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Politique Publié le mercredi 9 juin 2010 | Notre Voie

Attaques de Koulibaly contre Tagro et l’APO - Affi N’Guessan met le holà

© Notre Voie Par DR
Sortie de crise: les accords politiques de Ouagadougou mis à rude épreuve
Photo d`archives. Le président Pascal Affi N`Guessan (FPI)
La sortie musclée, le 2 juin dernier, du professeur Mamadou Koulibaly, 3ème vice-président du Front populaire ivoirien (Fpi, au pouvoir) face à la Convention de la société civile ivoirienne (Csi) vient de trouver un écho tout aussi musclé au sommet de son parti. Dans une conférence publique prononcée à l’ouverture d’un colloque de la Sci, le président de l’Assemblée nationale s’en était vertement pris au ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, responsable à ses yeux d’avoir fait signer au chef de l’Etat, un accord inapplicable, l’Accord politique d’Ouagadougou en cours d’application en Côte d’Ivoire. Dans une interview qu’il a accordée à L’intelligent d’Abidjan, le président du Fpi, Pascal Affi N’Guessan, dénonce ce qu’il appelle les sorties solitaires (One man show, en anglais) du président Koulibaly. Nous en avons tiré cet extrait. (…) L’Intelligent d’Abidjan : Monsieur le président, que faites-vous pour ramener de l’ordre dans votre parti, notamment à Bangolo, à Daoukro, dans le Zanzan, où les hommes que vous avez désignés sont contestés ? Pascal Affi N’Guessan : Le contexte actuel est très difficile pour le Fpi, dans la mesure où nous sommes amenés à aller aux élections dans le cadre d’une majorité présidentielle. La collaboration avec des personnalités issues de milieux divers, dans des cadres nouveaux en dehors du Fpi, ne se passe toujours pas de façon fluide et harmonieuse. Jusque-là, le Fpi a été, dans le cadre des directions de campagne, la seule organisation qui avait en main l’intégralité des responsabilités. Le partage de ces responsabilités avec des personnalités issues d’autres milieux a besoin d’être accompagné pour aplanir les divergences et harmoniser les positions. Il n’y a pas d’autres solutions que d’assister, de réunir les gens, leur parler, de mettre en place des mécanismes pour que cette collaboration s’améliore progressivement afin de créer une synergie entre les différentes potentialités qui existent sur le terrain. C’est plus une question de management que de légitimité. C’est la direction du Fpi et de la Dnc qui sont interpellées. L’I.A. : D’aucuns parlent de pro-Affi ou de pro-Simone Gbagbo. Est-ce le cas dans le Zanzan ou ailleurs ? Y a-t-il un problème entre vous et la Première Dame de Côte d’Ivoire ? P.A.N. : Cela se passe dans l’esprit de ceux qui le disent, sinon il n’y a pas de clans au Fpi . Je suis le président du Fpi , mon clan, c’est le Fpi et tous les cadres du Fpi sont avec moi pour faire en sorte que le parti avance. Vous en avez vu la démonstration lors de la Fête de la liberté. J’ai réuni tous les cadres du parti ; je leur ai parlé et je leur ai demandé de se mobiliser pour que nos militants soient présents à la fête. Ils se sont tous mobilisés, vous avez vu le résultat. Avant cette fête, il y a eu les tournées financées par les cadres du parti à la demande du président à la suite de la dissolution de la Cei. Donc, le président du Fpi ne peut pas être un homme de clans ; il est le président de tous les militants, de tous les cadres du Fpi et c’est dans cet état d’esprit que je travaille. Je ne peux pas entretenir des clans, je n’ai pas intérêt à entretenir des clans, parce que le Fpi n’est pas un parti de clans. Des cadres du parti peuvent nourrir des ambitions pour la direction du Fpi ou pour toute autre chose. C’est tout à fait légitime. En tout état de cause, c’est dans la solidarité que nous avancerons. Tous pour un, un pour tous. L’I.A. : Est-ce que le FPI prépare aujourd’hui l’après-Gbagbo de sorte à éviter le clash après son départ ? P.A.N. : L’après-Gbagbo n’est pas un programme. Il est évident qu’un jour ou l’autre, Gbagbo ne sera plus à la tête de l’Etat et qu’il faudra que le