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Afrique Publié le jeudi 24 juin 2010 | Le Nouveau Réveil

Reportage / Election présidentielle en guinée, dimanche : Bataille à cinq, entre ex-premiers ministres et opposant historique

La première élection présidentielle véritablement démocratique de la Guinée met aux prises vingt-quatre candidats. Parmi eux, cinq candidats sérieux dont deux hyper favoris.
Dimanche, pour la première fois dans l'histoire de la Guinée, après son indépendance en 1958, les Guinéens seront appelés à choisir librement, leur président de la république. Vingt-quatre candidats ont été autorisés par la cour suprême, à participer à cette compétition. Dix-neuf parmi eux sont considérés comme des " accompagnateurs " par l'opinion guinéenne. Selon des journalistes que nous avons interrogés, certains parmi ces dix-neuf " accompagnateurs " pourraient ne pas atteindre les 5% recommandés pour obtenir le remboursement de l'énorme caution de 400 millions GNF (environ 40 millions FCFA) exigés par le code électoral.
Cependant, cinq candidats sont de sérieux prétendants au titre. Deux (Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé) apparaissent comme de super favoris et trois (Sydia Touré, Lansana Kouyaté et François Lonsény Fall) comme des outsiders.

Tout sauf Dalein
Grand favori du scrutin du 27 juin, Cellou Dalein Diallo est le candidat de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). Son slogan " Pour une Guinée unie et prospère " est visible dans tout Conakry. A 57 ans, ce père de trois enfants a été ministre pendant près de dix ans, dans plusieurs gouvernements de Lansana Conté (décédé en décembre 2008), avant d'être nommé premier ministre, pendant un an et demi, entre décembre 2004 et avril 2006. Son omniprésence dans le système Conté est aussi bien un handicap qu'un avantage. " Il a une expérience prouvée dans la gestion des affaires de l'Etat ", soutient son directeur de la communication, Souleymane Thianguel Bah. " Un pur produit du système Conté ", rétorque Moustapha Naité, adjoint au directeur de la communication du candidat Alpha Condé. Le candidat de l'arbre et du soleil levant a un avantage solide sur ses concurrents : il connaît la Guinée, pour y avoir vécu toute sa vie, de l'enfance aux postes de responsabilité, en passant par les études. Cependant, le Peulh, natif de la Moyenne Guinée, traîne le boulet de l'accident de l'avion de l'UTA, qui a provoqué la mort de plusieurs Guinéens. En effet, il est accusé d'avoir délivré une licence d'exploitation à la compagnie, au moment où il était ministre des Transports. C'est contre son gouvernement que les premières manifestations sociales ont été dirigées, en 2006. Ses adversaires l'attaquent ainsi sur son bilan. Au demeurant, ses pourfendeurs clament qu'il est le champion de l'ethnocentrisme, en menant le combat du " Peulh ou rien ". Certains de ses supporteurs dans les rues de Conakry n'hésitent, en effet pas, à clamer haut et fort, qu'après Sékou Touré, un Malinké, Lansana Conté, un Soussou, Dadis Camara, un Forestier, l'heure est venue pour qu'un Peulh soit président de la République. Ces propos inquiètent une partie de la population qui oppose à cette thèse, celle de " Tout sauf Dalein ". Le candidat, quant à lui, veut bien montrer qu'il est au-dessus de la question ethnique. Son directeur de campagne, le pharmacien Dr Fofana, est un Malinké.

Condé, l'homme à battre
Un autre grand favori du scrutin : Alpha Condé, opposant historique reconnu comme tel. Ce statut est à la fois une force et une faiblesse. La force ? " Alpha Condé a une légitimité d'opposant que personne ne peut lui nier. Son nom n'est mêlé à aucun détournement ni scandale. Et il a le mérite d'avoir posé les jalons de la démocratie en Guinée en s'affichant ouvertement contre des systèmes ", démontre Moustapha Naité. Pour Souleymane Thianguel Bah, " cela est un problème, en ce sens que M. Condé n'a jamais rien géré dans ce pays. C'est un chèque en bois que de confier le destin d'un pays à quelqu'un qui n'a aucune expérience dans la gestion des affaires de l'Etat ". L'ex-député de 1995, Malinké, originaire de la Moyenne Guinée, avec ses 72 ans, est le doyen du scrutin. Paradoxe de l'histoire, il symbolise davantage le changement contre ses quatre challengers qui ont tous collaboré avec Lansana Conté, d'une manière ou d'une autre. Le candidat du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) est réputé intransigeant et coléreux. Il ne le cache pas dans son livre-entretien, paru chez Jean Picollec, seulement la semaine dernière. Dans " Alpha Condé, un Africain engagé ", il confesse : " J'ai fait des erreurs, comme tout homme d'action pris dans la rudesse des épreuves politiques ".
Mais il ajoute aussitôt : " Je suis confiant : toutes les conditions sont, aujourd'hui, réunies pour gouverner autrement notre pays, pour changer radicalement de cap ". Cette ambition de " refondation " va certes se buter sur un obstacle majeur : les quatre autres challengers du " professeur ", le considèrent comme un opposant à eux-mêmes, au moment où ils étaient aux affaires, et lui, ne cache pas qu'il les prend tous pour des produits du système qu'il a toujours combattu.

