Le débat sur la candidature unique refait surface après l’annonce de la création d’un parti unifié regroupant l’ensemble des composantes du RHDP à savoir, le RDR, le PDCI-RDA, le MFA et l’UDPCI. Il est même envisageable et souhaitable de voir d’autres partis politiques se joindre aux partis du RHDP. Ce débat qui arrive après la proclamation officielle des candidatures par la Conseil Constitutionnel, mérite d’être situé dans son contexte afin d’éviter de troubler nos militants.
Rappel historique
Je me souviens que c’est le Président du MFA, ANAKI Kobenan Innocent, qui avait émis ce souhait lors d’une audience qu’il avait accordée aux Présidentes des Unions de femmes du RDR, de l’UDPCI, du PDCI et du MFA. A cette rencontre, il avait demandé que les femmes jouent de toutes leurs forces pour que les quatre partis présentent un candidat unique afin de battre Laurent Gbagbo au premier tour de l’élection présidentielle. Cela s’est passé au siège du MFA (ex siège à Bietry) avant la signature de la plate-forme des Houphouëtistes au Royal Monceau à Paris, le 18 mai 2005. Pendant la signature de la plate-forme, le même Anaki a insisté, lors de son intervention, sur l’impérieuse nécessité de la candidature unique. Son allocution a été fortement applaudie par les militants du RHDP réunis dans une salle devenue trop petite vue l’affluence.
Arguments développés
pour la candidature unique
Interrogé, à cette époque, sur son acharnement à avoir une candidature unique du RHDP, il avait dit à peu près ceci : Sociologiquement, le PDCI, le RDR, l’UDPCI et le MFA représentent la majorité de l’électorat ivoirien. Une victoire de Laurent Gbagbo à l’élection présidentielle relèverait du miracle face à une candidature unique du RHDP ». Il a par ailleurs fait remarquer que « les milliers de « soldats Blé Goudé » enrôlés depuis le 19 septembre 2002 dans l’armée, la police, la gendarmerie et les Eaux et Forêts constituent un danger potentiel pour la transparence du scrutin présidentiel, surtout le jour de la proclamation des résultats. En effet, il a prédit que ces derniers pourraient s’opposer par les armes à la victoire d’un candidat autre que Laurent Gbagbo. C’est pourquoi, selon lui, la candidature unique réglait définitivement le problème ; car le RHDP représente plus de 80% de l’électorat comme l’attestent les résultats des dernières élections municipales et des conseillers généraux, et dans ces conditions, il ne peut pas venir à l’esprit de Gbagbo et de son clan, de vouloir tenter un holdup électoral. En outre, ANAKI avait expliqué aussi que les reports de voix au second tour ne seront pas automatiques. En cas de présence de Laurent Gbagbo au second tour, il pourrait bénéficier des voix des ultras du RDR et du PDCI-RDA qui n’ont pas encore digéré les effets de la guerre des héritiers de Félix Houphouët BOIGNY. Il suffirait pour cela que Laurent Gbagbo investisse une partie des dizaines de milliards qu’il a accumulés depuis son arrivée au pouvoir pour convaincre ces ultras de voter pour lui en promettant des postes à des leaders d’opinion bien ciblés. Enfin, le Président ANAKI avait indiqué que le candidat unique ne sera pas forcément choisi dans la liste des quatre prétendants actuels du RHDP.
