Le patron du RDR à Abobo est confiant quant à la tenue du scrutin présidentiel cette année. Samedi dernier, à l’occasion de la remise de chaises du Rassemblement des Enseignants Républicains (RER), section d’Abobo, à la direction de campagne de cette commune, au QG, Adama Toungara a déclaré que « Les élections auront lieu avant décembre». Pour lui, ce scrutin verra la victoire de son candidat Alassane Ouattara. Aussi a-t-il égrené les raisons de sa conviction. Il a fait savoir que l’accession d’ ADO à la magistrature suprême dépend des enseignants. Tout en rappelant que le RDR a parcouru un long chemin semé d’embûches, il s’est dit convaincu qu’au bout, l’ex-Premier ministre prendra le pouvoir d’Etat. Il a par ailleurs dit à ses interlocuteurs de ne pas se faire de souci s’agissant de l’idée de la formation d’un parti unifié des Houphouetistes. A l’en croire, l’alliance du RHDP ne s’oppose pas aux intérêts du RDR. «Nous allons gouverner ensemble», a-t-il signalé. Puis, il a remercié les enseignants pour leur acte de générosité, qui fera son effet, a précisé Toungara. Au nom de ses camarades, Yéo Klotioloma, président du RER, a indiqué que le don de chaises est une manière de soutenir la direction de campagne en vue de faire en sorte qu’ADO soit élu au premier tour de la présidentielle. Au directeur de campagne zone Abobo-Anyama du candidat Alassane Dramane Ouattara, il fera savoir que la prochaine victoire d’ADO sera son œuvre. «Je vous remercie pour la confiance que vous ne cessez de nous accorder. Nous allons apporter notre contribution à tout ce que vous faites pour le parti», a-t-il insisté pour finir
Dénonciations calomnieuses, accusations de fraude
La longue guerre de Gbagbo contre l’unité nationale
Une main de fer dans un gant de velours. C’est ainsi que Gbagbo régente la question identitaire en Côte d’Ivoire. Toute la belle phraséologie qu’on connaissait dans l’opposition sur la défense du droit à la nationalité, s’est muée, une fois au pouvoir et juste avant, en une guerre contre ceux que le FPI appelle avec facilité, ‘’les gens du Nord’’. C’est en 2000 que Laurent Gbagbo déclenche l’offensive. A la tête du Front patriotique créé au pied levé avec le soutien ( ?) d’un certain Laurent Dona Fologo, il organise une conférence de presse à l’ex-AITACI dans la commune de Treichville. Objectif de ce rendez-vous avec les journalistes : ameuter l’opinion nationale et internationale et leur présenter des centaines de cartes nationales d’identité vertes, qui seraient selon lui, le fruit d’une «fraude à grande échelle» dont se seraient rendus coupables des étrangers pour se faire enrôler et voter en Côte d’Ivoire. Mais le temps s’est écoulé et l’épaisse couche de vernis qui recouvrait cette ‘’belle prise’’ s’est dissipée avec un coup de dissolvant. En réalité, les centaines de cartes nationales d’identité de couleur vertes que l’ancien opposant brandissait comme appartenant à des étrangers ‘’voleurs de nationalité’’, ont été recueillies dans des commissariats de police avec la complicité de certains policiers et des hommes en tenues pour discréditer le régime de Bédié qui gérait le pays et jeter l’anathème sur le RDR que Gbagbo n’avait pas hésité un seul instant à présenter comme le bénéficiaire du coup d’Etat de Noël 1999. «Si c’est un coup d’Etat RDR, qu’on nous le dise», avait-il fulminé juste après la formation du gouvernement par l’ex-junte au pouvoir. Tout simplement parce qu’à ses yeux, sa formation politique n’avait pas bénéficié de postes ministériels juteux. Ce coup de gueule de Gbagbo contre les prétendus fraudeurs sur la nationalité, n’étonne guerre ceux qui ont suivi de près la transition militaire. Notamment, les travaux en commission pour doter le pays d’une nouvelle constitution. Entre les quatre murs des bâtiments qui abritaient les travaux, que n’a-t-on pas entendu de la part des responsables du FPI pour faire passer leur message ? C’est ainsi par exemple que Simone Gbagbo, qui savait sans doute qu’elle serait la future Première dame de ce pays, n’a aucunement hésité, en 2000, à proposer à la Commission consultative constitutionnelle électorale (CCCE), que soit inscrit dans la nouvelle constitution dont la deuxième République devait se doter, que «la femme du candidat à la présidence de la République doit être Ivoirienne, de teint noir».
