Zézé Blé. Ce nom vous dit quelque chose ? Pas si sûr. C’est pourtant celui que porte à l’état civil l’une des stars qui ont fait les beaux jours de la musique ivoirienne des années 1970.
Né le 10 janvier 1952 à Sapia (commune de Daloa), Blé Marcel Dibaga - c’est de lui qu’il s’agit- a fait son cycle primaire à Daloa, mais c’est à Vavoua qu’il obtient le Cepe en 1969. Il avait alors 17 ans. « J’étais déjà trop âgé et j’ai donc préféré entrer dans la vie active », reconnaît-il.
Ainsi, il va enseigner comme bénévole dans une école de Beggafla (sous-préfecture de Bédiala) durant une année. Puis il réussit au concours des agents techniques de la Soderiz. Sorti major de sa promotion, il fut affecté à Lakota, précisément dans le village de Gazolilié. Mais «piqué par le virus de la musique», comme il le dit lui-même, il abandonne tout. «Avec mon rappel, je me suis acheté une guitare sèche et je suis parti».
En 1975, la guitare en bandoulière, Blé marcel Dibaga se retrouve à Abidjan. Très vite, la chance va lui sourire. Après son passage à l’émission radio “Djamo-Djamo“ d’Adolphe Zadi et Paul Dokoui, c’est le déclic ! «Au cours de cette émission, j’ai chanté une chanson que j’ai accompagnée de ma guitare. Tout le monde était émerveillé», relève-t-il.
En 1977, sa rencontre avec Mme Oro Hubert, une Américaine, directrice de la maison de production Sid (Société ivoirienne de disque) lui a permis de sortir son premier album (45 tours) intitulé “hommage à Martino Zog ( Zogbo Tapé Martin)“. Puis a suivi “Bolê Aziro“(33 tours) dans la même année. Le succès est total ! «En 1980, grâce à Mme Oro, j’ai fait une tournée au Nigeria avec l’orchestre zaïrois “Exclusif Bolindé“. Je jouais sur un rythme zaïrois en vogue dans le temps : le Sobré gaz. J’ai donc été proclamé Roi du sobré gaz», se souvient l’artiste. Qui, entre-temps, a monté un orchestre qu’il a baptisé «le Dalo star».
Le roi du sobré gaz a animé plus d’une décennie durant les soirées dans plusieurs bars (Fraternité, Mambo et Biagbo à Daloa ; au petit Palladium à Yopougon à l’Aitaci à Treichville, etc. «Certes, j’ai connu la gloire médiatique. Mais je n’ai rien gagné en termes d’argent. Dans le temps, il n’y avait pas trop de piraterie. Mes droits d’auteur m’étaient versés par la Sacem. Malheureusement, j’étais très mal encadré», regrette-t-il. Sur ses relations avec les vedettes de cette période, le chanteur est très prolixe. «Je ne suis ni envieux, ni jaloux. J’ai partagé la scène avec Lougah François, Ernesto Djédjé, mon père spirituel, mon inspirateur. En 1978, à sa demande, il a eu un face-à-face avec moi à L’aitaci.
Quant aux jeunes Nahounou Paulin, Dikaël Liadé Justin, Olivier Guédé et Luckson Padaud, ils ont appris à mes côtés. Je suis leur conseiller et ils me le rendent bien. A preuve, Luckson a produit en 1998 mon avant-dernière cassette», révèle-t-il. Seul son cousin, Justin Stanislas, a eu quelques démêlés avec lui. «C’est parce qu’il m’avait piqué mon morceau “gribeto“ et lui a donné un autre nom “Kanan bra Grewa“. Les faits m’ont donné raison et j’ai été dédommagé», se défend-il.
En 1984, avec l’émergence de nouveaux talents (Padaud, Sax Zadi…), Blé Marcel Dibaga se retire dans son village, le succès n’étant plus tout à fait au rendez-vous. Cependant, en 1985, un évènement marquera sa carrière. Le concert de la paix, en hommage à Félix Houphouët-Boigny. «Je faisais partie du groupe de Bouaké avec Lougah, John Yalley... 103 chanteurs ont participé à ce concert. C’est mon meilleur souvenir», révèle-t-il.
A Sapia, village sis à 3 km sur l’axe Daloa-Bouaflé, le précurseur du Digba moderne (danse du terroir bété) partage sa vie avec Digbeu Anicette. Ils ont 3 enfants. «Je vis avec elle depuis 21 ans. Outre ses 3 enfants, j’en ai 9 autres», confie-t-il. Le destin n’a pas été clément avec le roi du sobré gaz puisqu’il a perdu l’œil gauche. «C’était en 2004. Aujourd’hui, je porte une prothèse», déclare-t-il dans un long soupir. Malgré tout, il garde le moral. Jovial et affable, Blé Marcel Dibaga s’est reconverti en planteur. «J’ai une petite plantation de cacao. J’anime de temps en temps des veillées funèbres, des fêtes un peu partout dans le pays», dit-il. L’artiste, riche d’une carrière de 8 albums, compte rebondir. «J’en appelle aux âmes généreuses pour m’aider. J’ai besoin d’un orchestre. Il me faut aussi sortir une compilation de mes anciens succès», plaide-t-il.