Les arguments avancés par le Président du MFA ont le mérite d’être clairs et précis même si à certains égards, il semblait ne pas tenir compte du fait que la politique n’est pas une science exacte, et que les intérêts affectifs individuels ou des groupes peuvent prendre le dessus sur ce qui, à première vue, semble être du domaine du bons sens. Ce qui a aussi fait défaut dans sa proposition, c’est l’absence de mode opératoire de mise en œuvre d’un tel projet. A ce sujet, au sein du RHDP, des personnalités et des groupes de personnes ont tenté de faire vivre cette idée de candidature unique en élaborant un modus opérandi pour y arriver. Pour ces groupes de personnes et ces personnalités politiques, il suffisait de remplir trois conditions pour obtenir la candidature unique. La première, c’est l’élaboration du programme commun de gouvernement du RHDP. La deuxième, c’est la définition des critères d’éligibilité et les qualités requises pour être le candidat unique. Enfin la troisième condition c’est que soient arrêtés les principes du partage du pouvoir ou des attributions au niveau des Institutions de la République, des grandes administrations et sociétés d’Etat, des Ambassades et représentations consulaires, etc. Mais ici aussi, ces groupes de réflexion sur la candidature unique n’ont pas pris en compte la dimension politique, sociale et affective des ambitions affichées par les deux principaux leaders du RHDP. En effet, la candidature du Président du RDR, Alassane Dramane OUATTARA est portée par un électorat qui accepterait difficilement qu’après avoir tant souffert pour qu’il soit candidat (les militants du RDR ont payé le plus lourd tribut - des milliers de morts dans leurs rangs – depuis la création de leur parti), ce dernier se retire pour laisser la place à un autre. Concernant le Président du PDCI-RDA, Henri Konan BEDIE, ses militants considèrent qu’ils ont été injustement chassés du pouvoir et qu’il est dans l’ordre normal des choses qu’ils reviennent pour reprendre la mission non achevée. A cela s’ajoute le fait que des centaines de cadres de ce parti sont actuellement sans activités du fait du régime de Gbagbo qui les a mis volontairement à la touche ; la candidature de BEDIE constitue pour eux un espoir de retour aux affaires.
Arguments contre
la candidature unique
Les opposants au sein du RHDP à la thèse de la candidature unique ont fait valoir les arguments suivants :
Premier argument : Pour répondre à l’argument comme quoi Gbagbo va s’autoproclamer vainqueur au premier tour en s’appuyant sur les soldats acquis à sa cause, ils font remarquer que rien n’empêchera Laurent Gbagbo de se proclamer vainqueur au premier tour surtout que son refus de quitter le pouvoir et son appétit pour le pouvoir sont connus. Présenter un candidat unique constitue donc un risque à ne pas prendre. Il pourra utiliser ses soldats Blé Goudé pour réaliser le holdup électoral le soir même du vote avant la proclamation officielle des résultats.
Deuxième argument : Il est totalement impossible que Laurent Gbagbo s’autoproclame vainqueur au premier tour quand l’on sait le poids électoral de ses deux principaux adversaires : Bédié et Ouattara. D’ailleurs les sondages commandités par lui-même montrent qu’il ne peut pas gagner au premier tour.
Troisième argument : Il faut s’en tenir aux termes de la plate-forme signée à Paris lors de la création du RHDP. Il est en substance dit ceci dans cet accord:
Les partis du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) visent comme objectif principal la conquête et l’exercice du pouvoir d’Etat par la victoire à la présidentielle de 2005 et l’obtention d’une majorité parlementaire. Ils s’engagent à tout mettre en œuvre pour :
l Une stratégie efficace de candidature à la présidentielle ;
l Une stratégie de candidature concertée ou commune pour les élections législatives ;
l Une stratégie de liste concertée aux autres élections ;
l La création d’une coordination des structures en charge des élections.
l L’élaboration d’un programme commun de gouvernement ;
l Pour l’élection présidentielle, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) reconnaît à chaque parti le droit de présenter son candidat au premier tour. Cependant, les Partis du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) s’engagent à soutenir, au second tour, le candidat arrivé en tête des Partis signataires de la Plate-forme.
ß Concernant les élections législatives, les Partis du RHDP s’engagent à définir une stratégie de candidature concertée ou commune pour avoir une majorité confortable à l’Assemblée Nationale, en vue de la mise en œuvre de leur programme commun.
ß Pour les élections municipales et des Conseils généraux, les Partis du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) s’engagent à arrêter une stratégie de liste concertée.
l Les Partis du Rassemblement des Houphouëtistes s’engagent également à mettre en place une coordination de leurs structures en charge des élections pour le suivi des processus électoraux, jusqu’à la proclamation des résultats.
l En cas de victoire à l’élection présidentielle, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) engage ses membres à gouverner ensemble dans un esprit d’équité et de responsabilité.
