Projetée sous le feu des projecteurs à la faveur du dernier conclave des Forces nouvelles (Fn) à Bouaké qui l’a désignée porte-parole du mouvement, Me Affoussy Bamba a séduit plus d’un, dès sa première sortie. Si pour les uns, c’est la pertinence de ses propos qui attire, les autres ont été subjugués par sa beauté et son élégance. « La nouvelle porte-parole des Fn ne me laisse pas indifférent », s’est exclamé quequ’un. D’où vient-elle ? Qu’est-ce qui l’a amené à la politique surtout, à rejoindre un groupe armé ? Portrait d’Affoussy (dérivé d’Hafsatou, qui signifie en arabe, la lionne).
Dans son bureau de la Primature, Affoussy Bamba est aussi ravissante qu’à l’accoutumée, dans son ensemble tailleur, marron-clair, cousu dans du lin tissé. En guise de bouton, le veston est retenu devant par deux pinces. Une paire de chaussures d’un marron également foncé, piqué de fil beige, accompagne l’ensemble. Des bijoux de couleur or, parachèvent la symphonie. Divinement conforme à son style B.c.b.g. « Le vêtement pour moi, revêt une double signification. C’est d’abord l’image que je projette. Il démontre mon sérieux, le respect que j’ai pour l’autre. Mais c’est également un plaisir parce que j’aime m’habiller », confie-t-elle. Pas étonnant que le père de ses deux filles de quatre ans et demi et deux ans et demi soit tombé sous son charme. Depuis, il partage sa vie.
Révélée par le conclave des FN
C’est le dernier conclave des Forces nouvelles à Bouaké qui a révélé Affoussy Bamba à la grande partie de l’opinion nationale. Certains ont vite fait de voir dans sa nomination, l’arrivée d’une inconnue dans les instances de décisions de l’équipe de Guillaume Soro. Propos qu’elle bat en brèche. La porte-parole confie qu’elle est avec les Fn depuis le début du mouvement. Elle a participé à la préparation de l’accord de Linas Marcoussis en étant en France. Après les négociations, elle est rentrée à Bouaké avec la délégation de l’ex-rébellion où elle a participé à toutes les importantes manifestations des Fn. L’avocate au barreau de Paris est depuis 2003, le conseiller juridique du mouvement et conseillère spéciale de Guillaume Soro depuis son arrivée à la Primature en 2007. « Que les gens ne me connaissent pas, relève du fait que je suis quelqu’un qui, de nature, est réservée. Je ne me mets pas automatiquement en avant », explique-t-elle. Et d’ajouter que le Premier ministre qui « ne fait rien au hasard », ne l’aurait pas désignée au poste de porte-parole, si elle n’avait pas été présente depuis le début. Un fait semble lui donner raison. Les témoignages relatifs aux émissions et meetings où elle a défendu les positions des Fn. L’émission qui a le plus fait tache d’huile parmi ses sorties-télé est le débat intitulé « Rideau rouge », organisé en février 2003 en France, en marge du sommet France-Afrique, regroupant les chefs d’Etat africains et le chef d’Etat français. Les présidents Abdoulaye Wade du Sénégal et Amadou Toumani Touré (ATT) du Mali étaient présents sur le plateau. Un commentaire sur la légitimité du président Gbagbo avait provoqué le courroux du camp présidentiel. «Ce qui se passe en Côte d’Ivoire est le reflet de ce qui se fait dans toute l’Afrique. C’est un problème de démocratie. On s’attaque aux conséquences en ignorant les causes. C’est ce qui nous a conduits à la crise de septembre 2002 ». Et, «reprenant les propos de Laurent Gbagbo qui disait qu’il a été élu à l’issue d’élections calamiteuse, j’ai dit que s’il y a eu des élections calamiteuses, c’est que la démocratie n’a pas été appliquée.
