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Société Publié le samedi 19 juin 2010 | L’intelligent d’Abidjan

Les Samedis de Biton : Changer de société

Depuis près d’un mois, j’avais en tête d’écrire cette chronique. Les titres changeaient au fur et à mesure que les jours passaient. Pendant longtemps, j’ai pensé que mon titre serait : « Corruption et société. » J’ai fini par trouver ce titre trop galvaudé et passe partout. J’ai fini par trouver le bon.

Celui qui exprime mieux ma pensée. Je suis un homme heureux. Nous avions raison quand on était étudiant et qu’on prônait le changement de société. Notre inspirateur était Jean-Pierre N’Diaye dont le livre : « La jeunesse africaine face à l’impérialisme » était notre Bible, notre référence, notre matière à citer. Avec lui, on déplorait le mauvais virage pris par les pays africains en matière économique, sociale et culturelle. Oh ! Comme nous avions raison. A lire et à écouter les Africains parler de la corruption on se rend compte qu’ils n’ont pas encore compris l’origine de ce désastre. Personne ne se dit qu’on parle de cela dans nos pays depuis l’indépendance. Que de conseils de ministres, de colloques et même d’ouvrages sur le sujet. Il suffit d’ouvrir ou de capter une télévision africaine pour n’entendre que ce sujet. Et cela va durer combien d’années ! Depuis 1960 jusqu’à nos jours on ne parle que du même sujet sans trouver une solution. Le sage de l’Afrique, à l’époque, préconisait de laisser libre le corrompu et le corrupteur. Une méthode spirituelle. Dans ce domaine, on paie tout ce qu’on a fait sur terre. Hélas, très peu d’hommes sont portés vers la vraie spiritualité. On refuse de voir la réalité en face. C’est notre société qu’il faut changer. Rien d’autre si on veut combattre le fléau qu’est la corruption. Car tous, surtout ceux qui en parlent beaucoup, n’échapperont pas à cette faute s’ils ont l’opportunité de jouer sur un terrain fertile et favorable. L’argent est tentation. Il procure la Dolce Vita chère à tous les Africains. Que de choses à offrir et à s’offrir ! Que de personnes démunis à aider ! Que de plaisirs à acheter ! Flash back. Le petit Biton à 16 ans. Bien sûr qu’il s’agit de moi. Mon père m’envoie de Dimbokro prendre le loyer des maisons qu’il loue à des fonctionaires à Abidjan. C’est la première fois que j’étais désigné pour cette noble mission. Ma poche gonflée d’argent mon esprit change immédiatement. Je dis bien que j’ai 16 ans. Je n’avais pas encore lu Jean-Pierre N’Diaye et les ouvrages de la collection Maspero. Je me dirige dans un restaurant pour bien me gaver de bons plats. J’apprends qu’il y a une semaine commerciale à Treichville. J’y cours. Ma poche est encore pleine. Je visite tous les stands avant de commencer mes achats. Je réussis à arriver à temps à la gare prendre mon autorail pour Dimbokro. C’est en taxi que j’arrive à la maison car ayant un peu trop de paquets et de sachets. Mon père n’aura que le tiers de son argent et me dira que par ma faute on va manquer dans le mois de beaucoup de choses et que notre alimentation va prendre un coup. Que n’avais-je pas entendu au catéchisme sur la morale, depuis l’âge de cinq ans, pour être touché par ces propos ? Ce que j’ai vécu à 16 ans continue dans l’esprit de tous les Africains. Tant qu’on aura une société aussi envahie par le matériel et les supports qui nous poussent à la tentation le combat ne sera pas facile à mener sur de très nombreuses et longues années. Pourquoi montrer que le bonheur est dans une grosse cylindrée ? Même des hommes qui enseignent la parole de Dieu sont devenus les « adorateurs » de la belle chose qui coûte ? Est-il nécessaire de nous permettre de voir des chaines étrangères qui en longueur de journée introduisent un « poison mortel » dans nos esprits afin qu’on les ressemble et surtout qu’on achète. Tout cela a un prix. Nous sommes tous le petit Biton à 16 ans.

Il faut qu’on change la société. Que nous revenons, surtout pour l’Afrique, dans sa phase actuelle de développement des pays « communistes », des pays où on bannit tout ce qui pousse à aimer le matériel, la puissance et le plaisir. Nous devrions nous armer politiquement et spirituellement pour nous défendre contre l’invasion de nos têtes par des idéologies qui nous poussent à dépenser, à consommer, à imiter, à envier. Merci déjà à LG de nous avoir montré que même président on peut porter une simple chemise et cela n’a tué aucune grande personnalité.

Au contraire, que de devises épargnées pour contribuer au développement de l’agriculture et d’un Africain nouveau. Il reste encore beaucoup d’exemples de simplicité à montrer aux Africains afin qu’ils se débarrassent de leur complexe de colonisé. C’est triste et révoltant de voir des Africains s’intéresser et chaque semaine à des championnats européens. C’est la honte. Une vraie corruption de l’esprit. Notre société est à changer. Attention ! Ne croyez pas que je soutienne la corruption. Non. Je dis que pour mettre fin à la corruption il n’y a qu’une seule voie.

Changer notre société qui prône le capitalisme, la recherche du profit par tous les moyens.

Mettons nous définitivement à l’école de la sagesse, de l’humilité et de la simplicité. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine

Par Isaïe Biton Koulibaly
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