«On avançait. Il y avait une foule impressionnante. Le bus quoique bourré continuait d’engloutir des passagers. Le vigile faisait signe au chauffeur de fermer la portière. On a protesté dans la mesure où nous étions à l’entrée du bus. Tout le monde s’est précipité vers la portière provoquant ainsi un entassement. J’ai été coincé par des jeunes gens. Contre toute attente, ils ont coupé la corde de mon sac. J’ai été réactif en criant au voleur», affirme Abel qui dit ne pas comprendre par quelle magie les voyous se sont tirés avec son sac contenant sa pièce d’identité et une somme de 40.000 Fcfa. Coulibaly Abel est treuilliste dans une société de manutention et il réside à Abobo, Pk 18. Il se rendait le vendredi 7 mai au port autonome d’Abidjan (Paa). Ce jour-là, explique-t-il, au quai du bus 19 à la gare Nord où il prend place dans la longue file d’usagers, Abel ne se doutait de rien. Quand l’autobus pointe du nez, il avance naïvement sans prêter attention à son sac mis en bandoulière. A l’entrée du bus, se trouve un agent de sécurité en compagnie d’un contrôleur de la Sotra. Celui-ci déchire les tickets des passagers au fur à mesure que ceux-ci montent dans la cabine. « Le bus s’est immobilisé pendant une trentaine de minutes. La fouille n’a pas permis de retrouver les objets volés », se désole-t-il. En réalité, la bande était bien organisée.
Place à la polémique
Ce lui qui a pris le sac, l’a immédiatement transmis à son complice, positionné non loin du bus. Ce dernier prend la fuite avec le butin en rentrant sous le pont. Abel dit qu’il a porté plainte à la police de la Sotra mais rien n’a été fait pour retrouver les truands. Autre victime des pickpockets.
Kouamé Cécile, standardiste au ministère des transports, s’est fait déposséder son sac à main, le lundi 12 avril. Elle se rappelle comme si c’était hier de cette agression. Cécile attend le bus 43 pour se rendre à Yopougon Kouté. N’empêche, elle accepte volontiers de donner son témoignage. «J’étais au quai du bus 10. Comme tous les matins, j’emprunte l’autobus à la gare Nord pour me rendre au travail, au Plateau. J’habite williamsville. Ce lundi, matin, il y a un monde fou sur le quai. Deux vigiles et des jeunes qui arboraient des tee-shirts où il était inscrit Fesci-sécurité. Quand le bus est arrivé alors on a commencé à monter. Et, puis tout d’un coup, l’un des jeunes gens portant le tee-shirt de la Fesci s’est mis devant l’entrée du bus. Je lui ai demandé de laisser la passage pour que je puisse entrer. Je n’ai rien compris mais il a refusé. Les autres usagers se sont plaints à cause de l’engorgement créé. C’est par une bousculade énorme que nous sommes entrés dans le bus », explique la jeune standardiste, mère d’un enfant. Selon elle, au moment de la montée, elle a senti une main chercheuse s’introduire dans son sac à main. « Je n’ai pas eu le temps de voir la personne. Mais, après le démarrage de l’autobus, j’ai fouillé mon sac. Hélas, mon téléphone portable n’était pas là. J’ai aussi perdu mon petit porte-monnaie avec la somme de 15.000Fcfa. J’ai crié au voleur mais c’était trop tard car le bus avait déjà amorcé le virage pour monter sur le point », nous dit-elle en ajoutant qu’après ce vol, elle est revenue le lendemain pour saisir la police de la Sotra.« Ma plainte a été enregistrée. Mais jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas de suite dans cette affaire », indique l’agent du ministère des transports. Cécile n’est pas une victime isolée. C’est presque la routine à Adjamé. Les usagers de la société de transport abidjanais (Sotra) sont devenus depuis des lunes la proie des pickpockets. C’est-à-dire que ce sont de jeunes gens qui font la poche aux passagers à la montée de l’autobus. Samedi dernier, lorsque nous nous rendions à la gare Nord, à Adjamé, certes ce n’était pas la grande affluence sur les quais. Cependant, nous avons rencontré des usagers qui affirment avoir été victimes de vols et d’agressions de la part des garnements de connivence avec des éléments se réclamant de la fédération estudiantine de Côte d’Ivoire (Fesci).