Quatrième argument : Comme je l’ai dit plus haut, les adeptes de la candidature unique n’ont pas proposé un mode opératoire précis et clair ; et quant bien même ils l’auraient fait, la politique n’étant pas une science exacte, il serait illusoire de penser qu’à quelques mois du premier tour de l’élection présidentielle, les cadres des quatre partis composants le RHDP pourront s’accorder facilement sur les critères d’éligibilité et de désignation du candidat unique. Les débats sur ces sujets seront interminables et cela pourra briser la cohésion au sein du RHDP. N’oublions pas que, tous autant que nous sommes, nous sommes convaincus de la qualité et de la valeur de nos dirigeants respectifs. C’est d’ailleurs ce qui justifie notre appartenance à nos différents partis. A titre d’exemple, certains critères comme l’âge ou l’expérience dans la conduite des affaires d’un Etat pourraient créer des tensions inutiles. En effet, si on aborde la question sur la base de ces deux critères, les plus jeunes des candidats et leurs « supporters » diront, peut-être, qu’il faut rajeunir la classe dirigeante actuelle en mettant à la tête du pays un jeune à l’avenir prometteur. Ne dit-on pas qu’aux âmes biens nées la valeur n’attend point le nombre des années ? Les « supporters » des candidats les plus âgés rétorqueront que les jeunes n’ont pas l’expérience requise pour présider aux destinées d’une nation comme la Côte d’Ivoire. Il faut avoir occupé de hautes fonctions nationales ou internationales et avoir une très bonne maîtrise des mécanismes économiques mondiaux ainsi que les réseaux qui les animent. Comme on peut le deviner aisément à travers cet exemple, il sera difficile voire impossible de s’accorder sur le mode de désignation du candidat unique. La subjectivité et parfois les émotions prendraient le pas sur l’objectivité et la raison que l’on peut souhaiter en pareille situation.
Cinquième argument : En règle générale en Afrique et principalement en Côte d’Ivoire, les militants des partis politiques sont attachés à leurs leaders avant d’être attachés à l’appareil du parti qui les porte. Ils sont avant tout des Alassanistes ou des Bédiéistes pour ne citer que ces deux. Ce serait donc un risque de ne pas en tenir compte surtout que la liste des candidats est connue et que ces derniers ont parcouru plus des 4/5ème des Régions au cours de la précampagne. Comment ces militants vont-ils réagir s’ils apprennent du jour au lendemain que leurs leaders se sont volontairement désistés pour un autre ? Que deviennent les promesses qui leur ont été faites pendant les tournées ? Dans le cas du RDR, pourra-t-on facilement remplacer le « ADO SOLUTIONS » qui a tant galvanisé les militants et sympathisants par un autre slogan ? Je ne crois pas. A mon avis, il sera plus fastidieux de convaincre nos militants de suivre un autre candidat à ce stade du processus électoral. Nous risquons de les démoraliser dans leur élan pour la victoire d’ADO. Déjà, les échos qui nous parviennent de nos bases montrent bien que nos militants sont troublés par ce projet de parti unifié et de programme commun de gouvernement. Ils demandent des explications et nos tentatives de réponses n’arrivent pas à les convaincre.
Que faire dans ces conditions ?
1. Respectons ce que nous avons judicieusement signé à Paris, à savoir :
«Pour l’élection présidentielle, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) reconnaît à chaque parti le droit de présenter son candidat au premier tour. Cependant, les Partis du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) s’engagent à soutenir, au second tour, le candidat arrivé en tête des Partis signataires de la Plate-forme ».
Cela ne doit pas nous empêcher de finaliser le programme commun de gouvernement qui devra nécessairement être adopté et signé après le premier tour de l’élection présidentielle pour montrer notre volonté de gouverner ensemble et créer ainsi une forte dynamique unitaire au sein et entre les militants du RHDP pour la victoire au second tour. Dans le même ordre d’idée, une fois l’élection présidentielle terminée et que le RHDP est au pouvoir, il faudra créer ce grand parti Houphouëtiste qui rassemblera tous les militants et sympathisants du RHDP ainsi que ceux qui vivent et partagent les idéaux du Père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne. Cela constituera un atout pour :
l Concernant les élections législatives, …. définir une stratégie de candidature concertée ou commune pour avoir une majorité confortable à l’Assemblée Nationale, en vue de la mise en œuvre du programme commun.
l Les élections municipales et des Conseils généraux, … arrêter une stratégie de liste concertée.
l La création d’une coordination des structures en charge des élections.
2. Parallèlement à tout cela, le moment est peut être venu de communiquer sur le report de voix au second tour. Nos militants qui pour la plus grande majorité sont issus du monde rural ont besoin qu’on leur explique comment cela va fonctionner et surtout pourquoi il ne faut en aucun cas voter pour Laurent GBAGBO ni au premier tour ni au deuxième tour. C’est la seule condition pour qu’ils soient délivrés de la dictature de la Refondation qui a endeuillée la Côte d’Ivoire et créé les conditions de la déchéance sociale, économique et politique de notre pays.
