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Afrique Publié le lundi 7 juin 2010 | Le Patriote

L’Afrique qui bouge

Jour J - 4. C’est la dernière ligne droite. Dans quelques jours, la planète footballistique se retrouve pour vivre ce qui pourrait être, disons-le, l’événement majeur de l’Afrique pendant ces deux derniers siècles. 32 Nations se retrouvent sur le sol du continent africain. « Once, in a lifetime », dit le slogan publicitaire. Un événement qui se vit en effet, qu’…« une seule fois dans la vie ». Il est vrai, l’Afrique du sud a organisé, non sans succès, plusieurs rendez-vous de grandes envergures dont la Coupe du monde de rugby et la Coupe d’Afrique des nations de football, qu’elle a remportées en 1995 et 1996, ainsi qu’un mondial de Cricket, en 2003. Le pays à la couleur multiraciale se pose, pour ainsi dire, comme une Puissance. Car, à part lui, aucun autre Etat du continent ne peut prétendre avoir organisé autant de rendez-vous planétaires. Ce volet sportif avec des infrastructures qui n’ont rien à envier à celles des occidentaux, ne saurait cacher la percée de ce pays sur le plan économique, politique et diplomatique.
L’Afrique du Sud, seul pays du continent, membre du G20, composé des pays les plus influents du monde, est une candidate sérieuse au seul poste de membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui pourrait être créé après la réforme de cet organisme. Le pays a tissé de solides relations aussi bien politiques que diplomatiques avec les puissances occidentales, asiatiques ou sud-américaines. En un mot, l’influence de l’Afrique du Sud est indéniable. C’est un pays qui compte.
L'Afrique table sur la première Coupe du monde organisée sur son territoire pour changer son image auprès du reste de la planète et faire oublier les conflits et famines qui focalisent habituellement l'attention.
Le premier « Mondial africain », qui s'ouvre le 11 juin, va montrer des stades flambant neufs, les autoroutes et les aéroports internationaux modernes. La grand-messe du ballon rond devrait apporter un demi-point supplémentaire à la croissance économique, grâce aux revenus du tournoi et aux investissements massifs dans les infrastructures. Les 373.000 visiteurs attendus pour les quatre semaines de compétition devraient dépenser plus de six cent milliards de FCFA.
Mais, d’où vient la force de ce pays qui, il y a juste 20 ans, était isolé du reste du monde, suspendu ou exclu de certaines institutions, brulant de l’intérieur ? L’Afrique du Sud, en effet, vient de loin. Son histoire est une série de drames et de tourments immondes. Après l’infâme colonisation, le pays a été ébréché, pendant de longues années, par l’odieux apartheid. L’Afrique du Sud était un pays paria. Mais, il y a une personnalité qui, à elle seule, symbolise la renaissance de ce pays : Nelson Rolihlahla Mandela. Combattu, brimé et emprisonné, il a réussi, une fois son combat contre l’apartheid gagné et élu à la tête du pays, à façonner une Nation, un melting-pot entre Blancs, Noirs et Boers. La réussite sud-africaine lui vaut aujourd’hui la reconnaissance du monde entier. L’exemple du pays du cap Bonne-Espérance sonne comme un modèle du genre pour d’autres Etats du continent noir, comme le nôtre, la Côte d’Ivoire, qui vit la même tragédie que celle vécue par la nation arc-en-ciel. Relative stabilité puis transition politique, crise de leadership, pauvreté, forte immigration, dérive tribale. L’ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1910, n’a connu la stabilité qu’à l’arrivée de l’ANC au pouvoir, à partir de 1994, lors des élections multiraciales.
Il a fallu aux Sud-africains, se surpasser et à Nelson Mandela de mettre en place, une politique volontariste pour l’emploi des jeunes, la gestion de l’intégration et de l’immigration, la préservation de l’unité nationale et le pardon. En créant la Commission « Vérité et Réconciliation », Nelson Mandela avait très bien compris que le salut de son pays ne pouvait pas se réaliser sans la Justice. Aujourd’hui, l’Afrique du Sud n’est pas grande que par sa superficie ou son développement. Il s’agit d’un pays avec de grands hommes d’Etat, qui ont fait fi de leur égo pour reprendre la place qui est la leur dans le concert des Nations.
L’on a vu le Président Jacob Zuma, prendre une part active au dernier sommet Afrique-France, tenu récemment à Nice. Y a-t-il un régime en dehors de l’ANC, qui a le plus, souffert de l’injustice d’une Puissance colonisatrice ? Certainement pas. Mais les autorités sud-africaines ont vite compris qu’il faut avancer. Cela ne peut se faire avec les ressentiments, encore moins les états d’âme qui, pour la plupart, ne sont justifiés que pour les besoins d’une cause personnelle et non nationale. L’Afrique avance, il faut avancer avec elle. Ce sera tant pis pour les canards boiteux.
PAR CHARLES SANGA
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