Plus tard, l’on a vu Emile Boga Doudou, alors ministre de l’Intérieur, tirer des noms des personnalités présentées comme des gens au double visage, «des oiseaux qui n’ont pas d’arbre sur lequel se poser en cas de danger», selon ses propres dires. Il n’a pas fallu longtemps pour qu’une fois au pouvoir, Emile Boga Doudou, alors tête pensante du régime, propose une loi unique et inique sur l’identification des populations. Cette loi n°2002-03 du 03 janvier 2002 relative à l`identification des personnes et au séjour des étrangers en Côte d`Ivoire, consacrait la primauté de la tribu sur la Nation, celle du village sur la République. En plus simple, la « loi Boga Doudou », indiquait que tout Ivoirien devait retourner dans son village pour se faire identifier, au détriment du Code électoral qui autorise l’enrôlement partout sur le territoire national, selon le choix du pétitionnaire. Mieux, en cas de doute sur l’appartenance de cette personne dans le village, il fallait appeler le chef du village pour témoigner. Et comme toute expérience a besoin de terrain d’expérimentation, les habitants de Bonoua, la ville natale de Simone Gbagbo, a accepté d’appliquer à la lettre ces consignes. En 2001, en effet, les jeunes de cette ville, avec la bénédiction des aînés et de la chefferie on suppose, ont pris sur eux la responsabilité de rédiger – c’est bien le cas de le dire –, leur propre ‘’constitution’’. Ou du moins, une constitution propre à la seule région de Bonoua. Avec l’éclatement de la rébellion le 19 septembre 2002, notamment à cause des dérives tribales et identitaires, l’on croyait les démons du tribalisme, de la xénophobie et du sectarisme, disparus. Hélas ! Les vielles habitudes ont la peau dure. Depuis que la tenue des élections devient de plus en plus une réalité, revoilà les vieux démons de retour. Le FPI et ses responsables ne cessent de crier à la fraude en jetant des regards accusateurs du côté des ressortissants de la partie nord du pays en général et des militants du RDR en particulier. Laurent Gbagbo lui-même est rentré dans la danse et se prête tout aussi à ce jeu. Selon de bonnes sources, lors de sa rencontre avec le président du PDCI, le lundi 10 mai dernier, il a présenté une liste de quelques centaines de noms en lui disant à peu près ceci : « les gens du RDR sont en train de frauder. Tous ceux qui sont sur la liste sont des militants du RDR ». Un bien curieux raisonnement, surtout lorsqu’il émane de celui que la constitution désigne comme étant le garant de l’unité nationale et de la cohésion sociale. Mais qui, lorsqu’il est question de fraude sur la nationalité ivoirienne, ne regarde que du côté des gens qui viennent du Nord. Comme s’il n’y avait que ces derniers qui avaient signé un pacte avec cette pratique. Et ce sont ce genre de pratiques tribales qui font que les cadres de ce parti prennent le malin plaisir de dénoncer, rien que sur la base de la consonance des noms, des milliers de personnes inscrites sur les listes électorales provisoires. Un vrai délit de faciès et de patronyme qui a causé d’énormes dérives et qui a fait que sur les fiches de contestation, distribuées comme de petits pains aux responsables du parti au pouvoir, l’on peut voir que 99,99% des noms contestés sont à consonance nordique. Que ce soit dans les communes d’Abidjan et de certaines villes de l’intérieur, comme Abengourou, Bonoua, Bouaflé, Daloa, Divo. Et comme « sanction », le FPI demande tout simplement que ces personnes soient déchues de la nationalité ivoirienne. Si certains juges, au nom du sermon qu’ils ont prêté, refusent de tomber dans la forfaiture, d’autres n’hésitent pas à franchir le rubicond et suivre les directives des responsables du parti au pouvoir. En décrétant que telle ou telle personne n’est pas suffisamment ivoirienne pour avoir son nom sur la liste électorale. Tout simplement parce que ces derniers se nomment Coulibaly, Traoré, Ouattara, etc. En d’autres termes, parce que leurs noms ressembleraient à ceux de certains pays voisins. Le pays est dangereusement engagé dans une logique de stigmatisation et de balkanisation des populations.