parti, comme tous les autres partis, s’engage dans la bataille pour la succession. Ce moment n’est pas arrivé. La meilleure façon de préparer ce moment, c’est d’avoir un parti fort, parce que, dans tous les cas de figure, la personne qui sera choisie n’aura de chance de l’emporter, donc de remplacer Gbagbo, que si le Fpi est fort. Les individus ne sont rien s’ils n’ont pas un appareil fort derrière eux. Ce que nous devons faire, c’est de construire le parti, le consolider, faire en sorte qu’il soit crédible dans l’opinion. Si le parti est faible, il n’y a aucune chance qu’après Gbagbo, un militant du Fpi , quel qu’il soit, puisse accéder au pouvoir pour continuer l’œuvre. C’est ce qui est fondamental et c’est ce travail que nous faisons. Le reste devient secondaire, le reste dépendra de la direction du parti qui sera en place à ce moment et cette direction saura trouver, en accord avec l’ensemble des militants, l’homme ou la femme qui a le profil adéquat pour conduire la bataille après Gbagbo. L’I.A. : Vous n’avez donc pas d’inquiétude à ce niveau ? P.A.N. : Aucune inquiétude. Mon inquiétude, ma préoccupation, c’est la santé du parti, son rayonnement, son audience. C’est à cela que je travaille personnellement pour que le parti soit toujours fort, crédible dans l’opinion ; qu’il jouisse d’une bonne côte de popularité dans l’opinion. Une fois que c’est fait, l’essentiel est fait (…). L’I.A. : Monsieur le président, partagez-vous l’avis du Pr. Mamadou Koulibaly qui impute l’échec de l’Apo au ministre Tagro qui devrait, selon lui, démissionner ? P.A.N. : Je ne suis pas d’accord avec le Pr. Mamadou Koulibaly ni dans le fond, ni dans la forme. Sur le fond, son analyse de la mise en œuvre de l’Apo est superficielle et son jugement ne peut qu’être erroné. Sa position ne prend pas en compte la réalité de l’évolution du processus de paix depuis Ouagadougou. Même si le processus de sortie de crise a baissé de rythme ou connaît des soubresauts, il est injuste de nier les acquis fondamentaux, les avancées et de jeter le bébé avec l’eau du bain. La crise n’est pas terminée mais la rébellion est finie depuis Ouaga. Elle est fracassée et sa direction officielle a rejoint la République. C’est un acquis important qu’il faut savoir apprécier par rapport à la situation dans les années 2004-2005. C’est vrai que des éléments réfractaires, encore attachés à la personne d’Alassane Ouattara et au Rdr continuent de poser des problèmes et nous font piétiner dans les derniers pas qui nous séparent de l’objectif. Mais il est exagéré de penser que ces obstacles sont insurmontables et de conclure à l’échec de l’Apo. De temps en temps, nous mettons la pression sur le Premier ministre Soro Guillaume pour qu’il ne baisse pas les bras. Ce n’est pas parce qu’une défense résiste qu’il faut cesser d’attaquer. Il nous appartient de persévérer dans l’action et, le moment venu, de donner le coup de pouce décisif pour réussir la réunification effective du pays. Certaines personnes sont amères parce qu’elles trouvent que les choses n’avancent pas assez vite. Elles sont meurtries par le pillage des ressources nationales que cette situation de crise favorise, en particulier dans les zones Cno. D’autres apprécient le fonctionnement du pays comme si nous étions dans un contexte normal, oubliant la partition du pays, les com’zones, le pseudo-gouvernement de sortie de crise, l’Onuci et ses embargos, l’Onu et ses résolutions, la France et ses ambitions en Côte d’Ivoire, etc. Toutes choses qui compliquent la gouvernance de ce pays et plombent l’action des autorités légales et légitimes. Il ne faut pas oublier que nous venons de loin, que nous avons frôlé une catastrophe majeure et que l’on ne sort pas d’une crise comme d’un dîner gala. Il est bon de savoir en outre que toute crise est criminogène, c’est-à-dire qu’elle génère et favorise des comportements criminels (fraudes, corruption, incivisme, violation des droits humains, violences, viols, etc.) parce qu’elle correspond à un moment d’affaissement et de dispersion de