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Art et Culture Publié le jeudi 3 juin 2010 | Notre Voie

“Un homme, une vision” de Hanny Tchelley - Un film d’une rare solidité

Hanny Tchelley, réalisatrice du film-documentaire “Un homme, une vision”, connaît bien son personnage central, Laurent Gbagbo. Un homme solide dont on a déjà tout dit : il peut glisser, mais ne tombe jamais ; il peut plier sans rompre, il transforme toujours les situations perdues en victoires. Peut-on construire, autour de ce personnage, un récit sans que celui-ci ne soit aussi solide ? La réalisatrice de cinéma qui a compris la question répond par non. Ainsi a-t-elle produit un film-documentaire calqué sur le modèle de témoignages de personnalités de toutes les régions de Côte d’Ivoire, de toutes les ethnies, de tous les bords politiques mais aussi d’Afrique et d’Europe. Chacune et chacun jouant un rôle précis et disant un témoignage inédit. C’est que la réalisatrice, qui sait que la vision d’un homme s’appréhende dans une course derrière le temps ou dans le temps, a installé ses acteurs dans une sorte de piste d’athlétisme pour un relais 4x100m. Chaque acteur, y compris l’acteur principal, jouent leur partition et disparaissent à un moment donné pour passer le relais à un autre. Le tout pour arriver à découvrir ou faire découvrir la vision de l’homme en question, objet de tant de témoignages aussi édifiants et surprenants les uns que les autres. Mais on voit bien que celui qui intervient après l’autre apporte toujours quelque chose de nouveau au récit dans une dynamique constructive. Ce qui rend le film vivant. Du coup, on se croirait sur un plateau de télévision en train de suivre un débat animé et passionnant. On n’a même pas le temps de voir le temps passer. La vie n’est pas linéaire. Et on le constate avec le déroulement de la vision de Laurent Gbagbo. Plus d’une fois, le personnage principal de Hanny Tchelley a été contrarié dans sa progression vers le bien. Pour illustrer cela, elle fait revenir, sur la scène, les acteurs qui sont déjà intervenus et qui ont rendu leur témoignage. Ainsi en est du président du conseil général de Tengréla, condisciple de Laurent Gbagbo au lycée et qui est sans doute le premier personnage secondaire. Militant du Rassemblement des républicains (Rdr) d’Alassane Ouattara, il a fait un récit lucide à partir de faits probants. Ah ! comme les faits sont têtus ! Pareil pour la sœur cadette de l’acteur principal du film- documentaire en présence de qui le père a été emmené par des policiers venus le chercher à son domicile pour compléter la liste des supposés comploteurs dans l’affaire du complot du chat noir. Pour elle sans doute, la vision de son frère aîné venait ici de se dessiner. C’est que, dès le départ du père, devant sa mère et sa sœur, il décide d’arrêter les cours pour travailler et s’occuper de la famille. Quelle assurance ! quelle prise de responsabilité ! C’est cette spontanéité dans les réponses à apporter aux problèmes de l’heure des autres qui va déterminer la vie de l’acteur principal du film. Ce que rend bien le président du conseil général de Tengréla dans une de ses interventions. Quand vous commencez, dit-il en substance, à traiter un problème avec lui, lui a déjà trouvé la solution et est déjà loin devant. Une conclusion qui n’est pas loin de celle tirée un jour par l’ex-ministre Eric Kahé qui soutenait que Laurent Gbagbo est en avance de 50 ans sur les autres hommes politiques ivoiriens. Ou encore quand juste après la tenue de la réunion de Kléber (Paris), il a demandé instamment à un de ses compagnons de rentrer dare-dare au pays avec son avion, le Grumann présidentiel, pendant qu’au même moment, il demandait à Jacques Chirac de lui donner un avion qui l’accompagnerait en Côte d’Ivoire en compagnie de l’ambassadeur français et du président malien. Il a ainsi sauvé sa tête, sa vie et peut-être celle de son pays qui aurait pu s’installer définitivement dans la guerre civile si son avion avait été abattu, sait-on jamais, par ceux qui voulaient à tout prix le dépouiller de ses pouvoirs. Bref ! Hanny Tchelley a fait son travail. Elle a raconté, grâce à Abderamane Ndiaye, opérateur économique mauritanien qui a financé la production du film, la vie tout court de Laurent Gbagbo au moyen de ce qu’elle sait faire de mieux : l’art cinématographique. Exactement comme le ferait un écrivain avec sa plume, un caricaturiste avec son crayon et sa gomme, un photographe avec son appareil photo, un poète avec sa voix et sa plume, un griot avec sa voix et son tam-tam, un comédien sur scène, un chanteur en studio ou une mère dans un témoignage. Il appartient maintenant aux cinéphiles qui verront bientôt ce film-documentaire en représentation de bien le suivre et d’apprécier. Abdoualye Villard Sanogo
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