Emmanuel Kouadio
Correspondant régional
Né le 10 janvier 1952 à Sapia (commune de Daloa), Blé Marcel Dibaga - c’est de lui qu’il s’agit- a fait son cycle primaire à Daloa, mais c’est à Vavoua qu’il obtient le Cepe en 1969. Il avait alors 17 ans. « J’étais déjà trop âgé et j’ai donc préféré entrer dans la vie active », reconnaît-il.
Ainsi, il va enseigner comme bénévole dans une école de Beggafla (sous-préfecture de Bédiala) durant une année. Puis il réussit au concours des agents techniques de la Soderiz. Sorti major de sa promotion, il fut affecté à Lakota, précisément dans le village de Gazolilié. Mais «piqué par le virus de la musique», comme il le dit lui-même, il abandonne tout. «Avec mon rappel, je me suis acheté une guitare sèche et je suis parti».
En 1975, la guitare en bandoulière, Blé marcel Dibaga se retrouve à Abidjan. Très vite, la chance va lui sourire. Après son passage à l’émission radio “Djamo-Djamo“ d’Adolphe Zadi et Paul Dokoui, c’est le déclic ! «Au cours de cette émission, j’ai chanté une chanson que j’ai accompagnée de ma guitare. Tout le monde était émerveillé», relève-t-il.
En 1977, sa rencontre avec Mme Oro Hubert, une Américaine, directrice de la maison de production Sid (Société ivoirienne de disque) lui a permis de sortir son premier album (45 tours) intitulé “hommage à Martino Zog ( Zogbo Tapé Martin)“. Puis a suivi “Bolê Aziro“(33 tours) dans la même année. Le succès est total ! «En 1980, grâce à Mme Oro, j’ai fait une tournée au Nigeria avec l’orchestre zaïrois “Exclusif Bolindé“. Je jouais sur un rythme zaïrois en vogue dans le temps : le Sobré gaz. J’ai donc été proclamé Roi du sobré gaz», se souvient l’artiste. Qui, entre-temps, a monté un orchestre qu’il a baptisé «le Dalo star».
Le roi du sobré gaz a animé plus d’une décennie durant les soirées dans plusieurs bars (Fraternité, Mambo et Biagbo à Daloa ; au petit Palladium à Yopougon à l’Aitaci à Treichville, etc. «Certes, j’ai connu la gloire médiatique. Mais je n’ai rien gagné en termes d’argent. Dans le temps, il n’y avait pas trop de piraterie. Mes droits d’auteur m’étaient versés par la Sacem. Malheureusement, j’étais très mal encadré», regrette-t-il. Sur ses relations avec les vedettes de cette période, le chanteur est très prolixe. «Je ne suis ni envieux, ni jaloux. J’ai partagé la scène avec Lougah François, Ernesto Djédjé, mon père spirituel, mon inspirateur. En 1978, à sa demande, il a eu un face-à-face avec moi à L’aitaci.
Quant aux jeunes Nahounou Paulin, Dikaël Liadé Justin, Olivier Guédé et Luckson Padaud, ils ont appris à mes côtés. Je suis leur conseiller et ils me le rendent bien. A preuve, Luckson a produit en 1998 mon avant-dernière cassette», révèle-t-il. Seul son cousin, Justin Stanislas, a eu quelques démêlés avec lui. «C’est parce qu’il m’avait piqué mon morceau “gribeto“ et lui a donné un autre nom “Kanan bra Grewa“. Les faits m’ont donné raison et j’ai été dédommagé», se défend-il.
En 1984, avec l’émergence de nouveaux talents (Padaud, Sax Zadi…), Blé Marcel Dibaga se retire dans son village, le succès n’étant plus tout à fait au rendez-vous. Cependant, en 1985, un évènement marquera sa carrière. Le concert de la paix, en hommage à Félix Houphouët-Boigny. «Je faisais partie du groupe de Bouaké avec Lougah, John Yalley... 103 chanteurs ont participé à ce concert. C’est mon meilleur souvenir», révèle-t-il.
A Sapia, village sis à 3 km sur l’axe Daloa-Bouaflé, le précurseur du Digba moderne (danse du terroir bété) partage sa vie avec Digbeu Anicette. Ils ont 3 enfants. «Je vis avec elle depuis 21 ans. Outre ses 3 enfants, j’en ai 9 autres», confie-t-il. Le destin n’a pas été clément avec le roi du sobré gaz puisqu’il a perdu l’œil gauche. «C’était en 2004. Aujourd’hui, je porte une prothèse», déclare-t-il dans un long soupir. Malgré tout, il garde le moral. Jovial et affable, Blé Marcel Dibaga s’est reconverti en planteur. «J’ai une petite plantation de cacao. J’anime de temps en temps des veillées funèbres, des fêtes un peu partout dans le pays», dit-il. L’artiste, riche d’une carrière de 8 albums, compte rebondir. «J’en appelle aux âmes généreuses pour m’aider. J’ai besoin d’un orchestre. Il me faut aussi sortir une compilation de mes anciens succès», plaide-t-il.
Emmanuel Kouadio
Correspondant régional