Excellence Monsieur le président, me permettez-vous de venir, par la présente, dénoncer auprès de vous, cette abominable honte que jette sur notre pays et sur sa justice, cette triste affaire de la filière café-cacao ?
En effet, voici 24 mois que sont détenus, sans jugement, des pères et des mères de famille qui offrent toutes les garanties de représentation, mais à qui, tout a été refusé. Ces pères et ces mères de famille, qui sont accusés d'avoir détourné des centaines de milliards, ont été traités, dès le début de cette affaire, et cela, en violation de l'article 22 de notre constitution, comme des coupables. Alors qu'aucune enquête sérieuse n'avait encore eu lieu et qu'aucun tribunal ne s'était prononcé sur les infractions qui leur sont imputées.
Monsieur le président, ces pères et ces mères de famille, ces présumés innocents, qui expient là-bas, à la Maca, dans la plus grande humiliation, des crimes qui ne sont pas encore prouvés, méritent quelques égards de votre part, ne serait-ce que pour tout ce que vous savez. Mais comme personne n'ose vous dire la vérité, eh bien moi, je vais vous la dire.
Monsieur le président, " rendre justice, c'est bien, mais faire justice, c'est mieux. ". Dès le début de cette affaire, deux affreuses erreurs ont été commises : l'une par le procureur Tchimou que vous avez instruit pour conduire l'enquête et l'autre par vous-même. Et ces deux erreurs graves ont eu pour conséquence de mettre le juge d'instruction, dans une situation des plus inconfortables qui a commandé son attitude personnelle dans cette affaire : Faire tout, pour couvrir ces deux erreurs.
Le procureur Tchimou, en organisant une inopportune conférence de presse pour affirmer urbi et orbi que les 23 personnes qu'il a citées ont détourné massivement de l'argent, s'était substitué au tribunal. Dès cet instant, le juge d'instruction, à qui il n'a transmis le dossier qu'après sa conférence de presse, s'est cru obliger de placer systématiquement ces personnes sous mandat de dépôt, au lieu de demander au procureur, puisqu'il avait toutes les preuves entre ses mains, d'envoyer " ces coupables " directement devant le tribunal des flagrants délits pour le jugement. On aurait vu ce qu'on devait voir.
Vous également, M. le président, en affirmant, le 25 janvier 2009, que vous n'aviez demandé à personne de faire libérer qui que ce soit et que ces gens ont détourné des centaines de milliards " qui ne sont ni dans les caisses de l'Etat, ni dans les poches des paysans ", vous aviez envoyé un message codé au juge d'instruction, qui, peut-être passé l'euphorie créée par le procureur Tchimou, s'apprêtait, devant la vacuité des preuves, à les mettre tous en libération provisoire. Ces deux erreurs ont donc mis la procédure dans un engrenage inextricable. Et tout s'est passé par la suite comme si le rôle du juge d'instruction était de trouver forcément des preuves pour conduire ces gens devant le tribunal correctionnel.
Monsieur le président, je vous le dis donc clairement. Votre rôle, en tant que garant de l'indépendance de la justice, n'est pas de vous immiscer, par des déclarations, dans le fonctionnement de la justice. En le faisant, vous obligez les juges à chercher par tous les moyens, à vous sauver la face quand bien même, les dossiers sur lesquels vous vous prononcez inopportunément, sont vides. Comme ce fut le cas, dans la honteuse affaire " du coup d'Etat de l'assureur ", une affaire que vous avez compliquée en faisant une déclaration ahurissante devant des membres de votre parti et sous l'objectif des caméras de la télévision ivoirienne. Dans cette affaire, vous avez déclaré que les personnes arrêtées étaient suivies depuis des mois par les services secrets, que vous saviez tout ce qu'elles faisaient, que vous épiez le moindre de leurs gestes et qu'elles préparaient vraiment un coup d'Etat. Mais après les enquêtes du juge d'instruction, le même qui a encore le dossier de la filière café-cacao en mains, il s'était avéré qu'aucun début de preuve ne permettait de les poursuivre pour tentative de coup d'Etat. Mais au lieu de les mettre tout simplement en liberté pour délit non constitué, ce qui aurait constitué un camouflet pour votre honneur, il a requalifié les faits en " troubles à l'ordre public ", quand bien même là également, aucun élément matériel ne permettait de retenir une telle infraction. Et une fois au procès, le tribunal a eu toutes les peines du monde pour vider son délibéré, au point d'user de plusieurs renvois. Finalement, ces personnes ont été condamnées pour " association de malfaiteurs ", à des peines qui correspondaient exactement au temps qu'elles avaient passé en détention préventive. Et tout ça, parce que la justice s'est cru obligée de vous sauver la face. En commettant une grave injustice. Et j'ai l'intime conviction que c'est ce qui va se passer dans cette affaire des présumés détournements massifs dans la filière café cacao.
