A quelques semaines des examens de fin d'année, que les non-voyants vont affronter au même titre que les autres, le directeur de l'Institut des aveugles se fait du souci pour ses poulains.
• M. le directeur, c'est bientôt les examens de fin d'année, comment les non-voyants affronteront-ils les épreuves ?
Disons qu'à ce jour, nous avons des candidats dans presque tous les examens de fin d'année. Le Bac, le Bepc, le Cepe et l'entrée en sixième. Au Bac, nous avons 16 candidats, et l'examen a lieu du 22 au 26 juin, pour les oraux, du 29 au 2 juillet, pour les écrits. Concernant le Cepe et l'entrée en sixième, nous avons 15 candidats. Les écrits auront lieu le 10 juillet. Au Bepc, nous avons 13 candidats, et les oraux se feront du 7 au 10, les écrits, du 13 au 14 juillet. Il y a quelques candidats qui nous viennent de Toumodi. Il y a une école dans cette ville qui a été créée par l'association des non-voyants avec l'aide de l'Etat. Ils ont en tout 9 candidats qui viendront de là-bas cette année. Toutefois, nous n'avons pas encore leur répartition.
• Vos candidats rencontrent-ils des difficultés pendant les examens de fin d'année ?
Oui. Il y a le manque de feuille braille que nous avons demandée à l'Ong Handicap ivoire solidarité. (Cette Ong vient d'offrir 4.000 feuilles brailles à l'Institut). C'est pour que nos candidats puissent préparer les examens. Nous n'avons pas de cahier, de stylos, d'ardoise, etc. Les non-voyants n'ont que ces brailles pour faire leurs épreuves. Sans feuille braille, ils ne peuvent rien faire. D'où leur importance pour préparer les examens. Mais, au-delà de la préparation des examens, il y a l'organisation de ces examens. Car , c'est toute une organisation qu'il faut mettre en place. Quand un élève doit composer dans une matière, il faut transcrire le sujet. C'est-à-dire, mettre le sujet qui est en noir, en braille. Quand l'enfant finit de composer, il faut ensuite mettre ce qu'il a fait en braille, en noir. C'est le décodage. Donc, il y a une équipe de transcription pour mettre du noir en braille et une équipe de décodage pour mettre du braille en noir. Puisque le décodage a lieu sur la feuille braille et que ce n'est pas ce que les examinateurs vont corriger, il y a alors une troisième équipe qu'on appelle l'équipe des copistes. Chaque candidat est représenté par un copiste pour ne pas que les écritures se ressemblent. Chaque copiste va recopier tous les devoirs du même candidat, du début jusqu'à la fin des examens. Chaque feuille d'examen du non-voyant sera ensuite introduite dans le lot des feuilles des voyants. A la fin du système, vous ne saurez pas faire la différence entre la feuille d'un non-voyant et celle d'un voyant. Dans les matières scientifiques, puisque nos enfants ne voient pas, il faut ce que nous appelons des secrétaires. Le candidat a besoin d'un professeur de mathématiques, si c'est une matière scientifique. Parce que si vous prenez un littéraire que l'enfant lui dicte : 'f' rond ''G'', par exemple, le secrétaire ne saura pas comment l'écrire si ce n'est pas un scientifique. Il doit recopier exactement ce que l'enfant lui demande d'écrire. Avec toute cette organisation, si l'enfant est mal encadré, cela va rejaillir sur le résultat. C'est ce gros problème d'encadrement que nous avons pendant les examens.
• Il y a donc des difficultés dans toute cette organisation mise autour de l'enfant non-voyant ?
Oui. Il y a des pépins parfois. Mais chacun fait ce qu'il peut. Nous avons les techniciens, mais c'est le ministère de l'Education nationale qui organise les examens. Donc à leur niveau, ils ont leur organisation. Nous leur apportons notre encadrement technique. Nous faisons des réunions avec les Dren, pour sensibiliser tous les encadreurs qui vont encadrer les non-voyants pendant les examens. Nous avons fait la mise au point lors d'une réunion en juin. Nos candidats seront au collège moderne du Plateau. Parce que s'ils sont dispersés, on ne pourra pas les encadrer.
• Avec toute cette structure, est-ce que le candidat non-voyant ne subit pas une injustice pendant les examens ? À la fin, a-t-il les mêmes chances que les autres candidats voyants ?
