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Politique Publié le mercredi 2 juin 2010 | Le Patriote

Après la sortie de Laurent Gbagbo sur Rfi/ Anne Ouloto (Porte-parole d’Alassane Ouattara) : “Gbagbo demeure un adepte de la fuite en avant”

© Le Patriote Par DR
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Photo d`archives. Mme Anne Désirée Ouloto, porte-parole principale de campagne du Dr Alassane Ouattara (RDR)
Suite à l’interview accordée par le chef de l’Etat Laurent Gbagbo à la radio française Rfi, nous avons joint, hier au téléphone, Mme Anne Ouloto et le Pr. Niamkey Koffi, respectivement porte-parole des présidents Alassane Dramane Ouattara du RDR et Henri Konan Bédié du PDCI-RDA. Leurs réactions.

Le Patriote : Dans son interview avec Rfi, le chef de l’Etat affirme qu’il n’ira pas en France. En tout cas, tant qu’il n’y aura pas de discussions sur les différends qui, selon lui, oppose la Côte d’Ivoire à l’Etat français. Quels commentaires ?
Anne Ouloto : Le premier commentaire est que je me rends compte que M. Laurent Gbagbo demeure un adepte de la fuite en avant. Il prétend que son différend avec la France est une question fondamentale. Si tel était vraiment le cas, il serait parti à la rencontre Afrique-France de Nice qui était un cadre approprié et une aubaine pour parler des relations entre la France et l’Afrique et particulièrement entre la France et la Côte d’Ivoire. S’il a refusé de saisir cette opportunité, c’est parce que son problème est ailleurs.

LP : où, selon vous ?
AO : Je pense que Laurent Gbagbo ne pouvait pas être, de façon décente, à ce rendez-vous d’Etat. Nous avons vu de grands hommes à ce rendez-vous d’Etat. Nous avons vu de grands hommes à ce rendez-vous de l’Afrique et de la France. Nous avons vu les présidents sénégalais, égyptien, sud-africain… Ce sont de grands hommes, de vrais démocrates. Ils y étaient parce qu’il s’agissait d’un rendez-vous de la maturité. C’était le rendez-vous de la démocratie. Dans ces conditions, Gbagbo ne pouvait pas y être. Parce que, tout simplement, il est un anti-démocrate. Et ce complexe, il va le traîner tant qu’il n’aura pas organisé l’élection présidentielle, tant qu’il va continuer dans ses manœuvres occultes pour le report quasi-permanent de l’élection présidentielle. C’est cela la vérité. Et, on pourrait même aller plus loin. Comme vous le savez, le régime de Laurent Gbagbo s’apparente aux tueries, aux déchets toxiques, à l’incapacité de gérer et à la mauvaise gouvernance. Je pense donc que Gbagbo ne pouvait pas être à ce rendez-vous. Ce n’était pas son milieu. Parce qu’il sait pertinemment que ce que lui reproche la communauté internationale, ce sont bien toutes ces tueries qu’on a enregistrées durant son mandat. Je dirai plutôt durant ses deux mandats, puisqu’il a déjà fait dix (10) ans de pouvoir.

LP : A vous entendre, il ne s’agit pas de différend Côte d’Ivoire- France, mais plutôt de différend Gbagbo-France.
AO : Pour moi, il n’ y a même pas de différend Gbagbo-France. Il s’agit tout simplement d’un manque de courage de M. Laurent Gbagbo à assumer les actes qu’il pose. Il serait allé à ce rendez-vous, je suis convaincue que tous les grands qui y étaient auraient certainement cherché à savoir pourquoi il n’ y a pas d’élection en Côte d’Ivoire et à quand ces échéances. Et comme il n’a pas envie qu’on lui pose cette question, il ne pouvait donc pas être à ce rendez-vous. Sinon en réalité, il sait qu’il n’a pas de problème avec la France. Parce qu’il sait très bien que c’est grâce à la France qu’il est encore au pouvoir. Il nous dit que son problème, c’était avec Jacques Chirac et Dominique De Villipin. Mais ceux-là ne sont plus au pouvoir. Aujourd’hui, il c’est Nicolas Sarkozy qui est au pouvoir. Alors, il faut donc que Laurent Gbagbo soit constant avec lui-même. Si les prédécesseurs de Sarkozy ont eu des comportements qu’il qualifie de discourtois, remettant en cause sa relation avec la France, il a aujourd’hui l’opportunité de rattraper cela.

