Laurent Gbagbo n’en veut pas à Sarkozy mais Sarkozy subit son mécontentement. Ainsi donc, le chef de l’Etat refuse de se rendre à l’invitation du chef de l’Etat français. Alors que le président français a choisi dès son arrivée de positiver et de faire table rase sur le passé, Laurent Gbagbo estime qu’il faut discuter et solder le contentieux lié à la gestion de la crise ivoirienne par Jacques Chirac et Dominique de Villepin. Mais au fond de quoi s’agit-il et que reproche le numéro un ivoirien à la France, à Chirac et à Villepin ? Laurent Gbagbo reproche à la France d’avoir refusé de reconnaître que la rébellion était une attaque contre l’intégrité territoriale de la Côte d’Ivoire, et d’avoir pour cette raison, refusé d’appliquer les accords de défense pour aider un régime démocratiquement élu. Pour cette raison, Laurent Gbagbo a toujours été convaincu que la main des services français est derrière le coup de la rébellion contre son régime qui aurait été emporté n’eût été la résistance populaire et patriotique venue au secours des revers enregistrés sur le plan militaire. Par la suite, Chirac et Villepin ont tenté de briser politiquement, psychologiquement, et diplomatiquement Laurent Gbagbo. Chirac et Villepin sont partis mais Laurent Gbagbo n’a pas oublié et n’a pas encore pardonné. Trois ans après l’arrivée de Nicolas Sarkozy, et en dépit des gages donnés par lui, le contentieux semble encore lourd. Le chef de l’Etat ivoirien disait n’avoir rien contre la France, mais plutôt contre Chirac et Villepin. Toutefois en boudant Nice et le rendez-vous du cinquantenaire en Juillet, ne fait-il pas trop cher payer à Sarkozy les bourdes de ses prédécesseurs ? Assurément il est encore possible de changer même si c’est la France qui décide de ce qui se passe en Côte d’Ivoire. De plus pour avoir fait le dialogue direct avec les ex-rebelles alors soutenus par Chirac et Villepin, le chef de l’Etat ivoirien a montré qu’il sait aller au delà des considérations du moi, pour sauvegarder l’essentiel. C’est d’ailleurs en cela qu’il faut percevoir la désignation de Fologo, un francophile pour le représenter à Nice. Alors qu’il aurait pu totalement bouder la rencontre et y envoyer juste l’ambassadeur en France ou le ministre des Affaires étrangères, Laurent Gbagbo a dépêché LDF qui le soutien certes, mais qui n’est pas du tout connu pour être anti-français. Et qui a d’ailleurs une épouse d’origine française.
Charles Kouassi
Charles Kouassi