C'est vrai que nous pouvons commettre des erreurs, nous sommes des humains. Mais nous voulons leur donner les mêmes chances de réussite que les autres candidats.
• Quel est le taux de réussite des non-voyants qui composent ces différents examens ?
L'année dernière, nous étions au-dessus de la moyenne nationale. Nous n'avons pas trop de candidats. Nous avion sept candidats au Bac et nous avons eu quatre admis. On peut parler de 60% de taux de réussite. Au Cepe aussi, nous avions quatre sur sept, mais à l'entrée en sixième nous avons eu un sur cinq. Il y a deux qui étaient des candidats libres. Même s'ils avaient eu 400 points, ils ne seraient pas orientés.
• A part les difficultés au niveau des examens, peut-on dire que l'Institut des aveugles se porte bien ?
Les besoins sont immenses. C'est une école qui a aujourd'hui 36 ans. Les bâtiments sont vieillissants. Allez faire un tour dans les toilettes. Nous avons une trentaine de Wc pour les enfants, mais ce sont des Wc avec des mécanismes à tirer. Il faut tirer la chasse d'eau. Alors, quand le mécanisme se décroche, le non-voyant pense que c'est gâté. Ce ne sont pas des Wc adaptés à leur situation. Il faut des Wc avec les boutons poussoirs. Nous en avons demandé le prix, on nous a dit que l'unité coûte 38 mille Fcfa. Nous avons besoin d'une vingtaine, ne serait-ce que pour les collégiens et le primaire. Les valides peuvent se débrouiller. Dans les douches, les colonnes ou les robinets sont foutus. L'état des portes est déplorable. Les vachettes sont gâtées, les poignée sont démontées. Or, les enfant non-voyants font tout de façon tactile. Il y a aussi l'installation électrique qui a été bâclée. Des fils traînent partout. Pour des non-voyants, c'est dangereux. L'école a besoin d'un coup de pouce. Parce que tous ceux qui ont été formés ici, travaillent aujourd'hui. Car, il y a la loi d'orientation des personnes handicapées prise en 1998, même si elle n'est appliquée qu'à travers le recrutement dérogatoire à la fonction publique.
• Nous avons remarqué d'excellents chanteurs ici. Qu'en est-il de l'orchestre des aveugles?
L'orchestre a fait les beaux jours de l'institut. Aujourd'hui malheureusement, cet orchestre a disparu. À la suite d'une grève en 1996, l'orchestre a été cassé, chacun est parti avec un instrument de musique. Soit un tambour, une guitare. Ce n'est qu'un épiphénomène. Nous avons mis sur pied une chorale qui est plus excellente que l'orchestre. Cependant, nous avons un projet pour reprendre les activités de l'orchestre des aveugles.
Interview réalisée par Raphaël Tanoh
Bien-être des enfants
Dominique Ouattara aux côtés des puéricultrices
Le développement harmonieux d'un enfant nécessite la présence d'une puéricultrice ou technicienne de la petite enfance à ses côtés. Devient puéricultrice, une sage-femme ou infirmière qui suit des études spéciales pendant 24 mois, afin de maîtriser la délicatesse et l'exigence du suivi d'un enfant. Lequel a besoin de tendresse et d'amour. Sensible à la noblesse de ce métier, la présidente de l'Ong Children of Africa, Dominique Ouattara, a parrainé la promotion 2007-2009 des puéricultrices. La sortie officielle a eu lieu, samedi, dans les locaux de l'Institut national de la santé public à Adjamé. « Mamans amour », nom de baptême de la promotion sortante, a passé le flambeau aux « mamans développement». La présidente de promotion, Simone Kouman, a montré l'importance de la puéricultrice en milieu hospitalier et en garderie d'enfants. Et ceci, devant la pionnière de la profession en Côte d'Ivoire, le professeur Timité Konan Marguerite et le maire d'Adjamé Youssouf Sylla. Dominique Ouattara a félicité ses filleules : « en choisissant ce métier, vous vous êtes assigné pour mission d'accompagner les tout- petits dans leurs premiers pas. Vous apportez aux familles les doses d'amour, de tendresse et de savoir-faire ». A la fin de la cérémonie, la présidente de Children of Africa a offert un pagne wax à chacune des femmes présentes à la cérémonie, en guise de cadeau pour la fête des mères.