« Il n’y a pas de doute. La complicité entre les agents de police de la Sotra, des vigiles et des éléments de la Fesci est bien visible. Moi-même, j’ai été victime de vol à la gare Nord. Cela remonte à février. On m’a piqué mon téléphone portable et des numéraires. J’ai pu formellement identifier l’auteur du vol. C’était un étudiant se réclamant de la Fesci. Il a été appréhendé puis relaxé par la police de la Sotra. Sous le prétexte que les responsables de ce syndicat menaçaient de s’attaquer aux bus de la Sotra. Il a été libéré mais les vols prospèrent au nez et à la barbe des agents de police détachés à la Sotra », déclare, sous l’anonymat, un agent de la police municipale de la mairie d’Adjamé.
Approché, l’officier de police Sotra assurant la permanence, qui n’a pas voulu décliner son identité, nie « la prétendue » complicité qui existe entre eux et les pickpockets qui règnent en maître absolu à la gare Nord. « Nous faisons notre travail. Il consiste à assurer la sécurité des usagers et des installations de la Sotra. Quand nous interpellons un individu qui a volé, il est transféré à la préfecture de police pour être entendu sur les faits. Nous n’avons aucun intérêt à protéger un truand. Ce qui va l’encontre de notre mission. Donc, ce sont des accusations non fondées », se persuade le policier. Mais la direction de la Sotra ne voit pas les choses sous cet angle. Irritée des cas de vols et d’agressions des usagers de la gare Nord, elle adresse le 10 juin un courrier au commissaire du 27ème arrondissement, à Adjamé (Bracodi). La lettre est signée par Yapi Yapi Armand, secrétaire par intérim de la direction de la Sotra. La correspondance est claire : «Nous enregistrons depuis plusieurs mois et cela de façon récurrente, de nombreuses plaintes de vols et d’agressions de nos clients à la gare Nord. (…) Il ne se passe de jour ni de nuit sans qu’un cas d’agression ou de vol ne soit signalé mettant ainsi en danger les biens et l’intégrité physique de nos clients. Ainsi, nous sollicitons des patrouilles pédestres et motorisées à la gare Nord pour freiner ce fléau ». Selon le lieutenant Guèye, commandant du corps urbain du 27èmearrondissement, une enquête préliminaire a permis de savoir que les voyous bénéficient bel et bien de la complicité de la police de la Sotra et des éléments de la Fesci. «Plusieurs témoignages confirment que lorsque les voleurs sont pris et conduits au poste de police de la Sotra. Ceux-ci retrouvent la liberté après avoir été dépouillés de leur butin par les mêmes policiers. Il y a aussi certains éléments de la Fesci et des vigiles qui se livrent de mèche à cette pratique. Les pickpockets sont bien connus à la gare Nord. Ils agissent de connivence avec la police de la Sotra », soutient l’officier de police. Si la direction de la Sotra ne confirme pas l’information néanmoins elle doute de la bonne foi de ces agents de la police.
La Sotra soupçonne la police
Joint par téléphone mardi, Eugène Kadet, directeur de la communication et du marketing de la Sotra dit ceci : «Nous sommes conscient du problème. Il y a des soupçons qui pèsent sur certains policiers. Nous avons confié une enquête à la police pour tirer au clair cette affaire. Effectivement, nos usagers se plaignent de cas de vols et d’agressions. En termes de responsabilité, nous devons assurer la sécurité de nos clients en sollicitant l’Etat qui nous a affecté des policiers. Nous avons dégagé un fonds spécial pour entretenir ces agents de police. Il est donc intolérable que ces derniers soient de collusion avec la fripouille. En plus de la police, nous avons engagé une société de sécurité privée. Ce sont c’est deux entités qui assurent la sécurité de nos installations et de nos clients », indique-t-il en insistant sur le fait que la suspicion de certains agents de police est bien réelle. Toutefois, M. Kadet soutient que seules les conclusions de l’enquête pourront déterminer l’opinion de la direction sur cette affaire de complicité entre les éléments de la police de la Sotra et les malfrats. Certes, la présence des éléments de la Fesci, précise-t-il, ne relève pas de leur compétence, mais si « nos clients sont victimes de vols de la part de ceux-ci, notre responsabilité est engagée. Nous avons le devoir d’assurer la sécurité de nos usagers ». Au commissariat de police du 27ème arrondissement, des dispositions sécuritaires ont été arrêtées pour faire reculer le banditisme qui règne à la gare Nord. Ainsi, sur instruction du chef de service, le commissaire Lorougnon Déguy Jean-Claude, le lieutenant Guèye a décidé entre autres mesures, d’envoyer des flics en civil pour boucler le périmètre de la gare, aux heures de grandes affluences c’est-à-dire le matin (5 heures) et la nuit (à partir de 18 heures). Selon lui, l’équipage est déjà en activité et cette présence discrète, assure-t-il, permettra de mettre la main sur les vauriens et leurs présumés complices.
