situation sociopolitique que mon pays traverse. Ces huit dernières années, nous sommes dans une situation de guerre où les choses n’évoluent pas comme souhaités. Je veux donc essayer d’attirer l’attention de tous mes compatriotes, de tous les Ivoiriens, sur l’importance de la paix, l’importance de l’amour. Et en bon croyant, je me dis que là où il y a l’amour, il y a toujours la paix. C’est ce message-là que je veux lancer à travers ‘’Amour, paix et lumière’’.


Après les deux premiers albums, vous avez mis du temps pour revenir sur la scène musicale. Qu’est-ce-qui explique cela ?

Trois album en neuf ans, ce n’est pas aussi mauvais mais il faut dire que mon deuxième album ‘’Puisse Dieu’’ est passé pratiquement inaperçu dans la mesure où quand l’album sortait, j’étais en tournée hors du pays. Donc cet album a manqué de promotion. Comme l’adage dit qu’ « il faut reculer pour mieux sauter », je me suis retiré pour produire quelque chose de sérieux qui peut encore plaire à mes fans. C’est pourquoi le troisième a mis du temps. Nous sommes en train de mettre les bouchées doubles pour la promotion de ce troisième album qui est déjà disponible dans les bacs à cassettes.


Comment se comporte déjà cet opus ?

Il se comporte très bien. Boklay, c’est une marque. Il y a des personnes qui ne jurent que par lui; de sorte que lorsque je sors un album mes nombreux fans n’hésitent pas à réagir. Je peux donc dire que le bilan est positif.


Pour participer aux émissions ‘’Samedi ça me dit’’ et ‘’Tempo’’ pour la promotion d’un album, il faut payer. Pouvez-vous nous dire combien vous donnez à la RTI pour avoir accès à ces émissions ?

Je ne peux pas vous estimer un coût parce que tout cela se trouve dans un package. Vous savez, depuis l’avènement de l’Unartci (Union Nationale des Artistes de Côte d’Ivoire), un partenariat entre elle et la RTI a été signé pour aider les artistes membres de cette structure. Ce partenariat demande que l’Unartci paye une certaine somme pour la promotion de nos œuvres discographiques, de la diffusion de nos clips, des émissions qu’on fait. Donc c’est le package qu’on paye pour participer à ces émissions.


Et combien coûte ce package ?

Je ne peux pas trop me prononcer là-dessus parce que le contrat est rompu et l’Unartci et la direction générale de la RTI sont en train de rediscuter pour voir les réaménagements qu’il faut faire. Je ne sais pas quoi vous dire parce que je ne sais pas où ils en sont.


D’où est venu votre amour pour la musique ?

Je ne dirai pas que je suis un artiste complet mais au fond de mon âme, je le pense parce que tout ce que je touche, je le fais avec passion. Tout ce qui regroupe l’art m’a toujours plu. En l’occurrence, la musique parce qu’avec elle, on a un plus grand audimat. On a un message à faire passer. C’est un métier auquel je crois fortement. Ce qui fait que demain, je peux donner des conseils à d’autres musiciens et les encadrer.


Que faites-vous pour plaire aux mélomanes ?

J’ai décidé de faire la musique, je me donne donc les moyens de bien la faire. Pour cela, j’apprends à interpréter, j’apprends à écrire les chansons, j’apprends à les chanter dans la gamme. Il y a toutes ces étapes mais d’autres les brûlent. Aujourd’hui, cela se ressent dans la musique de plusieurs d’entre nous. Alors qu’on doit faire les choses de manière correcte si l’on veut évoluer. Pourtant, en Afrique, on fait les choses à la ‘’va vite’’ et c’est ce qui nous met en retard. On n’a aucun idéal pour bien faire notre travail, ce sont les raccourcis qui nous intéressent.


Que pensez-vous du ‘’coupé-décalé’’ ?

Je n’ai pratiquement rien contre les faiseurs de ‘’coupé-décalé’’. Ce n’est pas ce genre de musique que j’apprécie. Je suis un artiste qui veut par exemple pouvoir apporter à un festival en Europe, quelque chose. Je veux apporter de la joie, de la consolation à travers mes œuvres, à mes frères et sœurs. Je me demande bien ce qu’il y a comme message dans le ‘’coupé-décalé’’. J’ai opté pour le style reggae-ragga pour pouvoir apporter mes messages au-delà de la musique. Une musique consciente pour des gens conscients, une musique qui permet de réfléchir, une musique qui permet de rêver, de s’évader.