Nesmon De Laure
• M. le directeur, c'est bientôt les examens de fin d'année, comment les non-voyants affronteront-ils les épreuves ?
Disons qu'à ce jour, nous avons des candidats dans presque tous les examens de fin d'année. Le Bac, le Bepc, le Cepe et l'entrée en sixième. Au Bac, nous avons 16 candidats, et l'examen a lieu du 22 au 26 juin, pour les oraux, du 29 au 2 juillet, pour les écrits. Concernant le Cepe et l'entrée en sixième, nous avons 15 candidats. Les écrits auront lieu le 10 juillet. Au Bepc, nous avons 13 candidats, et les oraux se feront du 7 au 10, les écrits, du 13 au 14 juillet. Il y a quelques candidats qui nous viennent de Toumodi. Il y a une école dans cette ville qui a été créée par l'association des non-voyants avec l'aide de l'Etat. Ils ont en tout 9 candidats qui viendront de là-bas cette année. Toutefois, nous n'avons pas encore leur répartition.
• Vos candidats rencontrent-ils des difficultés pendant les examens de fin d'année ?
Oui. Il y a le manque de feuille braille que nous avons demandée à l'Ong Handicap ivoire solidarité. (Cette Ong vient d'offrir 4.000 feuilles brailles à l'Institut). C'est pour que nos candidats puissent préparer les examens. Nous n'avons pas de cahier, de stylos, d'ardoise, etc. Les non-voyants n'ont que ces brailles pour faire leurs épreuves. Sans feuille braille, ils ne peuvent rien faire. D'où leur importance pour préparer les examens. Mais, au-delà de la préparation des examens, il y a l'organisation de ces examens. Car , c'est toute une organisation qu'il faut mettre en place. Quand un élève doit composer dans une matière, il faut transcrire le sujet. C'est-à-dire, mettre le sujet qui est en noir, en braille. Quand l'enfant finit de composer, il faut ensuite mettre ce qu'il a fait en braille, en noir. C'est le décodage. Donc, il y a une équipe de transcription pour mettre du noir en braille et une équipe de décodage pour mettre du braille en noir. Puisque le décodage a lieu sur la feuille braille et que ce n'est pas ce que les examinateurs vont corriger, il y a alors une troisième équipe qu'on appelle l'équipe des copistes. Chaque candidat est représenté par un copiste pour ne pas que les écritures se ressemblent. Chaque copiste va recopier tous les devoirs du même candidat, du début jusqu'à la fin des examens. Chaque feuille d'examen du non-voyant sera ensuite introduite dans le lot des feuilles des voyants. A la fin du système, vous ne saurez pas faire la différence entre la feuille d'un non-voyant et celle d'un voyant. Dans les matières scientifiques, puisque nos enfants ne voient pas, il faut ce que nous appelons des secrétaires. Le candidat a besoin d'un professeur de mathématiques, si c'est une matière scientifique. Parce que si vous prenez un littéraire que l'enfant lui dicte : 'f' rond ''G'', par exemple, le secrétaire ne saura pas comment l'écrire si ce n'est pas un scientifique. Il doit recopier exactement ce que l'enfant lui demande d'écrire. Avec toute cette organisation, si l'enfant est mal encadré, cela va rejaillir sur le résultat. C'est ce gros problème d'encadrement que nous avons pendant les examens.
• Il y a donc des difficultés dans toute cette organisation mise autour de l'enfant non-voyant ?
Oui. Il y a des pépins parfois. Mais chacun fait ce qu'il peut. Nous avons les techniciens, mais c'est le ministère de l'Education nationale qui organise les examens. Donc à leur niveau, ils ont leur organisation. Nous leur apportons notre encadrement technique. Nous faisons des réunions avec les Dren, pour sensibiliser tous les encadreurs qui vont encadrer les non-voyants pendant les examens. Nous avons fait la mise au point lors d'une réunion en juin. Nos candidats seront au collège moderne du Plateau. Parce que s'ils sont dispersés, on ne pourra pas les encadrer.
• Avec toute cette structure, est-ce que le candidat non-voyant ne subit pas une injustice pendant les examens ? À la fin, a-t-il les mêmes chances que les autres candidats voyants ?