Joël N’GUESSAN
NB : Le surtitre te le titre sont de la rédaction
Rappel historique
Je me souviens que c’est le Président du MFA, ANAKI Kobenan Innocent, qui avait émis ce souhait lors d’une audience qu’il avait accordée aux Présidentes des Unions de femmes du RDR, de l’UDPCI, du PDCI et du MFA. A cette rencontre, il avait demandé que les femmes jouent de toutes leurs forces pour que les quatre partis présentent un candidat unique afin de battre Laurent Gbagbo au premier tour de l’élection présidentielle. Cela s’est passé au siège du MFA (ex siège à Bietry) avant la signature de la plate-forme des Houphouëtistes au Royal Monceau à Paris, le 18 mai 2005. Pendant la signature de la plate-forme, le même Anaki a insisté, lors de son intervention, sur l’impérieuse nécessité de la candidature unique. Son allocution a été fortement applaudie par les militants du RHDP réunis dans une salle devenue trop petite vue l’affluence.
Arguments développés
pour la candidature unique
Interrogé, à cette époque, sur son acharnement à avoir une candidature unique du RHDP, il avait dit à peu près ceci : Sociologiquement, le PDCI, le RDR, l’UDPCI et le MFA représentent la majorité de l’électorat ivoirien. Une victoire de Laurent Gbagbo à l’élection présidentielle relèverait du miracle face à une candidature unique du RHDP ». Il a par ailleurs fait remarquer que « les milliers de « soldats Blé Goudé » enrôlés depuis le 19 septembre 2002 dans l’armée, la police, la gendarmerie et les Eaux et Forêts constituent un danger potentiel pour la transparence du scrutin présidentiel, surtout le jour de la proclamation des résultats. En effet, il a prédit que ces derniers pourraient s’opposer par les armes à la victoire d’un candidat autre que Laurent Gbagbo. C’est pourquoi, selon lui, la candidature unique réglait définitivement le problème ; car le RHDP représente plus de 80% de l’électorat comme l’attestent les résultats des dernières élections municipales et des conseillers généraux, et dans ces conditions, il ne peut pas venir à l’esprit de Gbagbo et de son clan, de vouloir tenter un holdup électoral. En outre, ANAKI avait expliqué aussi que les reports de voix au second tour ne seront pas automatiques. En cas de présence de Laurent Gbagbo au second tour, il pourrait bénéficier des voix des ultras du RDR et du PDCI-RDA qui n’ont pas encore digéré les effets de la guerre des héritiers de Félix Houphouët BOIGNY. Il suffirait pour cela que Laurent Gbagbo investisse une partie des dizaines de milliards qu’il a accumulés depuis son arrivée au pouvoir pour convaincre ces ultras de voter pour lui en promettant des postes à des leaders d’opinion bien ciblés. Enfin, le Président ANAKI avait indiqué que le candidat unique ne sera pas forcément choisi dans la liste des quatre prétendants actuels du RHDP.
Les arguments avancés par le Président du MFA ont le mérite d’être clairs et précis même si à certains égards, il semblait ne pas tenir compte du fait que la politique n’est pas une science exacte, et que les intérêts affectifs individuels ou des groupes peuvent prendre le dessus sur ce qui, à première vue, semble être du domaine du bons sens. Ce qui a aussi fait défaut dans sa proposition, c’est l’absence de mode opératoire de mise en œuvre d’un tel projet. A ce sujet, au sein du RHDP, des personnalités et des groupes de personnes ont tenté de faire vivre cette idée de candidature unique en élaborant un modus opérandi pour y arriver. Pour ces groupes de personnes et ces personnalités politiques, il suffisait de remplir trois conditions pour obtenir la candidature unique. La première, c’est l’élaboration du programme commun de gouvernement du RHDP. La deuxième, c’est la définition des critères d’éligibilité et les qualités requises pour être le candidat unique. Enfin la troisième condition c’est que soient arrêtés les principes du partage du pouvoir ou des attributions au niveau des Institutions de la République, des grandes administrations et sociétés d’Etat, des Ambassades et représentations consulaires, etc. Mais ici aussi, ces groupes de réflexion sur la candidature unique n’ont pas pris en compte la dimension politique, sociale et affective des ambitions affichées par les deux principaux leaders du RHDP. En effet, la candidature du Président du RDR, Alassane Dramane OUATTARA est portée par un électorat qui accepterait difficilement qu’après avoir tant souffert pour qu’il soit candidat (les militants du RDR ont payé le plus lourd tribut - des milliers de morts dans leurs rangs – depuis la création de leur parti), ce dernier se retire pour laisser la place à un autre. Concernant le Président du PDCI-RDA, Henri Konan BEDIE, ses militants considèrent qu’ils ont été injustement chassés du pouvoir et qu’il est dans l’ordre normal des choses qu’ils reviennent pour reprendre la mission non achevée. A cela s’ajoute le fait que des centaines de cadres de ce parti sont actuellement sans activités du fait du régime de Gbagbo qui les a mis volontairement à la touche ; la candidature de BEDIE constitue pour eux un espoir de retour aux affaires.