Ouattara Moussa
Place à la polémique
Ce lui qui a pris le sac, l’a immédiatement transmis à son complice, positionné non loin du bus. Ce dernier prend la fuite avec le butin en rentrant sous le pont. Abel dit qu’il a porté plainte à la police de la Sotra mais rien n’a été fait pour retrouver les truands. Autre victime des pickpockets.
Kouamé Cécile, standardiste au ministère des transports, s’est fait déposséder son sac à main, le lundi 12 avril. Elle se rappelle comme si c’était hier de cette agression. Cécile attend le bus 43 pour se rendre à Yopougon Kouté. N’empêche, elle accepte volontiers de donner son témoignage. «J’étais au quai du bus 10. Comme tous les matins, j’emprunte l’autobus à la gare Nord pour me rendre au travail, au Plateau. J’habite williamsville. Ce lundi, matin, il y a un monde fou sur le quai. Deux vigiles et des jeunes qui arboraient des tee-shirts où il était inscrit Fesci-sécurité. Quand le bus est arrivé alors on a commencé à monter. Et, puis tout d’un coup, l’un des jeunes gens portant le tee-shirt de la Fesci s’est mis devant l’entrée du bus. Je lui ai demandé de laisser la passage pour que je puisse entrer. Je n’ai rien compris mais il a refusé. Les autres usagers se sont plaints à cause de l’engorgement créé. C’est par une bousculade énorme que nous sommes entrés dans le bus », explique la jeune standardiste, mère d’un enfant. Selon elle, au moment de la montée, elle a senti une main chercheuse s’introduire dans son sac à main. « Je n’ai pas eu le temps de voir la personne. Mais, après le démarrage de l’autobus, j’ai fouillé mon sac. Hélas, mon téléphone portable n’était pas là. J’ai aussi perdu mon petit porte-monnaie avec la somme de 15.000Fcfa. J’ai crié au voleur mais c’était trop tard car le bus avait déjà amorcé le virage pour monter sur le point », nous dit-elle en ajoutant qu’après ce vol, elle est revenue le lendemain pour saisir la police de la Sotra.« Ma plainte a été enregistrée. Mais jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas de suite dans cette affaire », indique l’agent du ministère des transports. Cécile n’est pas une victime isolée. C’est presque la routine à Adjamé. Les usagers de la société de transport abidjanais (Sotra) sont devenus depuis des lunes la proie des pickpockets. C’est-à-dire que ce sont de jeunes gens qui font la poche aux passagers à la montée de l’autobus. Samedi dernier, lorsque nous nous rendions à la gare Nord, à Adjamé, certes ce n’était pas la grande affluence sur les quais. Cependant, nous avons rencontré des usagers qui affirment avoir été victimes de vols et d’agressions de la part des garnements de connivence avec des éléments se réclamant de la fédération estudiantine de Côte d’Ivoire (Fesci).
« Il n’y a pas de doute. La complicité entre les agents de police de la Sotra, des vigiles et des éléments de la Fesci est bien visible. Moi-même, j’ai été victime de vol à la gare Nord. Cela remonte à février. On m’a piqué mon téléphone portable et des numéraires. J’ai pu formellement identifier l’auteur du vol. C’était un étudiant se réclamant de la Fesci. Il a été appréhendé puis relaxé par la police de la Sotra. Sous le prétexte que les responsables de ce syndicat menaçaient de s’attaquer aux bus de la Sotra. Il a été libéré mais les vols prospèrent au nez et à la barbe des agents de police détachés à la Sotra », déclare, sous l’anonymat, un agent de la police municipale de la mairie d’Adjamé.