Avec les FN depuis le début
Et qu’il fallait travailler pour corriger cela ». Tollé dans la refondation. A la fin de l’émission, ATT l’approche : « Le président ATT m’a dit : Ah, c’est toi ? Mais tu parles beaucoup. Il fallait que je te voie. On m’a dit que tu es du Nord. Et il a ajouté que les filles du Nord ne parlent pas comme cela, en général. Et je lui ai répondu que je suis du Nord, mais je suis un peu bété puisque je viens de Daloa. Il a dit tu es donc de l’ethnie du président alors ! ».Les difficultés dans la lutte, elle en a connu. Comme ce jour où elle se rend au palais présidentiel pour faire signer le décret portant modification de la Radiodiffusion télévision ivoirienne. Elle représentait le ministre de la communication d’alors, l’actuel Premier ministre. « Lorsque j’ai commencé à monter les marches du palais, les soldats qui étaient arrêtés là, disaient à mon passage « assaillante, assaillante ». J’étais avec le conseiller du Pm, Seydou Diarra qui m’encourageait à continuer. Je suis allée dans la pièce. J’ai discuté avec le président. Et à la sortie, au moment de répondre aux questions des journalistes, les militaires sont revenus et ont repris les mêmes propos. J’ai parlé quand même malgré les fusils pointés vers moi », se souvient-elle. Pour résister à la pression, il a fallu certes, du courage, mais aussi le soutien de son compagnon : « L’engagement politique, c’est difficile. Il n’est pas facile de le concilier avec la vie de famille. C’est parce qu’il (son mari) est compréhensif ». A cela, s’ajoute une dose de foi puisée de sa croyance musulmane.
La présence d’Affoussy dans l’ex-rébellion n’étonne guère son amie d’enfance, Mme Yacé Marie-Paule. « Depuis son jeune âge, elle n’a jamais aimée l’injustice. Il arrivait qu’elle sorte de ses gonds pour une affaire qui ne la concerne pas. Simplement parce qu’elle la jugeait injuste », se souvient-elle. En sorte que son engagement au sein des Forces nouvelles lui apparaît légitime. « En outre, ajoute-t-elle, je dirais que c’est une personne loyale ».
A en croire l’avocate, c’est justement cela qui explique son engagement aux côtés des Forces nouvelles : « J’estimais qu’une partie de la population était injustement spoliée de sa nationalité ».
Les amis pas surpris par son engagement
Le porte-parole de la Commission électorale indépendante (Cei), Bamba Yacouba, son cousin, parle de quelqu’un qui a toujours foncé et qui était toujours prête à se battre pour ses convictions. Mme Pétula Bamba met, quant à elle, l’accent sur une personne « ambitieuse et déterminée ». Qui plus a « un grand cœur ». Affoussy, la fille de Bamba Moriféré et de Tiéné Mariam, originaire de Séguéla, est née et a grandi à Abidjan. Ses parents lui ont transmis les valeurs qu’ils incarnent : une mère très forte de caractère, très passionnée et un papa amoureux de la politique. Affou (comme l’appelle ses intimes) a fait son cycle primaire à l’internat à Bonoua. Ensuite, elle a été à l’internat Notre Dame du Plateau jusqu’à la classe de première avant d’aller en France. Là-bas, elle obtint son Doctorat en droit comparé en 1999 et le Certificat d’aptitude à la profession d’avocat (Capa) en 2000. Derniers jets de pinceau au tableau, ces détails qui permettront de mieux percer le mystère qui se cache dans le regard de la Mona Lisa des Forces nouvelles : « Ma couleur préférée, c’est le marron. Toutes les déclinaisons du marron. Le beige, le marron foncé, le blanc cassé. Ce que j’aime en quelqu’un, c’est l’humilité, la loyauté et le respect de la parole. J’y tiens plus qu’à l’écrit. Ce que je n’aime pas, c’est le manque de loyauté, les gens qui ne respectent rien, pas seulement la parole donnée. Je ne supporte pas les personnes qui se mettent en avant. J’estime que dans la vie, il faut rester humble et respecter autrui pour ce qu’il est. J’aime beaucoup le cheval parce qu’il y a une forme de liberté en lui. Je tiens à la liberté, j’aime la liberté. La liberté de l’être humain est très importante. Je fais souvent du cheval, mais je n’en ai pas. J’aimerais en avoir. J’adore manger l’attiéké. Je suis une gourmande mais par les yeux. Je préfère regarder les mets mais je ne mange pas assez : j’ai un appétit de moineau. J’aime rire. Les gens disent de moi que je souris beaucoup et en même temps que je suis sérieuse. C’est vrai. Pour moi, la vie représente deux facettes. Il ne faut pas être d’un seul côté. Mes comédiens préférés ici, ce sont Adama Dahico et Akissi Delta. Elle, pour la qualité de ses productions et aussi parce qu’elle a réussi à partir de rien. Une sorte de self-made woman ».
