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Politique Publié le samedi 19 juin 2010 | Le Patriote

Anne Désirée Ouloto (porte-parole principale d’ADO) sur Africa 24 : “Laurent Gbagbo et le FPI ont montré leur incapacité à résoudre les problèmes des Ivoiriens”

© Le Patriote Par DR
Sortie de crise: les accords politiques de Ouagadougou mis à rude épreuve
Photo d`archives. Mme Anne Désirée Ouloto, porte-parole principale de campagne du Dr Alassane Ouattara (RDR)
Africa 24 : On attend les élections en Côte d’Ivoire, depuis 2005. Nous sommes en 2010 et toujours pas d’élection. Quelles sont selon vous les vraies raisons de ces reports répétés ?

Anne Désirée Ouloto : Les vraies raisons sont connues. Le camp présidentiel utilise tous les subterfuges pour repousser les élections. La raison est simple. Le camp présidentiel a compris qu’il ne pourra pas gagner ces élections au vu des résultats de la Commission Electorale Indépendante (CEI) et au vu de la réaction des Ivoiriens face aux reports successifs de l’élection Présidentielle. Ils ont peur parce qu’ils ne maîtrisent pas le processus électoral.

AF 24 : Vous avez parlé de subterfuges. Vous ne trouvez pas que ce mot est fort, surtout que, dans ce pays, on brandit le désarmement comme une condition sine qua non pour aller à l’élection présidentielle.

Mais aussi, la question du fichier électoral est remise au goût de l’actualité. Est-ce que dans ces conditions, on peut parler de subterfuges ?

AD Ouloto : Je suis surprise lorsque vous me parlez du désarmement.

Mais, de quel désarmement s’agit- il ? Nous avons récemment fêté la flamme de la paix à Bouaké. Cette cérémonie a célébré la fin de la guerre. Certes, c’est le caractère officiel. Mais, en réalité lorsqu’on effectue, aujourd’hui, une tournée à l’intérieur du pays, on se rend bien compte qu’il n y a plus d’armes qui circulent en zone centre nord et ouest (CNO). Au contraire, je peux même vous rassurer, en tant qu’habitante du District d’Abidjan et donc du sud du pays, qu’il y a plus d’armes en circulation en zone gouvernemental qu’en zone ex- assiégée.

AF 24 : Est-ce que vous ne pensez pas que les armes ont tout simplement été dissimulées ?

AD Ouloto : Je sais une chose, c’est que le désarmement est un processus. Récemment, on nous a annoncé qu’il y aurait l’encasernement. On ne peut procéder à l’encasernement si les belligérants n’ont pas déposé les armes. Donc cela veut bien dire qu’ils ont déposé les armes.

AF 24 : Donc vous n’êtes pas d’accord avec ceux qui prétendent que toutes les armes n’ont pas été déposées lors du désarmement ?

AD Ouloto : Je n’en ai aucune preuve. Sur ce plan, il faut faire très attention. Il faut que nous fassions en sorte que les questions liées au désarmement ne constituent pas des obstacles à l’organisation des élections.

AF 24 : Selon vous, les raisons du blocage du processus électoral doivent être cherchées ailleurs ?

AD Ouloto : Effectivement, elles doivent être cherchées ailleurs. Il ne s’agit pas du tout du désarmement. Encore moins de la réunification du pays.

AF 24 : Mais selon certains sondages, le parti au pouvoir arrive largement en tête des intentions de vote. Est-ce que cette situation ne vous effraie pas ?

AD Ouloto : Non ! Alors dans ces conditions pourquoi le parti au pouvoir freine-t-il des quatre fers pour ne pas aller à l’élection Présidentielle ?

Malgré ces sondages, nous leur disons d’aller à l’élection. Et paradoxe des paradoxes, alors qu’ils sont donnés largement en tête, ce sont eux qui refusent d’y aller. Vous voyez que c’est illogique. D’ailleurs, quelle est la fiabilité de ces sondages ?

AF 24 : Selon vous, tout est fin prêt. Et la Côte d’Ivoire peut aller aux élections, même dans un mois ?