Arguments contre
la candidature unique
Les opposants au sein du RHDP à la thèse de la candidature unique ont fait valoir les arguments suivants :
Premier argument : Pour répondre à l’argument comme quoi Gbagbo va s’autoproclamer vainqueur au premier tour en s’appuyant sur les soldats acquis à sa cause, ils font remarquer que rien n’empêchera Laurent Gbagbo de se proclamer vainqueur au premier tour surtout que son refus de quitter le pouvoir et son appétit pour le pouvoir sont connus. Présenter un candidat unique constitue donc un risque à ne pas prendre. Il pourra utiliser ses soldats Blé Goudé pour réaliser le holdup électoral le soir même du vote avant la proclamation officielle des résultats.
Deuxième argument : Il est totalement impossible que Laurent Gbagbo s’autoproclame vainqueur au premier tour quand l’on sait le poids électoral de ses deux principaux adversaires : Bédié et Ouattara. D’ailleurs les sondages commandités par lui-même montrent qu’il ne peut pas gagner au premier tour.
Troisième argument : Il faut s’en tenir aux termes de la plate-forme signée à Paris lors de la création du RHDP. Il est en substance dit ceci dans cet accord:
Les partis du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) visent comme objectif principal la conquête et l’exercice du pouvoir d’Etat par la victoire à la présidentielle de 2005 et l’obtention d’une majorité parlementaire. Ils s’engagent à tout mettre en œuvre pour :
l Une stratégie efficace de candidature à la présidentielle ;
l Une stratégie de candidature concertée ou commune pour les élections législatives ;
l Une stratégie de liste concertée aux autres élections ;
l La création d’une coordination des structures en charge des élections.
l L’élaboration d’un programme commun de gouvernement ;
l Pour l’élection présidentielle, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) reconnaît à chaque parti le droit de présenter son candidat au premier tour. Cependant, les Partis du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) s’engagent à soutenir, au second tour, le candidat arrivé en tête des Partis signataires de la Plate-forme.
ß Concernant les élections législatives, les Partis du RHDP s’engagent à définir une stratégie de candidature concertée ou commune pour avoir une majorité confortable à l’Assemblée Nationale, en vue de la mise en œuvre de leur programme commun.
ß Pour les élections municipales et des Conseils généraux, les Partis du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) s’engagent à arrêter une stratégie de liste concertée.
l Les Partis du Rassemblement des Houphouëtistes s’engagent également à mettre en place une coordination de leurs structures en charge des élections pour le suivi des processus électoraux, jusqu’à la proclamation des résultats.
l En cas de victoire à l’élection présidentielle, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) engage ses membres à gouverner ensemble dans un esprit d’équité et de responsabilité.
