La Côte d’Ivoire sous la refondation est devenue un bien curieux pays. Un Etat carrément désaxé où ce sont les petites gens qui se plaisent à attaquer et à vilipender des autorités nationales. Adossés à un pouvoir sans légitimité, arrivé au pouvoir par la violence et le hold up électoral, ces individus arc-boutés sur la montagne de leurs certitudes, pensent être des hommes qui comptent en Côte d’Ivoire. Il en est ainsi de Charles Blé Goudé, ce « général » dit de la rue, qui tire sur tout le monde. Le samedi 5 juin dernier à Fresco, il a lancé des pierres dans le jardin du Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro : « Maintenant, Soro dit qu’ils vont désarmer le 15 juin 2010. J’attends Soro le 15 juin. Il n’y a pas de date au monde qui n’arrive pas. Le 15 juin va arriver. Et si le 15 juin arrive et qu’ils ne désarment pas, en tant qu’arbitre de touche, je lèverai mon drapeau pour dire qu’il y a faute. Et chacun va assumer. Moi j’attends Soro le 15 juin ». Qui est Blé Goudé pour menacer de la sorte le patron du gouvernement ivoirien ? Qui a fait de lui « l’arbitre de touche » du processus de paix ? A-t-il vraiment lu les différents accords de paix ? Pourquoi n’exige t-il pas l’encasernement des FANCI et le désarmement des milices tribales et ethniques que nous continuons de voir dans nos rues et communes ? Est-il signataire de l’Accord de Ouaga ou parle t-il par procuration ? C’est à pouffer de rire que d’entendre Blé Goudé dire que « les Ivoiriens souffrent beaucoup ». Lui qui n’a jamais travaillé, qui roule carrosse sans diplôme et qui s’est enrichi avec le déclenchement de la guerre, est mal placé pour parler des douleurs des populations. C’est justement parce que des hommes de sa trempe vivent et prospèrent avec l’argent du contribuable que nos compatriotes, pour la plupart, tirent le diable par la queue et mangent la vache enragée. A n’en point douter, c’est parce que depuis la décennie de refondation, les caisses de l’Etat sont constamment pillées et vidées que les Ivoiriens n’arrivent pas à se nourrir convenablement, à se loger décemment et à se soigner correctement. Que les hommes comme Blé Goudé arrêtent d’amuser la galerie en ces périodes difficiles pour la nation, de mettre un terme au verbiage identique à celui de « la mouche du coche »
Bakary Nimaga
Bakary Nimaga