Monsieur le président, vous avez déclaré le dimanche 30 mai dernier sur les antennes de Rfi, que les ex-dirigeants de la filière vont être jugés. Eh bien, c'est tout ce que les personnes éprises de justice et de vérité dans ce pays désirent. Allons donc au procès, pour qu'elles aient enfin l'occasion de défendre leur honneur et leur dignité. Et que la justice tranche, sans se croire obligée de sauver la face de qui que ce soit. Afin qu'on sache, enfin, où sont passés les milliards, tous les milliards des paysans ivoiriens qui n'ont jamais été aussi misérables que maintenant. Parce que la justice n'a pas pour rôle de faire plaisir à des gens. Mais elle a pour rôle de rendre justice et surtout de faire justice, quand elle n'a rien, pour prouver une infraction.
Vous avez promis le procès ? Eh bien, allons au procès pour que les coupables paient leur crime, que les innocents retrouvent la liberté et que tous ceux qui, pour une raison ou une autre, ont utilisé indûment l'argent des paysans et qui cependant n'ont jamais été inquiétés ni dénoncés, se retrouvent aussi devant le tribunal constitué par l'opinion du peuple.
Veuillez agréer, Monsieur le président, l'expression de mon profond respect.
ASSALE TIEMOKO
a02375898@hotmail.fr
En effet, voici 24 mois que sont détenus, sans jugement, des pères et des mères de famille qui offrent toutes les garanties de représentation, mais à qui, tout a été refusé. Ces pères et ces mères de famille, qui sont accusés d'avoir détourné des centaines de milliards, ont été traités, dès le début de cette affaire, et cela, en violation de l'article 22 de notre constitution, comme des coupables. Alors qu'aucune enquête sérieuse n'avait encore eu lieu et qu'aucun tribunal ne s'était prononcé sur les infractions qui leur sont imputées.
Monsieur le président, ces pères et ces mères de famille, ces présumés innocents, qui expient là-bas, à la Maca, dans la plus grande humiliation, des crimes qui ne sont pas encore prouvés, méritent quelques égards de votre part, ne serait-ce que pour tout ce que vous savez. Mais comme personne n'ose vous dire la vérité, eh bien moi, je vais vous la dire.
Monsieur le président, " rendre justice, c'est bien, mais faire justice, c'est mieux. ". Dès le début de cette affaire, deux affreuses erreurs ont été commises : l'une par le procureur Tchimou que vous avez instruit pour conduire l'enquête et l'autre par vous-même. Et ces deux erreurs graves ont eu pour conséquence de mettre le juge d'instruction, dans une situation des plus inconfortables qui a commandé son attitude personnelle dans cette affaire : Faire tout, pour couvrir ces deux erreurs.
Le procureur Tchimou, en organisant une inopportune conférence de presse pour affirmer urbi et orbi que les 23 personnes qu'il a citées ont détourné massivement de l'argent, s'était substitué au tribunal. Dès cet instant, le juge d'instruction, à qui il n'a transmis le dossier qu'après sa conférence de presse, s'est cru obliger de placer systématiquement ces personnes sous mandat de dépôt, au lieu de demander au procureur, puisqu'il avait toutes les preuves entre ses mains, d'envoyer " ces coupables " directement devant le tribunal des flagrants délits pour le jugement. On aurait vu ce qu'on devait voir.