l’autorité. Ce n’est pas une excuse aux maux auxquels notre pays est confronté à l’heure actuelle et qui nous affligent tous ; c’est une explication. Seul le travail de restauration de l’autorité de l’Etat à partir de la fin de la crise, la mise en place d’une véritable équipe gouvernementale autour d’un projet cohérent de renaissance de notre pays permettront de mettre fin de façon efficace et durable aux maux que tous dénoncent. Il ne s’agit donc pas de pleurer et d’invectiver mais d’agir en homme d’Etat, aujourd’hui pour limiter, demain pour éradiquer. Sur la forme, je ne comprends pas l’attitude ni même les motivations du président Mamadou Koulibaly. J’ai le sentiment qu’il oublie trop rapidement qu’il est la deuxième personnalité de l’Etat et qu’il est 3ème vice-président du Front populaire ivoirien, parti dit au pouvoir. Quand on est à cette position, on n’a pas que des avantages, il n’y a pas que les honneurs et la considération. Il y a des obligations, des contraintes, à savoir qu’on ne parle pas comme n’importe qui et n’importe comment. On ne se comporte pas n’importe comment, même dans sa vie privée. Il y a un certain nombre d’obligations qu’on est obligé d’observer. Il faut qu’il en tienne compte et qu’il soit cohérent dans son attitude. Les autres qui ne parlent pas comme lui, ce n’est pas parce qu’ils sont bêtes ou lâches. C’est parce qu’ils ont une claire conscience du poids et des implications de leurs propos à la fois sur l’opinion nationale et sur le moral de leurs troupes. Même lorsqu’il y a des difficultés, ils travaillent à voir comment les surmonter, cela de concert avec les membres de leur organisation et dans le cadre des institutions qu’ils animent. C’est ce qu’on attend de lui ; qu’en tant que président de l’Assemblée nationale, il appuie les efforts du chef de l’Etat pour que la Côte d’Ivoire retrouve la paix. Qu’en tant que vice-président du Fpi, il apporte ses idées à la réflexion interne pour que nous trouvions, ensemble, les meilleures voies pour sortir la Côte d’Ivoire de la crise. On est intelligent à plusieurs. Mais, ce one man show qu’il affectionne tant, je ne comprends pas à quel objectif cela répond. Personnellement, je suis choqué par ses prises de position, ses attaques gratuites dans notre propre camp. Je voudrais l’inviter, modestement, à renoncer à une telle logique et à s’inscrire dans une démarche d’équipe, d’homme d’Etat. C’est à ce niveau-là que les Ivoiriens nous attendent. L’I.A. : La sortie de Mamadou Koulibaly ne va-t-elle pas jouer sur l’avenir du FPI ? P.A.N. : Je ne le crois pas du tout. Les militants sont des hommes responsables, mûrs, qui savent où se trouvent leurs intérêts. Ils savent que leurs intérêts ne se trouvent pas dans des batailles fratricides, dans la polémique interne, dans les procès contre d’autres camarades. Ils savent que le ministre Tagro se bat de toutes ses forces pour la paix. Il a joué un rôle déterminant dans la signature de l’Apo et il peut revendiquer légitimement une part importante dans les acquis de cet accord. Ils savent autant que nous que le combat continue. Je suis sûr qu’ils ne se laisseront pas distraire. L’I.A. : Avec sa barbe à sensation et ses prises de position, Mamadou Koulibaly serait-il devenu un rebelle au sein du Fpi, dans la mesure où il ne participe même plus aux réunions du secrétariat du parti ? P.A.N. : On peut porter la barbe sans être ni rebelle ni déloyal. L’I.A. : Peut-on parler de guerre de succession des héritiers de Laurent Gbagbo? P.A.N. : On n’a pas besoin d’une guerre pour succéder à Laurent Gbagbo. Au demeurant, Laurent Gbagbo est candidat à sa propre succession à la demande du Fpi et des partis et organisations membres de La Majorité présidentielle. L’I.A. : La sortie de Mamadou Koulibaly ressemble-t-elle à un coup, selon vous ? P.A.N. : Oui, c’est un coup donné dans le dos à ses camarades qui s’échinent à sortir le pays de la crise (…). Source : L’Intelligent d’Abidjan n° 2001 du mardi 8 juin 2010, PP 6,7 et 8
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