Yves-M. ABIET
Dénonciations calomnieuses, accusations de fraude
La longue guerre de Gbagbo contre l’unité nationale
Une main de fer dans un gant de velours. C’est ainsi que Gbagbo régente la question identitaire en Côte d’Ivoire. Toute la belle phraséologie qu’on connaissait dans l’opposition sur la défense du droit à la nationalité, s’est muée, une fois au pouvoir et juste avant, en une guerre contre ceux que le FPI appelle avec facilité, ‘’les gens du Nord’’. C’est en 2000 que Laurent Gbagbo déclenche l’offensive. A la tête du Front patriotique créé au pied levé avec le soutien ( ?) d’un certain Laurent Dona Fologo, il organise une conférence de presse à l’ex-AITACI dans la commune de Treichville. Objectif de ce rendez-vous avec les journalistes : ameuter l’opinion nationale et internationale et leur présenter des centaines de cartes nationales d’identité vertes, qui seraient selon lui, le fruit d’une «fraude à grande échelle» dont se seraient rendus coupables des étrangers pour se faire enrôler et voter en Côte d’Ivoire. Mais le temps s’est écoulé et l’épaisse couche de vernis qui recouvrait cette ‘’belle prise’’ s’est dissipée avec un coup de dissolvant. En réalité, les centaines de cartes nationales d’identité de couleur vertes que l’ancien opposant brandissait comme appartenant à des étrangers ‘’voleurs de nationalité’’, ont été recueillies dans des commissariats de police avec la complicité de certains policiers et des hommes en tenues pour discréditer le régime de Bédié qui gérait le pays et jeter l’anathème sur le RDR que Gbagbo n’avait pas hésité un seul instant à présenter comme le bénéficiaire du coup d’Etat de Noël 1999. «Si c’est un coup d’Etat RDR, qu’on nous le dise», avait-il fulminé juste après la formation du gouvernement par l’ex-junte au pouvoir. Tout simplement parce qu’à ses yeux, sa formation politique n’avait pas bénéficié de postes ministériels juteux. Ce coup de gueule de Gbagbo contre les prétendus fraudeurs sur la nationalité, n’étonne guerre ceux qui ont suivi de près la transition militaire. Notamment, les travaux en commission pour doter le pays d’une nouvelle constitution. Entre les quatre murs des bâtiments qui abritaient les travaux, que n’a-t-on pas entendu de la part des responsables du FPI pour faire passer leur message ? C’est ainsi par exemple que Simone Gbagbo, qui savait sans doute qu’elle serait la future Première dame de ce pays, n’a aucunement hésité, en 2000, à proposer à la Commission consultative constitutionnelle électorale (CCCE), que soit inscrit dans la nouvelle constitution dont la deuxième République devait se doter, que «la femme du candidat à la présidence de la République doit être Ivoirienne, de teint noir».
