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Politique Publié le mercredi 9 juin 2010 | Le Nouveau Réveil

Directeurs des sociétés d’Etat : Ils sont sur la route de la Maca

Le Chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, à l'approche du scrutin présidentiel, ne veut pas rester sur l'image noire que presque tout le monde retient de son régime depuis bientôt 10 ans. C'est pourquoi, il lance une opération dite "mains propres" tant dans les structures et sociétés d'Etat que dans l'administration publique.
Cette opération qui se veut d'envergure consiste à mettre à nu les malversations et autres gestions de fait des deniers publics par les hommes qu'il a lui-même placés selon des critères qu'il est le seul à maîtriser. Ainsi, il a mandaté son directeur de cabinet, N'zi Paul David, de l'organiser et de la suivre. L'Inspection générale d'Etat, que dirige son ami Aboudrahamane Sangaré, a lancé des audits dans plusieurs secteurs de l'administration aux fins de mettre le doigt sur les indélicatesses et leurs auteurs. Des cabinets privés d'audit sont également mis sur les pistes des sociétés et structures de l'Etat. Dans cette logique d'assainissement de la gestion des choses publiques, la chambre des comptes de la Cour Suprême a récemment pris un arrêt de débet contre la Société des Transports Abidjanais (SOTRA). Dans un langage plus accessible, cela veut dire que la SOTRA reçoit un carton rouge pour mauvaise gestion. De fait, c'est la direction générale de la SOTRA, conduite par Attey Philippe qui est sur la sellette et qui devra répondre de cette mauvaise gestion découverte, puisque, selon des sources bien introduites, Laurent Gbagbo envisage bien de donner des suites judicaires aux audits et aux éventuelles mises à l'écart des responsables dont l'implication est établie. Tous ceux qui seront pris courent tout droit vers la prison. On se rappelle en effet l'opération qui a commencé par une information judicaire et qui a abouti à l'incarcération en juin 2008 de 23 dirigeants de la filière café-cacao. On se rappelle également le limogeage la semaine dernière de 7 hauts responsables de la Fonction publique et de l'Ecole Normale d'Administration (ENA). C'est donc opération d'envergure qui ne fait que commencer.
Après la SOTRA et la Fonction publique, les auditeurs pourraient visiter dans les prochains jours les régies financières, l'ATCI, l'AGEPE, la PETROCI, la GESTOCI, le CIPREL, l’AGEFOP, SOGEPIE, la SOGEFIHA, la SICOGI, l'université, la SDPA, le PAA, le PASP, la SBM, la SOPIE, la LAONACI, les différents ministères et les grandes directions centrales, etc. les responsables convaincus de malversations iront en prison. Le but recherché est, avant tout, politique. Il s'agit pour Laurent Gbagbo de montrer patte blanche, non seulement aux bailleurs de fonds qui s'inquiètent de plus en plus des malversations et de l'impunité absolue qui règne, mais aussi et surtout aux électeurs ivoiriens qui ne cachent plus leur aversion pour le régime aux nombreux scandales. De là à penser à un coup de bluff électoraliste, il n'y a qu'un pas que de nombreux observateurs franchissent déjà. Laurent Gbagbo, après son élection dans des conditions que lui-même traite de calamiteuses, a procédé à une sorte de partage du butin en plaçant ses amis, frères et camarades de lutte à plusieurs postes de responsabilité sans trop se préoccuper de leur aptitude ou de leur compétence. La gestion chaotique de tous les secteurs socio-économiques de l'Etat ivoirien par ses amis depuis bientôt 9 ans risque de lui être fatale à la prochaine présidentielle, s'il ne redore pas son blason par des actions d'éclat.
Eddy Péhé



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