C'est vrai que nous pouvons commettre des erreurs, nous sommes des humains. Mais nous voulons leur donner les mêmes chances de réussite que les autres candidats.
• Quel est le taux de réussite des non-voyants qui composent ces différents examens ?
L'année dernière, nous étions au-dessus de la moyenne nationale. Nous n'avons pas trop de candidats. Nous avion sept candidats au Bac et nous avons eu quatre admis. On peut parler de 60% de taux de réussite. Au Cepe aussi, nous avions quatre sur sept, mais à l'entrée en sixième nous avons eu un sur cinq. Il y a deux qui étaient des candidats libres. Même s'ils avaient eu 400 points, ils ne seraient pas orientés.
• A part les difficultés au niveau des examens, peut-on dire que l'Institut des aveugles se porte bien ?
Les besoins sont immenses. C'est une école qui a aujourd'hui 36 ans. Les bâtiments sont vieillissants. Allez faire un tour dans les toilettes. Nous avons une trentaine de Wc pour les enfants, mais ce sont des Wc avec des mécanismes à tirer. Il faut tirer la chasse d'eau. Alors, quand le mécanisme se décroche, le non-voyant pense que c'est gâté. Ce ne sont pas des Wc adaptés à leur situation. Il faut des Wc avec les boutons poussoirs. Nous en avons demandé le prix, on nous a dit que l'unité coûte 38 mille Fcfa. Nous avons besoin d'une vingtaine, ne serait-ce que pour les collégiens et le primaire. Les valides peuvent se débrouiller. Dans les douches, les colonnes ou les robinets sont foutus. L'état des portes est déplorable. Les vachettes sont gâtées, les poignée sont démontées. Or, les enfant non-voyants font tout de façon tactile. Il y a aussi l'installation électrique qui a été bâclée. Des fils traînent partout. Pour des non-voyants, c'est dangereux. L'école a besoin d'un coup de pouce. Parce que tous ceux qui ont été formés ici, travaillent aujourd'hui. Car, il y a la loi d'orientation des personnes handicapées prise en 1998, même si elle n'est appliquée qu'à travers le recrutement dérogatoire à la fonction publique.
• Nous avons remarqué d'excellents chanteurs ici. Qu'en est-il de l'orchestre des aveugles?
L'orchestre a fait les beaux jours de l'institut. Aujourd'hui malheureusement, cet orchestre a disparu. À la suite d'une grève en 1996, l'orchestre a été cassé, chacun est parti avec un instrument de musique. Soit un tambour, une guitare. Ce n'est qu'un épiphénomène. Nous avons mis sur pied une chorale qui est plus excellente que l'orchestre. Cependant, nous avons un projet pour reprendre les activités de l'orchestre des aveugles.
Interview réalisée par Raphaël Tanoh
Bien-être des enfants
Dominique Ouattara aux côtés des puéricultrices
Le développement harmonieux d'un enfant nécessite la présence d'une puéricultrice ou technicienne de la petite enfance à ses côtés. Devient puéricultrice, une sage-femme ou infirmière qui suit des études spéciales pendant 24 mois, afin de maîtriser la délicatesse et l'exigence du suivi d'un enfant. Lequel a besoin de tendresse et d'amour. Sensible à la noblesse de ce métier, la présidente de l'Ong Children of Africa, Dominique Ouattara, a parrainé la promotion 2007-2009 des puéricultrices. La sortie officielle a eu lieu, samedi, dans les locaux de l'Institut national de la santé public à Adjamé. « Mamans amour », nom de baptême de la promotion sortante, a passé le flambeau aux « mamans développement». La présidente de promotion, Simone Kouman, a montré l'importance de la puéricultrice en milieu hospitalier et en garderie d'enfants. Et ceci, devant la pionnière de la profession en Côte d'Ivoire, le professeur Timité Konan Marguerite et le maire d'Adjamé Youssouf Sylla. Dominique Ouattara a félicité ses filleules : « en choisissant ce métier, vous vous êtes assigné pour mission d'accompagner les tout- petits dans leurs premiers pas. Vous apportez aux familles les doses d'amour, de tendresse et de savoir-faire ». A la fin de la cérémonie, la présidente de Children of Africa a offert un pagne wax à chacune des femmes présentes à la cérémonie, en guise de cadeau pour la fête des mères.
Nesmon De Laure