Bamba K. Inza
Dans son bureau de la Primature, Affoussy Bamba est aussi ravissante qu’à l’accoutumée, dans son ensemble tailleur, marron-clair, cousu dans du lin tissé. En guise de bouton, le veston est retenu devant par deux pinces. Une paire de chaussures d’un marron également foncé, piqué de fil beige, accompagne l’ensemble. Des bijoux de couleur or, parachèvent la symphonie. Divinement conforme à son style B.c.b.g. « Le vêtement pour moi, revêt une double signification. C’est d’abord l’image que je projette. Il démontre mon sérieux, le respect que j’ai pour l’autre. Mais c’est également un plaisir parce que j’aime m’habiller », confie-t-elle. Pas étonnant que le père de ses deux filles de quatre ans et demi et deux ans et demi soit tombé sous son charme. Depuis, il partage sa vie.
Révélée par le conclave des FN
C’est le dernier conclave des Forces nouvelles à Bouaké qui a révélé Affoussy Bamba à la grande partie de l’opinion nationale. Certains ont vite fait de voir dans sa nomination, l’arrivée d’une inconnue dans les instances de décisions de l’équipe de Guillaume Soro. Propos qu’elle bat en brèche. La porte-parole confie qu’elle est avec les Fn depuis le début du mouvement. Elle a participé à la préparation de l’accord de Linas Marcoussis en étant en France. Après les négociations, elle est rentrée à Bouaké avec la délégation de l’ex-rébellion où elle a participé à toutes les importantes manifestations des Fn. L’avocate au barreau de Paris est depuis 2003, le conseiller juridique du mouvement et conseillère spéciale de Guillaume Soro depuis son arrivée à la Primature en 2007. « Que les gens ne me connaissent pas, relève du fait que je suis quelqu’un qui, de nature, est réservée. Je ne me mets pas automatiquement en avant », explique-t-elle. Et d’ajouter que le Premier ministre qui « ne fait rien au hasard », ne l’aurait pas désignée au poste de porte-parole, si elle n’avait pas été présente depuis le début. Un fait semble lui donner raison. Les témoignages relatifs aux émissions et meetings où elle a défendu les positions des Fn. L’émission qui a le plus fait tache d’huile parmi ses sorties-télé est le débat intitulé « Rideau rouge », organisé en février 2003 en France, en marge du sommet France-Afrique, regroupant les chefs d’Etat africains et le chef d’Etat français. Les présidents Abdoulaye Wade du Sénégal et Amadou Toumani Touré (ATT) du Mali étaient présents sur le plateau. Un commentaire sur la légitimité du président Gbagbo avait provoqué le courroux du camp présidentiel. «Ce qui se passe en Côte d’Ivoire est le reflet de ce qui se fait dans toute l’Afrique. C’est un problème de démocratie. On s’attaque aux conséquences en ignorant les causes. C’est ce qui nous a conduits à la crise de septembre 2002 ». Et, «reprenant les propos de Laurent Gbagbo qui disait qu’il a été élu à l’issue d’élections calamiteuse, j’ai dit que s’il y a eu des élections calamiteuses, c’est que la démocratie n’a pas été appliquée.