Vous également, M. le président, en affirmant, le 25 janvier 2009, que vous n'aviez demandé à personne de faire libérer qui que ce soit et que ces gens ont détourné des centaines de milliards " qui ne sont ni dans les caisses de l'Etat, ni dans les poches des paysans ", vous aviez envoyé un message codé au juge d'instruction, qui, peut-être passé l'euphorie créée par le procureur Tchimou, s'apprêtait, devant la vacuité des preuves, à les mettre tous en libération provisoire. Ces deux erreurs ont donc mis la procédure dans un engrenage inextricable. Et tout s'est passé par la suite comme si le rôle du juge d'instruction était de trouver forcément des preuves pour conduire ces gens devant le tribunal correctionnel.
Monsieur le président, je vous le dis donc clairement. Votre rôle, en tant que garant de l'indépendance de la justice, n'est pas de vous immiscer, par des déclarations, dans le fonctionnement de la justice. En le faisant, vous obligez les juges à chercher par tous les moyens, à vous sauver la face quand bien même, les dossiers sur lesquels vous vous prononcez inopportunément, sont vides. Comme ce fut le cas, dans la honteuse affaire " du coup d'Etat de l'assureur ", une affaire que vous avez compliquée en faisant une déclaration ahurissante devant des membres de votre parti et sous l'objectif des caméras de la télévision ivoirienne. Dans cette affaire, vous avez déclaré que les personnes arrêtées étaient suivies depuis des mois par les services secrets, que vous saviez tout ce qu'elles faisaient, que vous épiez le moindre de leurs gestes et qu'elles préparaient vraiment un coup d'Etat. Mais après les enquêtes du juge d'instruction, le même qui a encore le dossier de la filière café-cacao en mains, il s'était avéré qu'aucun début de preuve ne permettait de les poursuivre pour tentative de coup d'Etat. Mais au lieu de les mettre tout simplement en liberté pour délit non constitué, ce qui aurait constitué un camouflet pour votre honneur, il a requalifié les faits en " troubles à l'ordre public ", quand bien même là également, aucun élément matériel ne permettait de retenir une telle infraction. Et une fois au procès, le tribunal a eu toutes les peines du monde pour vider son délibéré, au point d'user de plusieurs renvois. Finalement, ces personnes ont été condamnées pour " association de malfaiteurs ", à des peines qui correspondaient exactement au temps qu'elles avaient passé en détention préventive. Et tout ça, parce que la justice s'est cru obligée de vous sauver la face. En commettant une grave injustice. Et j'ai l'intime conviction que c'est ce qui va se passer dans cette affaire des présumés détournements massifs dans la filière café cacao.
Monsieur le président, vous avez déclaré le dimanche 30 mai dernier sur les antennes de Rfi, que les ex-dirigeants de la filière vont être jugés. Eh bien, c'est tout ce que les personnes éprises de justice et de vérité dans ce pays désirent. Allons donc au procès, pour qu'elles aient enfin l'occasion de défendre leur honneur et leur dignité. Et que la justice tranche, sans se croire obligée de sauver la face de qui que ce soit. Afin qu'on sache, enfin, où sont passés les milliards, tous les milliards des paysans ivoiriens qui n'ont jamais été aussi misérables que maintenant. Parce que la justice n'a pas pour rôle de faire plaisir à des gens. Mais elle a pour rôle de rendre justice et surtout de faire justice, quand elle n'a rien, pour prouver une infraction.
Vous avez promis le procès ? Eh bien, allons au procès pour que les coupables paient leur crime, que les innocents retrouvent la liberté et que tous ceux qui, pour une raison ou une autre, ont utilisé indûment l'argent des paysans et qui cependant n'ont jamais été inquiétés ni dénoncés, se retrouvent aussi devant le tribunal constitué par l'opinion du peuple.
Veuillez agréer, Monsieur le président, l'expression de mon profond respect.
ASSALE TIEMOKO
a02375898@hotmail.fr