LP : Selon vous, pourquoi ne le fait-il pas ?
AO : Mais parce que ce prétendu différend entre la Côte d’Ivoire et la France arrange bien Laurent Gbagbo. C’est un fonds de commerce pour lui, afin de maintenir sa galaxie patriotique. Le débat, il est ailleurs.

LP : Mais Gbagbo estime que le sommet de Nice n’était pas vraiment le cadre idéal pour parler d’un différend entre la Côte d’Ivoire et la France. Il dit aussi qu’il attend un déclic du côté des Français. N’est-ce pas légitime ?
AO : Pas du tout. Il faut qu’il sache que la France n’a pas que la Côte d’Ivoire dans ses relations. Il faut également qu’il sache que la France, dans ces relations, a besoin d’avoir en face d’elle quelqu’un de constant, avec qui elle est capable de discuter, arrêter des résolutions et les respecter. Or quelle est l’image que Gbagbo donne de lui à la France et au monde entier ? De lui, on a l’image d’un chef d’Etat anti-démocratique, qui a accumulé, durant tout son régime, des tueries et d’autres atteintes aux Droits de l’Homme. Pour quelle raison veut-il que la France arrête tout pour s’occuper de lui ? Tout ce que la France lui demande, c’est d’organiser les élections. Alors, il faut qu’il ait le courage de ses opinions. Aujourd’hui, ses relations avec la France ne constituent pas une priorité pour les Ivoiriens. Il est temps qu’il arrête de reporter ses états d’âme personnels sur le nom du peuple de Côte d’Ivoire. Il ne peut pas engager un peuple à partir de ses états d’âme et des relations personnelles qu’il a avec telle ou telle personne. C’est une vision dangereuse pour la Côte d’Ivoire et l’équilibre social. C’est pour cela que nous exigeons d’avoir des élections très rapidement, pour que toutes les questions, concernant les relations entre la Côte d’Ivoire et les autres pays du monde soient remises au centre de nos priorités. Et que notre pays puisse retrouver son positionnement d’antan. La Côte d’Ivoire est un grand pays qui a des amis et des relations très fortes et avec lesquelles on doit pouvoir compter en toute circonstance.

LP : Parlant de l’engagement de la Côte d’Ivoire dans ce débat, Laurent Gbagbo soutient qu’il incarne le peuple ivoirien du fait, selon lui, de sa popularité.
AO : Mais s’il incarne le peuple de Côte d’Ivoire, c’est une raison suffisante pour qu’il organise très rapidement les élections. Puisqu’il incarne la popularité, pourquoi a-t-il peur d’aller à ces élections ? Pourquoi se sent-il obligé d’embarrasser à ce point le Premier ministre et la Commission électorale indépendante (CEI) avec des manœuvres de toute sorte ? Pourquoi est-il obligé d’accentuer la souffrance du peuple de Côte d’Ivoire ? S’il est si sûr de gagner les élections, alors qu’il les organise. Non ! On ne peut pas tromper indéfiniment le peuple. Nous lui demandons une toute petite date pour aller à ces élections. Ce serait une manière de montrer à la face du monde qu’il est bien celui qui incarne le peuple de Côte d’Ivoire. Mais, il saura à cette occasion comment le peuple va le sanctionner pour toutes les souffrances inutiles qu’il lui a fait endurer. Il saura comment le peuple va le sanctionner pour nous avoir envoyé la guerre en Côte d’Ivoire.

Réalisée au téléphone par Diawara Samou
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