Quatrième argument : Comme je l’ai dit plus haut, les adeptes de la candidature unique n’ont pas proposé un mode opératoire précis et clair ; et quant bien même ils l’auraient fait, la politique n’étant pas une science exacte, il serait illusoire de penser qu’à quelques mois du premier tour de l’élection présidentielle, les cadres des quatre partis composants le RHDP pourront s’accorder facilement sur les critères d’éligibilité et de désignation du candidat unique. Les débats sur ces sujets seront interminables et cela pourra briser la cohésion au sein du RHDP. N’oublions pas que, tous autant que nous sommes, nous sommes convaincus de la qualité et de la valeur de nos dirigeants respectifs. C’est d’ailleurs ce qui justifie notre appartenance à nos différents partis. A titre d’exemple, certains critères comme l’âge ou l’expérience dans la conduite des affaires d’un Etat pourraient créer des tensions inutiles. En effet, si on aborde la question sur la base de ces deux critères, les plus jeunes des candidats et leurs « supporters » diront, peut-être, qu’il faut rajeunir la classe dirigeante actuelle en mettant à la tête du pays un jeune à l’avenir prometteur. Ne dit-on pas qu’aux âmes biens nées la valeur n’attend point le nombre des années ? Les « supporters » des candidats les plus âgés rétorqueront que les jeunes n’ont pas l’expérience requise pour présider aux destinées d’une nation comme la Côte d’Ivoire. Il faut avoir occupé de hautes fonctions nationales ou internationales et avoir une très bonne maîtrise des mécanismes économiques mondiaux ainsi que les réseaux qui les animent. Comme on peut le deviner aisément à travers cet exemple, il sera difficile voire impossible de s’accorder sur le mode de désignation du candidat unique. La subjectivité et parfois les émotions prendraient le pas sur l’objectivité et la raison que l’on peut souhaiter en pareille situation.
Cinquième argument : En règle générale en Afrique et principalement en Côte d’Ivoire, les militants des partis politiques sont attachés à leurs leaders avant d’être attachés à l’appareil du parti qui les porte. Ils sont avant tout des Alassanistes ou des Bédiéistes pour ne citer que ces deux. Ce serait donc un risque de ne pas en tenir compte surtout que la liste des candidats est connue et que ces derniers ont parcouru plus des 4/5ème des Régions au cours de la précampagne. Comment ces militants vont-ils réagir s’ils apprennent du jour au lendemain que leurs leaders se sont volontairement désistés pour un autre ? Que deviennent les promesses qui leur ont été faites pendant les tournées ? Dans le cas du RDR, pourra-t-on facilement remplacer le « ADO SOLUTIONS » qui a tant galvanisé les militants et sympathisants par un autre slogan ? Je ne crois pas. A mon avis, il sera plus fastidieux de convaincre nos militants de suivre un autre candidat à ce stade du processus électoral. Nous risquons de les démoraliser dans leur élan pour la victoire d’ADO. Déjà, les échos qui nous parviennent de nos bases montrent bien que nos militants sont troublés par ce projet de parti unifié et de programme commun de gouvernement. Ils demandent des explications et nos tentatives de réponses n’arrivent pas à les convaincre.
Que faire dans ces conditions ?
1. Respectons ce que nous avons judicieusement signé à Paris, à savoir :
«Pour l’élection présidentielle, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) reconnaît à chaque parti le droit de présenter son candidat au premier tour. Cependant, les Partis du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) s’engagent à soutenir, au second tour, le candidat arrivé en tête des Partis signataires de la Plate-forme ».
Cela ne doit pas nous empêcher de finaliser le programme commun de gouvernement qui devra nécessairement être adopté et signé après le premier tour de l’élection présidentielle pour montrer notre volonté de gouverner ensemble et créer ainsi une forte dynamique unitaire au sein et entre les militants du RHDP pour la victoire au second tour. Dans le même ordre d’idée, une fois l’élection présidentielle terminée et que le RHDP est au pouvoir, il faudra créer ce grand parti Houphouëtiste qui rassemblera tous les militants et sympathisants du RHDP ainsi que ceux qui vivent et partagent les idéaux du Père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne. Cela constituera un atout pour :
l Concernant les élections législatives, …. définir une stratégie de candidature concertée ou commune pour avoir une majorité confortable à l’Assemblée Nationale, en vue de la mise en œuvre du programme commun.
l Les élections municipales et des Conseils généraux, … arrêter une stratégie de liste concertée.
l La création d’une coordination des structures en charge des élections.
2. Parallèlement à tout cela, le moment est peut être venu de communiquer sur le report de voix au second tour. Nos militants qui pour la plus grande majorité sont issus du monde rural ont besoin qu’on leur explique comment cela va fonctionner et surtout pourquoi il ne faut en aucun cas voter pour Laurent GBAGBO ni au premier tour ni au deuxième tour. C’est la seule condition pour qu’ils soient délivrés de la dictature de la Refondation qui a endeuillée la Côte d’Ivoire et créé les conditions de la déchéance sociale, économique et politique de notre pays.
Joël N’GUESSAN
NB : Le surtitre te le titre sont de la rédaction