Plus tard, l’on a vu Emile Boga Doudou, alors ministre de l’Intérieur, tirer des noms des personnalités présentées comme des gens au double visage, «des oiseaux qui n’ont pas d’arbre sur lequel se poser en cas de danger», selon ses propres dires. Il n’a pas fallu longtemps pour qu’une fois au pouvoir, Emile Boga Doudou, alors tête pensante du régime, propose une loi unique et inique sur l’identification des populations. Cette loi n°2002-03 du 03 janvier 2002 relative à l`identification des personnes et au séjour des étrangers en Côte d`Ivoire, consacrait la primauté de la tribu sur la Nation, celle du village sur la République. En plus simple, la « loi Boga Doudou », indiquait que tout Ivoirien devait retourner dans son village pour se faire identifier, au détriment du Code électoral qui autorise l’enrôlement partout sur le territoire national, selon le choix du pétitionnaire. Mieux, en cas de doute sur l’appartenance de cette personne dans le village, il fallait appeler le chef du village pour témoigner. Et comme toute expérience a besoin de terrain d’expérimentation, les habitants de Bonoua, la ville natale de Simone Gbagbo, a accepté d’appliquer à la lettre ces consignes. En 2001, en effet, les jeunes de cette ville, avec la bénédiction des aînés et de la chefferie on suppose, ont pris sur eux la responsabilité de rédiger – c’est bien le cas de le dire –, leur propre ‘’constitution’’. Ou du moins, une constitution propre à la seule région de Bonoua. Avec l’éclatement de la rébellion le 19 septembre 2002, notamment à cause des dérives tribales et identitaires, l’on croyait les démons du tribalisme, de la xénophobie et du sectarisme, disparus. Hélas ! Les vielles habitudes ont la peau dure. Depuis que la tenue des élections devient de plus en plus une réalité, revoilà les vieux démons de retour. Le FPI et ses responsables ne cessent de crier à la fraude en jetant des regards accusateurs du côté des ressortissants de la partie nord du pays en général et des militants du RDR en particulier. Laurent Gbagbo lui-même est rentré dans la danse et se prête tout aussi à ce jeu. Selon de bonnes sources, lors de sa rencontre avec le président du PDCI, le lundi 10 mai dernier, il a présenté une liste de quelques centaines de noms en lui disant à peu près ceci : « les gens du RDR sont en train de frauder. Tous ceux qui sont sur la liste sont des militants du RDR ». Un bien curieux raisonnement, surtout lorsqu’il émane de celui que la constitution désigne comme étant le garant de l’unité nationale et de la cohésion sociale. Mais qui, lorsqu’il est question de fraude sur la nationalité ivoirienne, ne regarde que du côté des gens qui viennent du Nord. Comme s’il n’y avait que ces derniers qui avaient signé un pacte avec cette pratique. Et ce sont ce genre de pratiques tribales qui font que les cadres de ce parti prennent le malin plaisir de dénoncer, rien que sur la base de la consonance des noms, des milliers de personnes inscrites sur les listes électorales provisoires. Un vrai délit de faciès et de patronyme qui a causé d’énormes dérives et qui a fait que sur les fiches de contestation, distribuées comme de petits pains aux responsables du parti au pouvoir, l’on peut voir que 99,99% des noms contestés sont à consonance nordique. Que ce soit dans les communes d’Abidjan et de certaines villes de l’intérieur, comme Abengourou, Bonoua, Bouaflé, Daloa, Divo. Et comme « sanction », le FPI demande tout simplement que ces personnes soient déchues de la nationalité ivoirienne. Si certains juges, au nom du sermon qu’ils ont prêté, refusent de tomber dans la forfaiture, d’autres n’hésitent pas à franchir le rubicond et suivre les directives des responsables du parti au pouvoir. En décrétant que telle ou telle personne n’est pas suffisamment ivoirienne pour avoir son nom sur la liste électorale. Tout simplement parce que ces derniers se nomment Coulibaly, Traoré, Ouattara, etc. En d’autres termes, parce que leurs noms ressembleraient à ceux de certains pays voisins. Le pays est dangereusement engagé dans une logique de stigmatisation et de balkanisation des populations.
Yves-M. ABIET