AD Ouloto : Absolument, on peut aller aux élections. Vous voyez bien le manque d’engouement des Ivoiriens au niveau du contentieux qui est en cours. Les Ivoiriens souffrent. Ils sont fatigués de cette situation de ni paix et de ni guerre. Ils sont fatigués de ces reports successifs de date des élections. Et la souffrance des Ivoiriens ne pourrait trouver de fin qu’après l’élection présidentielle. Tout ce qu’ils demandent, c’est qu’on aille à l’élection Présidentielle.

AF 24 : Mais que pensez-vous de la dissolution récente de la Commission Electorale Indépendante (CEI) et du Gouvernement?

AD Ouloto : La double dissolution de la CEI et du Gouvernement fait partie des subterfuges dont je vous parlais tout à l’heure. Tout cela procède du refus d’aller à l’élection présidentielle. Mais aussi, de la stratégie qui consiste à repousser indéfiniment ces élections pour ne pas qu’elles aient lieu.

AF 24 : Nous allons évoquer l’adhésion de votre parti au Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). Cette plate-forme avait donné de réel espoir aux militants de l’opposition ivoirienne. Mais aujourd’hui, on a l’impression qu’elle a du plomb dans l’aile. Partagez-vous cet avis ?

AD Ouloto : Absolument pas ! Vous savez, le RHDP est une famille.

Dans les cultures africaines, on a l’habitude de dire que la langue et les dents se querellent parfois, mais pourtant, elles vivent toujours ensemble. Eh bien, au RHDP, c’est comme une famille ! Il peut arriver que dans une famille il y ait des incompréhensions. Mais la vie continue.

Et vous avez bien vu que les leaders du RHDP se sont réunis récemment. Ils n’ont même pas jugé bon de revenir sur ces incompréhensions. Ce qui les préoccupe c’est l’avenir de la Côte d’Ivoire. C’est l’élection Présidentielle. Vous voyez bien qu’il n’y avait pas matière à débat.

AF 24 : Vous avez dit que les reports successifs des élections ont commencé à harasser les Ivoiriens. Mais, d’un autre côté, on serait tenté de dire aussi, que ces reports ont eu raison de certains vos militants, qui ont quitté votre formation politique pour d’autre parti politique.

AD Ouloto : En tout cas, nous n’avons pas ressenti les choses ainsi.

Nous avons enregistré depuis plusieurs années déjà, l’arrivée de plusieurs milliers d’Ivoiriens qui ont décidé d’embrasser la cause du Dr Alassane Dramane Ouattara.

AF 24 : Mais comment expliquez-vous cette situation ? Y a-t-il une raison à ces adhésions au RDR ?
AD Ouloto : Je vous l’ai dit tantôt. Laurent Gbagbo et le FPI ont montré leur incapacité à résoudre les problèmes des Ivoiriens. Vous savez très bien tous les problèmes auxquels nous sommes désormais confrontés en Côte d’Ivoire. Il y a les déchets toxiques, le délestage, le manque d’eau potable, le manque de médicaments dans les centres de santé, les problèmes scolaire et d’emploi des jeunes. Vous ne pensez pas que ces raisons soient suffisantes pour amener des jeunes à prendre conscience ? Et à les amener à prendre leur responsabilité pour choisir un candidat susceptible de répondre à leurs besoins.

AF 24 : A part la question des déchets toxiques, reconnaissez que tous les pays africains sont aujourd’hui confrontés aux mêmes problèmes que vous venez de citer.

AD Ouloto : Mais, c’est simplement un problème de gestion. Nous savons en Côte d’Ivoire qu’il y a un problème de gestion dans les affaires de l’Etat. Les Ivoiriens ne sont pas dupes. Ils voient le train de vie de l’Etat. Après 10 de pouvoir, ils voient bien que seul le FPI et ceux qui gravitent autour de Laurent Gbagbo se sont embourgeoisés. Ils vivent aisément. Pendant ce temps, tous ceux qui les ont accompagnés dans ce processus croupissent, aujourd’hui, sous le poids de la misère.

AF 24 : Donc vous plaidez en faveur d’une répartition égale des ressources économiques du pays ?