Vous avez dit que vous donnez des spectacles en Europe. Comment est l’accueil avec vos frères Ivoiriens ou Africains artistes que vous rencontrez là-bas ?

L’accueil est beaucoup plus chaleureux parce que nous leur apportons un bout de l’Afrique quand nous y allons. Il faut dire que la diaspora ivoirienne à l’étranger accueille bien leurs frères artistes venant de la Côte d’Ivoire. Il est heureux de retrouver son frère qui vient fraîchement de son pays et sait qu’à travers lui, il pourra avoir les vraies informations de son pays et non des rumeurs, quand il sait que son pays n’a pas encore retrouvé la paix recherchée.


Aujourd’hui, la piratage fait que les artistes n’arrive pas à vivre de leur art. Cela amène certains artistes à s’adonner à l’homosexualité ou à tourner dans des films pornographiques. Est-ce que vous pouvez faire cela si jamais les chiffres de vente de vos CD baissent ?

Le piratage des œuvres de l’esprit entraine aujourd’hui une baisse des rendements pour les artistes. Mais il n’y a pas que ça. L’histoire de l’homosexualité dans le milieu de l’art existe depuis fort longtemps chez les Européens. Mais nous à notre niveau, ce phénomène s’est aggravé, pas à cause du piratage. C’est parce que ces artistes qui s’adonnent à ces pratiques sont des envieux. Cela découle de leur éducation. Ils n’ont pas la culture de l’endurance pour obtenir quelque chose mais de la facilité, de sorte qu’ils sont prêts à se faire humilier à tous les carrefours pour s’acheter un pantalon jean ou une nouvelle chaussure. Ces derniers temps, on a fait des médiocres, les meilleurs. Me concernant, je le dis franchement haut et fort. Si les femmes manquent dans ce monde, je préfère rester chaste.


Est-ce à dire que vous êtes contre ceux qui ont emprunté cette voie ?

Je retiens quelque chose du passage de Jésus Christ sur la terre. Il nous a légué comme héritage, l’amour du prochain. Alors, celui qui veut être homosexuel, c’est son problème. Je n’ai pas à le juger, je n’ai rien à lui dire, je n’ai aucun conseil à lui donner mais qu’il ne cherche pas à me mettre dans son affaire. Moi, j’aime les femmes.


Et si des rumeurs font état de ce que vous êtes homosexuel, quel sera votre réaction ?

Personne ne viendra s’arrêter aujourd’hui devant moi pour dire que je suis homo. Celui qui se hasarde à faire cela, me trouvera sur son chemin parce que c’est une atteinte à mon honneur, à mon intégrité et à ma dignité. Ce sont des choses que je ne fais pas, que je ne conçois pas. Donc qu’on ne me colle pas cette étiquette.


Quels sont vos projets à court et long termes ?

Parlant de projets à court termes, je suis en pleine promotion de mon album et nous prévoyons un tour Boklay un peu dans la cité d’Abidjan en live et en semi-live. A long terme, c’est un ou plusieurs concerts à l’intérieur du pays, et après, suivront les autres choses.


Votre mot de fin

Je dis à tous mes fans que c’est le grand retour de Boklay et que l’album est déjà disponible dans les bacs ‘’Amour, paix et lumière’’. ‘’Amour, paix et lumière’’, c’est tout le mal que je peux souhaiter à la Côte d’Ivoire. Aux autorités, je leur demande d’avoir pitié de nous. Nous n’avons rien fait. Nous n’arrivons pas à manger, nous n’arrivons pas à nous vêtir, nous n’arrivons pas à nous soigner, c’est déjà suffisant. Mais vivre dans une insécurité mentale, c'est-à-dire quand tu dors et que tu te réveille, tu te dis que du jour au lendemain, quelque chose peut arriver à ce pays, franchement, qu’ils arrêtent avec ça. Nous avons l’incertitude comme compagnon de tous les jours. S’ils veulent leur fauteuil présidentiel, qu’ils fassent leurs querelles ailleurs. Nous sommes fatigués des augmentations des prix sur le marché et des nombreuses grèves. Nous vous aimons beaucoup, vous les hommes politiques en tant qu’êtres humains et nous voulons que vous nous considériez comme des êtres humains et non comme du bétail électoral.


Réalisée par Adèle Kouadio
kadele2007@yahoo.fr
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