Sydia, le moindre mal
" Sidya Touré, la solution pour la Guinée ". Le slogan du candidat de l'Union des forces républicaines (UFR) rappelle son passé de premier ministre. Entre 1996 et 1999, le passage à la primature de cet originaire de la Basse Guinée (un Diakhanké, ethnie minoritaire, proche des Soussous) est marqué par l'électrification de plusieurs quartiers de Conakry et de certaines villes de l'intérieur du pays. " C'est un bilan qui parle de lui-même ", souligne avec fierté Mamadou Saliou Baldé, un journaliste membre de la cellule de communication du candidat. Marié et père de quatre enfants, avec ses 65 ans bien comptés, il a fait l'essentiel de sa carrière professionnelle en Côte d'Ivoire. Cadre du Trésor ivoirien, il a même dirigé le très stratégique cabinet du premier ministre (ivoirien) Alassane Dramane Ouattara, entre 1990 et 1993. Principal handicap de Sydia Touré : son parti quoique largement représenté sur le territoire national, en atteste les dernières élections municipales (2005) n'a aucune assise sociologique. Dans un pays marqué par l'ethnocentrisme, en atteste une étude menée par des chercheurs de l'Université Général Lansana Conté de Conakry, Sydia Touré passe pour un extra-terrestre. " Ce n'est pas un handicap, c'est au contraire un atout ", rétorque Mamadou Saliou Baldé. Dans les états-majors des deux favoris, officieusement, l'on chuchote que Sydia Touré serait le candidat idéal qu'on voterait volontiers. A surveiller de près donc.

Kouyaté, l'invité de dernière heure
Brièvement (1997) premier ministre " de consensus ", sous la pression de la rue, Lansana Kouyaté bénéficie, du fait de son statut de fonctionnaire international, de nombreux soutiens à l'étranger, notamment du Libyen Mouammar Kadhafi. Avec son Parti de l'espoir pour le développement national (PEDN), il estime que " Le progrès se gagne ". Ses détracteurs disent de lui qu'il est un parvenu sur la scène politique guinéenne. A 60 ans, marié et père de deux enfants, il a fait l'essentiel de sa carrière à l'extérieur de la Guinée. Son dernier poste était basé à Abidjan. Il était le représentant spécial du président de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en Côte d'Ivoire. Son parti est jeune et il joue sur le même terrain…ethnique que celui d'Alpha Condé, à savoir le pays malinké. " Les quinze mois que j'ai passés à la primature ont montré aux Guinéens que leur pays pouvait être géré autrement ", rappelle-t-il dans tous ses discours. Il se présente donc comme un candidat du changement. Comme d'ailleurs tous les candidats.

La si longue absence de Fall
Le fait d'armes le plus connu de François Lonsény Fall est sa démission fracassante de son poste de premier ministre en avril 2004, après deux mois passés à la primature. C'est donc l'homme qui, ayant été dans le système (il a été ministre des Affaires étrangères et de la coopération, de 2002 à 2004), a osé dire " non " à l'autoritaire Lansana Conté. Son parti, le Front uni pour la démocratie et le changement (Fudec) est mal implanté sur le territoire national. Cela est lié à sa longue absence du pays, depuis 2004. Ses adversaires lui reconnaissent cependant, des qualités de bon gestionnaire et de grand diplomate. Son dernier poste était basé à Bangui. Il était le représentant spécial pour la République centrafricaine et chef du Bureau d'appui des Nations-unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (Bonuca). Il avait, auparavant, occupé le même poste en Somalie. A 61 ans, marié et père de trois enfants, le juriste Fall lance : " Construisons une Guinée démocratique et prospère ".
André Silver Konan
kandresilver@yahoo.fr
Envoyé spécial en Guinée

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