AD Ouloto : Absolument ! Ce que nous demandons, c’est que les Ivoiriens puissent se remettre au travail. Et qu’ils puissent vivre décemment. Notre souhait, aujourd’hui, est que chaque famille ivoirienne puisse avoir au moins 3 repas par jour.

AF 24 : Est-ce cela qui vous a amené à avoir la dent dure avec le Président Laurent Gbagbo au cours d’une de vos sorties où vous déclariez : « Il faut combattre le FPI comme on combat les sorciers» ?

AD Ouloto : Oui, je l’ai dit. Mais, il s’agit d’un cri de cœur. Et c’est peut-être ma fibre religieuse qui m’a inspirée. Mais, vous savez, les responsables du FPI ne sont rien d’autre que des frères. Et le président Alassane Dramane Ouattara dit à qui veut l’entendre que lorsqu’il sera au pouvoir, il protégera Laurent Gbagbo. Parce que c’est son frère. Pour revenir à mes propos, aujourd’hui, nous nous rendons compte que les reports successifs de la présidentielle n’obéissent à rien d’objectif. C’est pourquoi je dis que c’est une affaire de sorciers. Nous n’en voulons pas personnellement à ceux qui se comportent ainsi, parce que ce sont des frères, mais nous en voulons particulièrement aux esprits qui les amènent à avoir des réactions aussi machiavéliques.

AF 24 : Est-ce que vous n’êtes pas un peu dans l’excès ?

AD Ouloto : Non, je ne suis pas dans l’excès. Je suis simplement réaliste. Quand je dis que les coupables sont des sorciers, je parle en tant que chrétienne. Et en tant que chrétienne, je ne peux que demander à Dieu de les ramener à de meilleurs sentiments pour que nous allions aux élections. C’est pour cela que je dis qu’il faut les combattre. Et en le faisant, nous aiderons de notre mieux la Côte d’Ivoire. Et ils se rendront bien compte qu’ils sont en train de faire du mal à la Côte d’Ivoire. Peut-être alors, nous assisterons au retrait de la candidature de Laurent Gbagbo. Pourquoi pas ?

AF 24 : Est-ce que vous êtes optimiste par rapport à la candidature de votre candidat ?

AD Ouloto : Absolument ! Je suis plus optimiste qu’en 2005. On pourrait dire qu’à quelque chose malheur est bon. Parce que si les élections avaient eu lieu en 2005, nous aurions certainement gagné les élections, mais avec beaucoup de difficultés. Aujourd’hui, en 2010, le pays est réunifié. Le président Ouattara a eu le temps de sillonner pratiquement toute la Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens se sont rendu compte de l’incapacité de Laurent Gbagbo à les sortir de cette situation. Les Ivoiriens ont finalement compris qu’on les avait menés en bateau. Et qu’ils avaient été victimes de manipulation aux fins de rejeter Alassane Dramane Ouattara. Pour eux, aujourd’hui, Ouattara demeure l’unique solution.

AF 24 : Venant de vous, le contraire nous aurait étonnés puisque vous vendez votre candidat.

AD Ouloto : Non ! Je suis d’abord Ivoirienne. Je suis fille de l’ouest de la Côte d’Ivoire. Je vous parle en tant qu’Ivoirienne. Partout en Côte d’Ivoire, le président Ouattara est aimé par les Ivoiriens. Il a été accepté par les Ivoiriens. C’est parce que ces derniers ont compris que seul Ouattara est la solution à leurs difficultés. Et ils veulent donner une chance à leur pays en le portant à la tête du pays.

AF 24 : Est-ce la passion ou la raison qui parle ?

AD Ouloto : C’est la raison qui parle. Le problème de la Côte d’Ivoire est d’abord économique. Nous n’avons pas le choix. Nous avons besoin d’un expert en la matière. C’est pour cela que les Ivoiriens qui aiment leur pays n’ont pas le choix. C’est pour cela que je vous dis que c’est la raison qui parle. La deuxième chose, c’est que le Dr Alassane Ouattara est le seul des candidats en lice qui soit capable de parler avec autant de courtoisie et d’amour à ses autres collègues.

Source : Africa24
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