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Société Publié le mercredi 9 juin 2010 | Le Patriote

Interview / Pr. Gnionsahé Daze (Spécialiste de l’insuffisance rénale) -“Seulement 32 postes de dialyse pour 400 patients”

L’insuffisance rénale fait des ravages en Côte d’Ivoire. Des insuffisants rénaux chroniques sont souvent mis en attente pour manque de postes de dialyse. Dans cet entretien, le chef de service public d’hémodialyse et par ailleurs chef du service Néphrologie du Chu de Yopougon déplore le déficit des centres de dialyse.

Le Patriote : Quelle est la situation de l’insuffisance rénale en Côte d’Ivoire ?
Pr.Gnionsahé Daze : L’insuffisance rénale est considérée aujourd’hui comme un problème de santé publique. Toutes les couches socioprofessionnelles et tous les âges sont touchés. Et le nombre de personnes touchées augmente d’année en année.Cette maladie préoccupe au plus haut niveau les autorités ivoiriennes.

LP : Disposez-vous de statistiques récentes sur le nombre de personnes atteintes de cette maladie ?
P.GD : Nous n’avons pas les statistiques nationales, mais nous nous référons aux statistiques du service Néphrologie du Chu de Yopougon qui tournent autour de 300 malades chaque année.

LP : Pourquoi cette maladie est-elle un problème de santé publique ?
P.G.D : C’est un problème de santé publique, parce que le nombre de malades va croissant. Par exemple dans le service de Néphrologie du Chu de Yopougon, nous accueillons chaque année entre 300 et 400 patients. La moitié de ces patients sont admises pour une insuffisance rénale .Malheureusement, nous ne pouvons pas prendre en charge tous ces malades. Chaque année, il y a entre150 et 200 patients atteints d’insuffisance rénale chronique et nous ne pouvons prendre en charge que 2 à 3% ou maximum 5%. Pour cela, il y a une liste d’attente pour être pris en dialyse. Les centres publics d’hémodialyse traitent 200 patients au total dans le District d’Abidjan. Mais en même temps, il y a une liste d’attente qui est constituée de 100 à 150 patients.

LP : Y a-t-il combien de centres publics d’hémodialyse en Côte d’Ivoire ?
P.GD : Il y a seulement quatre centres d’hémodialyse en Côte d’Ivoire. Un centre au Service d’Aide Médicale Urgente (SAMU) au Chu de Cocody, un autre au Chu de treichville et un troisième au Chu de yopougon. Le centre de Gagnoa est déjà construit mais n’est pas totalement fonctionnel. Il attend les consommables (machines, lits médicalisés ….). Celui de Yamoussoukro n’est pas encore achevé. C’est maintenant que les techniciens en bâtiment sont en train de faire couler les dalles. Quant aux centres publics de Bouaké et de San Pedro, ils ne sont pas encore construits. Les centres publics ne suffisent pas pour assurer une prise en charge correcte des patients.

LP : Combien de centres faut-il selon les normes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour la prise en charge efficace des patients?
PGD : La Côte d’Ivoire compte aujourd’hui 20 millions d’habitants et nous n’avons à peine 32 postes de dialyse. Or il faudrait à peu près dix à vingt postes pour une ville comme Yamoussoukro. Pour chaque région du pays, il faudrait vingt postes. Nous sommes très loin du compte. Il y a seulement 32 postes fonctionnels pour vingt millions d’habitants. Et tous ces postes sont situés à Abidjan. C’est pourquoi, les autorités ivoiriennes ont décidé avec l’aide des partenaires de décentraliser les centres de dialyse. Ce, en créant des centres à l’intérieur du pays comme à Yamoussoukro, San Pedro et Gagnoa.

LP : Y a-t-il des moyens de prévention contre cette maladie ?
P.GD : Bien sûr, on peut prévenir. C’est même l’élément essentiel dans la lutte contre cette maladie. La prévention est préconisée non seulement en Côte d’Ivoire mais sur le plan international. La preuve, la société de Néphrologie a décidé de consacrer chaque année au mois de Mars une journée à la prévention de l’insuffisance rénale. Et nous avons déjà organisé cette journée en 2007, 2008, 2009 et 2010. Elle a pour objectif de sensibiliser la population. Ce, pour éviter qu’elle développe une insuffisance rénale. Il faut également traiter correctement certaines maladies.

Lp : Quelles sont les principales causes de l’insuffisance rénale ?
P.GD : Il y a l’hypertension artérielle, le diabète, des maladies qui ne sont pas mortelles dont les complications peuvent être nuisibles. Par exemple les angines de gorge, les maux d’oreille, les caries dentaires surinfectées, le paludisme (mal traité) et le Vih. Ces maladies sont connues de tous et peuvent avoir une complication rénale qui peut conduire à une insuffisance rénale.

LP : Comment se fait la prise en charge des patients ?
P.G.D : Généralement, les patients nous vient de partout, mais principalement au service de néphrologie du Chu de yopougon.A coté de cela, les patients nous viennent également des autres structures sanitaires. Quand ils arrivent et lorsque le diagnostic est fait, nous lui expliquons la maladie et les possibilités de traitement. Nous ne pouvons prendre ces malades en charge que si nous avons de la place en dialyse. Si le patient arrive et que nous n’avons pas de place disponible nous le mettons sur la liste d’attente. Car le traitement par dialyse est un traitement à vie. A moins qu’on ne procède par une greffe rénale. Etant donné que la greffe n’est pas encore pratiquée en Côte d’Ivoire, les patients qui sont sous dialyse le sont à vie. Malheureusement tant qu’un patient n’est pas décédé on ne peut pas disposer d’une place pour prendre un autre patient. Raison pour laquelle une liste d’attente est constituée. En tout cas si nous disposons d’assez de centres de dialyse, nous pourrons prendre en charge beaucoup de malades. C’est pour cela qu’il faut rapidement qu’on décentralise les centres d’hémodialyse. Surtout avec la construction de nouveaux centres d’hémodialyse.
Anzoumana Cissé

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