Approché, l’officier de police Sotra assurant la permanence, qui n’a pas voulu décliner son identité, nie « la prétendue » complicité qui existe entre eux et les pickpockets qui règnent en maître absolu à la gare Nord. « Nous faisons notre travail. Il consiste à assurer la sécurité des usagers et des installations de la Sotra. Quand nous interpellons un individu qui a volé, il est transféré à la préfecture de police pour être entendu sur les faits. Nous n’avons aucun intérêt à protéger un truand. Ce qui va l’encontre de notre mission. Donc, ce sont des accusations non fondées », se persuade le policier. Mais la direction de la Sotra ne voit pas les choses sous cet angle. Irritée des cas de vols et d’agressions des usagers de la gare Nord, elle adresse le 10 juin un courrier au commissaire du 27ème arrondissement, à Adjamé (Bracodi). La lettre est signée par Yapi Yapi Armand, secrétaire par intérim de la direction de la Sotra. La correspondance est claire : «Nous enregistrons depuis plusieurs mois et cela de façon récurrente, de nombreuses plaintes de vols et d’agressions de nos clients à la gare Nord. (…) Il ne se passe de jour ni de nuit sans qu’un cas d’agression ou de vol ne soit signalé mettant ainsi en danger les biens et l’intégrité physique de nos clients. Ainsi, nous sollicitons des patrouilles pédestres et motorisées à la gare Nord pour freiner ce fléau ». Selon le lieutenant Guèye, commandant du corps urbain du 27èmearrondissement, une enquête préliminaire a permis de savoir que les voyous bénéficient bel et bien de la complicité de la police de la Sotra et des éléments de la Fesci. «Plusieurs témoignages confirment que lorsque les voleurs sont pris et conduits au poste de police de la Sotra. Ceux-ci retrouvent la liberté après avoir été dépouillés de leur butin par les mêmes policiers. Il y a aussi certains éléments de la Fesci et des vigiles qui se livrent de mèche à cette pratique. Les pickpockets sont bien connus à la gare Nord. Ils agissent de connivence avec la police de la Sotra », soutient l’officier de police. Si la direction de la Sotra ne confirme pas l’information néanmoins elle doute de la bonne foi de ces agents de la police.
La Sotra soupçonne la police
Joint par téléphone mardi, Eugène Kadet, directeur de la communication et du marketing de la Sotra dit ceci : «Nous sommes conscient du problème. Il y a des soupçons qui pèsent sur certains policiers. Nous avons confié une enquête à la police pour tirer au clair cette affaire. Effectivement, nos usagers se plaignent de cas de vols et d’agressions. En termes de responsabilité, nous devons assurer la sécurité de nos clients en sollicitant l’Etat qui nous a affecté des policiers. Nous avons dégagé un fonds spécial pour entretenir ces agents de police. Il est donc intolérable que ces derniers soient de collusion avec la fripouille. En plus de la police, nous avons engagé une société de sécurité privée. Ce sont c’est deux entités qui assurent la sécurité de nos installations et de nos clients », indique-t-il en insistant sur le fait que la suspicion de certains agents de police est bien réelle. Toutefois, M. Kadet soutient que seules les conclusions de l’enquête pourront déterminer l’opinion de la direction sur cette affaire de complicité entre les éléments de la police de la Sotra et les malfrats. Certes, la présence des éléments de la Fesci, précise-t-il, ne relève pas de leur compétence, mais si « nos clients sont victimes de vols de la part de ceux-ci, notre responsabilité est engagée. Nous avons le devoir d’assurer la sécurité de nos usagers ». Au commissariat de police du 27ème arrondissement, des dispositions sécuritaires ont été arrêtées pour faire reculer le banditisme qui règne à la gare Nord. Ainsi, sur instruction du chef de service, le commissaire Lorougnon Déguy Jean-Claude, le lieutenant Guèye a décidé entre autres mesures, d’envoyer des flics en civil pour boucler le périmètre de la gare, aux heures de grandes affluences c’est-à-dire le matin (5 heures) et la nuit (à partir de 18 heures). Selon lui, l’équipage est déjà en activité et cette présence discrète, assure-t-il, permettra de mettre la main sur les vauriens et leurs présumés complices.
Ouattara Moussa