Avec les FN depuis le début
Et qu’il fallait travailler pour corriger cela ». Tollé dans la refondation. A la fin de l’émission, ATT l’approche : « Le président ATT m’a dit : Ah, c’est toi ? Mais tu parles beaucoup. Il fallait que je te voie. On m’a dit que tu es du Nord. Et il a ajouté que les filles du Nord ne parlent pas comme cela, en général. Et je lui ai répondu que je suis du Nord, mais je suis un peu bété puisque je viens de Daloa. Il a dit tu es donc de l’ethnie du président alors ! ».Les difficultés dans la lutte, elle en a connu. Comme ce jour où elle se rend au palais présidentiel pour faire signer le décret portant modification de la Radiodiffusion télévision ivoirienne. Elle représentait le ministre de la communication d’alors, l’actuel Premier ministre. « Lorsque j’ai commencé à monter les marches du palais, les soldats qui étaient arrêtés là, disaient à mon passage « assaillante, assaillante ». J’étais avec le conseiller du Pm, Seydou Diarra qui m’encourageait à continuer. Je suis allée dans la pièce. J’ai discuté avec le président. Et à la sortie, au moment de répondre aux questions des journalistes, les militaires sont revenus et ont repris les mêmes propos. J’ai parlé quand même malgré les fusils pointés vers moi », se souvient-elle. Pour résister à la pression, il a fallu certes, du courage, mais aussi le soutien de son compagnon : « L’engagement politique, c’est difficile. Il n’est pas facile de le concilier avec la vie de famille. C’est parce qu’il (son mari) est compréhensif ». A cela, s’ajoute une dose de foi puisée de sa croyance musulmane.
La présence d’Affoussy dans l’ex-rébellion n’étonne guère son amie d’enfance, Mme Yacé Marie-Paule. « Depuis son jeune âge, elle n’a jamais aimée l’injustice. Il arrivait qu’elle sorte de ses gonds pour une affaire qui ne la concerne pas. Simplement parce qu’elle la jugeait injuste », se souvient-elle. En sorte que son engagement au sein des Forces nouvelles lui apparaît légitime. « En outre, ajoute-t-elle, je dirais que c’est une personne loyale ».
A en croire l’avocate, c’est justement cela qui explique son engagement aux côtés des Forces nouvelles : « J’estimais qu’une partie de la population était injustement spoliée de sa nationalité ».
Les amis pas surpris par son engagement
Le porte-parole de la Commission électorale indépendante (Cei), Bamba Yacouba, son cousin, parle de quelqu’un qui a toujours foncé et qui était toujours prête à se battre pour ses convictions. Mme Pétula Bamba met, quant à elle, l’accent sur une personne « ambitieuse et déterminée ». Qui plus a « un grand cœur ». Affoussy, la fille de Bamba Moriféré et de Tiéné Mariam, originaire de Séguéla, est née et a grandi à Abidjan. Ses parents lui ont transmis les valeurs qu’ils incarnent : une mère très forte de caractère, très passionnée et un papa amoureux de la politique. Affou (comme l’appelle ses intimes) a fait son cycle primaire à l’internat à Bonoua. Ensuite, elle a été à l’internat Notre Dame du Plateau jusqu’à la classe de première avant d’aller en France. Là-bas, elle obtint son Doctorat en droit comparé en 1999 et le Certificat d’aptitude à la profession d’avocat (Capa) en 2000. Derniers jets de pinceau au tableau, ces détails qui permettront de mieux percer le mystère qui se cache dans le regard de la Mona Lisa des Forces nouvelles : « Ma couleur préférée, c’est le marron. Toutes les déclinaisons du marron. Le beige, le marron foncé, le blanc cassé. Ce que j’aime en quelqu’un, c’est l’humilité, la loyauté et le respect de la parole. J’y tiens plus qu’à l’écrit. Ce que je n’aime pas, c’est le manque de loyauté, les gens qui ne respectent rien, pas seulement la parole donnée. Je ne supporte pas les personnes qui se mettent en avant. J’estime que dans la vie, il faut rester humble et respecter autrui pour ce qu’il est. J’aime beaucoup le cheval parce qu’il y a une forme de liberté en lui. Je tiens à la liberté, j’aime la liberté. La liberté de l’être humain est très importante. Je fais souvent du cheval, mais je n’en ai pas. J’aimerais en avoir. J’adore manger l’attiéké. Je suis une gourmande mais par les yeux. Je préfère regarder les mets mais je ne mange pas assez : j’ai un appétit de moineau. J’aime rire. Les gens disent de moi que je souris beaucoup et en même temps que je suis sérieuse. C’est vrai. Pour moi, la vie représente deux facettes. Il ne faut pas être d’un seul côté. Mes comédiens préférés ici, ce sont Adama Dahico et Akissi Delta. Elle, pour la qualité de ses productions et aussi parce qu’elle a réussi à partir de rien. Une sorte de self-made woman ».
Bamba K. Inza